On entend trop souvent dire que les candidats à l’élection présidentielles, n’ont ni programmes, ni idées.
Pourtant, il suffit de gratter un peu pour trouver du grain à moudre,pour comparer…
Des étudiants, d’opinions différentes, ont fait le travail pour nous.
Il expliquentici leur démarche et leur but .
On peut s’intéresser à un théme, aux idées d’un candidat ou même comparer les idées de candidats.
http://www.votons.info/
Intéressant… 'Faut voir l’objectivité de tout cela…
A première vue, le site semble bien et… honnète.
J’aime la fonction “comparatif”.
Impots:
Appel : « Pourquoi nous consentons à l’impôt »
Nous, soussignés, assujettis à l’impôt sur le revenu, et pour certains d’entre nous, à l’impôt de solidarité sur la fortune, considérons ces prélèvements comme légitimes et sommes fiers d’apporter ainsi notre contribution aux dépenses publiques nécessaires au progrès, à la cohésion sociale et à la sécurité de la nation.
Nous considérons également qu’un impôt progressif sur les successions est le corollaire indispensable des libertés économiques offertes par l’économie de marché. Le marché est facteur de progrès parce qu’il permet à l’esprit d’entreprise de s’exprimer. Mais les inégalités qu’il engendre sont mortifères pour la démocratie si aucune limite n’est mise à la transmission héréditaire de la richesse. Celle-ci doit être acquise par le travail, par le talent, et non par le simple fait d’avoir hérité de ses parents. Une société où le pouvoir économique se transmet par héritage, est une société condamnée à une croissance lente, où les rentiers l’emportent sur les créateurs et où travail et mérite perdent toute valeur.
L’Etat doit bien sûr savoir se réformer. Augmenter les impôts n’est pas une fin en soi et la liberté de chacun passe par la libre disposition d’une large part du fruit de son travail.
Mais voir des candidats à la magistrature suprême proposer des mesures démagogiques en matière fiscale et justifier la sécession sociale des plus riches nous consterne.
Car nos revenus ne proviennent pas seulement de notre talent personnel. Ils ont été acquis par notre travail, mais celui-ci ne porterait pas ses fruits sans le stock d’infrastructures, d’innovations, de savoir-faire, de goût d’entreprendre, de lien social, qui nous a été transmis par les générations qui nous ont précédés. C’est cet héritage commun qu’il nous revient de préserver et de développer en priorité afin d’assurer la qualité actuelle et future de notre vie individuelle et collective. Ce qui passe par un niveau élevé de dépenses publiques. Ces dépenses ne sont pas seulement un coût, elles sont aussi un investissement, gage à la fois de justice et de dynamisme.
C’est pourquoi nous consentons à l’impôt et récusons des baisses de la fiscalité dont la contrepartie serait l’insuffisance des moyens donnés à la protection sociale des plus pauvres, à l’éducation, à la recherche, à la santé, au logement ou encore à l’environnement.
http://www.alternatives-economiques.fr/petition/
Edit du 10/02:
Dans le Figaro:
La controverse Kerdrel - Mauduit : pour ou contre l’ISF et les droits de succession
Pendant la campagne présidentielle, notre éditorialiste Yves de Kerdrel croisera régulièrement le fer avec Laurent Mauduit, journaliste et essayiste, auteur de Jacques le Petit (Stock) et de Les stock- options (Grasset-Les Échos, avec Philippe Jaffré), ancien directeur adjoint de la rédaction du Monde.
Démocratie participative:
La voie à laquelle Ségolène Royal semble sensible entraînerait des choix politiques décisifs.
Par Roger SUE
Haro sur Ségolène Royal, ses formules creuses, son citoyen expert et autres démocratie participative destinés à masquer une supposée incompétence. Pourtant, la démocratie participative a suscité l’espoir d’une grande partie de l’opinion, lassée de la suffisance de la classe politique, avide d’expression et en quête d’une autre conception de la politique. Alors, gadget à la mode, utopie, ou fil rouge d’une régénération du politique ?
Si l’on en reste aux seuls forums citoyens, conférences de consensus, conseils de quartiers et même référendums locaux, les procédures de consultation des citoyens s’en trouveront améliorées, mais rien n’aura vraiment changé. Beaucoup de bruit pour pas grand-chose. En revanche, prendre la démocratie participative au sérieux et au pied de la lettre peut donner un tout autre sens à la politique. Faut-il rappeler que la démocratie est tout à la fois une méthode de participation au gouvernement et un projet politique toujours inachevé ? Participer, c’est faire valoir un avis, bien sûr, mais plus encore s’informer, apprendre, comprendre, écouter, échanger, discuter, argumenter, s’exprimer, négocier, délibérer, «prendre sa part» au quotidien. Autant dire que cela ne s’improvise pas et que l’on est très loin de la simple démocratie d’opinion aussi versatile, inconsistante, qu’influençable, ou d’une citoyenneté dont l’expertise se limiterait aux cages d’escalier. Une démocratie participative digne de ce nom suppose un citoyen suffisamment éclairé pour contribuer à la construction de l’intérêt général au plan local, mais aussi national ou européen. Cela passe nécessairement par des formes d’organisation pérennes. Et plus particulièrement par les organisations associatives qui s’en fixent l’objectif. Elles ne manquent pas, elles sont même chaque jour plus nombreuses et concernent de plus en plus de Français (1 sur 2) qui les plébiscitent régulièrement du point de vue de l’animation de la vie démocratique et de l’intérêt général justement.
Un très récent sondage(1) indique qu’ils sont 58 % à préférer un responsable d’association plutôt qu’un responsable politique (37 %) pour «proposer des solutions en faveur de l’intérêt général». Logiquement, ils sont 65 % à estimer que la place accordée aux associations par les pouvoirs publics est insuffisante. Dans ces conditions, le premier devoir politique consiste à créer un contexte favorable à cette expression associative et à en tenir compte. En commençant par honorer les engagements de l’Etat et en respectant la charte des engagements réciproques signée en 2001 qui préconise un devoir de partenariat aux différents échelons de la décision publique. C’est peu dire que l’on est loin du compte et qu’un authentique dialogue civil, à côté du dialogue social avec les syndicats, reste à instituer.
Il s’agit de passer d’une culture de la consultation discrétionnaire à une culture de la proposition nécessaire. S’il est parfaitement légitime que les élus de la nation aient le dernier mot, il n’est pas absurde en démocratie que les acteurs sociaux avancent les premiers.
Comme l’écrivait déjà Tocqueville dans sa Démocratie en Amérique : «Les associations n’ont pas le droit de faire la loi, mais ont le pouvoir d’attaquer celle qui existe et de formuler d’avance celle qui doit exister.» Dans cet esprit, une mesure phare consisterait, par exemple, à faire du Conseil économique et social rénové la deuxième Chambre de la République à la place d’un Sénat hors d’âge, avec droit d’initiative sur l’ordre du jour de l’Assemblée nationale…
Par définition, la démocratie participative s’enracine dans le quotidien et dans l’action.
Le lien social et les valeurs démocratiques s’éprouvent dans l’action en faveur de l’éducation mutuelle, de la santé, du bien-être, de la prévention des risques, de la protection de l’environnement, de la lutte contre les violences, etc. Tous domaines dans lesquels les associations jouent un rôle majeur à travers une économie civique de l’intérêt général. Or ces besoins en matière de santé, de formation, de services à la personne, par exemple, se développent à un rythme soutenu et sont au coeur d’une croissance nouvelle. Comment y répondre face à un service public exsangue qui touche ses limites, et si l’on refuse la marchandisation de biens publics aussi fondamentaux, à brader ce qui fait l’humanité aux seules lois du marché ? Il y a là un défi majeur auquel nos sociétés sont confrontées et que la démocratie participative, notamment par l’action associative, peut contribuer à relever.
Entre l’Etat et le marché, il y a l’association. Ce que pensaient déjà les inventeurs du mot «socialisme», tel Pierre Leroux dans la France de 1848, en posant les premiers jalons de la démocratie participative et de l’associationnisme. Suivre ce fil auquel Ségolène Royal semble plus sensible que ses prédécesseurs entraîne des choix politiques décisifs. Notamment le maintien d’un certain niveau de fiscalisation et de redistribution pour financer ces actions, sécuriser les associations, créer de nouvelles fondations d’économie mixte, développer le volontariat, le rendre cumulable avec une activité salariée afin que chacun soit clairement incité à participer, etc. En ce sens, le regard se tourne plutôt vers l’Europe du Nord (Danemark, Suède) où l’on est souvent fier de payer l’impôt, de financer la solidarité et les dispositifs participatifs que vers le modèle anglo-saxon.
Encore que l’on oublie toujours de mentionner que le succès de la lutte contre le chômage en Grande-Bretagne tient autant au million d’emplois créés dans la fonction publique depuis 1997 et aux aides massives en direction des charities (associations caritatives) qu’aux recettes libérales.
Entre les forums participatifs d’un jour et une démocratie participative au long cours, il y a un grand écart. Il est possible de le combler, même si cela ne garantit nullement de la victoire immédiate. A défaut, il est important de prendre date et d’offrir un recours face aux dérives autoritaires qui se préparent.
Roger Sue professeur à l’université de Paris-V-Sorbonne.
Auteur de : la Société contre elle-même , Fayard, 2005.
In Libé
Homoparentalité:
Les révolutions de l’homoparentalité, par Anne Chemin
LE MONDE | 09.02.07
Les historiens diront sans doute un jour que l’homoparentalité est née en Europe occidentale et en Amérique du Nord à la fin du XXe siècle.
…
L’homoparentalité est une nouveauté historique liée à deux transformations fondamentales de la culture occidentale : le fait que, depuis le XIXe siècle, l’enfant est chargé de valeurs nouvelles qui ont profondément modifié le désir d’enfant des hommes et des femmes, et le fait que dans le domaine scientifique, l’homosexualité n’est plus considérée comme une pathologie par la médecine et comme une perversion par la psychologie."
L’homoparentalité est une idée neuve, mais les sciences sociales s’en sont vite emparées : la France, qui ne comptait pas une seule recherche sur ce thème en 1997, affiche aujourd’hui une bibliographie riche de plus de 300 études de droit, de sociologie, de psychologie ou d’anthropologie. Signe des temps : le terme d’“homoparentalité”, forgé en 1997 par l’APGL, est entré dans Le Robert en 2001. “Certains politiques s’appuient sur le manque de recul et l’absence de travaux pour refuser ces nouvelles familles, souligne Martine Gross, présidente d’honneur de l’APGL. Avec plus de 1 000 publications dans le monde, cet argument ne tient plus.”
Le devenir des enfants élevés dans les familles homoparentales, qui constitue souvent l’une des interrogations centrales du débat, n’est plus vraiment une inconnue. Lors de ce débat organisé à l’Ecole des hautes études en sciences sociales, Olivier Vécho, maître de conférences en psychologie à l’université Paris-X, a analysé les 44 recherches réalisées dans le monde sur ce sujet. Une moitié a été faite en Europe, l’autre moitié aux Etats-Unis ou au Canada. “Les conclusions de ces travaux sont loin d’être alarmistes, a souligné Olivier Vécho, qui a soutenu en 2005 une thèse sur le développement socio-affectif de ces enfants. Ils ne vont ni mieux ni moins bien que les autres.”
La plupart du temps, ces études ont été conduites auprès d’enfants, mais certaines concernent également des adolescents, voire des adultes. Elles montrent que ces enfants ne deviennent pas plus souvent homosexuels que les autres, que leur identité sexuée est aussi solide que celle des autres et que leurs comportements sexués - ont-ils des amis filles ou garçons ? Choisissent-ils des jeux associés au féminin ou au masculin ? - sont semblables à ceux des autres. Olivier Vécho relève une seule différence : quatre de ces travaux concluent que les enfants élevés dans des familles homoparentales ont une certaine inquiétude face au regard d’autrui.
En Europe comme en Amérique du Nord, l’homoparentalité a été préparée par d’autres révolutions familiales. La première concerne évidemment la dissociation entre la sexualité et la procréation : grâce à la légalisation de la contraception et de l’avortement, les couples peuvent désormais vivre leur sexualité sans craindre la procréation. Mais depuis la naissance du premier bébé-éprouvette, en 1982, les fabuleux progrès de la médecine reproductive ont ouvert la voie à un autre bouleversement : avec la procréation médicalement assistée (PMA), la médecine peut aujourd’hui “fabriquer” des bébés en l’absence de sexualité, voire transformer en parents des hommes ou des femmes qui n’ont aucun lien génétique avec leurs enfants.
…
La seconde révolution concerne les modèles familiaux. Depuis les années 1970, le mariage n’est plus le passage obligé de la constitution d’une famille, et les familles recomposées - 1,6 million d’enfants en 1999 - ont donné naissance à de nouvelles constellations parentales : la société française apprend peu à peu à vivre avec des beaux-pères, des belles-mères, des “demi” ou des “quasi” frères et soeurs. Pour les sociologues, c’est l’entrée dans l’ère de la “pluriparentalité”. “On observe donc une dissociation entre la sexualité et la procréation, entre l’alliance et la filiation, entre la parenté biologique et la parenté sociale”, résume Martha Mailfert, doctorante en sociologie à l’Institut d’études politiques de Paris.
…
Si l’homoparentalité suscite tant d’interrogations, c’est bien sûr parce qu’elle brise le triangle traditionnel père-mère-enfant qui constitue le modèle familial de nos sociétés occidentales. Mais c’est aussi, même si le sujet est plus rarement abordé, parce qu’elle prolonge les débats suscités par la PMA et la “pluriparentalité” en nous invitant à réfléchir à de nouvelles conceptions de la filiation. “Pouvons-nous imaginer un système au sein duquel les parents ne coïncideraient plus avec les géniteurs ?, se demande Martha Mailfert. Peut-on envisager l’existence de plus de deux parents ? Comment reconnaître des liens juridiques et sociaux entre un enfant et des parents qui ne sont pas liés par le sang ? Si l’alliance est élective, la filiation peut-elle le devenir ?” Dans un monde où les règles traditionnelles de la filiation ont été profondément bouleversées, quelle place accorder au biologique, au social, à l’affectif et au juridique ?
article complet:
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3232,36-865555,0.html
Edit du 12/02:Première prise de position interreligieuse en France contre le mariage homosexuel :des responsables religieux lyonnais prennent position contre le mariage gay et l’homoparentalité
“La question se pose aujourd’hui de savoir si la loi peut autoriser le mariage de deux personnes du même sexe. Il ne s’agit pas là d’un simple débat de société, mais d’un choix majeur, sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Ce n’est pas un cadeau à faire aux générations futures.
Il y a déjà assez de souffrances occasionnées par la fragilité des liens familiaux, sans parler des maladies qui touchent nos proches et des deuils. Cette fragilisation est pour beaucoup dans la difficulté que rencontrent les adultes pour aider les jeunes à construire leur vie. Comment ceux-ci seront-ils capables d’acquérir une formation solide, d’affronter leur avenir avec confiance, d’honorer les obligations d’une profession et de construire dans l’équilibre leur propre famille, si l’on relativise l’institution du mariage ? Il est capital de ne pas brouiller ce repère fondateur de l’humanité.
Une institution aussi essentielle ne peut pas être soumise aux fluctuations des courants de pensée. Elle se situe bien au delà des différences religieuses ou des clivages idéologiques. À l’heure où tant d’enseignants constatent la difficulté croissante des jeunes issus de familles éclatées à suivre correctement leur scolarité, peut-on vraiment songer à un tel bouleversement dont les conséquences pourraient être dévastatrices ? L’expérience montre ce qu’il nous en coûte aujourd’hui d’avoir laissé saccager la nature. N’allons pas maintenant déstructurer l’humanité, qui est le c½ur de toute la création !
Il y a mensonge à prétendre qu’il est indifférent pour un enfant de grandir ou non avec un père et une mère. Les récits fondateurs de l’humanité sont bâtis sur la différence et la complémentarité de l’homme et de la femme. Les croyants en voient l’attestation dans les récits de la création que leur transmet la Parole de Dieu : « Au commencement, Dieu créa l’homme et la femme ». Ils sont appelés à s’unir dans le mariage pour donner la vie et la faire grandir. Tel est le socle originel sur lequel sont fondées nos vies personnelles, nos familles et nos sociétés. N’oublions pas qu’il est fragile !
Lyon, le 6 février 2007
Cardinal Philippe BARBARIN, Archevêque de Lyon
Monsieur Azzedine GACI, Président du Conseil régional du culte musulman Rhône-Alpes
Père Athanase ISKOS, Prêtre de l’Église orthodoxe grecque
Monsieur Kamel KABTANE, Recteur de la Mosquée de Lyon
Révérend Chris MARTIN, Ministre de l’Église anglicane
Pasteur Jean-Frédéric PATRZYNSKI, de l’Église luthérienne
Monsieur Richard WERTENSCHLAG, Grand Rabbin de Lyon et de la région Rhône-Alpes
Pasteur John WILSON, de l’Église évangélique baptisteMonseigneur Norvan
ZAKARIAN, Évêque de l’Église arménienne apostolique”
http://www.mosquee-lyon.org/?cat=divers/mariage_femme_homme
Edit du 17/02:
Une mise au point du Président de l’Eglise Réformée de Lyon:L’Eglise Réformée de Lyon n’a pas signé !
L’Eglise Réformée de Lyon n’a pas signé la « déclaration des responsables religieux de Lyon contre le mariage homosexuel » pour deux raisons.
D’abord, parce que l’Eglise Evangélique luthérienne de France et l’Eglise Réformée de France sont engagées ensemble dans une réflexion nationale sur la famille « Parole, parentalité, espérance, quels repères pour les familles ? » qui devrait aboutir au terme d’un débat synodal du 17 au 20 mai 2007. Dans ce cadre, signer une déclaration publique contre le mariage homosexuel dès à présent serait contradictoire avec les règles de débats internes que nos Eglises se sont données avant de rendre une parole publique.
Ensuite, et plus fondamentalement, parce que le sujet du mariage homosexuel lui semble être une question trop importante pour être ‘prise en otage’ dans un débat préélectoral.
Elle n’a pas voulu joindre sa voix à ceux qui utilisent cette période avec opportunisme pour contraindre des candidats à prendre des engagements sans qu’un débat de société ait eu lieu dans le respect des règles démocratiques.
Guillaume de Clermont, pasteur Président de l’Eglise Réformée de Lyon
“Sécurité”:
‘‘La sécurité, un défi pour la République, un chantier pour les territoires’’
Par Jean-Marie Bockel, ancien ministre, maire de Mulhouse, sénateur (PS) du Haut-Rhin.
«Faire société » ne va plus aujourd’hui de soi. Notre pacte social et républicain est confronté à ses failles et à ses échecs. La violence fait symptôme. Notamment aux marges territoriale, économique et sociale de la République.
Dans nos « banlieues » vécues comme des territoires de relégation. Dans ce contexte, toute action en matière de sécurité doit avoir pour horizon le « vivre ensemble ». Comment rendre légitime et efficace une politique de sécurité publique ? En jouant à la fois sur le temps court de la sanction et sur le temps long de l’action préventive. Soyons tout aussi durs avec l’insécurité qu’avec les causes de l’insécurité.
Nous avons besoin de politiques économique, sociale et éducative adaptées au traitement des causes de la délinquance. Qu’il s’agisse de logements, d’équipements et de services publics, de transports ou d’emplois, les logiques territoriales et partenariales sont à privilégier.
Ces politiques sont nécessaires mais non suffisantes. Car nous ne devons pas pour autant détourner les yeux, nier l’importance prise par les incivilités et les actes de violence, émanant notamment des mineurs. Osons nommer la réalité des violences, osons assumer la nécessité des règles, l’existence de contraintes, la possibilité et la réalité de sanctions. Les discours purement compassionnels et sociologiques ne tiennent pas. Ni à l’épreuve des faits : le travail sur les causes ne peut se substituer à la gestion des effets. Ni à l’épreuve des principes : il n’y a pas de liberté sans règles structurantes et responsabilisation individuelle.
En ce sens, les mesures alternatives à la prison méritent d’être expérimentées lorsque les systèmes d’encadrement ont pour objectif l’insertion et le réapprentissage de la citoyenneté. La mise sous tutelle des allocations familiales peut être légitime si, et seulement si, elle est employée dans une logique éducative en lien notamment avec les « Maisons des parents ». Les internats scolaires de proximité prennent tout leur sens dès lors qu’ils permettent aux parents de continuer à assumer leur responsabilité en relation avec les éducateurs. Ce qu’a d’ailleurs bien compris Tony Blair qui appuie sa « société du respect » autant sur des dispositifs de rappel à la règle que sur la forte augmentation des crédits (plus de 900 millions d’euros pour 2006-2007) pour les écoles primaires et secondaires.
L’équilibre ainsi trouvé doit être décliné au-delà de la seule lutte contre la délinquance des jeunes. Maintenir l’ordre républicain et assurer la cohésion sociale ne relèvent pas de la déclinaison de postures idéologiques mais d’une action pragmatique soucieuse de justice et d’efficacité.
Les élus locaux montrent l’exemple. De nombreuses villes ont développé depuis longtemps la mise en réseau des différents acteurs de la prévention et de la sanction. La ville et les collectivités locales, les représentants de l’État, la police et la justice, l’Éducation nationale, les transporteurs et les bailleurs publics coopèrent dans le cadre du contrat local de sécurité. Des coordinations territoriales sont organisées afin de favoriser les suivis individuels et de traiter en temps réel tous les faits commis. Des actions de médiation impliquant des éducateurs spécialisés et des adultes relais sont conduites. Des « Maison des parents » fonctionnent et permettent à une équipe sociale de soutenir et d’accompagner les parents dans l’exercice de leurs fonctions. Des « Maisons de la justice et du droit » assurent une présence judiciaire de proximité tout en proposant des mesures alternatives à la prison à travers notamment la réparation contractuelle des délits commis. L’aide aux victimes, le développement d’une police de proximité et l’usage centralisé de la vidéosurveillance complètent ces dispositifs.
Allons plus loin. Donnons au maire plus de pouvoirs, ce qui suppose aussi davantage de moyens assortis d’une réelle égalité territoriale, pour remplir des missions de coordination et d’animation sans le transformer en auxiliaire de justice. Organisons mieux le secret partagé sans aller jusqu’à l’injonction. Luttons contre l’impunité en développant une justice de proximité souple, graduée et réactive sans en appeler à la seule comparution immédiate. Réfléchissons à une réforme de l’ordonnance de 1945 relative à l’enfance délinquante à la condition non pas de criminaliser toujours plus mais de responsabiliser en définissant un statut intermédiaire et des réponses graduées. Détectons et traitons les souffrances de l’enfance sans les transformer en éléments déterministes, respectons les actions thérapeutiques sans en faire des instruments répressifs.
La politique de sécurité ne doit pas se réduire au contrôle social, elle est au service du « vivre ensemble ».
À ce titre, une nouvelle « police de contact », concentrée sur les territoires en difficulté, doit être déployée afin de recréer les conditions de l’action efficace. Au-delà des polémiques sur la police de proximité, cette police de contact doit disposer de tous les moyens d’investigation et de contrôle afin d’être respectée. L’efficacité de son travail, notamment fondée sur une présence accrue sur le terrain et un recueil d’informations plus ciblées, est déjà reconnue dans de nombreux pays européens tant en matière de dissuasion que de taux d’élucidation.
La réforme de la police, considérée comme un service public, pourrait s’inscrire dans le cadre de la réforme de l’État. Un débat devrait alors s’ouvrir sur le déroulement des carrières, sur les règles d’affectation, sur la gestion déconcentrée des fonctionnaires afin que la puissance publique réponde toujours au plus près et au mieux des besoins.
Pour une large part, ces différents leviers pourraient faire consensus. Seul le discours moral, rétif à l’exercice de l’autorité, à la possibilité de la sanction, et le discours martial, opposé à tout traitement social des causes de la délinquance, s’excluent mutuellement. Avant d’être de droite ou de gauche, la sécurité est un défi pour tous les républicains. Elle ne va d’ailleurs pas sans une réflexion sur l’identité nationale, sur la réalité des processus d’intégration et d’insertion, sur nos valeurs partagées et sur l’éducation à la citoyenneté. Nous avons besoin d’un compromis minimal qui, sans effacer les différences, ne remette pas systématiquement en question les orientations fondamentales. Il s’agit là d’un enjeu de cohésion nationale qui mérite que l’on soit capable de dépasser les préoccupations partisanes.
inLe Figaro
Dette publique:
Dette publique de la France in wikipedia
Dette publique : la France est-elle en faillite ?
LEMONDE.FR | 03.01.06 |
L’intégralité du débat avec Jean-Paul Fitoussi, président de l’OFCE
Est-il possible de parvenir à résorber entièrement la dette ? Et surtout, est-ce souhaitable ?
Jean-Paul Fitoussi : C’est certes possible, mais cela implique de nombreux sacrifices, car cela signifie que la politique budgétaire doit être durablement restrictive, ce qui a nécessairement des conséquences sur la croissance économique et donc sur l’évolution du niveau de vie en France. Et je crois que ce n’est absolument pas souhaitable.
Pourquoi ? Pour plusieurs raisons. La première est qu’un agent actif qui investit est généralement endetté, précisément parce qu’il investit.
Deuxième raison : l’Etat ayant toujours le même âge – ce qui équivaut à dire que l’Etat vit éternellement –, n’a en réalité pas les mêmes contraintes de solvabilité qu’un agent privé. Or un agent privé s’endette. Par exemple pour l’acquisition d’un logement ou la création d’une entreprise. L’erreur que l’on commet généralement est de considérer l’Etat comme un ménage. Un ménage doit avoir remboursé l’ensemble de son endettement avant sa mort, si je puis dire. Alors que l’Etat peut ne jamais rembourser. Cela ne signifie pas qu’il est insolvable, cela signifie simplement qu’il peut maintenir constant son niveau d’endettement.
Troisième raison : le secteur privé a besoin de détenir des titres de la dette publique pour des raisons de sécurité. Les portefeuilles financiers des agents économiques sont constitués de titres plus ou moins risqués : des actions, des obligations sur les entreprises publiques et des titres de la dette publique. Or les titres de la dette publique sont les actifs les moins risqués. Il n’est donc absolument pas souhaitable que l’endettement d’un Etat soit nul.
N’est-ce pas ce type de raisonnement qui amène justement à tort tous les gouvernements à puiser dans la dette comme dans un puits sans fond ?
Jean-Paul Fitoussi : Cette question permet de prendre la mesure du problème. L’augmentation de la dette publique en France n’a pas été différente de celle de la plupart des pays de l’OCDE. En d’autres termes, si l’on doit accuser le gouvernement français de laxisme, il faudrait aussi accuser tous les gouvernements des grands pays du monde de laxisme. La dette publique américaine est, en proportion du revenu national, au même niveau que la dette publique française. La dette publique moyenne des pays de la zone euro est supérieure à la dette publique française. Et je ne sache pas que, par exemple, cette évolution de la dette publique ait nui aux intérêts américains, ni à la croissance économique, ni aux revenus du secteur privé.
Je ne veux pas dire que toute dépense publique est légitime, le problème doit être plutôt posé en termes d’efficacité des dépenses publiques, de productivité des services rendus par l’Etat, plutôt qu’en termes de niveau d’endettement.
Mais c’est justement la nature des “investissements” qui est “dettogène” depuis longtemps. De plus si l’Etat ne rembourse pas la dette, la charge d’intérêt diminue d’autant la capacité d’investir… à supposer que l’investissement soit efficace ?
Jean-Paul Fitoussi : Il y a plusieurs éléments dans cette question. Le premier est de dire que l’investissement public est “dettogène”. Cette affirmation est contre-factuelle, car en réalité, ce qui a caractérisé cette période en France, mais aussi dans les autres pays de l’OCDE, c’est une baisse de l’investissement public en proportion du PIB. Ce qui a conduit – en tout cas dans la zone euro – à l’augmentation de la dette, ce sont deux éléments : le premier, c’est le niveau des taux d’intérêt qui a été trop élevé en moyenne dans les années 1990 ; le second, c’est le chômage de masse.
Car il faut comprendre que la plus grande partie des dépenses de l’Etat représente des dépenses de protection sociale. Et ces dépenses de protection sociale elles-mêmes ne sont pas toutes à proprement parler des dépenses. Par exemple les retraites, la santé, les allocations-chômage. Donc on voit bien que par la médiation du chômage, ces dépenses ne pouvaient qu’augmenter. Un chômage de masse signifie moins de cotisants, moins de personnes imposables, en même temps qu’une augmentation nécessaire des dépenses de transfert, car on ne peut pas laisser les populations sans aucunes ressources.
Les dépenses de fonctionnement de l’Etat (hors dette) sont constituées à plus de 75 % par les dépenses de rémunération des fonctionnaires.
Jean-Paul Fitoussi : Il est normal que l’essentiel des dépenses publiques – encore qu’il s’agit plutôt de 50 % – soient des dépenses de salaires. La raison en est simple : l’Etat est une “entreprise de services”, et les entreprises de services ont un coût qui est constitué essentiellement par la masse salariale.
Donc la question ne se pose pas en termes de réduction de la masse salariale, mais en termes de productivité des services. Est-ce que la fonction publique est aussi productive qu’elle pourrait l’être, compte tenu de la qualité des fonctionnaires, qui sont généralement compétents, recrutés sur concours, et dont le niveau d’études est généralement plus élevé que dans le secteur privé ? On voit donc bien qu’il peut y avoir ici une marge de manœuvre pour augmenter la productivité dans les services, et donc pour réduire peut-être le nombre de fonctionnaires.
Maintenant, il faut reconnaître qu’on ne pourra pas aller très loin dans cette direction. Parce que l’essentiel des services qu’offre le personnel de l’Etat est ardemment demandé par les populations : les professeurs, les infirmières, les médecins, les policiers. Il y a donc une contradiction dans le discours un peu “Café du commerce” sur le nombre de fonctionnaires entre ce qui est exprimé explicitement par les gens et ce qu’ils demandent réellement. Ce n’est donc pas une équation simple.
Connaît-on la nature et la répartition des détenteurs de la dette française (particuliers, institutions, entreprises privées, français, étrangers) ? Cette structure peut-elle avoir une incidence sur la soutenabilité de la dette ?
Jean-Paul Fitoussi : Deux choses : la première, c’est que la dette française est tout à fait soutenable. Le Japon a une dette égale à 129 % du PIB, contre 66 % pour la France, soit presque le double. L’Italie a plus de 100 %. Et on ne se pose aucun problème de soutenabilité de la dette pour ces pays.
D’autre part, le service de la dette en France diminue, contrairement à ce que les Français croient. Pourquoi ? Parce que le taux d’intérêt est bas et que les gestionnaires de la dette publique française ont été assez intelligents pour profiter de ces bas taux d’intérêt. Par exemple, la France, l’année dernière, a placé un emprunt de 6 milliards d’euros à 50 ans à un taux d’intérêt de 4 %, ce qui est très bas.
Pour en revenir précisément à la question posée, l’essentiel des détenteurs de la dette publique en France, ce sont évidemment les institutions financières et les ménages. Maintenant, la dette publique française est détenue à peu près à 50 % par des étrangers. Mais en contrepartie, les Français détiennent dans leur portefeuille des titres étrangers. Donc cette structuration des détenteurs de la dette ne pose aucun problème en termes de soutenabilité.
Ce qui importe n’est pas tant le montant de la dette brute d’un pays, comme pour un individu. Lorsqu’un individu me dit qu’il a 1 milliard d’euros de dette, cela ne me dit rien sur sa richesse effective. Ce milliard d’euros de dette peut être compensé par un patrimoine valant plusieurs milliards d’euros : immeubles, usines…
“IL N’Y A PAS LE FEU EN LA DEMEURE”
L’essentiel pour juger de la soutenabilité d’une dette, c’est la capacité d’épargne du pays, qui signifie la capacité d’accumulation de richesses par un pays. Or il se trouve que lorsqu’on raisonne selon cette variable de solvabilité, la capacité de l’épargne de la France (20 %) est beaucoup plus élevée que la capacité d’épargne anglaise ou américaine, qui sont inférieures à 10 %.
Donc déclarer la France en faillite, compte tenu de son taux d’épargne, serait déclarer la faillite de l’ensemble des pays riches de la planète, qui ont généralement une dette publique au moins aussi importante, et une capacité d’épargne moyenne plus faible.
Je veux dire par là qu’il faut prendre la mesure du problème. Il n’y a pas le feu en la demeure. La France est considérée comme un pays totalement solvable par l’ensemble des agences de notation.
Cela ne signifie pas qu’il ne convient pas de faire encore et toujours des efforts pour mieux utiliser les deniers publics. Et donc qu’il faut en permanence à la fois faire des économies lorsque la possibilité apparaît, et procéder à des investissements lorsque l’on juge qu’ils sont rentables.
Ben : Nos politiques alors biaisent-ils le débat ? Selon leurs dires, nous aurions atteint un seuil intolérable…
La dette publique est-elle donc instrumentalisée à des fins politiques, pour faire passer des réformes dont on ne voudrait pas sinon ?
Jean-Paul Fitoussi : La dette publique a toujours été instrumentalisée à des fins politiques. Il faut comprendre que le vote annuel du budget est l’acte politique majeur de la nation. En soulignant le caractère élevé de la dette – personne n’a dit qu’elle était insoutenable – on favorise les réformes qui consistent à baisser les dépenses publiques. Car pour faire en sorte que la dette diminue, il faut réduire le déficit budgétaire, et comme aujourd’hui il est quasiment impossible – pour des raisons de concurrence fiscale en Europe – d’augmenter les impôts, cela signifie qu’il faut réduire les dépenses. C’est le message.
Je n’ai rien contre la réduction des dépenses publiques si elle ne réduit pas la qualité des services rendus aux populations par l’Etat. Mais par définition, la réduction des dépenses publiques ne peut pas être à elle seule un objectif final de la politique économique. Les vrais objectifs de la politique économique, ce sont le plein emploi et l’augmentation des niveaux de vie.
Si, pour atteindre le plein emploi et pour augmenter les niveaux de vie, il faut investir davantage, et donc encourir de façon transitoire des déficits supplémentaires, tant mieux ! Alors que si, pour réduire la dette publique, alors qu’elle est loin d’être à un niveau insoutenable, on doit renoncer à la croissance et à l’emploi, cela signifie qu’on marcherait sur la tête.
Existe-t-il une marge au-delà de laquelle la dette publique peut être dangereuse pour un pays ?
Jean-Paul Fitoussi : Certainement oui, mais on ne la connaît pas. Ce serait un niveau d’endettement si élevé qu’il impliquerait le renoncement aux dépenses publiques nécessaires à assurer la cohésion sociale. Mais on est très loin. Et de surcroît, les théoriciens de l’économie n’ont pas pu s’accorder sur une définition du niveau d’endettement optimal. Donc on ne sait pas ce qu’il est.
On sait que le Japon peut vivre avec une dette supérieure à 130 %, l’Italie à 120 %, la Belgique à 100 % environ, sans que ni la croissance économique, ni la cohésion sociale, ni l’Etat ne soient déclarés en faillite. Au contraire, les marchés financiers sont très heureux de prêter au Japon, à l’Italie et à la Belgique. Ils savent très bien qu’il s’agit de placements sans risque.
Dans les milieux de la finance internationale, on parle d’un crash de la France vers 2009 à l’exemple de l’Argentine… Est-ce possible ?
L’épargne des Français est-elle en danger face à ce déficit astronomique ?
Jean-Paul Fitoussi : En gros, on n’est pas dans la réalité, mais dans la rhétorique et l’idéologie. Comme je le disais, si la France était en faillite, tous les pays riches le seraient aussi. Pourquoi déclarerait-on la France en faillite alors que sa dette publique est analogue à celle des Etats-Unis, et ne pas déclarer les Etats-Unis en faillite ? Alors même que la capacité d’épargne des Français est bien supérieure à celle des Américains.
Il n’y a aucun danger que la France se trouve dans une situation analogue à celle de l’Argentine. Ce qui a plongé l’Argentine dans la crise, ce n’est pas un problème budgétaire, mais un problème monétaire. Le fait que l’Argentine a voulu maintenir la parité de sa monnaie par rapport au dollar, et même l’égalité (un peso est égal à un dollar), alors même qu’elle n’en avait pas les moyens, et que cela a conduit à une augmentation fabuleuse des taux d’intérêt et à une chute des exportations argentines.
On confond donc les problèmes. Ce n’est pas un problème de solvabilité directe qui a conduit à la situation argentine, mais un problème de politique monétaire folle qui a étouffé complètement l’économie argentine. Il n’y a donc aucune possibilité d’évolution catastrophique en France qui conduirait à la faillite des épargnants.
Alors que sont ces critères européens de déficit et de dette maximale s’ils n’ont aucune justification économique sérieuse ?
Jean-Paul Fitoussi : Les critères de dette publique et de déficit public qui avaient été établis dans le traité de Maastricht avaient leur logique. Cette logique était de fixer les conditions d’entrée des pays dans un club très fermé, la zone euro. Ensuite, ces critères se sont transformés en régime de croisière une fois l’euro créé, en règle budgétaire définie par le “pacte de stabilité”, qui exige que les déficits publics ne soient pas supérieurs à 3 %, sauf circonstances exceptionnelles, c’est-à-dire sauf récession grave. Et on s’est aperçu à l’usage que même une récession sérieuse mais pas grave pouvait conduire les pays à dépasser ce seuil de 3 %. C’est arrivé pour la moitié des pays de la zone euro. L’Allemagne et la France en tête.
“LES FRANÇAIS LAISSENT-ILS À LEURS ENFANTS UNE DETTE PUBLIQUE ? LA RÉPONSE EST NON”
Ayant constaté le caractère un peu arbitraire de la règle budgétaire telle qu’elle avait été définie par le "pacte de stabilité, les Européens ont changé la règle. Ils ont en tout cas introduit – tout en gardant le chiffre symbolique de 3 % – beaucoup de flexibilité dans l’application de la règle. Le “pacte de stabilité” aujourd’hui n’est plus le même que ce qu’il était au début de l’année 2005.
Donc le problème de la règle budgétaire dans la zone euro se pose dans la mesure où l’on considère qu’il faut, pour sauvegarder la performance du bien public qu’est devenue la monnaie unique, une règle de stabilité financière. Et à l’évidence, on avait défini une règle trop stricte. Une règle qui par exemple n’aurait jamais convenu aux Etats-Unis, dont le déficit budgétaire est largement supérieur à 4 %.
Pourriez-vous nous dire, tout de même, ce que vous pensez de la situation en termes intergénérationels en France ? Ne pensez-vous pas qu’une partie de la France a laissé aux jeunes une dette bien lourde à porter, pour financer la protection des seniors, mais dont eux ne bénéficieront jamais ?
Jean-Paul Fitoussi : Cette question est le lieu des plus grandes confusions. Premier élément de réponse : les Français laissent-ils à leurs enfants une dette publique ? La réponse est non. Pourquoi ? Parce que les enfants héritent à la fois de la dette et du titre de la dette. Si j’ai un portefeuille de titres publics, lorsque je décède, mes enfants en hériteront, et auront donc une créance sur l’Etat.
Deuxièmement, de nombreuses dépenses publiques sont faites pour favoriser les générations futures. Par exemple les dépenses d’éducation, les dépenses de recherche et développement, les investissements publics, les infrastructures, les crèches, les jardins publics… Donc les générations futures hériteront à la fois la dette, la créance sur l’Etat et le patrimoine public que les dépenses publiques auront aidé à financer.
La question s’adresse plutôt aux régimes de retraite, si j’ai bien compris, car vous pensez que les générations futures vont payer pour la retraite des générations présentes. Cela est vrai dans un régime de répartition. Un régime de répartition organise la solidarité entre les générations. La retraite des “vieux” est payée par les “jeunes” en toute compréhension de ce que, lorsqu’ils seront eux-mêmes vieux, les nouveaux jeunes paieront pour eux.
Donc le problème est de faire en sorte que la charge qui pèse sur une génération ne soit pas trop forte par rapport à celle qui a pesé sur la génération qui est en retraite. Et là les réformes des régimes de retraite qui ont déjà été entreprises vont toutes dans ce sens. Les régimes de retraite ont été réformés de deux façons : la première est de réduire la retraite moyenne, en allongeant la période de référence qui sert de calcul à la retraite (ce n’est plus la moyenne des 10 dernières années, mais celle des 25 dernières années) et deuxièmement en allongeant la durée de cotisation pour permettre aux populations d’accéder à une retraite pleine. Auparavant, il suffisait de cotiser 37,5 années, aujourd’hui il faut cotiser 40 années, et demain, 41 ou 42.
Comme on sait que la réforme des régimes de retraite est sans cesse remise sur le métier – car on voit bien qu’un régime de retraite équilibré ne peut pas être indépendant des évolutions démographiques –, il apparaît évident que cette réforme va toujours dans le sens d’équilibrer la charge qui pèse sur chaque génération. On a réduit la charge qui pèse sur les jeunes aujourd’hui en faisant cette réforme des régimes de retraite.
On voit bien que les “perdants” sont les futurs retraités, et c’est la raison pour laquelle des dispositifs ont été mis en œuvre pour favoriser l’épargne-retraite, afin d’assurer des compléments de retraite.
Est-ce que notre pays peut supporter, progressivement, pour résoudre cette crise structurelle, des prélèvement obligatoires du niveau des pays du nord de l’Europe aux alentours de 53 % du PIB ?
Jean-Paul Fitoussi : Les régimes nordiques sont caractérisés par des systèmes de protection sociale très généreux, encore plus que le système français. Cela signifie qu’ils ont choisi démocratiquement un degré de solidarité plus élevé que le système français. Et on voit bien que cela n’a pas affecté leurs performances en matière de croissance économique, au contraire.
Donc je crois que la question du système de protection sociale et de son degré de générosité est davantage une question politique qu’une question économique. La France pourrait très bien tenter de les imiter. On donne aujourd’hui en exemple le modèle danois. Mais cela implique évidemment une augmentation des prélèvements obligatoires, notamment pour financer la politique de l’emploi. Le Danemark a une politique active de l’emploi qui coûte trois fois plus cher que la politique française de l’emploi. Mais c’est une question de société, qui dépend des partis politiques.
Deuxième élément de réponse : je disais que certaines dépenses n’en sont pas vraiment. Si l’on privatisait les régimes de retraite, les populations devraient de toutes les façons payer pour leur retraite, et elles subiraient un prélèvement à ce titre. Et en compensation, elles recevraient un salaire différé, c’est-à-dire leur retraite. Mais si l’on privatisait les régimes de retraite, le taux des prélèvements obligatoires en France baisserait de dix points. Mais cela n’aurait pas vraiment changé l’équation des dépenses des populations qui auront à cotiser pour leur retraite. Mais au lieu de le faire auprès d’institutions publiques, elles le feraient auprès d’institutions privées.
Etes-vous favorable, sur ce point, aux dispositions du chef de l’Etat sur la taxation de la valeur ajoutée ?
Jean-Paul Fitoussi : D’abord, un point de compréhension : la valeur ajoutée est composée en moyenne, pour la France, de 65 % de salaires et de 35 % de profits bruts, ce qu’on appelle l’excédent brut d’exploitation. Une telle réforme consisterait à élargir l’assiette des prélèvements, ce qui réduirait le taux de prélèvement sur les salaires. Par exemple, alors qu’aujourd’hui les cotisations employeurs pour l’assurance-maladie et pour la famille sont de l’ordre de 18 points, si on élargit l’assiette de ces cotisations, le prélèvement pourrait n’être alors que de dix points. On voit donc bien ce qu’accomplit la réforme : elle consiste à baisser le coût du travail sans baisser le salaire net perçu par le salarié ni les prestations sociales qui lui sont garanties.
Il se trouve que je suis favorable à une telle réforme. Pour la raison suivante : on dit que taxer la valeur ajoutée, et donc l’excédent brut d’exploitation des entreprises, consiste à taxer l’investissement, et c’est vrai. Et c’est pourquoi beaucoup d’économistes sont contre une telle taxation. Si j’y suis favorable, c’est parce que je crois que l’on confond l’investissement avec la partie matérielle de l’investissement.
L’investissement comprend une partie matérielle et une partie immatérielle, notamment la recherche et développement. La recherche et développement, cela implique du personnel. Donc en réalité, en équilibrant la taxation, en la faisant porter sur l’ensemble de la valeur ajoutée, on va favoriser l’investissement immatériel. Ou plutôt on va rétablir l’équilibre entre la taxation de l’investissement matériel et de l’investissement immatériel. Or aujourd’hui, cela est une exigence, et même une urgence.
Parce que les secteurs porteurs d’avenir sont tous des secteurs intensifs en “main-d’œuvre” et impliquent l’embauche de travailleurs très qualifiés, notamment les nouvelles technologies de l’information et de la communication et les biotechnologies. On voit bien qu’en favorisant l’investissement dans la compétence des individus – certains diraient en favorisant l’investissement dans le “capital humain” –, on accélère l’évolution vers la société de la connaissance.
tu fais campagne là, bertrand ?
bertrand dit:On entend trop souvent dire que les candidats à l'élection présidentielles, n'ont ni programmes, ni idées.
Pourtant, il suffit de gratter un peu pour trouver du grain à moudre,pour comparer...
Des étudiants, d'opinions différentes, ont fait le travail pour nous.
Il expliquentici leur démarche et leur but .
On peut s'intéresser à un théme, aux idées d'un candidat ou même comparer les idées de candidats.
http://www.votons.info/
Cela ne change rien au fait que les promesses (et les programmes) n'engagent que ceux qui les écoutent.
Parce que, franchement... J'ai connu un général, un Pompidou, un Faure (pas élu), un d'Estaing, deux Mitterand, deux Chirac... Et que franchement, les programmes, c'est sur papier recyclé j'espere ? Pas glacé en tout cas...
ivy dit:tu fais campagne là, bertrand ?
Non.
J'essaie simplement de pointer des textes de politique et non des textes politiciens .
Une réhabilitation de la pensée contre les petites phrases et les truismes.
Des textes argumentés et bien construits( à mon sens) , de sources variées qui font réfléchir et pour lesquels je trouve une certaine pertinence.Au sujet des affaires de la Cité.
Ce qui ne veut pas dire que j'adhère forcément au propos .
Oui, je sais, je suis présomptueux.
Edit du 12/02 sur l’homoparentalité:
Première prise de position interreligieuse en France contre le mariage homosexuel :des responsables religieux lyonnais prennent position contre le mariage gay et l’homoparentalité .
J’ai rajouté le texte de la déclaration, pour laquelle je n’adhére pas du tout , non pas pour sa pertinence mais car il est pertinent de connaitre les oppositions religieuses à l’homoparentalité.
sur le Wiki débat 2007 on trouve un comparatif des propositions de chacun des candidats sur de grands thèmes.
Le même collectif a fait un chiffrage (a priori indépendant) des propositions figurant aux programmes UMP et PS
Social
la CFDT a décidé de s’adresser aux cinq candidats de «gouvernement» à l’élection (Verts, PCF, PS, UDF et UMP) pour qu’ils prennent clairement position sur quatre thèmes jugés «urgents pour les Français : le travail, la cohésion sociale, l’Europe et la démocratie sociale.
Conférence de presse
La CFDT s’adresse aux candidats
François Chérèque a présenté mardi 13 février une série de questions aux candidats sur les thèmes suivants : travail, emploi, salaire ; cohésion sociale, protection sociale, logement ; relance européenne ; démocratie sociale.
«Faire émerger les préoccupations des salariés dans le débat démocratique ». Tel est le souci de la CFDT exprimé mardi 13 février par son secrétaire général à l’occasion d’une conférence de presse. Celle-ci avait pour but de présenter l’adresse de la CFDT aux cinq candidats dont les partis sont susceptibles de participer au futur gouvernement : les Verts, le PC, le PS, l’UDF et l’UMP. Ce document a été envoyé lundi soir et est assorti d’une demande de rendez-vous avec chacun d’eux. « C’est une démarche de réhabilitation du politique, explique François Chérèque, qui s’est réjoui de la place actuel des sujets sociaux dans le débat pour les élections présidentielles. »
L’adresse comporte quatre points auxquels il est urgent de répondre. Pour le premier « travail, emploi et salaire », le secrétaire général a insisté sur la sécurisation des parcours professionnels : « Comment entendent-ils construire cette démarche ? Quelle sera la place de chaque dispositif ? » Sur le pouvoir d’achat, il pose la question : « Comment vont-ils s’y prendre pour que le Smic ne soit pas un salaire de carrière ? »
Sur le thème de la cohésion sociale, de la protection sociale et du logement, François Chérèque reconnaît la nécessité de réformer mais exige des précisions sur la place des différentes solidarités. La question européenne n’est pas encore assez débattue selon la CFDT. « Le futur président sera le président de l’Union en 2008, rappelle-t-il, comment entend-il redémarrer la construction européenne après le refus français du projet de constitution ? »
Enfin la CFDT interpelle les candidats sur leur méthode pour réformer la démocratie sociale. « La loi sur la modernisation du dialogue social vient d’être adoptée. Comment sera-t-elle mise en œuvre ? », questionne le secrétaire général. La CFDT fera connaître les réponses des candidats dans ses publications en même temps qu’elle lancera une campagne incitant ses adhérents à voter.
Interrogé sur les programmes des uns et des autres, François Chérèque s’est réjoui que « tous soient ouverts au dialogue social, avant d’ajouter, dans les propos au moins ». Mais la CFDT a besoin de précisions. À Ségolène Royal, il pose la question : « qu’entend-elle par revalorisation de 5 % des basses pensions ? À quel niveau se situe le bas ? » À Nicolas Sarkozy, il demande des précisions « fortes » sur les heures supplémentaires, les salaires et le droit de grève. « La CFDT est favorable aux discussions sur la prévention des conflits dans les entreprises, explique-t-il, mais une remise en cause du droit de grève serait inutile et vécue comme une provocation. »( sources:CFDT)
L’adresse aux candidats,le dossier complet en PDF.
J’essaierai de mettre les liens des réponses éventuelles .
non rien, j’étais hors sujet
le poney dit:des propos qui pourraient faire dévier le sens de ce topic
Le poney, je ne juge pas de la pertinence de tes propos mais ils aménent la polémique et les petites phrases assassines qu'il serait bon de ne pas voir dans ce topic au risque de dénaturer sa nature.
Ce serait sympa si tu pouvais éditer ton message.
En te remerciant par avance.
Je ne sais pas si mon post à sa place ici, mais Alexandre Jardin a mis en ligne un site qui me semble intéressant : http://www.commentonfait.fr/
“Les politiques proposent “quoi faire”, la société civile suggère “comment le faire”…”
L’initiative me semble intéressante, au delà des clichés. En effet, pour une fois, ce sont les citoyens “impliqués” qui partent d’une proposition d’un homme politique et vont plus loin dans la mise en application… coûts, logistique, moyens…
Je trouve l’entretien avec JP Fitoussi extrêmement intéressant. Merci bertrand de nous l’avoir mis à disposition.
Merci Jopajulu!
Et merci à Deckard et Big Sam pour leurs contributions
bigsam dit:
Le même collectif( débat 2007) a fait un chiffrage (a priori indépendant) des propositions figurant aux programmes UMP et PS
Un petit bémol
Encadrement militaire des jeunes “délinquants”
Ségolène, les jeunes et l’armée
Par JP Rosenczveig, Président du tribunal pour enfants de Bobigny sur son blog
Parmi d’autres choses, la candidate à la présidence de la République officiellement investie par le PS a donc repris comme proposition emblématique de faire appel à des militaires pour encadrer des jeunes délinquants.
Comme lors de l’entame de son parcours cette idée a fait sauter au plafond ceux qui se font une autre idée de la manière de gérer les problèmes d’intégration de la jeunesse en grande difficulté, ceux qui pensent que les enfants ne se dressent pas, mais s’élèvent dans tous les sens du terme comme le pater familias élevait son enfant devant ses pairs pour bien montrer qu’il le faisait sien et allait pourvoir à ses besoins.
Plus prosaïquement, avec une approche un peu politique, certains trouvent dans cette approche une nouvelle illustration de ce que gauche et droite , c’est du pareil au même et que les projets de Ségolène Royal valent bien ceux de Nicolas Sarkozy dans le registre de l’ordre et de la loi au point où partout on se dit qu’il faudra donc voter pour un “troisième homme” de gouvernement.
Alors au risque d’être mal compris car dans cette période électorale tout argument rationnel est taxé de parti pris partidaire ou anti-partidaire et au risque aussi de me répéter car j’avais déjà réagi sur ce sujet dans une précédente note, je voudrais réagir comme professionnel un brin expérimenté, un peu idéologue, mais en tout cas pas totalement à côté de ses pompes si j’en juge le débat au Parlement sur la loi Protection de l’enfance où quelques propos ont pu être retenus et la majorité des propositions avancées inscrites dans la loi votée la nuit dernière.
1° remarque : ce n’est pas d’aujourd’hui que les pouvoirs publics feraient appel à l’armée.
L’amiral Brac de la Perrière, gaulliste devant l’Eternel, a fait un travail de très grande qualité avec ses camarades de la Royale - c’est drôle! - pour faciliter la sortie de prison d’adultes ou de mineurs à travers l’association JET. C’est paradoxalement la majorité actuelle qui finalement lui aura coupé les moyens et notamment conduit à fermer le centre de La Souchère (Loire) qui accueillait des jeunes délinquants mineurs dans une ambiance formellement militaire, mais qui ressemblait plus à un camp de scouts.
Les jeunes qui y sont passés n’en ont pas été meurtris et certains ont même souhaité y revenir , même si on ne doit pas retenir cet argument car il demontre à l’excès la solitude de ces gamins.
En tous cas force a été d’observer que JET-Junior avec une alliance PJJ-Armée n’était pas une “réponse” aberrante à certains jeunes : il offrait un sas débouchant sur une réorientation intéressante pour les jeunes concernés. Ce n’était pas une fin en soi mais un temps de recomposition et de réconciliation du jeune avec lui même et avec le monde adulte.
La gauche au pouvoir en 1982 dans le cadre des Opérations d’été “anti-été chauds”- inscrites au IX° plan - devenues ensuite opération VVV a fait appel plusieurs années durant au centres de formation de l’armée pour accueillir dans le cadre d’une démarche de prévention de la délinquance des jeunes particulièrement difficiles afin de leur offrir des activités à risques… sans risques.
En 1982 sur 20 000 jeunes pris en charge 300 ainsi étaient partis à l’armée qui faire de l’escalade, qui de la plongée qui de la moto avec des encadrants militaires mais aussi des civils volontaires. Toujours en 2002, le camp “Trigano” monté à la demande de Gaston Deferre dans le cadre des opération anti été-chaud était encadré par l’armée.
Je peux témoigner de tous cela car j’étais le concepteur et l’animateur général du dispositif. C’était mon idée à partir d’un raisonnement simple : on ne monte pas le Mont Blanc avec des baskets et avec des travailleurs sociaux d’un club de prévention inexpérimentés sur le thème Haute Montagne. On risquerait d’avoir un coefficient de perte inacceptable !
Première conclusion : une fois de plus l’Histoire, l’Histoire, l’Histoire, n’oublions jamais l’Histoire. On invente rarement.
2° remarque : qu’attend-on de l’armée ?
Elle peut apporter son savoir-faire technique. Elle sait mener, je l’ai rappelé, des activités à risque au moindre risque. Sur les premières années des opération d’été il n’y a eu qu’un accident ! Les guides de l’école de haute montagne de Chamonix savent emmener des personnes avec eux avec de très fortes chances de les voir revenir intacts, les parachutistes de Pau savent apprendre à sauter en parachute sans casse, etc. Cette sécurité à un coût : une certaine organisation, une discipline minimum, des relations de base, des codes, etc. Bref un cadre qui somme toute rassure et assure, ce qui n’est pas rien pour nombre des jeunes que nous connaissons et qui pour beaucoup sont sans cadres formalisés depuis longtemps et en pâtissent. Beaucoup le disent.
En revanche il n’est pas question que l’armée assure la sécurisation des lieux éducatifs ni remplace les travailleurs sociaux. Ce serait une injure à ces derniers que de prétendre que les militaires vont assurer l’éducation dans des centres éducatifs fermés. Et je rappelle que la légalité - conf. la décision du conseil constitutionnel du 2 aout 2002 des centres éducatifs fermés dont on ne pourraient pas sortir librement - est contestable. La prison est là pour priver de liberté quitte à avoir aussi un objectif éducatif - les premiers établissements pénitentiaires pour mineurs ayant une vocation d’éducation vont bientôt être opérationnels.
Bref on a trop accusé ce gouvernement de tomber dans la confusion pour douter de chacun , pour ne pas souhaiter que ceux qui aspirent à former le prochain retombe dans le panneau.
Si on doit faire appel à des militaires ce n’est pas pour mater des têtes de bois mais pour faire ce que les travailleurs sociaux ne peuvent pas faire ; c’est pour apporter un plus et pas pour remplacer les éducateurs.
Au passage il faut que les bourgeois de tout poil, de gauche comme de droite, assument la prison comme les professionnels et comme les jeunes l’assument : elle est là pour punir, mais à l’inverse une démarche éducative suppose la liberté ce qui ne veut pas dire la démission des adultes. Comme à la maison il faut une autorité dans un établissement éducatif : il y a une autorité et une sanction s’il y a violation de la règle. Mais on ne doit pas demander aux militaires de faire plus que ce qu’ils savent faire et peuvent faire.
3° remarque : oui certains jeunes sont très durs et refusent toute autorité un peu comme des chevaux sauvages, et je conçois que la comparaison puissent choquer, refusent la selle que l’on veut leur imposer.
Il faut qu’ils se heurtent à une autorité qui leur permettent de se structurer. Ils vont la combattre puis ils vont s’y faire car ils vont en voir les bénéfices. Oui on aurait aimé que dans le discours de Ségolène Royal il soit dit que si les enfants doivent obéir à leurs parents, à leurs maîtres ou aux adultes qui sont dans des relations éducatives c’est bien que cette loi et cette autorité allaient les protéger.
L’ordre n’est pas respectable en tant que tel mais parce qu’il est juste et vécu comme tel comme à l’inverse sait que c’est une aberration historique d’affirmer que la résistance sinon le terrorisme sont a priori contestables. Que saurions-nous devenus sans nos Résistants ?
En d’autres termes, il faut approfondir le Pacte proposé en affirmant qu’il faut convaincre les enfants et les jeunes de ce pays qui sont à la marge , ailleurs, sans espoir et dans le nihilisme, qui sont donc dangereux pour autrui et pour eux-mêmes que la société va les protéger par la loi. Il faut aussi un discours positif - et les actions come les REAPP créés par Ségolène Royal en sont temps- en direction des familles les plus fragiles, celles qui seraient tentées de laisser filer leur enfants.
Si on y regarde bien le discours et la démarche vers les jeunes est la quintessence même du discours et de la démarche en direction des adultes de France !Un sacré pari ! En tous cas la bataille de l’insécurité ne se gagnera pas par des mouvements de menton, mais par la justice ressentie ! Et de ce point de vue il y a dans le discours-pacte de Villepinte les éléments d’une politique de l’enfance et de la jeunesse qui sont intéressants.
A l’inverse je n’y ai pas trouvé la loi sur le “bien-être des enfants” à laquelle j’appelle avec bien d’autres, mais déjà nombre d’éléments qui pourraient la nourrir -: le service public de la petite enfance, le renforcement du service social scolaire, la gratuité des soins jusqu’à 16 ans, l’effort renforcé pour la scolarisation et les soins en direction des enfants porteurs de handicaps, etc.
On le voit ce n’est pas l’émotion relevée par les commentateurs chez la candidate quand elle évoquait ces sujets qui me fait réagir, mais la lucidité. L’histoire - eh oui encore la mémoire qui fonctionne ! - enseigne que si Ségolène Royal n’avait pas été ministre de l’enfance et de la famille aucune des grandes lois de 2001 et 2002 - accès aux origines, autorité parentale, nom familial notamment - n’auraient été votées sans compter la loi médico-sociale de 2022.
Ce rappel objectif permet en toute lucidité de cerner les limites de certains propositions à l’ordre et à la loi : on comprend l’objectif, on peut s’interroger sur les déclinaisons et marquer des limites pour éviter de dérapages (ex. le passage sur le souci d’une sanction ferme à la première incartade qui reprend le discours de Nicolas Sarkozy sur le flagrant délit et qui reprenant des poncifs éculés néglige ce qui se fait sur le terrain).
A l’inverse on ne criera pas au loup sur la simple évocation de certaines fonctions ou de certaines institutions.