Eric dit:Philippe dit:Eric, je suis curieux de ta position sur l'âme non-immortelle associée à la résurrection. Pourrais-tu préciser ?
Le christianisme nait dans le judaïsme et tient pour livre source la bible dans son intégralité, ok ? Or, on peut faire plusieurs constats :
Les hébreux se foutent royalement d'une quelconque vie après la mort, pour eux, tout ce qui reste d'un mort, c'est sa descendance...
A époque ancienne, oui.
Le shéol comme séjour des morts n'est en effet qu'une image du néant, les hébreux sont très mal à l'aise avec les abstractions et le néant est très difficile à conceptualiser (la preuve étant l'invention tardive du zéro). L'idée de la résurrection n'apparaît que tardivement, à l'époque de Daniel.
Et à l'époque de Jésus elle est encore contestée par une bonne partie du judaïsme... (au passage, c'est un sacré coup de pied dans une affirmation antireligieuse traditionnelle : la croyance est une réponse à al peur de la mort (voilà qu'une des religions les plus anciennes met des siècles avant d'envisager un au-delà)
Dire ceci, c'est admettre qu'une partie des Juifs y croyait (à commencer par les Pharisiens). Ne me dis pas que tu penses que plus une idée est vieille, meilleure elle est ! Il y a évolution de la pensée juive dans le temps, tu le sais bien.
Et pour ceux qui croient en la résurrection, elle n'a rien à voir avec la représentation classique que nous en avons ( le corps meurt et l'âme s'envole au paradis ou descend en enfer), il s'agit de la promesse qu'à la fin des temps (et pas avant) tous ceux qui sont morts ressusciteront complètement.
Je suis bien d'accord, et c'est d'ailleurs la doctrine chrétienne.
La séparation du corps et de l'âme (et donc l'idée de l'âme immortelle) n'est pas un concept hébraïque mais grec.
Ce n'est pas parce que la résurrection conçue par les Juifs est différente des conceptions de séparation du corps et de l'âme des Grecs qu'il faut en déduire que l'âme n'est pas immortelle pour les Juifs. De plus, une idée venant des Grecs peut-être un éclairage intéressant du patrimoine de la pensée juive.
En fait il n'y a guère que deux très courts passages bibliques pour défendre l'immortalité de l'âme : la parabole du pauvre lazarre mais c'est une parabole, pas une description théologique et la phrase de Jésus au larron "aujourd'hui même tu seras dans mon paradis" (seul emploi biblique du terme paradis au sens de lieu après la mort) Les autres descriptions de la résurrection concernent plutôt la promesse d'une résurrection collective. Jésus est bien sûr un cas à part.
Je pense que tu confonds l'immortalité de l'âme avec le concept de jugement personnel. Deux passages, cela compte... à moins de se servir de ses ciseaux !
Bref, croire en la résurrection des morts et en l'immortalité de l'âme sont des choses très différentes (pas forcément contradictoire, encore que... mais clairement distincte)
En effet.
Mais encore une fois, contrairement à une idée reçue trop fréquente (et là l'histoire du christianisme n'y est pas pour rien) l'au-delà n'est absolument pas le soucis premier du message évangélique...
Voilà, c'est plus précis ?
Oui, et tu as raison sur ce point. "Le royaume des Cieux est déjà parmi vous". Il n'y a pas à attendre de trépasser.