Sombre

Semaine Sombre : mercredi – Reality check



Résumé de l’épisode précédent : je cherche à mieux diffuser Sombre, mais mes moyens sont limités. Je me dis que le marché des boutiques serait peut-être la solution à mes problèmes. Du coup, je me renseigne pour évaluer la faisabilité du truc.

Je prends contact avec la boîte qui distribue la plupart des jeux de rôle en France. J’y vais la bouche en cœur, j’avoue. Ben oui, je fais un JdR et voudrais le vendre en magasin. Or y’a des gens dont le métier est justement de mettre du JdR dans des boutiques. Forcément qu’on va pouvoir bosser ensemble. Impéritie, dites-vous ? Oui, complètement. J’apprends mon boulot d’éditeur sur le tas et grappille du pEx à mesure que j’avance. Parfois (souvent, en fait), c’est un peu violent.
Or donc, je prends contact avec ce gros distributeur. Par mail, ça ne marche pas trop bien, alors je relance par téléphone. Coup de bol, je tombe direct sur un big boss. C’était pendant un gros festoche ludique. Tandis que ses subalternes étaient sur le pont, lui tenait le fort. Je lui explique mon projet. Blablabla Sombre blablabla quatre numéro parus, un cinquième en chantier blablabla boutiques.
Et là, le gars me répond « Ah mais non, c’est pas du jeu de rôle votre truc ». « Heiiiin ?!? » que je lui fais. « Ben oui, un jeu de rôle est un produit format A4, de 200 à 300 pages, avec une couverture cartonnée et en couleur. Tout le monde sait ça, voyons. Donc votre machin là, c’est pas du jeu de rôle. C’est juste un fanzine ». Oulala, c’te vieille odeur de napalm au petit matin !
Je tombe de ma chaise, me raccroche d’une main à mon bureau et contre argumente. Pas que je conteste l’idée que Sombre soit publié sous forme de fanzine. Je le revendique et ça m’éclate. Mais ce n’en est pas moins un jeu de rôle. Le nier, c’est confondre le fond et la forme, l’œuvre et le produit. Je défends mon bout de steak, quoi. En vain, vous vous doutez bien.
Avec le recul, je comprends la position du mec. Le ton était un poil, euh, rude, mais je saisis sa logique commerciale. Sombre serait de l’épicerie pour lui. Micro tirages, faibles marges, format non standard. Beaucoup de prises de tête pour pas grand-chose. Et bon, la distribution est un pur business. Carrément pas un milieu de mécènes ni de philanthropes amis des arts, hein.
Si je me suis mangé le truc si violent dans la face, c’est aussi parce que cette conversation téléphonique a eu lieu à peine une quinzaine de jours après que le BHL du JdR, ce cuistre, ait mis en ligne son podcast dans lequel il déniait à Sombre la qualité de jeu de rôle. Coup sur coup comme ça, ce fut bien hardcore. Prends ça dans les dents, Johan.
Alors quoi ? Trop indé pour le mainstream et trop mainstream pour l’indé, Sombre ? Il semblerait que je doive tracer ma propre voie, comme je le fais depuis le début de mon aventure éditoriale. J’espérais qu’à un moment, cela deviendrait un tantinet moins difficile. Mais en fait, non.

La suite demain.

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Les quatre numéros de la revue Sombre sont disponibles.
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Pourquoi tu lancerais pas un ks?
Genre a la sortie du 5eme volume, tu fais un ks pour en vendre pas mal quitte a vendre les autres ou faire le livre relié en couleur des 4 premiers si tu atteints ton seule de rentabilité
Avec pledge boutique etc…
Ca peut êtreune piste à creuser

Ça peut. 8)

On n’est qu’au milieu de la semaine Sombre. Il reste deux jours donc deux posts. Et y’aura plein d’autres infos dedans.

Question questionneuse, est- ce que le système du jeu “Millevaux” a un peu changé depuis sa création ou pas du tout? Car, j’ai peur de l’acheter en sachant que je trouve qu’il manque des mécaniques dans “Sombre”… Non, pardon, ma vrai question est en réalité: “Millevaux” possède-t- il plus de mécaniques que “Sombre” OU est- ce au meneur de jeu d’inventer des ‘routines’ pour faire tourner le bouzin?
Merci merci les gens :mrgreen:

rech dit:est- ce que le système du jeu "Millevaux" a un peu changé depuis sa création ou pas du tout?

Millevaux est un univers, qui est aujourd'hui motorisé par quatre (ou cinq ? Je n'arrive plus à suivre ^^) systèmes différents, dont celui de Sombre.
Du coup, Millevaux Sombre, c'est du Sombre dans Millevaux. Y'a quelques ajouts techniques, mais rien qui ne change radicalement de Sombre standard.

j'ai peur de l'acheter

Tu ne devrais pas. Tout Millevaux est désormais gratuit.

je trouve qu'il manque des mécaniques dans "Sombre"

Aaah ? Voudrais-tu développer, s'il te plaît ? Tu t'en doutes, le sujet m'intéresse grave.

Semaine Sombre : jeudi – Beam me up, Scotty



Résumé des épisodes précédents : cherchant à mieux diffuser Sombre, je contacte un gros distributeur pour voir s’il y a moyen de bosser avec lui et me fais napalmer la tronche. Le verdict est sans appel, Sombre n’est pas un jeu de rôle.

Après ce coup de fil, je dois dire que j’étais tout éparpillé de partout, façon puzzle. Déjà, j’ai commencé par me regrouper. Une fois que ce fut fait, je me suis remis à cogiter. OK, la distro pro c’était mort. Fallait-il donc que j’en reste là ? Continuer à écumer les convs avec mon assoce et à me heurter à ce plafond de verre qui me criiiispe ? J’avais trop le seum. Parce que cette idée d’entreprise me bottait bien. Elle me semblait aboutir si logiquement ma démarche d’écriture et d’édition que je rageais de devoir la remettre dans mon slip.
Sauf que sans l’ouverture vers le marché des boutiques, c’était un peu chaud. En passant d’une assoce à une entreprise, je me prendrais toute la fiscalité frââânçaise sur le coin de la gueule. En 1901, t’es grosso merdo en franco d’impôts. Si tu montes une boîte, t’as pas encore vendu un zine que déjà ça te coûte un rein. J’ai refait mes calculs dans tous les sens et suis arrivé à la conclusion qu’il y avait un vrai gros risque de plantage.
Actuellement, la revue Sombre va carrément bien. Elle génère du bénef et c’est cool. Mais pas assez pour faire vivre une boîte, fut-elle microscopique. Je ne parle même pas de me rémunérer, hein, juste d’arriver à l’équilibre financier sans prélever un centime sur le bousin. Rien que l’objectif zéro euro serait un putain de challenge. D’où l’espoir que je fondais sur le distributeur. Avec les boutiques, ça pouvait peut-être le faire.
Raaah.
Bon.
Sang.
De.
Putain.
De.
Merde.
Je n’ai qu’une vie. Ce n’est pas quand je serai mort que réaliserai mes projets. Et bordel, si y’a un truc que je veux faire avant de manger les pissenlits par la racine, c’est bien Sombre. J’ai la passion, la motivation, la détermination. L’œil du tigre, nom de Dieu. Ce ne sont pas un podcast à deux balles et un de coup de fil au napalm qui vont me démobiliser. Fuck les chieurs ! J’ai cassé ma tirelire et monté ma petite société. Terres Etranges est désormais une maison d’édition en bonne et due forme.

La suite (et la fin) demain.

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Semaine Sombre : vendredi – Dark Aid



Résumé des épisodes précédents : cherchant à mieux diffuser Sombre, je contacte un distributeur, mais y’a pas moyen. Je ne me laisse pas démonter et crée quand même mon entreprise. Terres Etranges est désormais une maison d’édition pro.

Monsieur Scipion, votre mission, si vous l’acceptez, est d’éviter de planter votre boîte en deux ans. Cela implique de continuer à faire ce que vous faisiez jusque là, c’est-à-dire courir les convs et publier au moins un numéro de votre revue par an (sachant qu’en 2014, ça ne l’a pas fait. Vous étiez en retard sur Sombre 4), tout en passant à la vitesse supérieure sur le volet commercial. Hop hop hop, en petites foulées. Tout seul, je n’ai bien sûr aucune chance d’y arriver. Et c’est pour ça que je vous ai pris la tête durant toute cette semaine : je sollicite votre aide.

Primo, j’ai besoin de soutien financier. Ben oui, dans le business, les sous sont le nerf de la guerre. Et non, je ne vais pas lancer de crowdfunding. Cela viendra peut-être, mais il n’est pas temps encore. Sombre n’est pas prêt et moi non plus. Par contre, là tout de suite maintenant, j’avoue que je ne cracherais pas sur un petit pic de commandes pour mettre le bousin sur de bons rails. Donc si
+ vous avez depuis longtemps l’intention de m’acheter le fanzine sans avoir jusque là pris la peine de franchir le pas,
+ vous m’avez déjà contacté, mais n’avez pas finalisé parce que vous aviez piscine, ou peut-être poney,
+ vous m’avez déjà acheté un numéro ou deux il y a quelques mois ou années, la revue vous a bien plu et vous vous êtes dit que vous prendriez bien les suivants, mais ça ne s’est jamais fait parce que vous aviez, euh, water-polo (poney combo piscine),
+ vous connaissez quelqu’un dont vous pensez qu’il apprécierait Sombre et êtes disposé à le lui offrir,
+ vous aimez soutenir les auteurs qui savent bien ce qu’ils veulent et se sortent grave les doigts pour l’obtenir,
+ vous lisez avec intérêt les comptes rendus que je poste un peu partout sur le Net depuis des années et pensez qu’acheter la production payante d’un auteur est une bonne manière de le remercier de sa production gratuite,
+ tel Pierre Desproges, vous êtes d’avis que l’entartage des cuistres est une grande cause humanitaire,
+ mécène dans l’âme, vous avez tellement plein de thunes que vous ne savez qu’en faire (assez peu probable par les temps qui courent, mais sait-on jamais. Sur un malentendu, ça peut marcher),
jetez donc un œil à ce sujet. J’y explique comment vous pouvez recevoir Sombre dans votre chez vous ou le parachuter dans le chez eux de vos amis. C’est pas cher (10 euros), c’est facile (on peut régler par chèque ou virement bancaire), ça fait les dents blanches, l’œil vif et le poil soyeux. Je suis toi, madame, j’achète.

Secundo, j’ai besoin de contacts. Parce que les boutiques, il va quand même falloir que je m’y colle. En l’état actuel des choses, c’est juste impossible de faire tourner ma boîte sans. Sauf que vu ma charge de travail, je n’ai pas le temps de les démarcher une à une en partant de l’annuaire. Il faut que je trouve un moyen de cibler. Ce moyen, c’est vous.
Ce que vous ne devez surtout pas faire : me parler de votre boutique préférée ou de celle qui se trouve près de chez vous pour la simple raison que c’est votre préférée ou la plus proche de chez vous. Le name dropping tout azimut ne va carrément pas m’aider. Entre ça et l’annuaire, aucune différence.
J’ai besoin de coordonnées de boutiques en France (je n’envisagerai l’Europe francophone que dans un second temps car ça coûte bonbon en port), susceptibles d’être intéressées par Sombre. Comment savoir qu’une boutique pourrait être intéressée par Sombre ?
+ Vous en êtes le gérant. Contactez-moi s’il vous plaît pour qu’on cause business. J’ai préparé une proposition commerciale à votre intention.
+ Ce n’est pas votre boutique, mais vous savez que son gérant apprécie Sombre. Ou peut-être que vous en avez discuté avec un vendeur et qu’il a semblé intéressé par mon jeu.
+ Personne ne connaît Sombre dans cette boutique, mais elle vend des trucs qui y ressemblent. On y trouve un rayon jeux de rôle assez fourni et diversifié, avec peut-être même quelques produits indépendants.

Ouala, la semaine Sombre est terminée, vous pouvez reprendre une activité rôliste normale. Merci de l’avoir suivie, désolé pour le dérangement et à tout bientôt en conv ou sur le Net. Ah, j’oubliais : Sombre c’est bon, mangez-en !

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Je te (et me, nous, vous, leur… à tous ceux qui aiment Sombre) souhaite de réussir.
Par contre, je ne réponds à aucun critère, donc je ne vais pas trop pouvoir aider. :mrgreen:
(Pas de carnet d’adresse, pas assez de pépettes, pas de numéros à acheter - j’les ai tous - ni à offrir - j’suis pas sociable, j’suis rôliste)
Mais “pouces levés” comme c’est-y qui disent.

15 démos à Cidre et Dragon – septembre 2015 – Merville-Franceville


photo Arnaud Leplanquais pour l’association Ephémère

C’est mon deuxième Cidre et Dragon. La première fois, en 2012, j’avais été charmé par l’ambiance de ce festoche en plein air. Cette année, tout pareil. Des nuits froides et pluvieuses mais du beau temps en journée (les orgas ont décidément une moule de pendu), un public ultra nombreux, des échoppes à perte de vue (même pas eu le courage d’aller jusqu’à la plage tellement y’en avait trop), un village GN tout bariolé de partout, des quantités de gens déguisés façon medfan ou steampunk. Et au milieu de tout ça, un stand jeux de rôle sous tentes.
Je suis invité par Opale, l’assoce rôliste qu’elle est trop de la balle. J’arrive dans l’heure de midi le samedi et repars en fin d’aprème le dimanche. Dans l’intervalle, quinze parties et plus de soixante-dix joueurs. Business as usual. En 2012, cette fameuse année du déclic du meujeutage en large, j’avais surtout mené du White trash, le survival forestier ambiance Délivrance que j’ai publié dans Sombre 4. Depuis, je suis passé au tout Sombre zéro en conv.
J’enchaîne donc les Overlord (Seconde Guerre mondiale fantastique, paru dans Sombre 2) parce que c’est un scénar bien adapté à l’initiation et que grand public oblige, pas mal de noobs s’assoient à ma table. Sept Overlord en deux jours, quand même. À côté de ça, je fais un peu de Toy scary (à venir dans Sombre 5) et de Grimmies (celui-là, ce sera pour le numéro 6). Surtout, je risque trois Chombre, mon tout nouveau scénar où qu’on joue des chats. Je tente même une partie à six joueurs, alors que je n’avais jusque là jamais dépassé cinq. Et bin, ça le fait carrément bien ! Trèèès content Johan.
Je n’ai même pas défait mes bagages en rentrant car je repars pour l’ouest dans quelques jours. Le week-end prochain, je me pointe à Lannion, en Bretagne cette fois-ci, pour le festival Scorfel. Ça va être fun, ça va être jeune, ça va être épuisant. ^^

Les mercis
+ Le catering et l’hébergement assurés par le festoche ont été très cool. Orga carrée, bénévoles souriants, serviables et sympas. Que du bonheur. Merci également aux diverses assos ludiques pour l’accueil et l’orga du stand JdR.
+ Quant à la prise en charge de ma petite personne par Opale, elle fut excellente. Merci à Myan et Chrno pour leur efficace aide au recrutement. Grâce à eux, ma table n’a pas désempli du week-end. Spéciale dédicace à Chrno pour ses nombreux véhiculages, dont le dernier fut carrément épique !

Mon body count
15 parties, 74 joueurs, 69 morts.

Rien à voir – Dark Aid
Un mot pour remercier les gens qui m’ont commandé du Sombre ces derniers jours. À l’issue de la semaine Sombre, j’appelais de mes vœux un petit pic de commandes pour (re)lancer mon activité. Il a bien eu lieu. Super merci à tous ceux qui ont donné de leurs sous durement gagnés pour que Sombre continue d’avancer. Votre soutien me fait chaud au cœur, les gens.

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Vous travaillez dans une boutique de jeux et souhaitez mettre du Sombre sur vos étagères ? Prenez donc contact : terresetranges at gmail point com

11 démos à Scorfel – septembre 2015 – Lannion


photo Benoît Chérel pour Les Chroniques d’Altaride

Scorfel, j’en avais entendu plein de bien sans y avoir jamais mis les pieds. Mais je suis faible : quand on m’invite à une conv, je dis généralement oui. Même quand elle est à Perpète-les-oies (Lannion, là-bas tout là-bas, dans la Bretagne profonde) et que ce n’est guère raisonnable. Parce que le week-end dernier, j’étais à Cidre & Dragon, en Normandie. Enchaîner deux conv lointaines en dix jours, en plein bouclage de Sombre 5 qui plus est, ça scie les genoux à la cuillère à café rouillée. Mais pour être juste, c’est surtout avec C&D que j’ai fait une folie, Scorfel était calé bien avant.
Or donc, une salle municipale bien vaste, à température du freezer. Enfin, ça ne gêne pas trop les Bretons. Y’a une cosplayeuse nombril à l’air, je ne sais même pas comment c’est possible. Perso, je suis en plein trip Nanouk l’Esquimau : pelure sur pelure, mitaines, veste, bonnet, capuche, façon bibendum. Paré pour les températures extrêmes, le Johan. Et du coup, tandis que Polo tient le stand, je m’active pour éviter les engelures. Onze parties en deux jours, ce qui n’était pas gagné d’avance car le public n’est pas aussi nombreux que le mériterait l’événement. La faute à une malheureuse collision de dates avec une autre conv bretonne.
Allez, contre mauvaise fortune bon cœur. Je mouille la chemise, vais à la pêche aux rôlistes (y compris ceux qui s’ignorent) et, appuyé par l’efficace travail de rabattage des kopaings d’Opale, remplit ma table. Près d’une soixantaine de joueurs sur le week-end, dont une partie à sept le samedi (la photo qui illustre ce compte rendu). Pas mâââl. Une majorité d’Overlord bien sûr car le public, très mélangé (geeks vs familles), compte bon nombre de grands débutants.
Je m’accorde aussi quelques douceurs, un Dracula (ouuuh, longtemps que je ne l’avais mené celui-là, j’étais tout rouillé), deux Grimmies super sympas, un Chombre (qui commence à dépoter sévèèère) et même un Camlann pour un gamin de dix ans. Il a grave kiffé et c’était tout rigolo de le voir s’extasier devant sa mère sur le mode « Ah mais c’est géniâââl, c’est comme dans ce jeu vidéo d’horreur que j’adôôôre ! ». Mignon tout plein.
À côté de ça, et vu que personne n’est trop débordé, discutage de bout de gras et vannes à balledeux avec les gens des autres stands. Parce que y’avait quand même la patate de stââârs des cultures de l’imaginaire à Scorfel ce week-end : Tristan Lhomme, Mélanie Fazi, Kristoff Valla, Julien Morgan, Thomas Munier, Romain d’Huissier, David Bauwens, Benoît Chérel, Sophie Pérès, Éric Dubourg, etc. La fine fleur du JdR, de la littérature de genre et de l’illustration. Deux jours épuisants, mais trèèès sympas.

Les mercis
+ Merci aux orgas pour l’accueil chaleureux, l’hébergement et les nombreux véhiculages. Prévoyants, réactifs, arrangeants, aimables, un sans faute ! Bon s’il fallait vraiment trouver matière à critique, je dirais que les animations micro à fond les ballons n’étaient pas essentielles. Hardcore pour mener et ambiance de supermarché pas super raccord avec l’esprit du festoche. Sauvez un rôliste, tuez un speaker ! ^^
+ Merci à Opale pour l’aide au recrutement et la bonne humeur. Toujours un plaisir de bosser avec vous, les gars.

Mon body count
11 parties, 58 joueurs, 52 morts.

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Sombre sous le Tipeee


Si vous suivez un peu l’actualité de Sombre, vous savez que je publie régulièrement des comptes rendus de mes parties. Au début, en 2007 (ouais, ça remonte à si loin), il ne s’agissait que de quelques lignes. Puis je me suis pris au jeu et ai commencé à gratter des tartines. Puis à raconter mes conventions en long en large et en travers. Puis j’ai fait des making-of des illustrations de Greg.
Parce que c’est fun. Parce que, tel le rôliste de base que je suis, j’aime raconter ce qui se passe à ma table, en mode « Ouééé trop bien, mon nain avec sa hache + 12 qui poutre dix gobs !!! ». Parce que ça fait buzzer Sombre d’une manière que je trouve plaisante. C’est de la pub, mais de la pub cool. Enfin, je trouve.

Mais tout ça, c’était avant
Avant, lorsque j’avais encore plein de temps. Depuis, j’ai publié les règles de Sombre en .pdf sur le Net. Ensuite, je me suis lancé dans l’édition du fanzine. Et enfin, il y a peu, j’ai monté ma petite entreprise pour faire avancer le bousin d’une case supplémentaire. C’était l’objet de ma récente semaine Sombre, vous vous en souvenez peut-être. Chemin faisant, je suis passé aux 35 heures… par jour !
Ma charge de travail ayant considérablement augmenté, il a fallu que je fasse de choix. Contraint et forcé, je priorise. Déjà, vous l’avez sans doute remarqué, je ne raconte plus mes conventions dans le détail. Avant je tartinais des rapports longs comme le bras, aujourd’hui je me contente de quelques paragraphes. Les making-of aussi, j’ai arrêté. Le dernier que j’ai écrit, c’était celui de la couv de Sombre 3, ce qui ne date pas tout à fait d’hier.
Si je vous écris cette bafouille, c’est que je vois arriver un temps où je ne pourrais plus non plus relater en détail mes parties improvisées. Parce que c’est du vrai gros taf. Je kiffe, hein, mais c’est super chronophage et il m’est de plus en plus difficile de maintenir des activités qui ne font pas directement avancer Terres Etranges, ze société. J’entends par là, qui ne sont pas essentielles à la production et à la commercialisation de Sombre. La pub sur les forums m’aide à vendre du zine, c’est sûr, mais il y a toujours plus pressé et pressant. L’écriture des prochains numéros, les conventions et leur orga, les playtests eux-mêmes, ainsi que toutes ces démarches administratives qui font le sel du métier d’auteur biclassé éditeur. Que du bonheur, je vous assure.

Que je vous donne un exemple
Samedi dernier, j’ai playtesté Sombre dans ma cuisine. Une séance marathon comme je les affectionne. 14h - 23h30, pause pizzas incluse. On a joué cinq parties, dont quatre constituent une mini campagne mi-SF, mi-fantastique, mi-historique (ouais, trois moitiés) qui mérite d’être racontée. J’en suis sorti lessivé, mais tout content.
Dimanche, totalement déchiqueté, je me mets à mon compte rendu. Avec mes neuf heures de maîtrise de la veille, j’ai l’allant d’une moule. Je suis derrière mon clavier toute la journée, mais avance à la vitesse d’un escargot cacochyme. Je sais pourtant que je ne peux pas remettre au lendemain car déjà mes souvenirs des parties commencent à s’estomper. Il faut battre le fer tant qu’il est encore chaud sinon les CR ne tiennent pas debout. 6.000 signes quand même.
Lundi, un poil plus reposé, je m’y remets. Je bosse toute la journée, quasi douze heures non-stop, seulement entrecoupées par la gestion des affaires courantes (quelques mails urgents et la complétion de ma page Tipeee, retoquée pour manque de liens et de visuels). 18.000 signes. Je vais me coucher tout abruti par la fatigue.
Mardi, hier donc, retour au compte rendu. J’y suis toute la matinée et pisse les derniers 8.000 signes. J’enchaîne directement sur la correction de mon article Quickshots pour Sombre 5. Je suis super à la bourre, les retours de mes relecteurs sur le texte suivant commencent déjà à tomber. J’écris pas mal de mails aussi. Du suivi de commandes, une demande d’infos sur la licence Sombre, des trucs à caler sur des conventions à venir, du recrutement pour mon futur playtest. En soirée, avant de me coucher, j’écris la première version du texte que vous lisez en ce moment. Je la relirai demain au réveil (c’est-à-dire aujourd’hui) et la posterai dans la foulée sur les forums rôlistes et les réseaux sociaux.
Bilan, une journée de playtest, suivis de presque trois jours d’écriture. 32.000 signes, putaaaaiiiinnn ! Et je n’ai pas tiré à la ligne, hein, juste raconté en détail nos quatre parties, comme je le fais habituellement. Tout cela est bien bien long. Je ne passe heureusement pas trois jours sur chaque CR, mais au minimum un et demi, souvent deux. Bon, le bouclage de Sombre 5 n’aide pas, c’est sûr. Mais même quand j’ai moins la tête sous l’eau, ça reste super tendu à caser dans mon emploi du temps de ministre rôliste. En fait, ça l’est de plus en plus car ces temps derniers, le boulot me tombe dessus comme s’il en pleuvait. Bon sang, ça drâââche du taf !

Et pourtant, j’overkiffe !
Vraiment, je prends mon pied à raconter mes parties. C’est carrément fun, et utile aussi. Cela me permet de pousser le débriefing, m’oblige à prendre du recul et à cogiter, à mettre le jeu en perspective pour en tirer (ou pas) les enseignements de game design qui font l’intérêt du playtest. Clairement, cela bonifie Sombre, le jeu, mais aussi Sombre, la revue.
Vous le savez si vous la lisez, mes articles s’appuient massivement sur mon expérience de jeu. Sur mes comptes rendus, en fait. Lorsque j’écris le fanzine, j’ai toujours le forum de Terres Etranges à portée de clic et le consulte très fréquemment. Je relis mes feedbacks, en tire les exemples et les anecdotes sur lesquels je construis mes raisonnements. C’en est au point que pour le prochain numéro, j’ai carrément pris le parti de réécrire entièrement l’un d’eux pour le publier.
Dans ces conditions, vous comprenez bien que cela m’embêterait beaucoup de ne plus pouvoir en produire. J’avoue que j’aimerais bien aussi avoir le temps de refaire des making-of des couvertures. Le travail de Greg le mérite amplement. Et bon, cela ne surprendra personne d’apprendre que pour moi aussi, le temps c’est de l’argent. Plus exactement, l’argent m’achète du temps, cette denrée ô combien précieuse. Pour pouvoir continuer à inonder le Net de ma sombre prose, j’ai besoin de votre soutien.
J’ai créé une page sur Tipeee, que j’ai appelée « Johan Scipion raconte Sombre ». Trop la classe, moi je dis. Façon Alain Decaux, un peu. ^^ Tipeee est un Patreon francophone, une plateforme de financement participatif basée sur le principe du pourboire. L’idée est de me donner quelques sous (un ou plusieurs euros) à chaque fois que je poste un compte rendu ou un making-of sur le Net.

Superpouvoir d’achat
Sur Tipeee, vous pouvez plafonner vos dépenses mensuelles, résilier votre engagement à tout moment, et même ne pas en prendre du tout (le don ponctuel est possible). Vous ne donnez que ce que vous voulez bien donner et ne payez qu’à publication, ce qui me convient plus que très bien. Je n’aime pas demander des sous en promettant des trucs, je préfère livrer la marchandise d’abord.
À vue de pif, mon rythme de publication sera d’un, parfois deux textes par mois. Et sans doute que certains mois, il n’y en aura pas du tout parce que je n’aurai pas le temps de playtester ou serai tellement occupé que je ne pourrai même pas écrire un making-of. Je ne demanderai pas de sous pour mes petites bafouilles (mes courts rapports de convention, qui ne me prennent qu’une heure ou deux à écrire), uniquement pour les grands textes bien longs, ceux qui me coûtent plusieurs jours de travail.
Je fais appel à la générosité de la communauté rôliste sur la base du mécénat pur. Je ne prévois pas de contreparties pour les tipeurs, juste le plaisir de continuer à lire mes comptes rendus et de savoir que me faire l’aumône une petite pièce me permet de les écrire. Donnez un p’tit sou pour que je puisse causer de Sombre à la terre entière, saint John Tynes vous le rendra !
Ma page Tipeee : SOMBRE - La peur comme au cinéma – Tipeee

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Sombre 5 est paru !
 
 


illustration Greg Guilhaumond
 
 
 
Au sommaire cette fois-ci :
 
+ Scénario : Toy scary
Bataille jouets contre monstres en Sombre zéro.
4 à 6 joueurs – 15 minutes
 
+ Article : Quickshots
Comment improviser des parties de Sombre ?
 
+ Feedback : La guerre des vers
Compte rendu jouable d’un quickshot préhistorique.
 
+ Setting : Paradise lake
Une cabane dans les bois prête à l’emploi. 
 
+ 4 pages d’aides de jeu
 
 
Pour commander, c’est par ici : [guide] Acheter Sombre (Page 1) / La revue / Terres Etranges
 
 
 
ATTENTION !
 
+ Si vous souhaitez commander par correspondance, sachez que j’accepte désormais les règlements par PayPal.
 
+ Si vous m’avez autrefois réglé par virement et souhaitez le faire à nouveau, sachez que les coordonnées bancaires dont vous disposez sont sans doute obsolètes. Contactez-moi pour que je vous donne les nouvelles.
 
+ Si vous êtes le gérant d’une boutique et souhaitez mettre du Sombre sur vos étagères, contactez-moi, j’ai préparé une (nouvelle) proposition commerciale à votre intention.
 
+ Si vous préférez un achat en direct, la soirée de lancement de Sombre 5 aura lieu le mercredi 2 décembre aux Caves Alliées (un bar parisien, près d’Odéon) à l’occasion de la 89ème IRL Opale. J’ai créé un événement Facebook : Soirée Sombre 5
 
+ Pour les gens qui voudraient acheter de la main à la main mais sont loin de Paris, je participerai à de nombreuses conventions en province et à l’étranger en 2015-2016. Mon programme est consultable ici : Événements officiels (Page 1) / Terres Etranges

De la news neuve (et moins neuve)
 
 


 
 
+ Sombre 5 est donc paru. On peut le commander dès à présent par correspondance (le lien qui va bien est au bas de ce post). J’accepte les règlements par chèque, virement bancaire et (c’est une nouveauté) PayPal.
 
+ Pour ceux qui préfèrent acheter en direct, j’organise une soirée de lancement aux Caves Alliées (un bar à Odéon) le mercredi 2 décembre, à l’occasion de la 89e Rencontre opalienne. Je tiendrai mon stand de 19h à 23h.
 
+ La première critique de Sombre 5 d’après lecture a été postée par Pseudo sur Casus NO. On peut la lire ici.
 
+ Un nouveau tipeur ! Merci à Furst77.
 
+ Les tipeurs ont reçu hier le premier contenu payant, un énôôôrme (37.000 signes, quand même) compte rendu de partie. Une mini campagne sérielle en quatre épisodes, improvisée dans ma cuisine durant une journée de playtest.
 
 
 
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Promo
 
http://i433.photobucket.com/albums/qq56/SombreXT/Sombre12345_zpsmslarrjk.jpg
 
Les cinq numéros de la revue Sombre sont disponibles. Pour commander, c’est par ici.
 
 
http://i433.photobucket.com/albums/qq56/SombreXT/banniere_Tipeee_zps6sya4h24.jpg
 
Un euro pour un compte rendu, soutenez Sombre sur Tipeee.

Demain, soirée Sombre 5 aux Caves Alliées
 
 


illustration Greg Guilhaumond
 
Je profite des 89e Rencontres opaliennes pour organiser la soirée de lancement de Sombre 5 aux Caves Alliées, un bar rôliste près d’Odéon (Paris).
 
Le mercredi 2 décembre (demain), on pourra donc acheter Sombre 5 en direct aux Caves Alliées, ainsi bien sûr que les précédents numéros de la revue. Je tiendrai un stand de vente de 19h à 23h.
 
J’ai créé un événement sur Facebook.
 
 
 
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En fin de semaine, La Rochelle puis Nantes
 
 

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Vendredi et samedi (4 et 5 décembre), j’anime des parties (gratuites) de *Sombre *dans une ludothèque de La Rochelle. Venez nombreux !
 
Au retour, samedi 5 décembre, j’ai une correspondance d’une heure (19h à 20h) à Nantes. Si tu es nantais, que tu veux me serrer la louche et/ou m’acheter en direct des fanzines *Sombre *(j’aurais du stock avec moi), fais-toi connaître par MP ou en répondant à ce post.

De la grôôôsse baballe !


Excellente soirée hier aux Caves Alliées.

Plein de gens cool, dont certains que je n’avais vus depuis longtemps, et des fans de Sombre que ça m’a fait super plaisir de causer avec.

Merci à tous !


Pour rappel, je suis à La Rochelle demain et après-demain (vendredi et samedi), et je transite par Nantes au retour. Les infos qui vont bien ici : http://terresetranges.net/forums/viewtopic.php?pid=13854#p13854

Du Sombre sous le sapin ?



illustration Greg Guilhaumond


Mardi 15 décembre, je participerai à la 90e Rencontre Opalienne aux Caves Alliées (un bar près d’Odéon). Je serai sur place de 19h à 22h, assurerai comme à mon habitude des démos de Sombre et aurai du stock de fanzines avec moi (tous les numéros). 

Si vous voulez mettre du *Sombre *dans vos petits souliers ou ceux de vos amis et que vous habitez la région parisienne, ce sera la dernière occasion avant Noël de m’en acheter en mains propres. Ensuite, il faudra commander par correspondance.


À mardi !

Nouvelle contrepartie Tipeee
 
 
Les tipeurs de Sombre ont reçu hier une nouvelle contrepartie, le compte rendu digressif (comme le dit Valentin) d’une convention à La Rochelle. Il sera libéré dans quelques jours sur l’Internet rôliste.
 
 
http://i433.photobucket.com/albums/qq56/SombreXT/banniere_Tipeee_zps6sya4h24.jpg
 
Un euro pour un compte rendu, soutenez Sombre sur Tipeee.
 
 

9 démos à Créateurs en jeux – décembre 2015 – La Rochelle
 
 


Le vert fluo, c’est stylé
photo Maud Hamonic pour La Ludothèque
 
 
 
Au milieu de Mireuil, un quartier populaire de La Rochelle, il y a une ludothèque flambant neuve dirigée par Benoît, El Medico pour les habitués de ma table. J’étais présent, il y a un peu plus d’un an, lors de son inauguration, et voilà t’y pas qu’on m’y réinvite. C’est loin, fatiguant et les perspectives de business sont faibles (je sais d’avance que je ne vais pas vendre des kilos de zines), mais je dis oui parce que Benoît est un bon pote, que l’invitation s’accompagne d’un défraiement complet et que j’ai été hyper bien reçu la dernière fois. La qualité de l’accueil, pour moi, ça compte. J’y reviendrai plus bas, en même temps que je vais causer de tout un tas d’autres trucs. Un peu en vrac et je m’en excuse, mais ça vient comme ça vient, au fil de la plume.
 
Initialement, j’avais l’intention de pondre un petit compte rendu rapide comme je fais ces derniers temps pour les conventions, genre ouais-génial-c’était-cool-bodycount-de-ouf-malade-tavu. Mais en fait non. Je sens que je suis parti pour en chier un roman façon ma vie, mon œuvre, mes démos. Effet de saison sans doute. La fin d’année est propice aux bilans, ce d’autant que cela fait presque six mois que j’ai monté Terres Etranges, l’entreprise. Un semestre, ça se fête. Pour tout dire, j’ai besoin de cette bafouille. Je suis un littéraire à la base. Pour bien faire le point, faut que j’écrive. Si je peux poser noir sur blanc ce qui me trotte dans la tête, c’est grâce aux tipeurs de Sombre. Merci les gens, vos sous m’achètent du temps d’écriture.
 
Or donc, La Ludothèque, adossée au centre sociâââl Le Pertuis, dans un coin de La Rochelle où que les immeubles le disputent aux barres. Folichon tout plein, Mireuil. Dedans le gros cube en béton couvert d’espaliers, une équipe de ludothécaires dont n’importe quelle commune rêverait. Jeunes et moins jeunes, dynamiques, efficaces, impliqués, curieux, concernés, pas blasés pour un sou. Qui plus est super sympas et adeptes de la vanne qui tache. Je vivrais dans le coin, je ferais des pieds et des mains pour bosser le plus souvent possible avec eux. Leur event, Les créateurs en jeux, consiste (comme son nom l’indique) à rassembler des auteurs et des éditeurs pendant deux jours dans leurs (chouettes) locaux pour qu’ils y assurent des démos de leurs jeux.
 
Franchement, ça m’a carrément bien plu. C’était super agréable de passer deux jours avec des pros du jeu, et surtout d’avoir assez de temps pour s’intéresser à leur production. Parce qu’en conv standard, tu ne causes pas avec les gens. Tout le monde est mobilisé par son stand et ses démos. Là, on a pu échanger et ce fut hyper enrichissant. C’était d’ailleurs le but : la rencontre était aussi bien avec le public qu’entre nous. Oui, les gens de la Ludothèque ont vraiment pensé à nous. Pas juste à ce qu’on pourrait apporter à leur événement, mais ce qu’on pourrait en retirer. Et ça c’est classe. Mais Benoît est un gars classe, c’est bien raccord que son event le soit aussi.
 
Pour ce qui est de moi-même personnellement tout seul, l’objectif fut atteint : ce week-end m’a carrément mis les neurones en mouvement. D’où la présente tartine. Mais d’abord, un poil de contextualisation. Dans notre pool d’auteurs, j’étais le vilain petit canard (normal, je m’habille en noir). J’entends par là le seul pur rôliste au milieu de gens qui font du jeu de société grand public ou du platal une chouille plus pointu. Y’avait des biclassés, hein, j’ai même vendu un Sombre 1 à un éditeur. Des rôlistes pratiquants ou ayant pratiqué, mais dont la production ludique ne s’inscrit pas dans le hobby, même si certains s’en inspirent pas mal. Je pense en particulier à Christophe Pinson de Woody Ludie, dont l’un des jeux en bois est un PMT ripoliné jeu de société.
 
Et bin, y’a un truc qui m’a juste sauté à la gorge des yeux : les démos de jeux de société ou de plateau, c’est fingers in ze nose à côté de celles de Sombre ! Putain, les cartes ou le platal, c’est carrément les vacances. Quelque part, ça m’a fait tout bizarre de le découvrir après plus de dix années de conventions, mais 1/ je fais en majorité des events rôlistes, 2/ même quand c’est plus mélangé, les zones de jeu sont généralement compartimentés, et 3/ en temps normal, j’ai pas trop le loisir de regarder comment se déroulent les parties des autres parce que j’enchaîne les miennes comme un taré. Mais le samedi fut très très trèèès tranquille, et j’ai donc eu tout le temps de zieuter ce qui se passait autour de moi.
 
Frédéric Guerard, qui présentait le proto d’un jeu de plateau un peu technique, avec la patate de matos, genre la grôôôsse boîboîte d’un demi-quintal, gavée ras la gueule de pions, cartes, figs et autres tuiles, jouait à sa propre table. Les autres se contentaient généralement d’arbitrer (ils ne jouaient qu’en cas de pénurie de volontaires, pour compléter), voire simplement d’expliquer les règles puis, après deux ou trois tours, de laisser les joueurs se prendre en main. Christophe mettait carrément son matos à dispo sur sa table et allait jouer sur une autre, à d’autres jeux. Putain de vâââche, c’est là que tu touches du doigt les limites intrinsèques du jeu de rôle. Je ne peux pas faire ça, moi. Une démo de Sombre, c’est de l’animation pleine bourre du début à la fin. Si je me barre au milieu d’une partie (ce que j’ai d’ailleurs été contraint de faire samedi en fin d’après-midi pour choper mon train), y’a plus de jeu. Et ce n’est pas non plus de la démo relax, genre je fais avancer un pion toutes les trente secondes. En flash, je suis à fond les ballons tout le temps. Et ça me crève.
 
J’y cogite pas mal ces derniers temps. D’abord parce que depuis que j’ai monté la boîte, le taf s’accumule et la fatigue des conventions me pèse de plus en plus. Je suis revenu totalement déchiqueté de La Rochelle, mais j’étais déjà à demi mort lorsque j’y suis parti. L’avant-veille, j’étais aux Caves Alliées jusqu’à tard pour la soirée de lancement de Sombre 5. Super sympa d’ailleurs. C’est hyper plaisant de constater que, numéro après numéro, des gens se déplacent pour le jeu. Ces soutiens fidèles me font vraiment chaud au cœur. Damned, y’avait des vrais fans de Sombre ce soir-là aux Caves et ça m’a carrément fait kiffer !
 
Pour en revenir aux convs, je m’interroge sur le futur. Parce qu’en dehors d’accumuler le taf, je ne rajeunis pas. Fringuant quinca, tonton Alias continue de courir les events comme il le faisait il y a trente ans (ouais, quand j’étais ado, il était déjà en photo dans old Casus, à sa table de Tigres Volants. Respect), mais pour ma part, je me vois mal continuer sur mon rythme actuel encore dix ans. Je ferais du jeu de société, je ne me poserais pas la question. Dans notre petit groupe d’auteurs de La Rochelle, la moyenne d’âge était assez élevée. La différence est que si la fatigue pesait sur les épaules de tout le monde le deuxième jour, moi j’étais total à la ramasse.
 
En 2015, ça va encore. En bonne santé et pas trop mauvaise forme, je fais ce qu’il faut pour le rester. Ça aide bien. Très sérieusement, le JdR tel que je le pratique est sportif. C’est hyper exigeant pour l’organisme. Du coup, clair qu’en 2025, ça ne le fera plus. Or il n’est pas dit que dans dix ans, j’aurai définitivement tourné la page Sombre. Je me connais, je vais avoir du mal à lâcher le morceau avant d’avoir complètement abouti le projet. Hé, Alias s’accroche encore au sien. Or lui et moi, on se ressemble pas mal pour ce qui est de l’entêtement tendance obsessionnel jusqu’au-boutiste. Sauf qu’à un moment, et je sais que ça va sans doute arriver plus tôt que je ne le pense, enchaîner les démos flash des week-ends entiers quinze fois par an ne sera plus du tout gérable. Le souci est que ces démos sont le nerf de la guerre. Ce sont elles qui font vendre les zines et tourner la boîte. Si je lève le pied sur les convs, patatras, tout s’écroule.
 
Alors oui, je me démène pour essayer de diffuser le jeu par d’autres canaux, en particulier les boutiques de jeux. Mais le marché est super rude et mes marges si faibles que s’il n’y avait pas les ventes directes, dont une bonne partie sont réalisées en convs, je n’aurais strictement aucune chance de prétendre équilibrer les comptes de Terres Etranges. Parce qu’il ne faut pas rêver : j’espère bien augmenter mon volume de ventes annuel en passant par les magasins, mais je ne vais pas du jour au lendemain y écouler du Sombre par palettes entières. Ce serait trop beau. Du coup, les perspectives d’avenir ne sont pas super roses. Mais pas non plus super, euh, sombres non plus, notez bien.
 
Je suis encore loin de maîtriser aussi bien que je le voudrais tous les paramètres comptables et commerciaux (j’apprends, hein, ça va venir), mais depuis juin que je turbine à faire avancer la boîte, et en dépit des quelques portes que je me suis prises dans la gueule (bon sang, ce phoner « Sombre n’est pas un JdR », quel grand moment !), je me dis que y’a moyen. Sur un malentendu, ça peut marcher. Si je ne le pensais pas, je ne me serais pas lancé dans le monde merveilleux de l’entreprise. Juste, y’a pas de voie royale. Pas de martingale. Aucune super combo imparable qu’il me suffirait de sortir de mon slip pour que ça le fasse à coup sûr, seulement un ensemble de micro stratégies convergentes. Des ajustements à droite et à gauche pour que les petits ruisseaux fassent de grandes rivières. Parce que j’en suis là : grappiller quelques sous ici et là pour au final tenir l’objectif, ce fameux zéro euro (pas de déficit la première année) qui me met des étoiles dans les yeux.
 
La page Tipeee fait partie de ce mouvement. Je me suis assez vite aperçu qu’avec l’accroissement de ma charge de travail, ma to do list avait de plus en plus tendance à se décanter, les trucs qui mettent des jetons dans la tirelire passant avant ceux qui ne rapportent rien, ou du moins pas directement. Or, et c’est là qu’on en revient à La Rochelle, j’ai une tendance certaine à enchaîner les animations. Je ne fais pas que ça, mais j’en fais pas mal. Trop sans doute pour mon propre bien et celui de Terres Etranges. Si vous avez été attentifs à mes derniers comptes rendus de conv, vous avez sans doute remarqué que j’en ai déjà parlé. J’ai identifié le problème il y a un certain temps, mais peine à le résoudre. Il va falloir que je me discipline plus, que je trie mieux les events auxquels je participe. J’explique.
 
Au fil du temps, j’en suis venu à faire la nuance entre animes et démos. Une animation, c’est Johan qui mène du Sombre. Je pose l’ambiance, fais des blagues, déroule mon scénar Zéro, décime les personnages. Dans 99% des cas, les gens sont contents. Ils se marrent bien, flippent un peu (les jump scares, c’est le Bien), gerbent un peu (le gore, cet autre Bien). Fun et jeune. Une démonstration, c’est Johan qui mène du Sombre. Je pose l’ambiance, fais des blagues, déroule mon scénar Zéro, décime les personnages. Dans 99% des cas, les gens sont contents. Ils se marrent bien, flippent un peu (les jump scares, c’est le Bien), gerbent un peu (le gore, cet autre Bien). Fun et jeune.
 
Bon chasseur, mauvais chasseur ? Toutafé. Pratiquement, il n’y a pas de différence entre animation et démonstration. Enfin si quand même, le public n’est pas le même, ce qui impacte la partie aussi bien que la manière dont je la mène, et jusqu’au matériel que j’utilise (tel scénar plutôt que tel autre). En anime, la table est constituée de noobs du JdR, typiquement des enfants ou des familles standard (par oppositions aux familles de gamers. Ouais y’en a, et de plus en plus, c’est übercool). Des gens à qui je n’ai strictement aucune chance de vendre un fanzine. Enfin, je mens : ça arrive de loin en loin, mais c’est de l’ordre du mirâââcle. Un plan Bernadette (Soubirous) comme j’appelle ça, genre j’allume un cierge tellement ça n’existe normalement pas. Une opération du Saint-Esprit rôliste, quoi. Les parties sont bonnes, hein, et souvent, les gens en redemandent. Ils reviennent à ma table plus tard dans la journée ou le lendemain. C’est hyper flatteur, ça fait du bien à l’ego, mais ça ne fait pas avancer mon bizness d’un centime.
 
A contrario, la démo est une partie avec des gens un minimum aware du JdR et/ou des cultures de l’imaginaire. Des rôlistes ou des geek branchés horreur, fantasy, SF, whatever. Des gens que je n’ai pas à pousser beaucoup pour qu’ils m’achètent des zines. Une partie où quand j’attaque mon briefing, je peux me dire que j’ai une chance raisonnable de faire une ou plusieurs ventes à la fin. Bon, ça ne marche pas à tous les coups. Des fois, les joueurs accrochent moins que je ne l’espérais, soit que la partie n’a pas été aussi bonne qu’il aurait fallu (même avec des milliers de playtests dans les pattes, le JdR n’est pas une science exacte), soit que j’ai mal jugé leurs profils ludiques, soit qu’ils sont tentés mais, pour une raison ou une autre, ne passent pas le cap de l’achat. Sortir des sous de son porte-monnaie pour se faire plaisir avec un produit ludique est un acte fortement irrationnel. Le rapport de l’humain à l’argent et à ses loisirs est complexe. Au sortir d’une démo (par opposition à une commande par correspondance), on est dans le cadre de l’achat d’impulsion et tout un tas de facteurs entrent en jeu. Ça bouillonne grave dans la ciboule.
 
Alors on pourrait se dire que cette dichotomie anime/démo n’a aucune sorte de pertinence. Que le boulot d’un auteur est de montrer son jeu partout, tout le temps, au plus grand nombre. Sauf que non, parce que l’auteur en question, il n’est pas qu’animateur/démonstrateur. À côté de ça, il doit créer du matériel de jeu, écrire et mettre en forme au moins un zine par an (mais deux seraient mieux), playtester sérieusement ses règles et ses scénars, faire imprimer sa revue et depuis peu, s’échiner à la placer en boutiques. Or l’auteur, il est comme tout le monde, il n’a que 24 heures par jour.
 
Hop, petit calcul rapide. Je fais environ 200 parties publiques de Sombre par an. Dans leur écrasante majorité, du Zéro au format flash. 15 à 25 minutes de jeu, 35 à 45 si on compte l’explication des règles, le briefing et la promo. Allez, on va dire 40 minutes en tout. 200 x 40 = 8000 minutes, soit 133 heures. Rapporté à la durée légale du travail en France, presque quatre semaines de boulot. C’est de la connerie par paquets de douze, hein, mes semaines de taf font bien plus de 35 heures, mais c’est pour donner un ordre d’idée.
 
133 heures, ce n’est pas rien, surtout par les temps qui courent (Johan de plus en plus occupé, toussa). Il faut que je les optimise, ce qui veut dire faire en sorte de privilégier autant que possible les démos. Ou au moins, les events présentant une forte probabilité de nombreuses démos. Sinon, je fonce droit dans le mur. Alors bon, c’est un peu beaucoup au doigt mouillé, bien sûr. Je ne sais jamais trop exactement dans quoi je mets les pieds et souvent, il faut essayer au moins une fois pour en avoir le cœur net. Juste, il va falloir à l’horizon 2016 que je privilégie sérieusement les animations qui sont rémunérées. Oui, certaines le sont, et je vais en assurer quelques unes en début d’année prochaine (je vous en reparlerai sans doute). Faut aussi que j’arrête de me laisser convaincre de traîner mes guêtres dans les micro-convs à public familial parce que « Ouais mais tu sais, y’aura des rôlistes, d’ailleurs y’a un club dans la commune d’à côté ». Parce que les rôlistes en question, ils ne se déplacent pas pour ce genre d’events. Ils restent tranquilles au chaud, à jouer dans leur club.
 
Bon, à proportion animes/démos égale, la qualité de l’orga fait la différence. Comme je le disais, pour moi, l’accueil est important. Foncièrement, je n’ai rien contre un peu de bénévolat quand on me le demande gentiment et qu’on fait l’effort d’un accompagnement de qualité. Je dis ça parce que les gens de La Rochelle ont été exemplaires : défraiement du transport à l’avance, prise en charge complète, hébergement gracieux (on était logés dans un appart de la mairie, le même qu’ils utilisent pour les artistes de Francofolies. C’te luxe) et aide au recrutement pour remplir ma table. La totale. Du bénévolat sympa. Pas très raisonnable, mais sympa. Oui parce que le week-end dernier, j’ai quand même pas mal fait le ludothécaire à zéro euro de l’heure, occupant les gamins et les familles du voisinage. La différence avec Benoît et son équipe est que je ne présentais qu’un jeu, le mien. Mais sinon, même taf tout pareil que.
 
Si je compare avec Villepreux et son festoche du jeu, c’est le jour et la nuit niveau accueil (alors que les structures organisatrices sont similaires, municipalité et ludothèque). La différence ? À La Rochelle, j’étais considéré comme un auteur invité. À Villepreux, comme un bénévole lambda. Or moi, je préfère être auteur invité. Parce que quinze convs par an en temps que bénévole, c’est juste l’enfer. Pour pouvoir les enchaîner comme je le fais, j’ai besoin que les orgas me simplifient la vie avant, pendant et après l’event. Sinon, je perds un temps et une énergie colossales. Faut être juste, la quasi-totalité des convs rôlistes avec lesquelles je bosse tous les ans sont super carrées. Et c’est d’ailleurs pour cela qu’elles durent. Tu ne fais pas cinq, dix ou quinze éditions de ta conv sans un gros minimum de sérieux. Si t’es un branlo, ça se pète la gueule avant. Ils ont certes l’excuse de la première fois, mais à Villepreux, personne n’est venu me chercher ni me raccompagner à la gare (putain, ce kilomètre aller et retour avec mon gros sac de zines), il a fallu que je me trouve moi-même un hébergement (merci encore, Raph) et pour ce qui est du défraiement, c’est en train de virer à l’ubuesque. Un mois plus tard, pas encore remboursé de deux malheureux tickets de RER. Le tout englué dans une comm’ hyper administrative à base de formulaires et mails type, que t’as l’impression de te retrouver au guichet des Assedic. Truc. De. Ouf.
 
Clairement, quitte à faire l’animateur municipal non rémunéré, je préfère aller le faire à La Rochelle. Bon, y’avait carrément plus de monde et de rôlistes à Villepreux (sur les stands surtout, les rôlistes), mais c’est sans doute un truc qui pourrait être amélioré à La Rochelle. Je précise que je ne connais rien à la ville. J’y ai mis les pieds deux fois dans ma vie. Le concept général de banlieue populaire, je connais un petit peu bien par contre. Et bon, l’ambiance au Mireuil, c’est téci. À vue de pif, pas trop déglingue (plutôt propret, le grand ensemble), mais téci quand même. La Ludothèque est un équipement pur classe. Un gros investissement, avec un budget de fonctionnement visiblement très correct. J’applaudis des deux pognes. Dans les cités, en général, on construit plutôt des terrains de sport pour occuper les jeunes. Ça ne coûte pas cher et ça fait vaguement illusion. Là, on est clairement dans la catégorie supérieure. Clap clap clap.
 
Par contre, ça reste un équipement de quartier. Jamais de la vie tu vas faire venir au Mireuil des gens des classes moyennes et bourgeoises pour un événement ludique. Eux ne se radinent en téci que pour acheter du chichon ou travailler dans le sociâââl (les ludothécaires n’habitent pas le quartier et on les comprend. Quand on a le choix, on préfère vivre ailleurs), pas pour pousser du pion ou taper le carton. Or le point, c’est que mes clients, ce sont plutôt lesdites classes moyennes et bourgeoises (surtout moyennes d’ailleurs, me semble-t-il). Aux gens de Mireuil, des zines, j’en vends pas. Deux fois que je viens, deux fois que je repars avec mon carton de revues quasi plein. Donc moi, très égoïstement et parce qu’il faut que je fasse tourner ma chtite boîte, j’aimerais bien que Créateurs en jeux brasse un peu plus large, socialement parlant.
 
Pour qui habite hors Mireuil, un event culturel au pied des HLM, même relayé par de la comm’ en centre ville (flyers et tutti quanti) ne vend grave pas du rêve. Du coup, il ne mobilise que le public des HLM, en l’occurrence les habitués de La Ludothèque. Les quelques joueurs venus d’ailleurs étaient en grande majorité des amis des orgas, m’a-t-il semblé. Au passage, certains d’entre eux connaissaient Sombre pour y avoir joué à la table de Benoît. Super sympa. Mais bon, au global, ces deux après-midi ludiques furent business quasi as usual. La Ludothèque telle qu’en elle-même, juste avec des jeux et des animateurs supplémentaires. Nous, les zoteurs.
 
Comment faire pour développer le machin ? Parce qu’à mon avis, il mérite de prendre de l’ampleur. L’orga et les orgas sont super, y’a pas de raison que ça ne puisse pas grossir un peu. Mon souhait serait que d’un événement pur Mireuil, ça mute en événement plus globalement rochelais, qui me permettrait de mettre un peu de démos dans mes animes. À mon avis à moi que je partage, il faudrait deux lieux, le vendredi aprème animation à la Ludo du Mireuil. Le samedi, journée jeux quelque part en centre ville, dans une salle prêtée par la mairie. La logistique et l’orga seraient certes un poil plus costauds (et encore, peut-être pas tant que ça vu que Benoît et ses collègues ont passé deux jours à nous convoyer) mais ça risquerait bien de booster un poil la fréquentation.
 
Allez, après ces digressions diverses et (a)variées, je finis sur un compte rendu plus classique, avec quelques anecdotes qui vont bien. Vendredi, à La Grosse Boîte, une boutique de jeux très sympa, où que y’a de tout sauf du JdR (alors que le patron est ancien rôliste, sad but true), démo de Sombre pour les ludothécaires et les invités de Créateurs en jeux. Dix joueurs sur une table dans le fond de la boutique pour un Dracula trèèès sympa. En soirée, des démos, euh des animes, à La Ludothèque. Pas moins de cinq parties, du Camlann, de l’Overlord, du Chombre et encore un Dracula (à huit joueurs, celui-là).
 
Samedi, le rush attendu n’a pas eu lieu. Public plus clairsemé, majoritairement des gamins avec ou sans leur mère. Je ne fais pas le forcing niveau recrutement car je suis à la ramasse. J’attaque par un Camlann avec quatre mômes, dont un qui avait déjà joué hier (Esteban, le fils du gérant de La Grosse Boîte, archi-fan de Sombre). Je gagne, les gamins me demandent une partie de plus. Je réponds que j’attends un peu pour voir si d’autres personnes, qui ne connaîtraient pas le jeu, voudraient le découvrir. Comme y’a pas foule, ça n’arrive pas. Du coup, les mômes se repointent. Re-Camlann. Là, ce sont eux qui gagnent. Ils veulent refaire une partie, mais avec des monstres. Parce que Camlann, ça ne fait pas peur (répète en boucle la plus âgée de la table). Truc rigolo, j’ai affiché mes visuels sur le mur derrière moi et les enfants croient qu’il s’agit des scénarios que je propose et qu’on peut choisir comme sur un menu de restaurant. Ouais, ils sont à la Ludo comme chez eux. De vrais habitués.
 
Leur idée n’est d’ailleurs pas tout à fait fausse. Les dessins de Greg illustrent bien des scénars, mais sur le tas, il n’y en a qu’un que je propose en conv, Toy scary. Pas question de le jouer avec les mômes bien sûr, son gameplay est bien trop complexe. Le plus jeune joueur de la table ayant neuf ans, Overlord pourrait seul faire l’affaire. Mais je ne le sens pas. Ils ne connaissent rien au JdR et n’ont pas vraiment le profil gamer. Avec des gamins type Esteban, la transition depuis Camlann n’aurait pas posé de problème. Ct’un p’tit gamer, le gars Esteban (mais il a de qui tenir). Par contre, les trois que j’ai en face de moi n’en sont pas tout à fait là. Je le leur dis. Ils insistent, et la fille continue de répéter en boucle « Sombre ça fait pas peur ». J’avoue, ça me fatigue un petit poil. Le fond du problème est que c’est le genre de public qui exige un animateur frais et dispo. Sauf que là, en milieu d’aprème, je suis loin du compte.
 
Autre souci, Overlord propose de jouer des soldats alliés, dont des Français. Et je sais que ça ne passe en général pas super bien avec les ados et préados issus de l’immigration. Ça ne leur vend pas du rêve, ils préfèreraient jouer des Allemands pour mettre sur la gueule des froggies. D’ailleurs, la fille m’en fait aussitôt la demande. Sauf que non, chérie, à Sombre, on ne joue pas de nazis. C’est une position de principe de l’auteur. Faut poser des bornes aux limites des frontières, sinon c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres. J’ai déjà été confronté à ce type de réaction. Je me souviens notamment d’une anime à Bagneux il y a presque trois ans, avec des collégiens. Durant la journée scolaire et professionnelle du festival Zone Franche. Une cata, cette démo. Le JdR en milieu scolaire, oui, mais sur la base du pur volontariat. Quand les profs obligent leurs élèves à s’asseoir à ta table, et même si c’est fait avec la meilleure intention du monde (éveil culturel, initiation ludique, blablabla), ça a de bonnes chances de produire de la merde. J’évite désormais.
 
À La Rochelle, aucun problème de motivation. Les joueurs sont plus que volontaires. Vu qu’ils ne sont que trois, la limite basse d’Overlord, je pourrais virer les deux prétirés français pour ne laisser que les anglais et les américains. Sauf que je suis tellement crevé que je n’y songe pas. Et y aurais-je pensé que ne l’aurais de toute façon pas fait. Hé, le principe du jeu de rôle, c’est de faire un petit poil d’efforts pour jouer un (je vous le donne en mille) rôle, c’est-à-dire se mettre dans la peau d’un Autre (avec une majuscule pour faire savant, genre universitaire lacanien). Ça te sort la tête du cul, élargit ton horizon culturel, t’aide (un petit peu) à comprendre que les vaches du pré voisin, là-bas derrière la haie (au delà des barres, je veux dire), ne sont pas si différentes. Vu l’époque qu’on vit, on a bien besoin de ce genre passerelles, s’pas ? Je suis le premier à dire que le JdR tient bien debout tout seul, sans alibi culturel ou pédagogique, mais je peux moi aussi faire dans le sociâââl quand je veux. Animateur municipal à zéro euro de l’heure, que je vous dis.
 
Donc Overlord as usual. Et le hasard faisant bien les choses, les deux Français du cast sont tirés par les joueurs. Pas super enchantée de se retrouver avec un Gaulois sur les bras, l’ado. Mais bon, la pilule finit par passer. T’façon, y’a pas le choix : c’est ça ou c’est rien. Or les gamins veulent jouer, donc c’est ça. Comme je l’avais prévu, le contexte (la Seconde Guerre mondiale) et le gameplay rôliste leur passent grave au-dessus de la tête, ce d’autant que je suis trop fracasse pour le leur expliquer pas à pas. La fatigue me rend impatient. Mais c’est pas grave parce que je sais pertinemment que dans ce scénar, la phase de roleplay initiale n’accroche pas les gamins.
 
Avec des joueurs de ces âges, il commence à tourner à partir de la jump scare. Du coup, je soigne mon effet. C’est LE truc qui doit les mettre dans la partie. Je braille comme un goret, bien à contretemps comme il faut, et ça marche du feu de Dieu. Les mômes font des bonds d’un mètre cinquante sur leur chaise et clairement, ça leur plaît. Content, Johan. Alors, ça fait toujours pas peur Sombre ? Gaffe à ce que tu demandes, jeune fille, tu pourrais bien l’obtenir. La suite est fingers in ze nose, avec une grosse baston bourrine et un peu de flottement à la fin lorsqu’il s’agit de fuir (normal). Une partie cool.
 
À la suivante par contre, je me vautre. C’est la dernière avant de repartir et comme Esteban se rassoit à ma table (hardcore fan, hein), je n’ose pas lui infliger un troisième Camlann en deux jours. J’aurais dû pourtant, les gamins de son âge ont une tolérance hyper élevée au replay. Au lieu de ça, je me mets en tête de faire un Chombre. Bad move. D’une, je suis trop crevé pour ce scénar, surtout à cinq joueurs. De deux, il est surdimensionné par rapport aux capacités de la table. Les profils ludiques et les âges sont hyper disparates et dans ces cas là, il vaut toujours mieux se mettre à la hauteur des moins aware. Oui, ça nivelle par le bas, mais la partie tient debout et ça n’empêche pas ensuite d’enchaîner avec une autre, plus exigeante. Double feature power.
 
Sauf qu’avec mon choix de scénar, c’est carrément pas ça que je fais. Bon, j’ai des excuses aussi, et pas que la fatigue. Chombre est calé, mais cela ne fait pas encore très longtemps que je le mène (à vue de pif, une grosse vingtaine de parties) et je commence tout juste à en prendre la véritable mesure. À cerner un peu son public cible, qui n’était carrément pas celui de la table, ça c’est sûr. Résultat, une partie un tantinet poussive, façon gentil pédalage dans la choucroute. Pas la grosse cata, mais le truc un peu mal embrayé, au rythme trop lent et qui donc s’étire en longueur. Par là-dessus, un meneur tellement à la ramasse qu’il n’a que peu de chances de redresser la barre. Je ne saurai jamais si j’y serais parvenu parce que j’explose mon créneau de jeu et suis contraint d’interrompre la partie pour attraper mon train. D’autant plus rageant qu’en fait, il a eu vingt minutes de retard. J’aurais pu le terminer, ce Chombre !
 
 
 
Mon body count
 
9 parties, 50 joueurs, 39 morts.
 
 
 

 
 
 
Remerciements
 
Ce texte vous est offert par les mécènes qui, via Tipeee, soutiennent la production de contenu officiel gratuit pour Sombre.
 
Merci de tout cœur à Glayroc, Chroniques d’Altaride, Alias, Kayaane, Florent, BATRO, Tholgren, furst77, Dorothée, Valentin Thouzeau, Kyorou, pseudo, kF, Vincent.
 
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Promo
 
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Les cinq numéros de la revue Sombre sont disponibles. Pour commander, c’est par ici.

Casus Belli 17 est paru
 
 
En version .pdf pour les abonnés, du moins. Hop :
 

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Quel rapport avec la choucroute, demandez-vous ? Approchez-vous, zieutez un peu mieux. Plus près. Encore plus près. Là, vous y êtes :
 


 
Ouais, y’a du Sombre dans le nouveau Casus.
 
Un scénario de Laurent Devernay et une interview de ma pomme.
 
 
Merci monsieur Bob.