Tout va bien

Boulicomtois dit:Il y a bien des choses à changer dans l'agriculture contemporaine (et sur ce point je pense qu'on est d'accord), mais toujours faire porter la suspicions sur l'élevage je trouve ça facile et biaisé. Tous les domaines de productions sont concernés.


200% d'accord. :china:

Je pense juste que l'élevage est en première ligne des médias et des consciences car il concerne le vivant (ça doit plus parler à nos neurones de mammifères, peut-être), qu'il est vecteur des dernières grandes phobies épidémiques (qu'elles soient avérées ou pas, là n'est pas le sujet) : crise de la vache folle, grippe aviaire, grippe porcine; et que la bidoche, signe d'aisance, est le produit d'appel de la malbouffe.
Boulicomtois dit:Ce que je voudrais faire comprendre, c'est qu'on fait un procès à l'élevage que l'on ne ferait pas à un arboriculteur, par exemple. Si je mettais en parallèle un verger à l'ancienne avec des fruits difformes et tachetés, mais savoureux, des rangées de pommiers bien alignés, avec des pommes calibrés et sans défauts ayant subis 20 traitements, on aurait exactement le même résultat. Pourtant, des livres sur les pommes, c'est beaucoup plus rare...


Je pense que c'est parce qu'il est aisé d'imaginer que les poules en batterie souffrent physiquement et psychologiquement. Pour le pommes, j'avoue que j'ai plus de mal, même s'il semble que les végétaux stressent.
El comandante dit:
Guardian dit:[...]A paper published yesterday in the journal Environment and Urbanization shows that the places where population has been growing fastest are those in which carbon dioxide has been growing most slowly, and vice versa. Between 1980 and 2005, for instance, sub-Saharan Africa produced 18.5% of the world's population growth and just 2.4% of the growth in CO2. North America turned out only 4% of the extra people, but 14% of the extra emissions. Sixty-three percent of the world's population growth happened in places with very low emissions.
Even this does not capture it. The paper points out that about one sixth of the world's population is so poor that it produces no significant emissions at all.

L'augmentation de la population fait augmenter les taux de CO2 même chez les pauvres (2,4%).
El comandante dit:
Guardian dit:While there's a weak correlation between global warming and population growth, there's a strong correlation between global warming and wealth.

J'aimerais vraiment être d'accord, malheureusement, il n'y a aucun chiffre global, et il parle de la conso des yachts de luxe mais pas des ferries pour pauvres. Là, c'est pas sérieux. :bonnetpouic:
El comandante dit:
Guardian dit:In May the Sunday Times carried an article headlined "Billionaire club in bid to curb overpopulation". It revealed that "some of America's leading billionaires have met secretly" to decide which good cause they should support. "A consensus emerged that they would back a strategy in which population growth would be tackled as a potentially disastrous environmental, social and industrial threat." The ultra-rich, in other words, have decided that it's the very poor who are trashing the planet. You grope for a metaphor, but it's impossible to satirise.

Bon, ma paranoïa viscérale aimerait lire : les riches vont bientôt blâmer les pauvres de pourrir la planète. Mais c'est ce qu'en "déduit" Monbiot dans le Guardian, et non pas ce que disent les ultra-riches ni le Sunday Times. (cela dit, je veux bien croire que c'est ce qu'ils pensent).
El comandante dit:
Guardian dit:But no one anticipates a consumption transition. People breed less as they become richer, but they don't consume less – they consume more. As the habits of the super-rich show, there are no limits to human extravagance. Consumption can be expected to rise with economic growth until the biosphere hits the buffers. Anyone who understands this and still considers that population, not consumption, is the big issue is, in Lovelock's words, "hiding from the truth". It is the worst kind of paternalism, blaming the poor for the excesses of the rich.

Et là, c'est le drame.
"En s'enrichissant, les gens consomment plus."
Quel scoop !
Et surtout :
"La consommation pourrait atteindre les limites de la biosphère, à elle seule, sans même considérer le nombre de consommateurs."
Mais enfin, à qui veut-il faire croire une chose pareille ?
Comment envisager par exemple, qu'une population de type "gachis-états-uniens" mais de 6 millions d'âmes seulement, puisse à elle seule égaler le score de bouteilles de plastoc pour eau minérale consommées aujourd'hui mondialement ?
Il faudrait qu'ils en jettent entre 100 et 1000 fois plus par tête de pipe, qu'ils fassent ça toute la journée, en négligeant de gâcher le reste -----> :mrgreen: <------
La consommation pour chaque individu a des limites, bien sûr, et prendre les cas extrêmes des riches hyper richissimes pour en faire une base de calcul de ce que pourrait supporter la planète, est au mieux "un peu trop engagé", au pire ....
D'ailleurs, la plupart des organisations écolos retiennent la conso moyenne, personnellement je serais plutôt pour la conso médiane, mais en aucun cas pour la conso extrême !
( au bas de cette page ce PDF fait par le WWF, et tout en bas de ce PDF : 2,6 hectare par personne en moyenne)

El comandante dit:
Guardian dit:[...]The paper's author, David Satterthwaite, points out that the old formula taught to students of development – that total impact equals population times affluence times technology (I = PAT) – is wrong. Total impact should be measured as I = CAT: consumers times affluence times technology. Many of the world's people use so little that they wouldn't figure in this equation. They are the ones who have most children.
[...]
The obsessives could argue that the people breeding rapidly today might one day become richer. But as the super wealthy grab an ever greater share and resources begin to run dry, this, for most of the very poor, is a diminishing prospect. There are strong social reasons for helping people to manage their reproduction, but weak environmental reasons – except among wealthier populations.[...]

Impact=Population*Richesse*Technologie
devrait devenir selon lui :
Impact=Consommation*Richesse*Technologie

Pas d'accord, avec la deuxième équation tu retrouves la richesse au carré, diminuant mathématiquement l'impact des plus nombreux, et surtout nous réduisant à de simples unités consommatrices, or ce n'est pas notre seul impact.

De plus, il évacue commodément la question du devenir des pauvres :
De toutes façons, les pauvres d'aujourd'hui n'atteindront certainement pas le niveau de vie des riches, donc, raison de plus pour négliger leur impact.

C'est d'un cynisme !
Je suis pauvre, et j'ai bien l'intention de devenir riche, si dans le processus je deviens moins pauvre, ce sera toujours ça de gagné, pour la biosphère je verrais plus tard. Forcément, c'est un calcul à courte vue, pas le choix, pas le temps. (par ex : conso débilos en occident, viande de brousse en Afrique, incendies forestiers en Amazonie)

Bien que le personnage me soit sympathique, ( http://www.librarything.fr/author/monbiotgeorge ), sur la forme, j'ai l'impression qu'il a peur que la question de la surpopulation soit récupérée et transformée par les ultra-riches à leur convenance et dans leur intérêt exclusif, mais je crois qu'il se gourre sur le fond en mélangeant allégrement tous les types de malthusianismes, et en prônant un misérabilisme intenable. D'ailleurs le problème de la surpopulation est tellement évident et discuté dans les orga ecolos, qu'au début j'ai cru que tu citais un journal de droite :wink:
Boulicomtois dit:
El comandante dit:Sans être spécialiste, tu me diras qu'il n'y a peut-être aucune différence entre les deux images ci-dessous (auquel cas on n'aura probablement plus grand chose à échanger), mais pour moi elles la résument (symboliquement) bien.

La poule de l'image du dessous à perdu des plumes au niveau du cou! J'ai bon? :P

il existe une race de poule dite cou-nue : à la chair savoureuse et bonne pondeuse donc ceci explique cela.

Qu'on se comprenne bien, je ne suis pas un fervent défenseur de l'élevage "industriel", je fais en sorte de favoriser l'élevage plein-air, je suis sensible aux enjeux environnementaux, etc...
Ce que je voudrais faire comprendre, c'est qu'on fait un procès à l'élevage que l'on ne ferait pas à un arboriculteur, par exemple. Si je mettais en parallèle un verger à l'ancienne avec des fruits difformes et tachetés, mais savoureux, des rangées de pommiers bien alignés, avec des pommes calibrés et sans défauts ayant subis 20 traitements, on aurait exactement le même résultat. Pourtant, des livres sur les pommes, c'est beaucoup plus rare...
Il y a bien des choses à changer dans l'agriculture contemporaine (et sur ce point je pense qu'on est d'accord), mais toujours faire porter la suspicions sur l'élevage je trouve ça facile et biaisé. Tous les domaines de productions sont concernés.


Le livre lève une partie du voile alors que la solution est globale, c'est pour cela que j'ai voulu le citer. Il a le mérite de mettre en lumière et de vulgariser ces problèmes dont peu de personnes se soucient. L'auteur lui même le reconnait : il ne le savait pas, cela lui a permit d'en prendre conscience (est-il sincère c'est une autre histoire). Bref c'est un pas dans la bonne direction je pense.

Quoique pour revenir sur ton exemple des arboriculteurs (cf un excellent docu sur la mort des abeilles), les nombreux pesticides utilisés en agriculture intensive seraient responsable de la mort de celle-ci. Donc on la dénonce aussi. C'est effectivement tout le modèle qu'il faut revoir.

De plus à un certain niveau, je pense que Dod a raison. On en avait déjà discuter, les halledebardes volaient bas et je sais que "malthus" déclenche des réactions vives. Mais bon, je ne peux m'empêcher de penser qu'une partie de la solution réside dans le contrôle démographique, l'autre étant le changement de paradigme sociétal/économique... Mais là je reconnais bien volontiers que l'on nage en pleine utopie. :-)
xavo dit:
Je pense que c'est parce qu'il est aisé d'imaginer que les poules en batterie souffrent physiquement et psychologiquement. Pour le pommes, j'avoue que j'ai plus de mal, même s'il semble que les végétaux stressent.


Oui, enfin, le bien-être animal est un autre débat, qui n'est pas forcément lié au mode d'élevage... On a souvent tendance à oublier qu'avant, les cochons étaient élevés au fond de jardins ouvriers, dans une cabane de 2m², nourris de déchets et de restes, abattu à coup de masse entre les deux yeux avant d'être égorgés...
Dire que l'on est contre la souffrance des animaux, c'est une chose que je peux comprendre. Utiliser la fibre affective pour dénigrer un système d'élevage, c'est autre chose.
El comandante dit:
Stop blaming the poor. It's the wally yachters who are burning the planet


Hervé Kempf ne dit pas autre chose dans son "Comment les riches détruisent la planète".

greuh
El comandante dit:
... intéressant édito dans le Guardian, sur la base d'une récente étude concernant le soit-disant trop plein d'humains ...
Désolé, c'est en anglais. J'ai mis en gras les articulations importantes...

L'article en français sur Contre info


par George Monbiot, The Guardian, le 28 septembre 2009
Ce n’est pas un hasard si la plupart de ceux qui sont obsédés par la croissance de la population mondiale sont de riches hommes blancs, trop âgés pour se reproduire : il s’agit de la seule question environnementale dont ils ne peuvent être tenus responsables. Le brillant scientifique spécialiste des systèmes de la Terre James Lovelock a ainsi affirmé le mois dernier que « ceux qui ne parviennent pas à comprendre que la croissance démographique et le changement climatique sont les deux faces de la même pièce de monnaie sont soit ignorants, soit refusent de voir la vérité. Ces deux énormes problèmes environnementaux sont inséparables et il est irrationnel de discuter de l’un tout en ignorant l’autre. » Mais en l’occurrence, c’est Lovelock qui se montre ignorant et irrationnel.
Une étude publiée hier dans le journal Environment and Urbanization montre que les régions où la population a augmenté le plus rapidement sont celles où les émissions de dioxyde de carbone se sont élevées le plus lentement, et inversement. De 1980 à 2005, l’Afrique sub-saharienne est à l’origine de 18,5 % de la croissance de la population mondiale et seulement de 2,4 % de l’augmentation des émissions de CO2. L’Amérique du Nord ne représente que 4 % des nouvelles naissances, mais 14 % des émissions supplémentaires. Soixante-trois pourcent de la croissance démographique mondiale a lieu dans des régions où les émissions de CO2 sont très basses.
Mais ces faits bruts ne décrivent pas entièrement la situation. Cette étude indique que le sixième de la population mondiale est si pauvre que ses émissions ne sont absolument pas significatives. Tout en étant le groupe dont la croissance est apparemment la plus élevée. Les ménages en Inde qui gagnent moins de 3000 roupies par mois (43 € - 66 CHF) consomment par tête un cinquième de l’électricité et un septième du carburant utilisés par un ménage ayant un revenu de 30 000 roupies ou plus. Ceux qui dorment dans la rue ne consomment presque rien. Ceux qui vivent en fouillant les ordures (une part importante des citadins déshérités) ont le plus souvent un solde négatif d’émission de gaz à effet de serre.
De plus, une bonne part des émissions pour lesquelles les pays pauvres sont tenus responsables devraient en toute justice être attribuée aux nations développées. Par exemple, les torchères des compagnies pétrolières exportatrices du Nigéria ont produit plus de gaz à effet de serre que toutes les autres sources de l’Afrique sub-saharienne réunies. La déforestation dans les pays pauvres est principalement causée par l’exploitation commerciale du bois, de la viande et des aliments pour animaux destinés aux consommateurs des pays riches. Les paysans pauvres font bien moins de dégâts.
David Satterthwaite, l’auteur de cette étude, souligne que la vieille formule enseignée aux étudiants en développement, selon laquelle l’impact total (sur l’environnement) est égal à la population multipliée par la richesse et la technologie (I=PRT) est fausse. L’impact total doit être mesuré ainsi : Consommateurs x Richesse x Technologie. La majorité de la population mondiale consomme si peu qu’elle ne figure même pas dans cette équation. Et c’est elle qui a le plus d’enfants.
Alors qu’il n’y a qu’une très faible corrélation entre réchauffement global et croissance démographique, il y a par contre une forte corrélation entre réchauffement global et richesse. J’ai récemment jeté un coup d’œil sur quelques super-yachts, du style de ceux auxquels sont habitués les ministres travaillistes. J’ai d’abord parcouru les spécifications du Royal Falcon Fleet’s RFF 135, mais lorsque j’ai découvert qu’il ne consommait que 750 l. de fioul par heure, j’ai réalisé que ça n’allait pas impressionner Lord Mandelson. L’Overmarine Mangusta 105, qui pompe ses 850 l. à l’heure ne surprendrait guère à Brighton. Mais le rafiot qui a vraiment retenu mon attention est construit par Wally Yachts à Monaco. Le WallyPower 118 (qui confère aux imbéciles finis un sentiment de puissance [ En argot anglais, wally signifie imbécile - ndt ] ) consomme 3 400 l. à l’heure lorsqu’il file à 60 nœuds. Ce n’est pas loin d’un litre par seconde. Ou mesuré autrement, 31 litres au kilomètre.
Bien sûr, pour faire un vrai tabac, je devrais m’offrir du tek et des accessoires en acajou de mahogany, y ajouter quelques jet skis, ainsi qu’un mini sous-marin, transporter mes invités au port en jet privé et en hélicoptère, leur offrir des sushis de thon rouge et du caviar beluga, et pousser le monstre si rapidement que je hacherais menu au moins la moitié des espèces méditerranéennes. En tant que propriétaire d’un de ces yachts, je provoquerais plus de dégât à la biosphère en 10 minutes que la plupart des Africains ne peuvent le faire au long de toute une vie. Là ça chauffe vraiment, bébé...
L’une de mes relations qui fréquente les gens très riches me dit que dans la banlieue des banquiers, la lower Thames valley, certaines piscines extérieures sont chauffées à une température suffisante pour s’y baigner toute l’année. Les propriétaires adorent plonger dans leur piscine durant les nuits d’hiver et regarder les étoiles. Le chauffage leur coûte 3200 € (4 900 CHF) par mois. Cent mille personnes vivant comme ces banquiers épuiseraient les écosystèmes indispensables à la vie plus rapidement que 10 milliards de personnes vivant comme les paysans africains. Mais au moins, les hyper-nantis ont l’exquise attitude de ne pas se reproduire beaucoup, ainsi les vieux riches qui dénoncent la croissance démographique les laissent tranquilles.
En mai, le Sunday Times publiait un article titré : « Un club de milliardaires annonce qu’il veut réduire la surpopulation. » Il révélait que « plusieurs éminents milliardaires américains se sont rencontrés secrètement » afin de décider quelle bonne cause ils devraient défendre. « Un consensus a émergé, consistant à soutenir une stratégie s’attaquant à la croissance démographique, dénoncée en tant que menace environnementale, sociale et industrielle potentiellement désastreuse. » En d’autres termes, les ultra-riches ont décidé que ce sont les très pauvres qui polluent la planète. On peine à trouver une métaphore. C’est au-delà de la caricature.
James Lovelock, comme Sir David Attenborough et Jonathan Porritt, est l’un des soutiens du Optimum Population Trust. Ce n’est qu’une des campagnes et des organisations caritatives parmi des douzaines dont le seul but est de décourager les gens d’avoir des enfants au nom du sauvetage de la biosphère. Mais je n’ai pas réussi à trouver une seule fondation dont le seul objectif soit de s’occuper des impacts sur l’environnement des très riches.
Les tatillons pourraient argumenter que ceux qui procréent rapidement aujourd’hui pourraient s’enrichir dans le futur. Mais, alors que les hyper-nantis s’approprient une part toujours croissante et que les ressources commencent à se tarir, cette perspective, pour la plupart des très pauvres, est de plus en plus illusoire. Il y a de fortes raisons sociales pour aider les peuples à maîtriser leur démographie, mais pas du point de vue environnemental - sauf pour les populations plus aisées.
L’Optimum Population Trust ignore le fait que le monde se dirige vers une transition démographique : le taux de croissance ralentit presque partout, et selon un article publié par Nature, la population va vraisemblablement atteindre un pic au cours de ce siècle, probablement à 10 milliards. La majeure partie de cette croissance aura lieu dans des populations qui ne consomment presque rien.
Mais personne ne prévoit une évolution de la consommation. Les gens ont moins d’enfants à mesure qu’ils s’enrichissent, mais ils ne consomment pas moins - ils consomment plus. Comme le montre le mode de vie des super-riches, il n’y a pas de limite à la recherche du luxe chez l’homme. On peut s’attendre à ce que la consommation se développe parallèlement à la croissance économique jusqu’à ce que les compteurs de la biosphère atteignent la butée. Quiconque comprend cela et considère néanmoins que la population, et non pas la consommation, pose le principal problème « ne veut pas », selon les mots de Lovelock, « voir la vérité ». C’est la pire forme de paternalisme, qui accuse les pauvres des dégâts occasionnés par les riches.
Où sont donc les mouvements manifestant contre ceux qui sont pourris de fric et détruisent nos écosystèmes ? Où sont les actions menées contre les super-yachts et les jets privés ? Où donc est la Lutte de Classes quand on en a besoin ?
C’est le moment d’avoir les tripes d’appeler un chat un chat. Ce n’est pas le sexe le problème, c’est l’argent. Ce ne sont pas les pauvres le problème, ce sont les riches.
Publication originale The Guardian, traduction aimablement communiquée par Igor Milhit


:china:

Comment un fumeur peut-il se dire écolo? :mrgreen:



Je fume un paquet par jour depuis des années et je n’ai pas l’intention d’arrêter. Oui, je sais, je nuis à ma santé et à celle des autres, mais suis-je en plus une plaie pour l’environnement ? Et si oui, est-il possible d’être un fumeur écologique ?
Ce n’est pas un mythe, la cigarette nuit aussi bien à la planète qu’aux poumons. Alors à défaut d’avoir la conscience verte totalement tranquille, voici tout de même quelques points à méditer.
La culture du tabac n’est pas particulièrement écologique: très sensible aux maladies, la plante nécessite de fortes doses de pesticides. Chaque année aux États-Unis, les producteurs de tabac en utilisent 12.250 tonnes. Si c’est une broutille au regard des 550.000 tonnes de pesticides utilisés aux Etats-Unis, les plantations de tabac exigent davantage de ces produits par hectare cultivé que de nombreuses autres cultures. (Mais moins que les pommes de terre, les tomates, les agrumes, le raisin et les pommes.)
La responsabilité du tabac dans la déforestation lui vaut également les foudres des écologistes. Le moyen le plus employé pour sécher le tabac, dit séchage à l’air chaud, requiert une source extérieure de chaleur. Dans les pays en voie de développement, où 85 % du tabac mondial est cultivé, cette source est obtenue le plus souvent par feu de bois. (Aux Etats-Unis, elle provient plutôt du pétrole, du charbon ou du GPL.) Selon un rapport de 1999 très complet publié dans la revue Tobacco Control, environ 200.000 hectares de bois et de forêts sont supprimés chaque année pour la culture du tabac, ce qui représente environ 1,7 % de la déforestation mondiale. (Mais pour le bien-être sylvestre, mieux vaut encore s’en griller une que se doper à la cocaïne ou à l’héroïne: le tabac massacre trois fois moins les forêts que les plantations de coca et de pavot, selon une estimation de la CIA.)
Les éco-fumeurs peuvent tenter de limiter les dégâts en adoptant le tabac biologique, qui a le mérite de résoudre le problème des pesticides. (Cela étant, ce tabac bio reste séché à l’air chaud.) Nombre d’accros à la nicotine ne jurent plus que par la marque American Spirit, à ce jour la seule à détenir la certification bio délivrée pour le tabac par le ministère américain de l’Agriculture. Mais si l’absence de pesticides et les techniques d’agriculture durable liés à cette marque sont un progrès, les écologistes continuent de crier à l’imposture dans la mesure où la société mère d’American Spirit se trouve être Reynolds American, filiale du géant British American Tobacco. Toutefois, tant qu’à fumer, autant opter pour le tabac bio.
Bien entendu, les cigarettes bio ne sont pas meilleures pour la santé que les cigarettes conventionnelles, et leurs volutes ne sont pas moins nocives. Car la majorité des composants dangereux de la fumée proviennent de la combustion de la feuille de tabac, et non des additifs chimiques. Une cigarette «naturelle» libère tout autant de monoxyde de carbone, de particules et d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, les fameux HAP cancérigènes. Les nitrosamines toxiques, produites durant le séchage, ne posent pas moins problème.
Ce qui nous amène à la pollution atmosphérique imputable aux fumeurs. En moyenne, une cigarette émet autour de 14 milligrammes de particules, ces minuscules fragments qui se collent dans les poumons et causent des problèmes de santé. L’industrie du tabac produit environ 5.500 milliards de cigarettes par an. En supposant que toutes ces sucettes à cancer sont fumées, elles rejettent donc un total de 84.878 tonnes de particules annuelles, soit un peu moins de la moitié des émissions dues à la circulation automobile nord-américaine.
C’est malheureux à dire, mais il n’y a pas grand-chose à faire pour réduire sa pollution personnelle, si ce n’est fumer moins. Changer de marque n’y fera rien: selon une récente étude de l’Université du Michigan, quelle que soit la teneur en goudron, et que la cigarette soit mentholée ou non, elle émet toujours plus ou moins la même quantité de particules et de composés organiques volatiles, tels que le benzène, cancérigène connu, ou le styrène, cancérigène potentiel. R.J. Reynolds produit bien une sorte de cigarette prénommée Eclipse dans laquelle un bâtonnet de charbon permet de chauffer au lieu de brûler le tabac. Une Eclipse génère de 86 à 90 % de moins de particules qu’une cigarette conventionnelle, ce qui est positif sur le plan de l’environnement. Cependant, que cette cigarette soit plus «sûre» pour l’homme n’est pas prouvée, et son fabricant est d’ailleurs poursuivi pour l’avoir affirmé.
Le seul levier d’action dont disposent les fumeurs réside dans leurs mégots. Ces déchets sont un énorme problème : le chiffre effarant de 770.000 tonnes finit chaque année à la poubelle. Les filtres, qui atténuent la nocivité de la fumée inhalée, sont presque toujours en acétate de cellulose non biodégradable. En ce sens, mieux vaut fumer des cigarettes sans filtre, ou avec filtre en papier, comme la marque Parliament. (Ou alors consommer du tabac à rouler, de préférence biologique.) Surtout, jetez vos mégots à la poubelle, pas dans le caniveau ou les toilettes, car ils risquent alors de finir dans les fleuves ou les océans. Les mégots représentent tout de même 40%.des déchets ramassés par les volontaires écologistes le long des côtes. (Une solution est d’avoir toujours sur soi une boîte de cachous vide que l’on utilise comme cendrier portatif.)…


Sources Slate.fr