Ouah, c’te tartine ! On dirait moi quand je passe ma nuit à écrire des posts longs comme le bras !
Sérieusement : ta longue intervention m’a fait très plaisir, merci tout plein.
Je réponds à quelques trucs, les machins sur lesquels j’ai des choses à dire et/ou des précisions à apporter.
TLT dit:(j’ai découvert ton jeu via ton fil sur mad)
Ah bon sang, y’a des gens qui le lisent. C’est énorme !
je sais à quel point il peut être fatiguant de faire des efforts et de n’avoir aucun retour
Alors non, c’est pas ça.
Les retours j’en ai et ils sont bons. Les démos sont super cool, la majorité des gens sortent de ma table contents, même ceux qui étaient a priori très dubitatifs sur l’intérêt de jouer une victime dans un film d’horreur. Même si c’est effectivement épuisant (recrutement + démos = grôôôsse fatigue), c’est aussi très gratifiant. A titre perso, je kiffe. J’étais bien content d’avoir traîné mes guêtres au Dernier Bar dimanche. J’ai eu du fun.
Le point qui me cause souci, c’est le volet promo. L’aspect professionnel de la chose, quoi. Il compte pour moi parce que ça fait un petit moment que, pour ce qui est de
Sombre, j’ai dépassé le stade de la passion pure. Quand je mène, je bosse. Même quand, comme dimanche dernier, je fais un event surtout pour raisons personnelles (en l’occurrence, m’aérer la tête). Les deux sont tellement imbriqués, je n’arrive plus à les dissocier. C’est la malédiction des carrières créatives : y’a pas vraiment de frontière entre le personnel et le professionnel.
Donc mon point, c’est surtout de trouver un modus operandi qui équilibre fun et boulot. Je vois bien quelle est la voie, je l’écris à la fin de mon article : concentrer mes efforts de promo sur le marché, les convs et les lieux rôlistes, mais continuer à faire quelques trucs ailleurs, de temps en temps, pour le fun de me frotter à d’autres publics et pour éviter de m’encroûter dans mon micro milieu.
J’ai vraiment pris conscience du truc l’année dernière et depuis je m’efforce d’orienter mes efforts dans cette direction. Je tâtonne encore pas mal, mais ça va de mieux en mieux. Le point fondamental, c’est de prendre en compte l’aspect saisonnier de mon travail. J’ai un semestre (printemps + automne) où les animations rôlistes s’enchaînent quasi bite à cul, un autre (hiver + été) où elles sont plus rares (dans ma région en tout cas. Y’a un paquet de festivals estivaux, mais loin de chez moi, sur les lieux de vacances).
C’est dans ce second semestre que je dois caser le gros de mon activité créative (l’écriture du fanzine et de mes nouvelles, le playtest) ainsi que la majorité de mes démos hors milieu rôliste. C’est ma saison basse. L’autre semestre, la saison haute, est plus orienté promo rôliste, mais je dois pas non plus trop lâcher la production sous peine de prendre du retard. C’est en bonne partie ce qui explique que
Sombre 4 ne soit pas encore sorti, alors que j’aurais voulu le publier fin 2014.
TL;DR > J’essaie de trouver un équilibre création/promotion qui me permette de tenir la distance dans les meilleures conditions parce que
Sombre est une course de fond. Je bosse dessus depuis des années et j’en ai encore pas mal devant moi.
je fais partie des vieux qui ont pratiqué le JDR à l’époque, et que ça démange un poil de reprendre
Je connais bien ton profil, je vois pas mal de gens comme toi à ma table, souvent avec leurs enfants. Niveau promo, l’ancien rôliste qui revient au hobby est un bon client :
+ Le dispositif ludique classique de
Sombre lui parle.
+ La simplicité du système lui convient bien. Les règles compliquées, c’est clairement un truc de jeune. On revient au hobby pour l’émotion, les univers, les persos et les histoires, par pour les tables de coups critiques et les formules de calcul des dommages.
+ Le genre aussi lui parle, because
Cthulhu. Et ça pour le coup, c’est cool. Si y’a bien un truc que j’apprécie grave chez les rôlistes, c’est qu’ils sont plus que la moyenne de la population intéressés par l’horreur.
+ Le format des scénarios (15 minutes, 1 heure, 4-6 heures) colle bien aux contraintes du vieu rôliste. Les jeunes, c’est rien que des gens qui ont du temps à plus savoir qu’en faire. Mais pour les vieux, c’est une denrée rare.
+ Il n’est pas intimidé par l’animation d’une partie. Il l’a déjà fait quand il était plus jeune et avec l’âge, il a pris confiance dans ses propres moyens. Il se connaît mieux, doute moins.
+ Il a en général le pouvoir d’achat suffisant pour se permettre d’acheter la revue sans craindre de devoir manger des patates pendant trois semaines.
Mais ces gens-là, ce n’est pas au Dernier Bar que je les croise. Au Dernier Bar, à 30 ans, t’es un dinosaure.
C’est lent, c’est mou, c’est long. Mais ça va venir. Je le sais.
Viagra, moi je vois que ça.
un phal on fire sur le plateau, ça vaut franchement tous les pavés du monde.
Je veux bien te croire !
Le point évident, c’est la peur de la durée. Dans l’esprit des gens, JdR = on y passe la nuit. Ca fait peur, ce n’est plus possible.
Oui, clairement.
Mais ça, avec
Sombre, c’est pas un souci et mes joueurs le voient bien : mes démos font quinze à vingt minutes. Tout compris, en comptant le briefing et la promo, une grosse demi heure. C’est moins que pas mal de jeux de plateau.
Ajoutons à cela le temps de préparation
Oui là par contre, y’a un temps incompressible, celui de la lecture des règles et du scénario. Encore que pour le scénar, je m’en dispense le plus souvent (mais pas en démo, note bien). Sauf que bon, l’impro n’est pas recommandée aux débutants.
Mais effectivement, le concept de MJ pose problème. /…/ Par contre, je ne suis pas persuadé que les parties sans MJ soient super convaincantes.
Pour que tout soit bien clair, je me sens obligé de préciser que je kiffe à moreûh la fonction de meneur. C’est LE truc qui m’éclate en JdR.
Ma problématique n’est donc pas du tout d’essayer de faire évoluer mon dispositif ludique. Je suis super à l’aise dans le tradi et suis très très loin d’avoir fait le tour du concept. Vraiment, je ne pense pas une seule seconde à changer les fondamentaux de
Sombre. Je sais ce que j’aime, je sais ce que je veux.
Mon point, c’est que je suis très conscient des limites de cette structure en terme de promotion. C’pas fastoche à vendre. Si ça l’était, y’a longtemps que le JdR tradi serait sorti de sa niche. Évidemment, si mon objectif premier était de vendre des jeux par palettes, je partirai de cette constatation pour développer des produits plus facilement markettables. Mais c’est pas du tout ma démarche.
Depuis le début, j’écris
Sombre exactement de la manière dont j’aime le jouer. En ensuite, mais ensuite seulement, je me pose la question de savoir comment, où et en direction de qui je dois orienter mes efforts de promotion. C’est là-dessus que je cogite. Essayer de faire au mieux avec ce que j’ai, c’est-à-dire avec mon jeu tel que je l’écris.
(surtout si tu leur balance de la démo en transe. ^_^)
Je te rassure, ça ne s’est pas vu. C’était tout dans les neurones de mon cerveau.
Question : as tu tenté, dans tes démos, de proposer un l’un des joueurs de meujeuter, avec toi juste pour l’assister ? Ca les ferait fuir, tu penses ?
J’ai déjà assisté à des parties de
Sombre en spectateur. Mais il ne s’agissait pas de coaching, juste de zieutage à distance.
En terme de promotion, l’aspect coaching me paraît super ingérable : ça demanderait une logistique d’enfer et un temps infini, que je n’ai pas. La seule manière d’en faire un truc un peu viable/rentable serait que le meneur débutant me rémunère comme un animateur.
Et de fait, il m’arrive de temps en temps de poser du jeu chez des gens contre espèces sonnantes et trébuchantes, mais c’est évidemment pour des parties classiques. Les gens disposés à payer pour avoir Johan dans leur salon le veulent comme meneur à plein temps, pas comme co-meujeu.
En attendant, je te souhaite tout plein de bonnes choses pour sombre.
Merci bien. Et pareil de ton côté : tout plein de bonnes parties à ta table.
Je le choperai à l’occase, ne serait-ce que pour saluer l’effort, mais après cette fichue campagne de cthulhu !
Hop, promo de chez promo :
Je serais toi, vu ton profil rôliste et les disponibilités de ton groupe, je tenterais
Sombre avant
Cthulhu. Ça te reviendra lââârgement moins cher, tu pourras jouer de suite (genre lecture l’aprème, partie le soir) et après
Bimbo qui a bien marché à ta table, tes joueurs ne seront pas trop dépaysés.
En plus, Grégory Privat, l’auteur de
Bimbo justement, aime
Sombre. Il m’a acheté les zines l’année dernière, les a lus et m’en a dit du bien sur Facebook. Si c’est pas la consécration, ça.