Prévention musclée au collège de Marciac

http://nogarojournal.imadiez.com/2008/11/25/marciac/

J’ai eu cette semaine un mail concernant une descente de police dans un lycée du Gers… On a pu entendre aussi le témoignage sur France inter. J’étais absolument abasourdi par les méthodes utilisées… Mais vous savez parfois on se dit que les gens exagèrent dans leur témoignage…. Bref, je reste interrogateur !
Mais voilà que ce WE, j’accueille ma fille Zoé -elle a 13 ans- de retour du collège de Marciac. Elle me raconte son mercredi au collège… colère à l’intérieur de moi… révolte… que faire???
J’ai demandé à Zoé d’écrire ce qu’elle me disait là. Elle a accepté.
Voici donc son témoignage, avec ses mots à elle :


« Il nous l’avait dit, le CPE, que des gendarmes allaient venir nous faire une prévention pour les 4ème et les 3ème.
Ce mercredi là (19/11/2008), toutes les classes sont entrées en cours comme à leur habitude, en suivant les profs.
A peine 10 minutes plus tard - nous étions assis-, deux gendarmes faisaient déjà le tour de la salle où nous étions. La prof avec qui nous étions, les regardait en nous disant « Ils font leur ronde!?? » . Elle n’était à priori au courant de rien bien sûr. Soudain , la porte s’est ouverte, laissant entrer deux gendarmes… Enfin non, pas exactement!!! Il y avait un monsieur chauve habillé en militaire ( le dresseur de chien en fait!) et un gendarme très gros.
Le chauve nous a dit: « Nous allons faire entrer un chien! Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas! Quand il mord, ça pique! »
Enfin il a dit ça, à peu près… Je me rappelle surtout du « Quand il mord, ça pique! »
Après, il est sorti deux minutes et est revenu avec deux autres gendarmes et le chien. Les gendarmes se sont placés aux deux extrémités de la classe tandis que le dresseur regardait son chien déjà à l’œuvre. Le chien s’appelait Bigo. Bigo s’est acharné sur plusieurs sacs, en mordant et arrachant tout ce qui dépassait. Quand à la prof, elle restait derrière son bureau bouche bée.
Le chien s’est attaqué au sac de mon amie, à coté de moi. Le dresseur a claqué des doigts en disant: « Sortez mademoiselle, avec toutes vos affaires! » Elle a rangé son sac, s’est levée et s’est apprêtée à sortir mais le dresseur l’a repris vite: « Et ton manteau! » Elle a rougi et emporté aussi son blouson.
Plusieurs personnes de la classe sont ainsi sorties. Le chien vient alors sentir mon sac. Voyant que le chien ne scotchait pas, que rien ne le retenait là, le dresseur lui a fait sentir mon corps avant de s’empresser de me faire sortir. Dehors m’attendait une petite troupe de gendarmes… Enfin, non, pas dehors: nous étions entre deux salles de classe.
Me voyant arriver, ils se dépêchèrent de finir de fouiller une autre fille. Mon amie était déjà retournée dans la classe. Quand ils eurent fini, ils s’emparèrent de mon sac et le vidèrent sur le sol. Un gendarme me fit vider les poches du devant de mon sac. Il vérifia après moi. Je n’étais pas la seule élève. Avec moi, il y avait une autre fille qui se faisait fouiller les poches par une gendarme.
Ils étaient deux gendarmes hommes à la regarder faire. Le Gendarme qui fouillait mon sac vida ma trousse, dévissa mes stylos, mes surligneurs et cherchait dans mes doublures.
La fille qui était là fouillée elle aussi, se fit interroger sur les personnes qui l’entouraient chez elle. Elle assurait que personne ne fumait dans son entourage. Ils la firent rentrer en classe.
C’était à mon tour! La fouilleuse me fit enlever mon sweat sous le regards des deux autres gendarmes……
Je décris: Un gendarme à terre disséquait mes stylos, un autre le surveillait, un autre qui regardait la fouilleuse qui me fouillait et le reste de la troupe dehors. Ne trouvant rien dans ma veste, elle me fit enlever mes chaussures et déplier mes ourlets de pantalon. Elle cherche dans mes chaussettes et mes chaussures. Le gars qui nous regardait, dit à l’intention de l’autre gendarme: « On dirait qu’elle n’a pas de hash mais avec sa tête mieux vaut très bien vérifier! On ne sait jamais… » Ils ont souri et la fouilleuse chercha de plus belle! Elle cherche dans les replis de mon pantalon, dans les doublures de mon tee shirt sans bien sûr rien trouver. Elle fouilla alors dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte! Les gendarmes n’exprimèrent aucune surprise face à ce geste mais ce ne fut pas mon cas!!!
Je dis à l’intention de tous « C’est bon arrêtez, je n’ai rien!!! »
La fouilleuse s’est arrêtée, j’ai remis mon sweat et mon fouilleur de sac m’a dit: « tu peux ranger! ».
J’ai rebouché mes stylos et remis le tout dans mon sac et suis repartie en classe après avoir donner le nom du village où j’habite.
De retour en classe, la prof m’a demandé ce qu’ils ont fait. Je lui ai répondu qu’ils nous avaient fouillé. Je me suis assise et j’ai eu du mal à me consacrer au math!
Tout ça c’est ce que j’ai vécu mais mon amie dans la classe à coté m’a aussi raconté.
Le chien s’est acharné sur son sac à elle et elle a eu le droit au même traitement. Mais ses affaires sentaient, alors ils l’ont carrément emmené à l’internat où nous dormons. Le chien s’est acharné sur toutes ses affaires m’a t-elle dit. Le gendarme lui a demandé si elle connaissait des fumeurs de hash, vue qu’ils ne trouvaient rien. Elle leur a simplement répondu que le WE dernier elle a assisté à un concert!
Le CPE l’a ramené ensuite au collège et elle m’a raconté.
Après les cours, le principal a rassemblé tous les élèves et nous a dit que bientôt allait avoir lieu une prévention pour tout le monde.
Une prévention? Avec des chiens? Armés comme aujourd’hui?
Une élève de 4ème nous a dit que le chien s’est jeté sur son sac car il y avait à manger dedans. Elle a eu très peur.
Les profs ne nous en ont pas reparlé….Ils avaient l’air aussi surpris que nous!
Tous les élèves de 3ème & 4ème ont du se poser la même question: Que se passe t il?
Et tous les 6ème et 5ème aussi même si ils n’ont pas été directement concernés! »
Zoé.D.R

Qu’en pensez vous? Que dois je faire ? Qui parle de violence ?
Il me semble important d’écrire ici que ni personne du collège a juger important de communiquer sur ces faits( ???). Nous sommes lundi 24/11/2008, il est 15h30 et si Zoé ne m’en avait pas parlé, je n’en saurais rien. Combien de parents sont au courant ?
Les enfants « victimes » -et je pèse ce mot- de ces actes sont en 4ème et 3ème.
Ils ont donc entre 12 et 14 ans ! Je n’en reviens pas….

Frédéric


Je vous livre l’info brut de décoffrage…

Boh tu sais, si tu regardes certains topics, tu verras qu’il y aura toujours des gens bien légitimistes pour te dire que tout cela est tout a fait naturel, légal et tout le bazar…j’en connais même un qui va te dire que c’est très bien que les gendarmes fassent leur travail de cette manière, et que ce sont 53 % des français qui ont voulu qu’il en soit ainsi…Peut-être même qu’il rajoutera “ouarf, ouarf, ouarf !” et sous-entendra que si on est pas d’accord, on peut toujours fermer notre gueule…
Au fait, ça n’a pas été filmé par Charles Villeneuve ? Ah tiens… :|

ben, la police, elle fait ce qu’on lui demande.
quand la loi d’orientation sur les lois de finances fait du rendement des services de police un critère de mesure de son efficacité, c’est assez logique de voir les intéressés faire du zèle et du chiffre.
En plus , la tendance est quand même largement à la pression pénale sur les jeunes mineurs, outre les déclarations de Madame Dati (voir ci-dessous), les mesures du fichier Edvige2 concernent toujours les mineurs de 13 ans.

La prison à 12 ans, une mesure de “bon sens”, pour Rachida Dati
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 03.12.08 | 14h08 • Mis à jour le 03.12.08 | 14h51
Rachida Dati s’est déclarée, mercredi 3 décembre, lors de la remise d’un rapport sur la réforme de la justice des mineurs, favorable à l’idée de fixer à 12 ans l’âge auquel pourront être appliquées des sanctions pénales, dont éventuellement une mise en détention dans le cas d’un crime. La ministre de la justice approuve ainsi la proposition de la commission présidée par André Varinard, très critiquée la semaine dernière par les syndicats de magistrats.

“Ce serait une innovation importante dans notre droit, elle mérite d’être examinée avec beaucoup d’attention”, a-t-elle dit dans un discours prononcé à son ministère lors de la réception du rapport, ajoutant que “sanctionner ne veut pas dire emprisonner”. Mais “les juges pour mineurs doivent pouvoir disposer d’une palette de réponses adaptées qui vont jusqu’à l’incarcération”. “Dire qu’un mineur d’aujourd’hui peut justifier une sanction pénale à partir de 12 ans me semble simplement correspondre au bon sens”, a-t-elle ajouté.

Aux yeux de Mme Dati, “un mineur a besoin d’autorité”, qui doit cependant “être exercée avec autant de fermeté que d’humanité”. Pour justifier sa décision, elle a également souligné que fixer la majorité pénale à 12 ans correspond à la moyenne appliquée par “nos voisins” – 10 ans en Suisse et en Angleterre, 12 aux Pays-Bas, 14 en Allemagne, Espagne, Italie – et que l’idée avait été approuvée par le Comité des droits de l’enfant de l’ONU en 2007.

“UNE VISION RÉACTIONNAIRE ET RÉPRESSIVE DE L’ENFANCE”

La ministre approuve aussi l’idée de permettre des auditions par la police de mineurs de moins de 12 ans, même si ces derniers n’auront pas ensuite de responsabilité pénale. Enfin, elle s’est dite favorable à la création d’un tribunal correctionnel pour mineurs qui remplacerait les tribunaux pour enfants dans certains cas de délits commis entre 16 et 18 ans. La garde des sceaux souhaite élaborer cette réforme avant la fin du premier trimestre de 2009.

Le principal syndicat de magistrats, l’USM, et le syndicat d’éducateurs UNSA-PJJ, ont immédiatement fait savoir, dans un communiqué commun diffusé lundi, que l’incarcération en matière criminelle n’est possible qu’à partir de 14 ans “dans la quasi totalité des pays européens”. Le Syndicat de la magistrature a dénoncé “une vision réactionnaire et répressive de l’enfance” alors que l’ancienne ministre de la justice socialiste Marylise Lebranchu a estimé qu’il était “idiot” de prôner le passage à 12 ans et que cela allait “braquer tout le monde”. Elle a en outre contredit Mme Dati sur les conclusion de l’ONU en la matière, l’accusant de ne pas avoir lu le rapport jusqu’au bout. “Il faut tout lire. Pourquoi on met 12 ans à l’ONU ? Parce que des pays incarcèrent avant”.

J’en ai entendu parlé ce matin à la radio et à mon avis ce soir on va en parler au 20H comme c’est parti. Pour ma part je n’avais pas compris que c’était de la prévention, je pensais que c’était pour coincer des délinquants (ce qui n’excuse rien). A savoir si tout ce qui a été écrit est vrai c’est autre chose mais si les faits sont avérés, c’est assez choquant.

takumi dit:A savoir si tout ce qui a été écrit est vrai c'est autre chose mais si les faits sont avérés, c'est assez choquant.


ce qui serait intéressant aussi, c'est d'avoir la version des enseignants et de l'administration du Collège.
Kouynemum dit:
takumi dit:A savoir si tout ce qui a été écrit est vrai c'est autre chose mais si les faits sont avérés, c'est assez choquant.

ce qui serait intéressant aussi, c'est d'avoir la version des enseignants et de l'administration du Collège.



Oui, et pourquoi ils n'ont pas jugé bon semble-t-il de communiquer sur ces faits...comme takumi, je n'avais pas compris que c'était juste de la prévention...de mauvais esprits pourraient y voir une descente improvisée, mais j'exagère sans doute...

Je l’ai reçu dimanche sur les réseaux militants et à vrai dire au début j’ai pensé à un hoax et je n’ai pas fait suivre. Ca me semblait trop gros.
Et puis en début de semaine, des médias classiques s’y intéressent, farfouillent, s’aperçoivent qu’il n’y a pas qu’un cas…

A côté de ça il y a le cas du journaleux de Libé - c’est pas pour le journaleux, hein, RSF ça m’emmerde, mais au moins ça a servi de révélateur à des pratiques euh… comment dire, largement pratiquées.

Dans le même genre on se fait mettre au trou de plus en plus facilement si on regarde un keuf de traviole, selon le Canard du jour.


On sent quand même que la tendance la plus réac des forces de l’ordre en prend à son aise…

Le Zeptien dit:
Kouynemum dit:
takumi dit:A savoir si tout ce qui a été écrit est vrai c'est autre chose mais si les faits sont avérés, c'est assez choquant.

ce qui serait intéressant aussi, c'est d'avoir la version des enseignants et de l'administration du Collège.


Oui, et pourquoi ils n'ont pas jugé bon semble-t-il de communiquer sur ces faits...comme takumi, je n'avais pas compris que c'était juste de la prévention...de mauvais esprits pourraient y voir une descente improvisée, mais j'exagère sans doute...

ASI dit:c'est à l'école des métiers d'Auch, un centre de formation des apprentis, que des gendarmes ont effectué la semaine dernière un contrôle, là aussi accompagnés de maîtres-chiens.
Là aussi, un témoignage tourne sur les blogs. Il s'agit de celui d'un professeur de l'établissement, Patrick Poumireau. Quelques extraits:
"Je fais cours quand, tout à coup, sans prévenir, font irruption dans le lieu clos de mon travail quatre gendarmes décidés, accompagnés d'un maître-chien affublé de son animal. Personne ne dit bonjour, personne ne se présente. Sans préambule, le chien est lancé à travers la classe. (...) Les jeunes sont choqués, l'ambiance est lourde, menaçante, j'ouvre une fenêtre qu'un gendarme, sans rien dire, referme immédiatement, péremptoirement. Le chien court partout, mord le sac d'un jeune à qui l'on demande de sortir, le chien bave sur les jambes d'un autre terrorisé, sur des casquettes, sur des vêtements. (...) Des sacs sont vidés dans le couloir, on fait ouvrir les portefeuilles, des allusions d'une ironie douteuse fusent. Ces intrusions auront lieu dans plus de dix classes et dureront plus d'une heure. Une trentaine d'élèves suspects sont envoyés dans une salle pour compléter la fouille. Certains sont obligés de se déchausser et d'enlever leurs chaussettes, l'un d'eux se retrouve en caleçon. Parmi les jeunes, il y a des mineurs. Dans une classe de BTS, le chien fait voler un sac, l'élève en ressort un ordinateur endommagé, on lui dit en riant qu'il peut toujours porter plainte. (...) Ce qui m'a frappé, au-delà de l'aspect légal ou illégal de la démarche, c'est l'attitude des gendarmes: impolis, désagréables, menaçants, ironiques, agressifs, méprisants, sortant d'une classe de BTS froid-climatisation en disant: «Salut les filles! » alors que, bien sûr il n'y a que des garçons, les félicitant d'avoir bien «caché leur came et abusé leur chien ».

des infos ici

Dans la Dépêche du midi(Article de la dépêche du midi du 20 novembre 2008), on trouve des témoignages d'élèves du CFA, la réponse de la gendarmerie, et des chefs d'établissement ( collége de Marciac et CFA d'Auch), qui, il faut le rappeler, avaient dans les deux cas fait la demande aux gendarmes afin qu'ils interviennent. "Les gendarmes leur ont demandé de ne pas regarder les chiens dans les yeux sous peine d'être mordus à des endroits sensibles" raconte par exemple la Dépêche. C'est la procureure de la République du Gers qui, de son côté, a répondu positivement à cette demande. D'ailleurs, le cas du collège de Marciac a abouti à une décision commune de la part de l'inspection académique et de la gendarmerie pour "revoir les procédures" et précéder les prochaines interventions prévues par des "actions de prévention préparées avec les équipes éducatives".


La dépéche du Midi dit:En fait, aucune décision de supprimer les contrôles n'a été prise, ainsi que le précise Jean-René Louvet, l'inspecteur d'académie : « Nous nous sommes entendus pour que si contrôle il devait y avoir dans un collège, il soit systématiquement précédé d'une préparation avec les équipes éducatives et d'une rencontre pédagogique avec les élèves », explique-t-il, insistant sur « la bonne qualité des relations entre éducation, police, gendarmerie et justice dans le département ». La FCPE lance une adresse aux chefs d'établissements que les parents considéreront « comme seuls responsables de problèmes, incidents ou dérapages lors d'éventuels contrôles à venir », et exige notamment que « dans tous les cas le chien soit et reste muselé chaque fois qu'il sera amené dans un établissement scolaire ».
bertrand dit: ...


je n'ai plus les procédures en tête mais ça me parait surprenant que les pandores interviennent de leur propre chef dans un établissement.
si quelqu'un a les compétences pour m'éclairer sur qui décide quoi dans de telles circonstances ?
par ici, on a eu le cas d'interventions policières, mais c'était à la sortie de l'établissement.
pour pénétrer dans des locaux scolaires, et vus tous les barrages administratifs auquel peut donner lieu la simple présence d'un animateur extérieur, il doit quand même falloir au minimum quelques autorisations préalables de niveau IA.
Kouynemum dit:
bertrand dit: ...

je n'ai plus les procédures en tête mais ça me parait surprenant que les pandores interviennent de leur propre chef dans un établissement.
.


A quoi ça sert que je mette en caractère gras? :mrgreen:
bertrand dit:A quoi ça sert que je ùmette en caractère gras? :mrgreen:

marrant je me disais qu'avec le temps, la vue, tout ça quoi... :mrgreen:






:arrow:
El comandante dit:A côté de ça il y a le cas du journaleux de Libé - c'est pas pour le journaleux, hein, RSF ça m'emmerde, mais au moins ça a servi de révélateur à des pratiques euh... comment dire, largement pratiquées.
Dans le même genre on se fait mettre au trou de plus en plus facilement si on regarde un keuf de traviole, selon le Canard du jour.
On sent quand même que la tendance la plus réac des forces de l'ordre en prend à son aise...


à ce propos la chronique de Thomas Legrand sur France Inter de ce jour :

mercredi 3 décembre 2008
Police, justice, la dérive ?


Depuis quelques temps, plusieurs affaires de justice et de police donnent l'impression d'un virage sécuritaire. On a beaucoup parlé depuis plusieurs jours de l'interpellation matinale et brutale de notre confrère de « Libération » dans le cadre d'une banale affaire de diffamation. Deux députés ont même interrogé Rachida Dati sur le sujet à l'assemblée, hier, lors des questions au gouvernement et c'est le Premier ministre, en personne, qui a répondu à l'une d'elles. C'est très bien que la presse soit sourcilleuse sur ses libertés, c'est heureux que des parlementaires des deux camps demandent des explications à la ministre de la justice. Cette histoire a aussi le mérite de révéler la façon dont les interpellations se déroulent en France. Nicolas Sarkozy s'en est officiellement ému, il a conscience de l'image désastreuse que cette affaire donne de la justice et il sait le risque politique qu'il y a à traiter la presse ainsi. En privé, il était beaucoup plus nuancé devant les responsables UMP. Il disait que si ça avait été un homme politique qui avait été interpellé ainsi, tout le monde aurait trouvé ça normal. Avouons que cette réflexion n'est pas fausse même s'il se trouve que les politiques sont rarement interpellés ainsi ! Avouons aussi qu'il y a une petite dose de corporatisme dans l'ampleur de la réaction à cette affaire.
En même temps, elle est révélatrice d'un climat que beaucoup dénoncent. Mais en la matière, il y a beaucoup plus grave. Il y a beaucoup plus révélateur d'accroc au principe de proportionnalité et ceci mobilise étrangement assez peu la presse pour l'instant, c'est les 9 mises en examen dans l'affaire du sabotage des lignes de TGV. 3 des 5 incarcérés depuis le 11 novembre ont été libérés hier après 20 jours de prison - il n'y avait pas assez de preuves pour les maintenir en détention. Les deux derniers pourraient être libérés prochainement. Ce qui parait très abusif, c'est qu'ils sont mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ». Ce qui implique une débauche de moyens et de dérogations au droit commun que l'on a déjà commentés ici la semaine dernière. Les trois premières libérations ont été ordonnées par les juges contre l'avis du parquet. Il y avait eu autour de cette affaire un discours de la part du ministre de l'intérieur en forme de cri de victoire assez disproportionné, qui laissait penser que la police venait de mettre la main sur un groupuscule de dangereux terroristes. Ce n'est pas la première fois que cette procédure est utilisée de façon objectivement abusive. Plusieurs jeunes militants qui se disent anarchistes et que l'on peut certainement qualifier d'extrémistes dans leur mode d'expression, ont été mis en examen pour terrorisme en janvier 2008. Deux d'entre eux ont passé 6 mois en prison et sont en ce moment assignés en résidence. Ils avaient été arrêtés en possession de fumigènes lors d'une manifestation devant un centre de rétention de sans papiers. Les militants qui défendent les sans papier ont l'habitude d'allumer des fumigènes pour être vus des détenus. 6 mois de prisons sans être jugés mais en subissant tout l'arsenal des lois anti-terroristes.
Pourquoi cette démesure ? Le grand chroniqueur judiciaire du « Monde », Philippe Bouchet, disait : « L'appareil répressif a toujours eu le sens de l'ordre avant celui de la légalité et le sens de l'Etat avant le souci du citoyen. » Depuis quelques années, en plus, il a le sens du chiffre. A chaque niveau, du ministre de l'intérieur au gardien de la paix, il y a des objectifs à atteindre, il faut des résultats chiffrés. Chaque chef exerce une pression sur son subalterne et au fur et à mesure, la consigne descend dans la hiérarchie, et la considération politique grignote les critères objectifs. C'est une sorte de loi quasi mécanique de la psychologie du pouvoir. Il n'y a donc pas à proprement parler pas de virage sécuritaire programmé. C'est plutôt la conséquence logique de plusieurs années de discours et une lente évolution vers l'idée que l'efficacité judiciaire nécessite de sacrifier un peu de liberté pour plus de sécurité.
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c'est :arrow:
bertrand dit: A quoi ça sert que je mette en caractère gras? :mrgreen:


j'ai vu
mais de la façon dont c'est cité, les faits copiés collés concernent un CFA, et c'est un centre de formation des apprentis, pas un collège.
donc dans les chefs d'établissements dont il s'agit, je ne vois pas la mention faite du principal du collège de Marciac, sauf erreur de ma part.

edit : forcément avec la parenthèse rajoutée qui va bien, c'est nettement plus clair :)
El comandante dit:.

On sent quand même que la tendance la plus réac des forces de l'ordre en prend à son aise...


Tout a fait, et tu fais bien de le préciser (sinon certains vont dire qu'on fait de l'anti-flic): la tendance la plus réac des forces de l'ordre.

Je ne crois pas que tout les gendarmes ont le fantasme de faire peur à des adolescentes avec un clébard. La recherche de stupéfiants fait partie de leurs travail, sans aucun doute, mais la procédure telle qu'elle est décrite ici est détestable (qu'elle soit légale ou pas), et les propos tenues par ailleurs, si ils sont exactes, ne sont pas dignes de représentants des forces de l'ordre d'une démocratie.
Si l'idée derrière tout ça est de faire naitre une peur du gendarme, c'est raté, c'est plutôt la haine du flic qu'ils vont provoquer chez certains jeunes...et déjà que c'est pas brillant à certains endroits....

Tiens, il y avait pas des enfants de gendarmes dans les établissements scolaires concernés ? Ce serait marrant qu'il y en ai un qui porte plainte...ah évidemment, c'est autre chose quand un fils de gendarme prend une torgnole de la part d'un prof....
Le Zeptien dit: Tiens, il y avait pas des enfants de gendarmes dans les établissements scolaires concernés ? Ce serait marrant qu'il y en ai un qui porte plainte...ah évidemment, c'est autre chose quand un fils de gendarme prend une torgnole de la part d'un prof....


et tu ne crois pas que le principal du collège, s'il a demandé ce type d'intervention puisse se remettre un peu en cause, aussi ?
Kouynemum dit:
bertrand dit: A quoi ça sert que je mette en caractère gras? :mrgreen:

j'ai vu
mais de la façon dont c'est cité, les faits copiés collés concernent un CFA, et c'est un centre de formation des apprentis, pas un collège.
donc dans les chefs d'établissements dont il s'agit, je ne vois pas la mention faite du principal du collège de Marciac, sauf erreur de ma part.

Deux établissements ( au moins) ont vu ce genre de dérapage: le college de Marciac et le CFA D'auch. Et ce sont bien les directeurs qui ont demandé les intervenions.
Tu auras plus d'info en cliquant sur les liens que j'ai fourni
Et un autre
, les deux opérations conduites la semaine dernière, au CFA de Pavie et au collège de Marciac, n'en finissent pas de susciter la polémique (lire La Dépêche du 20 novembre). La dernière en date en particulier, qui a concerné des élèves de 13 et 14 ans au collège de Marciac.

Si je ne m’abuse la police, la gendarmerie, l’armée, et même monsieur madame tout le monde n’a tout simplement pas le droit d’entrer dans un établissement à caractère éducatif, à mon que le responsable du dit établissement n’en ait fait la demande expresse. Ce qui explique pourquoi plusieurs campus servaient de “base arrière” et d’hôpitaux de fortune en 68 (d’après mon père) ainsi qu’en 95 (ça, je l’ai vécu en direct live, de l’intérieur, et ça m’a guéri de la vision romantique que j’avais des mouvements anarchisants… globalement on a affaire à des gros cons bornés, genre skin mais “de gauche”. Bref). NB: De même lors des occupations de campus lors des manif contre le CPE ou la réforme des universités : les CRS ne sont intervenus qu’à la demande des présidents/doyens concernés.

Spéciale dédicace @Kouyne :

Circulaire n° 96-156 du 29 mai 1996 :
“Les personnes tierces au service ne peuvent, quant à elles, se prévaloir d’un droit à pénétrer dans l’établissement. C’est au proviseur, au principal ou au directeur d’école, responsable du bon ordre à l’intérieur des locaux qu’il revient d’apprécier si elles doivent y être introduites. Il peut assortir son autorisation de toutes précautions utiles et notamment, demander aux intéressés de justifier de leur qualité, lorsque cette précaution lui paraît s’imposer. Un traitement particulier doit toutefois être réservé aux personnes qui sont amenées à pénétrer dans l’établissement pour l’éxécution de la misson de service public dont elles sont investies. Il peut s’agir, notamment, d’autorités de police agissant dans le cadre d’une enquête préliminaire.”


En gros, un directeur d’établissement peut demander aux forces de police (ou à un marchand de frites) d’intervenir dans son établissement. Après les forces de polices (ou le marchand de frites) sont libres de décider d’y intervenir ou non. Et vice-versa : les forces de police (ou un marchand de frites) peuvent demander à un directeur d’intervenir dans l’enceinte de l’établissement dont il a la charge, mais le directeur est libre de leur en refuser l’accès (avec les nuances de pression politico administratives de rigueur, of course).

Kouynemum dit:
Le Zeptien dit: Tiens, il y avait pas des enfants de gendarmes dans les établissements scolaires concernés ? Ce serait marrant qu'il y en ai un qui porte plainte...ah évidemment, c'est autre chose quand un fils de gendarme prend une torgnole de la part d'un prof....

et tu ne crois pas que le principal du collège, s'il a demandé ce type d'intervention puisse se remettre un peu en cause, aussi ?


Oui, sans doute...si il a demandé ce type d'intervention...maintenant on peut quand même s'étonner des attitudes des uns et des autres dans cette affaire. Il y a quand même une forme de brutalité verbale complètement déplacée, et des comportements peu en adéquation avec la mission...

Prévention/controle/fouille au corps/ menace physique...tout est amalgamé. C'était une descente pure et simple.

Quand les services d'un l'Etat collaborent tous ensemble dans le seul soucis d'assurer l'ordre et corriger ce qui est jugé être des "déviances", en général, ça sent pas bon...font moins de zèle pour les grandes délinquances économiques.
bertrand dit:Deux établissements ( au moins) ont vu ce genre de dérapage: le college de Marciac et le CFA D'auch. Et ce sont bien les directeurs qui ont demandé les intervenions.
Tu auras plus d'info en cliquant sur les liens que j'ai fourni


je cite la dépêche :

pour le CFA d'Auch, c'est clair :
En l'occurrence, Bernard Vilotte, le directeur du CFA, avoue sans détour être à l'origine de cette initiative à portée pédagogique.

pour Marciac, ça l'est moins :
le principal du collège, lui en revanche, a reçu quelques coups de fil de parents mécontents. Mais il relativise. « Le contrôle s'est fait dans quatre classes et n'a pas semblé susciter une émotion extraordinaire. Il y a une procédure qui, à mon sens, a été respectée. Je n'ai pas senti de climat particulier de tension. »

c'est quoi la procédure exactement, concernant Marciac ?

edit : et ben voilà, entre temps, merci Fabéricus :wink:
Le Zeptien dit:
Kouynemum dit:
Le Zeptien dit: Tiens, il y avait pas des enfants de gendarmes dans les établissements scolaires concernés ? Ce serait marrant qu'il y en ai un qui porte plainte...ah évidemment, c'est autre chose quand un fils de gendarme prend une torgnole de la part d'un prof....

et tu ne crois pas que le principal du collège, s'il a demandé ce type d'intervention puisse se remettre un peu en cause, aussi ?

Oui, sans doute...si il a demandé ce type d'intervention...maintenant on peut quand même s'étonner des attitudes des uns et des autres dans cette affaire. Il y a quand même une forme de brutalité verbale complètement déplacée, et des comportements peu en adéquation avec la mission...prévention/controle/fouille au corps/ menace physique...tout est amalgamé. C'était une descente pure et simple.


Ben oui, c'est normal c'est de la prévention, le message est "vous voyez un peu ce que vous allez vous prendre dans la face si vous fumez du chichon ? Hein ? La drogue c'est mal, faisez gaffe les jeunes". c'est la pédagogie de la planche à clous, en somme.

Sinon, je dis peut-être une connerie, mais il me semble que le principal est effectivement responsable légalement de ce qui se produit dans son établissement et il est possible que ce soit la personne contre laquelle il faille se retourner en cas de dommages physiques ou moraux (avec le précédent Tapie, ça peut valoir le coup de tenter le préjudice moral, non).

Monde de merde.