si je me souviens bien c'est l'article de Achille Mbembe qui s'est répandu comme une traînée de poudre à travers l'Afrique francophone...
J'ai voté pour la Castafiore.
Le personnage, sa relation avec Haddock, Tournesol, madame Irma et tout qui ce monde qui virevolte autour. C'est un superbe personnage. Sans parler évidemment du fait que ce soit un des premiers personnages féminins haut en couleur.
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Tintin au Congo.
Il faut évidemment remmettre les choses à leur place et en leur temps.
Il est évident que pour tout lecteur actuel cette BD est décalée et n'est pas politiquement correcte mais de là à la retirer de la vente ou du moins à la classer en section adulte... on devient un peu trop puritain, j'ai l'impression qu'on tombe dans certains travers souvent vu aux USA sur ce qui est bien ou mal...
Mes parents ont travaillé à Lubumbashi (ville du Zaïre - Congo -RDC), on vivait là-bas (ma mère et moi sômmes arrivées sur le dernier avion qui a atterri le jour de Kolwezi), on avait des "boys" (j'avais 2-5 ans), on avait une grande maison entourée de hauts murs avec plein de chiens (sécurité) et une maisonnette au fond du jardin pour la famille de Camille (notre cuisinier) qui travaillait pour nous, j'avais une nounou etc... J'allais à l'école Belge, ma mère était infirmière, mon père était contremaître.
On allait au club de ski nautique et au club d'équitation pour être entre belge bien blancs (il aurait été impensable de se mêler à la population noire si ce n'est les autorités) et les seules noires qui avaient visiblement un statut étaient les compagnes de blancs. Oui, c'est du cliché mais c'est la vérité et le fait que vous soyez riche ou pauvre ou quelle que soit vos origines en belgique étaient effacées du fait que vous soyez un belge et blanc là-bas...
Et c'était effectivement une autre mentalité, une autre culture et une perception des noirs qui n'a plus rien à voir avec notre vision d'aujourd'hui. Ma mère ne s'est jamais sentie chez elle là-bas et je n'ai jamais perçu ou vu une attitude de bonne blanche de sa part. Mon père lui était comme la majorité des hommes blancs là-bas, il adorait le pays et se sentait chez lui en grand patron (bwana etc...).
Tout cela se passait en 1978-82.
Donc bien après la parution de l'album...
Tout ça pour dire que malgré cet historique, les cultures changent et attitudes même des gens changent mais de là à renier un écrit de l'époque des années 40 du fait qu'il montre une perception de l'époque tronquée mais bien réelle... que dire de tout ce qui a été écrit, dessiné sur les femmes, les indiens, les .... de cette époque...
Faire la part des choses n'implique pas de censurer tout.
El comandante dit:si je me souviens bien c'est l'article de Achille Mbembe qui s'est répandu comme une traînée de poudre à travers l'Afrique francophone...
celui-là
Alors, pour revenir sur le discours du président à Dakar, vraiment dans les grandes lignes parce que dans le détail, disons qu'il est assez tendancieux:
1/ il condamne le colonialisme ;
2/ il incite l'Afrique à suivre les Occidentaux dans leur course au développement (en gros, si vous voulez survivre économiquement parlant, faîtes comme nous, mais venez pas non plus gueuler quand on vous pillent vos ressources, hein...) ; si c'est pas une conversion à l'occidentalisme (comme l'était le colonialisme), et bien j'sais pas c'que c'est...
Ah oui, en plus, sa condescendance systématique me met vraiment hors de moi...
Les bijoux de la Castafiore.
Le mieux construit scénaristiquement, le plus abouti, et surtout celui qui aurait du rester le dernier de la série, avant les deux calamiteux vol 714 et Tintin et les Picaros (ou Tintin porte des jeans pour toucher un public plus jeune et faire plus "in").
Pour Tintin au Congo, il faut bien sûr mettre l'album dans son contexte.
Je ne peux que conseiller la biographie d'Hergé par Pierre Assouline pour bien comprendre le contexte et cerner le personnage.
Je cite :
page 86/87 : "La parution de Tintin au Congo se déroule sans polémique ni controverse. Et pour cause : son esprit épouse parfaitement l'air du temps. Non pas raciste mais paternaliste. Hergé ne se demande pas s'il doit écrire noir ou nègre, ou s'il doit évoquer les bienfits de la civilisation occidentale en afrique noire en mettant des guillemets à "bienfaits".Plus tard, quand ces aventures au Congo seront suspectées de racisme, Hergé cherchera à se disculper en invoquant la mentalité qui régnait alors dans la société : "C'était une époque où tout le monde trouvait naturel qu'un pays eût des colonies. Chez nous, en Belgique, il y avait la loterie coloniale ; un petit nègre animé qui annonçait les publicités sur les écrans de nos cinémas ; la rue des colonies ; les grooms des hotels étaient principalement des gens de couleur noire ; un cirage portait la marque Négrita....
[...] docilité avec laquelle Hergé conforte la morale dominante, surtout lorsqu'elle coïncide avec l'idéologie de l'Abbé Wallez, qu'il s'agisse du christianisme, de l'anticommunisme ou du colonialisme."
Sigurd dit:Alors, pour revenir sur le discours du président à Dakar, vraiment dans les grandes lignes parce que dans le détail, disons qu'il est assez tendancieux:
pour le coup le diable se cache dans les détails, qui ont mis les Africains furax... La "nature" de l'homme noir, etc.
Ca vaut le coup de le lire, en plus pour le style relou hypokhâgneux...
El comandante dit:Ca vaut le coup de le lire, en plus pour le style relou hypokhâgneux...
J'aime bien le "hypo"
Le drame de l’Afrique, c’est que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’histoire. Le paysan africain, qui depuis des millénaires, vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature, ne connaît que l’éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles.
Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.
Dans cet univers où la nature commande tout, l’homme échappe à l’angoisse de l’histoire qui tenaille l’homme moderne mais l’homme reste immobile au milieu d’un ordre immuable ou tout semble être écrit d’avance.
Jamais l’homme ne s’élance vers l’avenir. Jamais il ne lui vient à l’idée de sortir de la répétition pour s’inventer un destin.
Le problème de l’Afrique et permettez à un ami de l’Afrique de le dire, il est là. Le défi de l’Afrique, c’est d’entrer davantage dans l’histoire. C’est de puiser en elle l’énergie, la force, l’envie, la volonté d’écouter et d’épouser sa propre histoire.
Copyright dit:avant les deux calamiteux vol 714 et Tintin et les Picaros (ou Tintin porte des jeans pour toucher un public plus jeune et faire plus "in").
Différents oui, calamiteux c'est une question de goût. L'humour y est plus présent, le pari scénaristique plus osé. J'aime particulièrement les Picaros, avec ses révolutionnaires d'opérette ; la dénonciation des régimes sud-américains en deux images (celle où l'avion de nos héros atterrit et celle de fin : les uniformes ont changé, mais le bidonville est toujours présent).
Comme quoi, les goûts et les couleurs...
Don Lopertuis
Kouynemum dit:Dans cet imaginaire où tout recommence toujours, il n’y a de place ni pour l’aventure humaine, ni pour l’idée de progrès.
La question du progrès dans les pays "sous-dev" est assez fascinante car elle renvoie à un autre rapport au temps, donc à l'actualisation, à l'investissement, la productivité, etc. Et il y a une part qui est subie (parce que c'est quand même bien pratique que les sous-dev restent sous-dev) et une autre qui est revendiquée (parce qu'ils ne comprennent pas notre mentalité accumulatrice). Et enfin ça dépend aussi de la ruralité.
C'est une vraie notion centrale pour comprendre nos différences - si on peut la manipuler hors de tout jugement de valeur.
De là à dire qu'il y a un refus de l'aventure humaine parce que, grosso modo, ils refusent l'économie de marché (qui est un beau mot pour cacher le gros mot capitalisme, comme l'explique Galbraith) et donc l'Histoire, c'est quand même de la connerie en brouette.
Don Lopertuis dit: la dénonciation des régimes sud-américains en deux images (celle où l'avion de nos héros atterrit et celle de fin : les uniformes ont changé, mais le bidonville est toujours présent).
une garantie de la continuité des mobilisations sociales...
J'ai eu une conférence extrêmement intéressante sur ce sujet cette année.
La colonisation a d'abord été justifiée (notamment par la gauche) comme la volonté d'apporter la modernité à l'ensemble des hommes (il n'y avait à la fin du 19 ème) plus qu'une seule humanité.
Mais la question de la modernité est relative. Les Européens (et les occidentaux) avons fait le choix d'une modernité, mais elle n'est pas universelle... Les relations sociales en Afrique, par exemple, sont bien plus "modernes" que les notres... En amazonie, des sorciers connaissent les plantes et les molécules que bien des laboratoires convoitent...
La vision de la modernité européenne et la volonté de l'imposer a créé des traumatismes.
Il n'y a pas une mais des modernités.
Waouh !! C'est beau...
Je plussoie
Copyright dit:La colonisation a d'abord été justifiée (notamment par la gauche) comme la volonté d'apporter la modernité à l'ensemble des hommes.
OK pour l'argument, mais je reste dubitatif sur l'aspect politique que tu évoques. En France, le parti colonial fin XIXe début XXe recrute un peu partout, même s'il vient des républicains opportuniste comme Ferry. Ce serait plutôt une sorte de centre, avec à sa gauche les républicains radicaux comme Clémenceau, qui si lui est hostile à la colonisation ("il n'y a pas de droit des nations dites supérieures contre des nations dites inférieures") n'est pas représentatif de l'opinion des radicaux là dessus.
La droite nationaliste a un peu plus de mal avec la colonisation au début. C'est que ça détourne l'attention de l'Alsace et de la Moselle ("J'ai perdu deux sœurs, et vous m'offrez vingt domestiques" De Broglie). Mais bon, pour une fois que l'armée française gagne, on va pas faire la fine bouche. Du coup ils se rallient.
Les seuls qui soient opposés sont une poignée d'agitateurs d'extrême-gauche mais personne écoute...
Copyright dit:Il n'y a pas une mais des modernités.
il ne s'agit même pas de modernité. Le concept même de modernité comme une rupture, et du présent comme l'apogée de l'évolution, est lié à l'idée de progrès et de domination à la fois sur ton environnement et ton passé. C'est assez spécifique à l'occident. Je vois, ici, on ne peut pas traduire "développement" en quechua...
Tiens, je le fais remonter…
Ça m’a permis d’y voter.
Pour le Trésor de Rackham le Rouge (en fait pour le double album).
J’ai hésité avec Objectif Lune/On a marché.
Ce sont vraiment mes plus grands kifs avec Tintin mais je ne les relis plus maintenant, ça a vraiment pris un coup de vieux. C’est au tour de mes enfants de les découvrir et de les aimer.
J’ai relu les Schtroumpfs récemment, parce que je les ai offerts à mon fils et que j’avais adoré ça, enfant, et je me suis ennuyé ferme. Même le Cosmoschtroumpf ou le Cracoucass qui étaient mes préférés…
Bonsoir
Marrant ca je tombe sur le topic et j’ai aussi voté pour le trésor de Rackham le rouge (j’adore le double album avec le secret de la licorne). Sinon derrière je place plutôt Tintin au Tibet.
A+
Tintin fait partie intégrante de mon enfance ! En plus des 5 francs d’argent de poche hebdomadaire que j’avais pour acheter Pif Gadget, il arrivait que l’on m’offre un de ses albums pour une bonne note, un anniv ou à Nöel !
Il m’arrive d’en relire un de temps en temps, mais c’est vrai que ça fait “vieille France” (ou vieille Belgique, plutôt ), par rapport à Astérix qui a assez bien vieilli.
J’ai de bons souvenirs de presque tout les albums, avec une préférence pour le duo Licorne/Rackham