Kouynemum dit:
elle est médecin urgentiste et dans les cas d'intervention à forte implication psychologique ou psychiatrique, c'est elle qui y va.
elle reconnaît aussi que certaines personnes arrivent dans le service de manière récurrente et qu'au bout de 10, 20 fois, il n'y a plus de solution extérieure.
alors oui, il faut rester neutre mais au-delà de la stricte neutralité, cette empathie qui aide l'autre, ça ne s'improvise pas.
c'est aussi pour cela que le recours à un professionnel est une aide complémentaire solide.
oui, faut être de marbre. je le fais de temps en temps aussi, parce qu'après douze ans, on acquiert des réflexes tout de même.
je ne le conseille pas, ne pas s'improviser là-dedans, vous pouvez faire des ravages en voulant aider

déjà arriver à ne pas juger, c'est dur. on a toute une éducation et toute une culture. oui, apprenez déjà à ne jamais juger, vous allez m'en dire des nouvelles...
d'autre part, il faut savoir que c'est hyper dur, que ça secoue beaucoup.
les psy, j'ai demandé, se "décrassent" les uns les autres, quand ça a été torp dur ou qu'ils ont trop accumulé. même pour un pro c'est dur, donc ne pas s'aventurer là dedans, sincère. vous risquer de morfler, et surtout surtout, vous risquez de faire super mal à l'autre personne, qui est bcp plus mal que vous (là, je ne rigole pas, quelqu'un dans cet état-là, ça se definit quasi par "risque de morbidité élevé" (en fait, en vrai, c'est "trouble de la personnalité")).
bref, aller voir un médecin.
je sais qu'il y a des médecins qui ont une formation spéciale

ils sont très rares. il y a aussi des psys polyvalents. des psys qui sont par ailleurs médecins. ils interviennent en hôpital souvent. donc ils vous soignent physiquement, mais par ailleurs, ils font leur travail de psy. vous ne vous en rendez pas compte, sauf qu'ils aident. notamment les gens qui n'iraient pour rien au monde voir un psy "car ils ne sont pas fous".
un fou, encore une idée reçue. allez dans un HP ou chez un psy, et dites-moi qui est fou, quel est le patient qui présente des symptômes de folie. vous n'en trouverez pas. ce sont des gens comme vous et moi. sauf qu'à un moment, ça ne va plus très bien, ils sont un peu tristes et ne savent pas pourquoi.
si vous êtes tristes sans savoir pourquoi, il y a un souci. plein de causes sont possibles. un deuil, c'est un truc terrible, une perte d'emploi, se faire larguer. ça peut prendre des mois pour s'en remettre. si la tristesse ou l'accablement persiste, sans aucune amélioration du tout... je dirais plus de six mois, c'est trop. il faut aller voir un médecin.
après, il ne faut pas s'inquiéter. le médecin, comme vous, n'a qu'une hâte : que vous dégagiez

les soins, ça peut être juste un coup de pouce, parce que finalement, il n'y a rien de grave. juste une petite aide, de l'écoute, parce que tel ou tel événement a du mal à passer.
les médicaments, pareil, a priori, vous n'en avez pas. très chers, les traitement sont très lourds et dangereux. à éviter à tout prix, les médecins le savent très bien. donc ils vont essayer de vous aider autrement

en parlant, ben oui, juste en "papotant"

il faut y aller quand il est encore temps. au moindre souci, qui dure un peu longtemps, consulter.
parce que ça empire. c'est insidieux. ça ne va pas aujourd'hui, ça ira mieux demain. ben oui, sauf que le lendemain, c'est pareil. mais ça ira mieux. sauf que ça ne va jamais mieux. et peu à peu, la catastrophe arrive. et là, c'est trop tard. vous avez ces putains de médicaments. c'est une solution d'urgence, parce que vous ne pouvez plus du tout, rien, c'est fini. j'ai des potes qui ont eu des anti-dép. en perf !!!! besoin de très fortes doses, tout le temps, vite, bon sang vite ! le temps qu'ils se remettent. ensuite on discute. mais avant, faut éviter de perdre quelqu'un
je vous dis, c'est des cas d'urgence. s'il y a une tentative de suicide, vous êtes médicalisés.
si vous y allez, hm, par exemple dans mon état à l'époque, et que vous ne pouvez plus du tout parler, que vous êtes prostré, vous avez aussi des médicaments. pour vous aider à revenir un peu, à parler.
si vous ne parlez pas, on ne pourra jamais découvrir le problème. donc on vous aide, on vous relaxe.
si vous y allez parce que ça ne va pas bien en ce moment ou vous avez eu un coup dur. si vous pouvez parler, même doucement (on en vous demande pas de tout déballer d'un coup), vous n'aurez pas de médicaments. tout le monde essaie d'éviter. (je parle d'anti-dép. les calmants et les somni, ça peut aider. normalement, c'est temporaire, tout simplement parce qu'après quelques mois, ça n'agit plus).
bref, il faut y aller, ne pas s'inquiéter. au contraire, si vous allez voir un pro, il va vous aider. c'est que ça va aller mieux, même si ce n'est pas évident et que ça va prendre un peu de temps.
ce n'est pas un rhume, quatre jours de cortisone comme je viens d'avoir, euh... ben ça prend un peu plus de temps quoi...