Une amie instit m’a envoyé ce message et comme je le trouve bien, je vous en fait part:
Beaucoup d’entre nous ont des enfants, neveux, nièces, connaissent des enfants d’amis qui évoluent dans notre système éducatif…
Tous les jours nous cherchons à créer les conditions de la réussite de tous les élèves. En effet nous savons combien l’acquisition des connaissances est décisive pour chaque élève et combien l’école peut apporter un lien social à ceux qui ont une famille qui galère, qui croule sous le travail, le stress de cette vie à grande vitesse, qui n’a pas la chance d’accéder à des activités culturelles … bref, chaque jour, je vois à l’école des enfants qui ont besoin de l’école … que feraient-ils sans elle …
Le budget 2009 prévoit à la rentrée prochaine la suppression de 13 500 postes d’enseignants dont 6 000 professeurs d’ école alors que 16 400 élèves supplémentaires sont attendus. Le dispositif d’aide spécialisée aux élèves en difficultés (RASED) risque de disparaître.
La maternelle est remise en cause. Les “jardins d’enfants” pour accueillir dans les écoles les enfants de deux ans, mais payants pour les familles sont déjà en place ou programmés en Mayenne, dans le Rhône… puis ce sera les enfants de 3 ans …
Qui peut croire qu’avec moins d’heures de classe chaque semaine, des programmes plus lourds, moins d’enseignants, la suppression des dispositifs d’aides spécialisées pour les élèves en difficulté, les élèves pourraient mieux réussir à l’école ?
Ces mesures constituent une rupture sans précédent avec les fondements de l’école publique. Elles tournent le dos à l’école de la réussite de tous et constituent un véritable démantèlement de l’école publique.
Le dimanche 19 octobre, plus de 80 000 personnes (parents, associations complémentaires de l’école, enseignants) ont manifesté à Paris pour exprimer leur désaveu de cette politique. Le ministre est resté sourd à nos demandes.
C’est la raison pour laquelle nous sommes en grève ce jeudi 20 novembre et non pas pour avoir un jour de repos de + en bon fainéants que nous sommes (un jour non rémunéré bien sûr car certains pensent que nous sommes payés)…
En effet nous exigeons un autre budget qui permette de faire face à la hausse des effectifs, le maintien des réseaux d’aides (RASED), la reconnaissance du rôle essentiel de l’école maternelle, une prise en charge des élèves handicapés digne de ce nom. Nous demandons une vraie analyse pédagogique sur les nouveaux programmes, la restitution des heures d’enseignement ! Nous demandons l’abandon du dispositif des 60 heures, dispositif dont le seul objectif est de masquer la suppression des 3000 postes de RASED !
Si ça c’est pas un bel appât pour la chasse au Wasabi…
Don Lopertuis
je me permet une petite réflexion sur ce passage :
"Ces mesures constituent une rupture sans précédent avec les fondements de l’école publique. Elles tournent le dos à l’école de la réussite de tous et constituent un véritable démantèlement de l’école publique. "
L’école de la réussite pour tous n’a malheureusement jamais existé. Les années 70 et surtout 80 ont été l’occasion d’une démocratisation de l’école, du collège, du lycée et du BAC.
Pourtant, cette démocratisation de l’entrée, ne s’est pas accompagnée d’une démocratisation de la réussite scolaire pour de nombreuses raisons.
C’est ce constat qui constitue l’un des fondements de la réaction de droite en France.
Actuellement, les politiques renoncent ouvertement cette idée de démocratisation de la réussite. Tout d’abord, il y a eu le concept d’égalité des chances. Ce slogan, qui de prime abord a l’air très sympathique, dit clairement que tout le monde ne pourra pas réussir, l’objectif est simplement d’essayer de placer tous les enfants sur une même ligne de départ.
AUjourd’hui, le renoncement est total :
- les effectifs des classes sont en augmentation, ne permettant pas de donner à chaque enfant (en d’autant plus à ceux en difficulté) le temps qu’il mérite pour lui permettre d’apprendre.
- les dispositifs d’accompagnement (Contrat Locaux d’Accompagnement Scolaire) et de remédiation, plus que d’aide que constituent les RASED sont remis en causes. A la place, une nouvelle organisation scolaire qui ne permet pas le même travail et qui accorde toujours moins de temps aux élèves en difficulté.
- La DSU (Dotation de Solidarité Urbaine), financement d’état en direction des communes dont les populations connaissent des difficultés (éco, social, culturelle, éducative…) est remise en cause ou diminué un peu partout. Ces financements sont pourtant l’occasion de mettre en place des actions culturelles en direction d’enfants qui n’ont pas la chance (que j’ai pu avoir) de beaucoup sortir, d’aller dans les musées, de faire du sport, de la musique… Pourtant, cet accompagnement scolaire et éducatif a des effets très positifs, observé un peu partout en France.
Ce qui est proposé, actuellement ou à terme… se débrouiller seul :
- inscrire ses enfants dans de futurs jardins d’enfants privés ou privé (d’où la dénonciation de la marchandisation du système scolaire).
- aider ses enfants (dans la mesure du possible).
- acheter cette aide auprès d’officines privés (aide aux maths…), payantes et toujours plus nombreuses.
- Inscrire dans une école privé et payante pour limiter l’hétérogénéité.
Ce qui est plus alarmant encore, c’est qu’il n’y a en face (gauche de gouvernement, syndicat) pas grand chose.
L’ambition de démocratiser la réussite et donc de mettre en face les moyens (pas seulement humain, mais aussi et peut-être surtout en terme de formation des enseignants, des éducateurs au sens large) n’est pas souvent, voir pas du tout, affirmé par les politiques de gauche et je trouve les syndicats enseignants un peu brouillon et désordonnés dans leurs discours.
Maintenant, je suis plutôt content de la mobilisation du jour… en espérant qu’elle permette :
- de mobiliser encore plus les enseignants et plus largement les acteurs des milieux éducatifs et socio-culturels.
- de faire réfléchir nos décideurs.
- de participer à la construction d’une réponse alternative et nettement plus ambitieuse que le renoncement (idéologique) que j’ai évoqué.
Don Lopertuis dit:Si ça c'est pas un bel appât pour la chasse au Wasabi...![]()
Don Lopertuis
C'est pas faux

Et ça continue …
Darcos va surveiller tous les profs sur Internet :
http://www.ladepeche.fr/article/2008/11 … ernet.html
Pour être capable d’aller aussi loin, ce ministre doit avoir une sorte de carte blanche avec option “faut en finir avec les profs”.
Richard dit:Pour être capable d'aller aussi loin
Hmmm. En fait je crois que c'est ça, la marque de fabrique de cette présidence et de ce gouvernement. C'est la capacité à une certaine brutalité, et la volonté d'aller très loin. Ce ne sont clairement pas 200000 profs dans la rue pendant une seul journée qui le feront flancher. Au contraire ça l'amuse, il peut faire monter contre ces "privilégiés" de torche-culs de profs la haine du populo qui a "encore souffert de la grève".
Diviser, détester, détruire. De toute façon il n'y a rien à négocier puisque l'objectif n'est pas une réforme pédagogique ou sectorielle ou quoi que ce soit de semblable, mais c'est de casser un modèle, une réalité et que ça n'est négociable ni d'un côté ni de l'autre. C'est notre heure de Thatcher.
Et tout le monde regarde passer en fermant sa gueule. Tant que l'obus tombe dans l'autre trou, tout va bien... Ca m'hallucine en fait. J'ai revu récemment la trilogie zombiesque des Romero. Fantastique scène des zombies s'agglutinant autour du mall. C'est nous.
Dans un autre style j'ai commencé ce matin "Après la démocratie", le dernier bouquin de Todd. ca rince, c'est intelligent et cruel. C'est pas gentil pour Sarko, mais on ne lit pas Todd pour ça; surtout cela va plus loin : qu'est-ce qui fait qu'en France aujourd'hui on a pu élire ce type, continuer à le supporter, perdre autant de repères, etc.
El comandante dit:qu'est-ce qui fait qu'en France aujourd'hui on a pu élire ce type, continuer à le supporter, perdre autant de repères, etc.
Les gens sont naïfs... Pendant sa campagne, il a toujours dit ce que les gens voulaient entendre au moment où ils voulaient l'entendre. D'ailleurs du coup, il a dit tout et son contraire. Mais ce n'est pas grave, les gens ne retienne que ce qu'ils veulent entendre. Aujourd'hui encore, il détruit tout mais de temps en temps, il noie le poisson avec un truc qui n'a rien à voir mais qui est populaire...
Et puis il a été à bonne école avec Pasqua, il sait remplir les urnes...

C’est loin d’être aussi simple.
Dans mon entourage, des gens intelligents, avec une sensibilité plutôt social ont votés Sarko en toute bonne foi.
Pour une seule raison : Sarko proposait une autre approche de la politique (non ENA), une volonté de bousculer, briser, changer de ce qui pouvait être perçu comme des freins à la croissance.
Honnêtement, il fallait une culture politique assez développé pour ne pas tomber dans ce piège.
Certes Sarko promettait de raser gratis mais il y croyait lui-même.
Ca fait toute la différence avec la classe politique actuelle (sauf Besancenot)
Richard dit:Dans mon entourage, des gens intelligents, avec une sensibilité plutôt social ont votés Sarko en toute bonne foi.
c'est quand même bien qu'il y a des repères qui se sont perdus en quinze ou vingt ans... Je ne dis certainement pas que les gens sont cons; mais je me demande pourquoi ils sont paumés à ce point. : le PC a disparu depuis longtemps; le PS a perdu tout contact avec la population ouvrière; la droite gaulliste ne défend plus l'idée de nation; la droite catholique ne maintient cette saine distance vis-à-vis du monde de l'argent.
Richard dit:Certes Sarko promettait de raser gratis mais il y croyait lui-même.
Mouaif. Ca c'est bien la dernière connerie qu'il fera avaler. "désolé les gars, j'y croyais mais en fait, non, c'était trop, j'ai décidé qu'on ne pouvait raser gratis que les plus riches d'entre nous".

Pour me faire l’avocat du diable et jeter mon (petit) pavé dans la mare. J’ai vu dans l’émission Capital sur M6 dimanche soir :
- la France dépense 7700 €/an par élève, ce qui nous place en tête des dépenses par élève au sein de l’UE. La France est loin devant le second l’Allemagne 6700 €/an
- par contre au niveau contrôle des acquis réalisés par le conseil de l’Europe, la France se situe au 17ème rang, ce qui n’est pas bon voire mauvais.
On pourra toujours argumenter qu’il faut encore plus de moyen, que le conseil de l’Europe, ils sont méchants et ils ne font rien que nous embêter, je pense qu’il doit y avoir moyen de rationaliser un peu tout ça.
surame dit:On pourra toujours argumenter qu'il faut encore plus de moyen, que le conseil de l'Europe, ils sont méchants et ils ne font rien que nous embêter, je pense qu'il doit y avoir moyen de rationaliser un peu tout ça.
Probablement. Malheureusement cela fait bien longtemps qu'aucun gouvernement n'a ouvert cette marmite.
surame dit:Est-ce qu'on a une évolution de cet indicateur au fil des ans ?
- par contre au niveau contrôle des acquis réalisés par le conseil de l'Europe, la France se situe au 17ème rang, ce qui n'est pas bon voire mauvais.
surame dit:contrôle des acquis réalisés par le conseil de l'Europe
Au fait, quelle est la méthode de ce contrôle des acquis ?
Blue dit:
Est-ce qu'on a une évolution de cet indicateur au fil des ans ?
Je ne sais pas. On peut télécharger le dernier rapport de 2006 sur le site du PISA :
The Programme for International Student Assessment (PISA) is an internationally standardised assessment that was jointly developed by participating countries and administered to15-year-olds in schools.
The survey was implemented in 43 countries in the 1st assessment in 2000, in 41 countries in the 2nd assessment in 2003, in 57 countries in the 3rd assessment in 2006 and 62 countries have signed up to participate in the 4th assessment in 2009.
Tests are typically administered to between 4,500 and 10,000 students in each country.
Le rapport de 419 pages est téléchargeable à cette adresse
PISA mais j'avoue ne pas avoir le courage de lire ces 419 pages.
Ce n’est pas le Conseil de l’Europe mais L’OCDE… Un organisme chargé de dévéloppement économique - à l’origine chargé de la gestion du Plan Marshall.
Donc il y a un biais.
Un peu comme les patrons français qui disent que l’Histoire ça ne sert à rien et que les cours de sc éco forment des gauchistes.
D’ailleurs tout cela va disparaître. On se préparer de belles générations de moutons.
El comandante dit:Tu parles comme un soixanthuitard !
D'ailleurs tout cela va disparaître. On se préparer de belles générations de moutons.
Blue dit:El comandante dit:Tu parles comme un soixanthuitard !
D'ailleurs tout cela va disparaître. On se préparer de belles générations de moutons.
peut-être (comment parlent-ils ?) mais en tout cas le coeur de la réforme au lycée c'est que si, en plus de sortir analphabète, tu veux sortir totalement inculte, maintenant ça va être possible.

surame dit:Pour me faire l'avocat du diable et jeter mon (petit) pavé dans la mare. J'ai vu dans l'émission Capital sur M6 dimanche soir
Si je peux me permettre Capital (et Zone Interdite au passage), c'est loin d'être une bonne source d'information.
J'ai eu plusieurs fois à redire sur leurs "enquêtes" sur des sujets que je maîtrisais et c'était pas beau : oublis volontaires et manipulation des faits entre autres...
fbruntz dit:oublis volontaires et manipulation des faits entre autres...
c'est propre à tous les journalismes. Sauf que, même à audience égale, certains médias "impressionnent" plus que d'autres, d'où le danger décuplé d'une même connerie dite chez Pernod par rapport à la publication dans Libé.
El comandante dit:En même temps, Pernod n'a jamais fait de journalisme (pas plus que capital est un magazine d'information d'ailleurs).fbruntz dit:oublis volontaires et manipulation des faits entre autres...
c'est propre à tous les journalismes. Sauf que, même à audience égale, certains médias "impressionnent" plus que d'autres, d'où le danger décuplé d'une même connerie dite chez Pernod par rapport à la publication dans Libé.