Bon, mon petit CR de Cannes 2023, qui va être particulier parce que j’étais côté animateur / exposant avec mon asso et que je n’ai donc joué à à peu près rien.
Mais je peux parler des jeux que j’ai expliqué et des réactions du public.
Déjà, mon seul achat ce salon et mon petit coup de coeur, ça a été Kites, le jeu coopératif de cerfs-volants où l’on tente d’empêcher des sabliers de s’écouler complètement. Ça s’explique en 10 sec. montre en main, et c’est intense à souhait ! Et ça marche vraiment de 2 à 6 joueurs. Le genre d’évidence dont on se demande comment personne n’y avait pensé avant, je suis toujours admiratif de ce type de design.
Côté nominés As d’Or :
Turing Machine est le jeu que j’ai sans doute le plus présenté ce week-end, et c’est vraiment une galère à expliquer. Je n’ai toujours pas trouvé la bonne manière de transmettre la règle, et surtout l’interprétation des résultats. Certaines personnes pigent immédiatement, pour d’autres il leur faut une partie entière pour intégrer le principe. Donc il faut quand même pas mal accompagner les gens sur ce jeu et les assister avec leurs premières déductions. Et selon mes statistiques persos, 1 personne sur 3 reste simplement totalement hermétique au principe et va quasiment refuser de jouer.
Bref, on comprend pourquoi il n’a pas eu l’As d’Or. J’adore mais c’est quand même bien clivant.
Akropolis : Je suis dans la team “mouaif”, c’est un jeu un peu trop lisse et poli à mon goût, mais il faut reconnaître que ça marche avec tout le monde. Je garde en mémoire une partie mémorable et in-ter-mi-nable avec des petits vieux qui prenaient bien leur temps à chaque coup. J’adore expliquer des jeux aux petits vieux, meilleur public, vraiment. 
That’s not a hat : J’adore, je trouve que ça marche à tous les coups (si on joue à au moins 4 joueurs et préférablement 5). Au début, je m’étais dit que ce n’était pas possible, que nos cerveaux n’étaient quand même pas aussi stupides que ça et qu’ils arriveraient bien à suivre 4 ou 5 objets autour de la table, et non à chaque fois on finit par se planter.
Là aussi, un chouette souvenir où il y a en jeu à la fois un “canard en plastique” et un “canard vivant” et où c’était super chaud de se rappeler lequel était où.
Et puis, c’est un vrai plaisir de jouer un peu à la tchatche pour essayer de détourner l’attention de tous ceux qui essayent de se concentrer. Jouer à That’s not a hat en se concentrant, c’est comme compter pour jouer à The Mind !
District Noir : pas grand chose à en dire, c’est sympa, c’est simple et malin, ça fonctionne pas mal du tout. En général il faut une manche aux gens pour commencer à piger le principe et voir les pièges qu’on peut tendre à l’adversaire. En tout cas c’est clairement un jeu apprécié.
Challengers : Je n’y ai joué que 3 manches pour me familiariser avec les règles et je suis très frustré de n’avoir pas pu faire une partie complète. Les parties à 6 ou 8 joueurs que j’ai pu animer ont été grandioses, on sent vraiment une ambiance de tournoi autour de la table. L’intérêt me semble plus limité à 4 joueurs, et à 2 n’en parlons même pas. Marrant comme un jeu qui a l’air aussi plat sur le papier peut être aussi générateur d’excitation. C’est vraiment fou.
Je remarque aussi que le principe du jeu est un peu déroutant au début, les gens ont du mal à bien piger le côté “Magic pour les nuls” avec ces duels successifs où l’on améliore son deck entre deux parties. Ce qui justifie sa présence dans la catégorie “Initié” pour ma part. (Akropolis a pourtant quasiment le même volume de règles, mais c’est plus familier, moins perturbant).
Autres jeux :
Tomorrow : l’éditeur Runes Edition n’ayant pas de stand à Cannes, on a pu animer quelques parties de ce petit jeu de cartes minimalistes à deux joueurs. Franchement je ne m’attendais pas à ce que ça tourne aussi bien, avec ce mini-deck de seulement 10 cartes, mais c’est vraiment bien fichu (avec là encore, des règles quasi-immédiates, sans exception tordue, j’aime). Je remarque que les joueurs sont généralement marqués et attirés par la couverture du jeu, avec son côté sérieux et adulte, qui laisse entrevoir un vrai thème politique, ça change des animaux mignons c’est sûr.
King of Monster Island : Le King of Tokyo coopératif. C’est bien fichu, ça marche sans problème sur le public visé (les ados) mais il y a un peu trop de règles de “maintenance” pour vraiment pouvoir laisser le public en autonomie. En gros, il y a pas mal de séquences à suivre quand c’est le jeu (le big boss) qui joue contre les joueurs, il faut être un peu rigoureux et ne pas oublier des effets, et donc on perd un peu le côté bourrin / immédiat qui faisait le charme de l’opus original.
Happy City extension Grozilla : moui, pourquoi pas, c’est mignon, allez. On ajoute un petit peu d’interaction méchante à Happy City, ça ne plaira pas forcément à tout le monde. Personnellement, je n’y trouve pas un intérêt fou, ça n’augmente pas vraiment mon amusement.
Living Forest extension Kodama : Pas mal du tout. À ne surtout pas utiliser avec des nouveaux joueurs à Living Forest parce que ça commence à faire vraiment beaucoup de règles partout.
Mais ça s’intègre bien à l’ensemble et offre de nouvelles possibilités de faire des tours super jouissifs à coups d’actions supplémentaires qui permettent d’éteintre 8 flammes d’un coup tout en plantant un arbre à 11 qui permet d’obtenir le 12ème lotus et tous ces genres de trucs qu’on aime à Living Forest.
Sur un volet un peu différent, j’ai aussi été chargé de l’organisation de tournoi pour des jeux Days of Wonder.
Tournoi Heat : le jeu est encore un peu jeune pour fédérer les foules, le tournoi n’a pas rameuté autant de monde qu’escompté. Mais alors que, après une partie, je l’avais classé dans les jeux “OK-tier”, le voir joué de manière intense à haut niveau m’a fait réviser mon jugement.
Faut dire que je joue comme je conduis dans la vraie vie, c’est-à-dire assez prudemment.
Les bons joueurs, eux, c’est quelque chose, ils crâment leur moteur à chaque tour, et j’ai vraiment vu toute l’interaction et la dimension guessing qu’il peut y avoir dans le jeu.
C’était cool à voir, j’ai vraiment envie d’y rejouer maintenant !
Tournoi Les Aventuriers du Rail : Là, ça déplace déjà beaucoup plus de monde que Heat. Marrant comme ce vieux jeu un peu plan-plan (à mon goût) arrive à susciter autant d’enthousiasme, les 32 places ont été remplies sans difficultés.
Bon, pas grand chose à en dire. J’aime bien cette gamme malgré tout, parce que ça rentre dans la catégorie très restreinte des “jeux que je peux jouer avec mes parents”, et ça c’est précieux. 
Pour les curieux, les parties ont été jouées successivement sur les maps USA, Afrique puis France. Un beau voyage !
Et donc une bien belle édition du FIJ pour moi !