Je tente. J’espère que je ne fais pas une erreur.
YoshiRyu dit :greuh dit :Je n’insiste pas parce que j’ai déjà débattu avec des gens dans ton genre.
Tu n’as jamais débattu avec des gens de mon genre, la preuve :Tu as raison, en jdr on ne peut rien inventer, le jdr ne peut pas évoluer, c’est indépassable, tout n’est que sublime récapitulation.
Je n’ai absolument pas dit ça, et je pense tout le contraire (encore une fois, pourquoi je modifie les systèmes auxquels je joue sinon ?)…
J’essaye juste de t’expliquer que si un système peut encourager la narration, certes, aucun système ne peut pour autant l’empêcher (donc vendre un système en disant “pour la première fois, en exclusivité, vous pouvez…”, non, juste non, ça n’a rien de nouveau, on a toujours pu, fallait juste faire l’effort…).
Tout ce que tu reproches à Vampire, ce sont des contraintes qui viennent des joueurs, pas du système.
Je n’ai rien contre le système d’Undying, mais d’après l’article que tu m’as montré, il ne fait que corriger des problèmes qui n’existent que dans la façon dont les joueurs choisissent de jouer.
Je n’ai
jamais dit que tu ne pouvais pas faire ça avec les jeux old school, bien au contraire. Il y a même des MJs géniaux capable de pondre une campagne de 20 ans sur la base de 4 lignes dans un coin du manuel, avec des joueurs qui joueront leurs persos comme s’ils étaient diplômés par la Comédie Française. Et puis, des fois, c’est pas le cas. Et, d’autre fois, on se fait carrément chier.
MAIS, toute la réflexion roliste moderne tourne autour du fait d’éliminer les contraintes venant des joueurs, en fournissant des outils, des méthodes, des incitations pour que la table ait,
à chaque partie une expérience au minimum chouette.
Un jdr donné est un ensemble de règles qui te dit “avec moi, ta table va raconter des histoires de ce type”. L’idée, c’est de fournir outils et incitations pour que cette phrase soit le plus vrai possible, indépendamment de la
compétence des joueurs et du MJ.
Par exemple, TechNoir va te fournir un outil (assez génial au passage) de génération d’histoire et de contexte
qui implique les personnages dans l’intrigue dès la création de personnage et qui ne demande
aucune préparation côté MJ.
Oui, tu peux produire les mêmes histoires avec Cyberpunk. Et tu peux même en produire de meilleures. Mais ça demande un MJ assez talentueux et imaginatif
à chaque session.
Mettons Vampire. Vampire te propose (si j’enlève mes ironies) de jouer de jeunes vampires embringué dans des luttes politiques interfactionnelles datant de bien longtemps. Le postulat proposé est que les personnages vont d’abord survivre à leur statut de nouveaux pions puis, petit à petit, prendre le pouvoir.
Le jeu, cependant, ne propose aucun mécanisme, pour ça, pour t’aider à raconter de telles histoires. Il y a un système de jeu qui gère la “simulation de la réalité (du jeu, donc pouvoirs, sang, vampirisme inclus)”, et le mécanisme de l’Humanité, que je sépare parce qu’il a des conséquences narratives : il influe la façon dont le joueur doit raconter son personnage, au même titre que la SAN à l’Appel de Cthulhu. Mais aucune règle, aucun outil de création de scénario pour jouer cette ascension au pouvoir. C’est cette constatation qui mène à Undying, qui tente de fournir des outils pour aider le MJ à raconter ces histoires.
Alors il y a l’idée très poétique du MJ romancier capable de créer ça à partir de rien et de joueurs compétents capables de mettre en place cela. C’est pas une idée fausse et c’est vrai que ça existe.
Mais les auteurs de roman aussi, y’en a qui utilisent des outils. Y’a pas de honte à ça. Mindmapping, storycards, applications de gestion de scripts/personnages, etc.
Je peux me galérer à inventer, à partir de rien, tout un “Vesoul by Night”. Ou utiliser un “… by Night” déjà fait. Le défaut du premier, c’est de me demander un boulot monstre. C’est pas rien, à produire. Le défaut du second, c’est que les persos de mes joueurs ne seront pas vraiment intégré à ce byNight en boîte, vu que l’auteur n’a aucune chance de les connaître.
Ou bien j’utilise un système de génération de relationship map. C’est pas pour rien que pas mal de lecteurs du jeu SmallVille RPG ont immédiatement vu son énorme potentiel pour faire du Vampire.
Smallville RPG a une création de personnage particulière : la création de personnage va obliger les joueurs, à chaque étape de la création, à créer la ville de Smallville, y ajouter des habitants, des lieux et ajouter des relations entre leurs persos, ces habitants, ces lieux. Quand la création de personnage est finie, le MJ a :
- des PJs
- des PNJs
- des lieux
- des interconnexions entre tous ces éléments (dont les PJs)
Et, pour générer un scénario, il lui suffit de tirer sur l’un des fils de cette carte.
Simple, efficace et diablement pratique. De plus, les joueurs adhèrent et connaissent déjà le contexte général
vu qu’ils l’ont créé. Ce n’est pour autant qu’il ne peut pas y avoir de surprise ou de secrets : tout ce qui n’a pas été dit est à la disposition du MJ.
J’ai utilisé cette mécanique de Smallville à Hellywood, c’était assez génial. C’est un truc équivalent qui existe pour TechNoir mais TechNoir a une mécanique pour faire évoluer/enrichir la carte aussi durant la partie. Ca n’interdit pas de faire sans.
Encore une fois, un bon MJ peut faire sans ces outils. Mais c’est du boulot et ça demande du talent. Pourquoi rejeter l’existence de tels outils ? On peut aller de Paris à New York sans prendre l’avion. C’est juste beaucoup plus long. C’est plus exotique, potentiellement plus intéressant mais, en fait, si le but c’est d’aller à New York alors je préfère l’avion.
Et j’ai absolument rien contre le fait de découvrir un nouveau JdR, bien au contraire.
Alors fais-le. Et si Undying n’est pas ta came, n’arrête pas de regarder ce qu’il y a de nouveau. Parce qu’en ce moment, on a franchement jamais autant réfléchi à ce qu’est un jeu de rôle, comment en concevoir, etc. Et, le truc génial, c’est que ce ne sont pas que des réflexions en l’air : les gens qui avancent ses réflexions pondent des jeux pour tester leurs théories. Des fois ils se ratent. Des fois non. Les jeux suivants reprennent les trucs qui marchent dans leurs réflexions, etc.
Encore une fois, ça ne veut pas dire qu’on peut pas s’éclater avec un jeu datant de 1974, il y a même tout un mouvement, l’OSR, qui réfléchit au design de jeu sur les idées de OD&D - principalement “rulings, not rules”. Ca veut dire que des gens essaient de pondre des jeux pour faciliter la partie autant pour le MJ que pour les joueurs et améliorer l’expérience globale de jeu
à chaque session et indépendamment du “talent” des joueurs.Et ça ne date pas d’hier : quand Sandy Petersen ajoute les règles de SAN à Cthulhu, c’est pour aider la table à vivre des histoires lovecraftienne. A l’époque, déjà, des gens ont dit “mais on peut faire sans. Un bon MJ peut faire jouer du Lovecraft et la dérive mentale d’un PJ sans règle de SAN”. Sauf que c’était quand même vachement plus facile avec que sans les règles de SAN… (Vu que SAN et Humanité c’est le même concept, je te fais pas la même avec Vampire).
Désormais, il est difficile d’imaginer un jeu Lovecraftien dans règles de santé mentale. Mais ça n’a pas interdit de questionner cette idée d’une part, ou de la raffiner d’autre part. Penches-toi à l’occase sur Cthulhu Dark (traduit en
VF et gratuit sur le site du Grümph) ou sur Nemesis (
gratuit en ligne, il a été traduit en VF mais le projet n’a pas abouti).
Je pourrais faire du Vampire en utilisant AD&D. Ou Rolemaster. Mais c’est plus facile avec Vampire. Et encore plus avec Undying, amha. Je n’envisage plus de faire jouer du Cyberpunk autrement qu’avec TechNoir ou The Sprawl. Du moins, tant que rien de mieux ne sera sorti. Mais faudrait me payer franchement cher pour que je dépoussière Cyberpunk 2020…
Edit : au passage “Sinon, pourquoi je modifie mes jeux ?” : l’idée de ces jeux nouveaux, c’est qu’ils modifient eux-même leurs jeux pour que ne soit plus nécessaire. En gros, si un MJ a besoin de modifier le jeu pour qu’il lui convienne, c’est que c’est une erreur de design : le jeu doit changer.
Edit 2 : une version non-illustrée de Undying est
dispo gratuitement là.