Proute dit :Pour se réconcilier avec les frelons, rien de tel que les numéros dédiés de la Hulotte, le journal le plus lu dans les terriers ! 
Là dessus on sera d'accord ! Il fut un temps où j'avais toute la collection, à part je crois les tous premiers qu'on ne pouvait plus trouver.
Proute dit :Tu fais comment, pour la distribution ? Des tickets de rationnement ? Des restrictions spéciales pour ceux qui auraient les moyens ? Un prix très élevé pour réduire la consommation (et paiement du vrai prix de la viande au producteur – on ne parle bien entendu pas du prix payé par l'animal, la vie) ?
Un prix plus élevé, oui, ce serait normal, pas tant pour créer un effet dissuasif mais parce que ce sera plus rare et qu'en admettant qu'il soit possible de produire mieux, ça aura forcément un coût. Après, si j'ai envie de me faire un barbeuc l'été avec des amis parce que c'est sympa, c'est comme ma raclette l'hiver : ça me coûte cher mais c'est exceptionnel, j'assume d'y mettre le prix pour satisfaire un plaisir ponctuel.
En fait, pour être complètement honnête vis à vis de ma situation, je ne suis pas un gourmet. Manger m'est nécessaire mais est rarement un plaisir pour moi : le moins on reste à table, le mieux c'est. C'est sans doute aussi pour ça que mes exemples sont la raclette et le barbeuc : ce sont surtout des repas associés à des moments de convivialité ponctuels, ce n'est pas de la nourriture du quotidien. En réalité, je pense que je pourrais me passer de viande sans trop de soucis du moment que je me sens nourri. Le problème est que n'étant pas amateur des arts de la table, je n'aime pas non plus cuisiner, ni évidemment faire les courses et que in fine, les problèmes de "philosophie alimentaire" ne sont pas vraiment ma priorité (on a tous nos priorités !). Or, la solution de facilité quand on prépare les menus de la semaine et qu'on fait les courses, c'est quand même largement de se conformer au modèle dominant qui est de manger des cordons bleus avec des coquillettes !

C'est un peu facile de me défausser sur la chaîne de distribution mais le fait est là : manger sans viande nécessite un engagement supplémentaire. Si la voie était plus facile, je pense que plus de gens pourraient suivre le mouvement. Qui doit faire le premier pas entre l'offre et la demande, malheureusement, c'est comme l'oeuf et la poule, c'est compliqué de répondre ! Ou plus probablement, chacun attend que ce soit l'autre.
Un autre problème pour tous ceux qui s'occupent de menus pour une famille avec enfants, c'est de trouver comment faire plaisir à tout le monde en mangeant équilibré. C'est déjà difficile sans contraintes liées aux animaux, donc je me vois mal leur dire un jour "désolé mes chéris mais les lasagnes, maintenant, ce sera aux légumes et sans béchamel ni gratin". J'admets qu'on peut les prendre plus jeunes à ce jeu là mais à un moment, ils sont confrontés à la cantine scolaire où on va leur proposer des steaks hachés frites et là on passe à un autre niveau d'engagement citoyen ! Là encore, je ne veux pas juste me défausser sur les autres mais chez nous, ils ne sont pas très doués à ce niveau. Ils ont le mérite de proposer des repas "végétariens" de temps en temps (comprendre 4 fois dans l'année) mais ils ne savent pas les rendre attractifs pour les enfants qui, ces jours là, ne mangent apparemment pas beaucoup.
Tout ça pour dire qu'à la fin, manger de la viande est sans doute se laisser aller à un plaisir pas forcément justifié, mais c'est aussi et surtout une solution de facilité dans un quotidien où on a déjà le temps de rien. Ce qui est un constat assez triste, je le reconnais volontiers.