NOUS AVONS FINI PAR LE VOIR - La rédaction du Figaro a assisté à la première projection des nouvelles aventures de Godefroy de Montmirail et de Jacquouille la fripouille.
Pas un gag, pas une réplique à se mettre sous la dent abîmée de Jacquouille. On comprend maintenant parfaitement pourquoi Gaumont n’a pas voulu montrer Les Visiteurs 3: la Révolution à la presse. On comprend moins pourquoi Christian Clavier et Jean-Marie Poiré l’ont écrit et tourné. Ni comment. C’est de la sorcellerie. Car la vraie révolution de ce troisième volet des aventures de Godefroy le Hardi et Jacquouille la Fripouille, c’est d’arriver à faire un film qui paraît trop long dès la première minute. Il reste alors pour le spectateur 1h49 de souffrance.
On avait laissé les deux voyageurs temporels à la Révolution. On les retrouve en pleine Terreur. De leur prison, ils voient les nobles se faire guillotiner. Pour les mal comprenant, il y a des sous-titres: «Dans la cour, on exécute sans relâche.» Jacquouille est plus trivial: «Putain de chiottes, ils lui ont tronçonné la capsule!» Okayyyy!!!
Scénario torché par Poiré et Clavier
Ce n’est que le début d’interminables gesticulations. Ils parviennent à s’échapper, retrouvent le Château de Montmirail où les nobles descendants sont sur le point de fuir vers l’Autriche en se faisant passer pour des négociants en vin. Godefroy et Jacquouille montent dans la calèche qui fait route vers Paris désormais. Il faut sauver le roi.
Ce n’est que le début et on n’a pas ri une fois. Sans doute parce qu’aucune scène n’est drôle et que tous les acteurs sont mauvais. Alex Lutz, Ary Abittan, Franck Dubosc, Karin Viard et Sylvie Testud font surtout tapisserie. Les perruques, elles, jouent très bien. L’éructant Jacquouille-Clavier ne laisse que des miettes à ses partenaires. Jean Reno, avec son œil de poisson mort, est en apnée.
De la Révolution, Clavier et Jean-Marie Poiré ont retenu l’essentiel. Marat prend des bains. Attention quiproquo: il mange du savon noir qu’il prend pour du gâteau au chocolat. L’incorruptible Robespierre a la chiasse après avoir avalé du boudin noir pimenté. Parce que, c’est bien connu, «l’oiseau des îles» incarné par l’acteur Pascal Nonzi (dont le nom n’apparaît pas sur l’affiche), cuisine forcément avec force piments. Sans doute cela était-il censé donner un peu de piquant au scénario torché par Clavier et Poiré.
La plupart des gags tournent d’ailleurs autour des excréments (crottin ou merdasse) et des odeurs fétides. On ne sait pas ce qui sent le plus mauvais entre le cul des chevaux et l’haleine des gueux moyenâgeux. Du comique olfactif et confiné. L’essentiel du film se passe dans un immeuble parisien. Pour 25 millions de budget, on s’attendait à des scènes de foule, des décors spectaculaires. On a du boulevard laborieux en huis-clos.
Vingt-trois ans après le tout début des aventures de Godefroy de Montmirail et de son fidèle Jacquouille, on craignait que ce troisième épisode (le quatrième si l’on compte le piteux remake américain) ne sente un peu le rechauffé. C’est bien pire que cela: il schlingue l’oseille à plein nez. Celle que Christian Clavier et Jean-Marie Poiré veulent se faire à bon compte, et avec une poignée de nouveaux amis, sur le dos d’une franchise dépassée.