[cinéma] Inception

Rody dit:
Mirmo dit:Ah bah c'est tout moi et ma relation à Nolan ça en fait ! ^^
Et quand ça aura une âme, ça risque de claquer fort...

Je me suis (enfin) revu le prestige hier soir, et ce manque d'âme (qui est effectivement une marque de fabrique) ne me dérange définitivement pas. En fait, j'adore (mais j'aime aussi les films larmoyants... comme quoi).


Bah moi ça me dérange à partir du moment où Nolan essaye justement de créér du mélo : Marion Cotillard, les enfants de Cobb, la relation de Cobb avec son père... A partir du moment où il s'engage dans une voie qu'il ne cherche pas réellement à exploiter. Je ne trouve pas que ça soit une marque de fabrique, juste un manque de talent dans cette dimension là du cinéma.
Mirmo dit:Bah moi ça me dérange à partir du moment où Nolan essaye justement de créér du mélo : Marion Cotillard, les enfants de Cobb, la relation de Cobb avec son père... A partir du moment où il s'engage dans une voie qu'il ne cherche pas réellement à exploiter. Je ne trouve pas que ça soit une marque de fabrique, juste un manque de talent dans cette dimension là du cinéma.


Il se passe la même chose dans Le Prestige, avec les femmes des héros : c'est important pour eux (ils agissent pour elles, ou en fonction d'elles), mais elles ne sont que des faire valoir bien reléguées au second plan - bien qu'indispensables pour expliquer les motivations, tout étant centré sur les deux personnages masculins.
Le film aurait pu être bien plus émouvant par moment, mais cela n'a au final pas d'importance pour l'histoire racontée : Nolan va à l'essentiel. Et ça me convient parfaitement en l'état.
Rody dit:
Mirmo dit:Bah moi ça me dérange à partir du moment où Nolan essaye justement de créér du mélo : Marion Cotillard, les enfants de Cobb, la relation de Cobb avec son père... A partir du moment où il s'engage dans une voie qu'il ne cherche pas réellement à exploiter. Je ne trouve pas que ça soit une marque de fabrique, juste un manque de talent dans cette dimension là du cinéma.

Il se passe la même chose dans Le Prestige, avec les femmes des héros : c'est important pour eux (ils agissent pour elles, ou en fonction d'elles), mais elles ne sont que des faire valoir bien reléguées au second plan - bien qu'indispensables pour expliquer les motivations, tout étant centré sur les deux personnages masculins.
Le film aurait pu être bien plus émouvant par moment, mais cela n'a au final pas d'importance pour l'histoire racontée : Nolan va à l'essentiel. Et ça me convient parfaitement en l'état.


Ce qui est certain, c'est que son cinéma est très, très efficace en l'état.
Mirmo dit:
Rody dit:
Mirmo dit:Ah bah c'est tout moi et ma relation à Nolan ça en fait ! ^^
Et quand ça aura une âme, ça risque de claquer fort...

Je me suis (enfin) revu le prestige hier soir, et ce manque d'âme (qui est effectivement une marque de fabrique) ne me dérange définitivement pas. En fait, j'adore (mais j'aime aussi les films larmoyants... comme quoi).

Bah moi ça me dérange à partir du moment où Nolan essaye justement de créér du mélo : Marion Cotillard, les enfants de Cobb, la relation de Cobb avec son père... A partir du moment où il s'engage dans une voie qu'il ne cherche pas réellement à exploiter. Je ne trouve pas que ça soit une marque de fabrique, juste un manque de talent dans cette dimension là du cinéma.


Ezactement, il essaye de créer du mélo...et vas y que cela ralenti l'action... il pouvait avoir un bon film d'action péchu avec une idée pas bête... et c'est finalement assez pénible à mon goût ça manque parfois de ryhtme... et déjà que le début est pénible....
Mirmo dit:Bah moi ça me dérange à partir du moment où Nolan essaye justement de créér du mélo


Pareil. Nolan est un cinéaste cérébral. Très bien, je n'ai aucun problème avec ça. Au contraire, ça fait partie de son style. Par contre, qu'il n'essaie de pas de nous vendre une romance à deux balles. Du point de vue de la logique du scénario, la relation que Cobb entretient avec Mall est tout à fait indispensable. Mais elle est très mal écrite. Par exemple, le climax ne fonctionne pas du tout. Or, pour que cela reste cohérent avec le propos du film, il aurait fallu que ça fonctionne. Et pas qu'un peu.
MOz dit:
Mirmo dit:Bah moi ça me dérange à partir du moment où Nolan essaye justement de créér du mélo

Pareil. Nolan est un cinéaste cérébral. Très bien, je n'ai aucun problème avec ça. Au contraire, ça fait partie de son style. Par contre, qu'il n'essaie de pas de nous vendre une romance à deux balles. Du point de vue de la logique du scénario, la relation que Cobb entretient avec Mall est tout à fait indispensable. Mais elle est très mal écrite. Par exemple, le climax ne fonctionne pas du tout. Or, pour que cela reste cohérent avec le propos du film, il aurait fallu que ça fonctionne. Et pas qu'un peu.


Je pense précisément pareil :pouicintello:

Plus on cherche à me proposer des choses, et plus mon niveau d'exigence augmente :mrgreen:

Inception raffole de bonnes idées mais reste pollué par des éléments que Nolan ne sait pas amener ni gérer. Le film aurait pu être un excellent film d'action de 2H mais à trop vouloir en faire, il se prend les pieds dans le tapis.
Mirmo dit:Le film aurait pu être un excellent film d'action de 2H


Pas convaincu. Je trouve la plupart des scènes d'action assez mauvaises. Particulièrement le gunfight du niveau -1 et tout ce qui se passe dans le niveau -3. A la limite, la seule scène qui tient la route, c'est la course-poursuite de Mombasa. Et encore, elle repose beaucoup sur la musique de Zimmer et sur un plagiat des Bourne de Greengrass.

Sur la question de savoir si l’inception est bien une métaphore du cinéma ou pas, je suis tombé sur cette émission de La Minute d’Allociné (dès le début de la vidéo). On y entend Nolan répondre par l’affirmative en faisant justement référence aux films de braquage. :pouicintello:

MOz dit: Du point de vue de la logique du scénario, la relation que Cobb entretient avec Mall est tout à fait indispensable. Mais elle est très mal écrite. Par exemple, le climax ne fonctionne pas du tout. Or, pour que cela reste cohérent avec le propos du film, il aurait fallu que ça fonctionne. Et pas qu'un peu.


C'est mon principal regret sur ce film. Cette scène aurait dû être fabuleuse. En l'etat elle a juste le mérite d'être là...A trop vouloir jouer avec la réalité, Nolan a créé une relation amoureuse complètement abstraite!
dardar dit:
MOz dit: Du point de vue de la logique du scénario, la relation que Cobb entretient avec Mall est tout à fait indispensable. Mais elle est très mal écrite. Par exemple, le climax ne fonctionne pas du tout. Or, pour que cela reste cohérent avec le propos du film, il aurait fallu que ça fonctionne. Et pas qu'un peu.

C'est mon principal regret sur ce film. Cette scène aurait dû être fabuleuse. En l'etat elle a juste le mérite d'être là...A trop vouloir jouer avec la réalité, Nolan a créé une relation amoureuse complètement abstraite!


Oui mais à partir du moment où il écrit la relation Mall/Cobb, il se devait alors d'écrire le rapport de Cobb aux autres personnages et les motivations de ceux-ci à les suivre dans cette "aventure" risquée...

Je viens de lire une interprétation du film.
Je vous la soumets même si je me doute que personne ne changera d’avis malgré ça :


J’ai vu le film une première fois, j’ai cogité, cherché quelques pistes sur des forums. J’ai notamment trouvé sur un forum l’information selon laquelle l’alliance de Cobb est son totem. Cette info là, jamais je ne l’aurais trouvée tout seul. Peu à peu, une théorie s’est imposée à moi. Quelques jours plus tard, j’ai visionné le film une seconde fois et ce que j’avais imaginé s’est confirmé au cours de cette séance. Je me suis dit: “Ca y est, mon petit, tu tiens le bon bout. Il doit bien rester des éléments qui te manquent mais pour l’essentiel, tu as capté.” Quelques jours encore se sont écoulés et j’ai farfouillé à nouveau sur ces forums. A ce moment, stupeur: nulle part je ne retrouvais ma théorie. Il faut reconnaître que je n’ai pas tant cherché que ça. Est-ce que j’ai raison contre tous, est-ce que je suis complètement à l’ouest? Je vais vous décrire cette théorie et vous en jugerez par vous même. Je ne prétend pas avoir réponse à tout mais je suis plutôt confiant dans les grandes lignes. Dans mon interprétation de ce film, je considère que tout se tient et qu’à aucun moment on ne cherche à nous mentir. Plutôt que de faire une sorte de cours péremptoire ou un jeu de questions-réponses, je vais vous décrire au fil de l’eau le cheminement de ma réflexion. Vous verrez par vous même qu’elle n’a rien de complexe ou d’original et peut-être vous étonnerez-vous, comme moi, de ne pas la voir fleurir un peu partout sur le net.
Plutôt que de me focaliser sur les détails pour ensuite dégager des tendances, j’ai pris le parti de commencer large pour ensuite descendre dans les détails. Notre aventure commence face à une page blanche. Vous êtes scénariste du film, vous avez eu cette idée géniale de l’inception: braquer l’esprit d’autrui pour y insérer une idée. Le moment est maintenant venu de construire une histoire autour de ça. Commençons par les personnages si vous le voulez bien. Il y aura des personnages principaux que vous détaillerez avec soin et des personnages secondaires sur lesquels vous raconterez moins de choses afin de ne pas noyer le public. Puisque la scène de crime est l’esprit d’un personnage, commençons par détailler celui là et n’ayons pas peur d’y mettre beaucoup de choses, ca permettra ensuite de construire toutes sortes de rebondissements. Ca ne vous semble pas logique? Détailler en priorité la cible plutôt que le praticien?
Si nous confrontons ça au scénario final du film, une bizarrerie saute immédiatement aux yeux: le personnage de Ficher est incroyablement fade. La relation avec son père est d’une extrême simplicité. Sa contribution aux rebondissements du film est quasi nulle. Certes, son esprit est entrainé à débusquer les intrusions mais cet élément là est nécessaire afin de justifier les scènes d’action. En dehors de ça, Fisher n’oppose aucune résistance à son inception. On dirait même qu’il se laisse faire. A mon avis, le personnage de Fisher et l’inception de Fisher en général n’intéressent pas beaucoup les scénaristes. C’est au mieux un prétexte pour décrire au public le principe d’une inception, au pire un leurre pour détourner son attention.
Un autre personnage est au contraire très détaille, il s’agit de Cobb. La quasi-totalité des rebondissements du scénario est provoquée par ses projections. On entre régulièrement dans sa tête, on la parcourt en long et en large pour finir par bien la connaître: la maison de poupée, le train, le couteau, la chambre d’hôtel avec un rideau qui flottent dans la fenêtre, les enfants dans le jardin. L’enjeu de ce film, le véritable enjeu, c’est le deuil de Cobb. Tant qu’il n’a pas fait son deuil, des catastrophes surgissent de toute part. Dès qu’il l’a fait, tout va bien pour tout le monde. On a donc une histoire de braqueurs d’esprit dont l’enjeu véritable est l’évolution mentale d’un personnage. Vous commencez à voir où on arrive? Le personnage important à détailler est bien la cible: Cobb est la cible.
Avant de discuter de l’inception de Cobb, parlons un peu des leurres mis en place par le scénariste pour nous dérouter et nous empêcher de saisir cette évidence.
Le premier leurre, c’est le doute de la réalité. Afin de masquer la principale question “Cobb est-il victime d’une inception?”, le scénariste l’a cachée derrière une autre question: “Cobb est-il prisonnier d’un rêve à la toute fin?”. Je n’hésite pas à le dire: en insérant le doute sur la réalité de la dernière scène dans l’esprit du spectateur, le scénariste pratique une inception sur lui. Comme vous, je me suis laissé envahir par cette idée. Cette inception, comme toutes les inceptions, est réalisée en plusieurs étapes. Une première étape consiste à introduire et à porter l’accent sur les totems. Cobb joue sans cesse avec sa toupie et la regarde d’un air inquiet comme s’il craignait constamment de se perdre dans un rêve. Une deuxième étape consiste à nous montrer que Mel et Saito, une fois dans les limbes, éprouvent des difficultés à les distinguer de la réalité. “Tant que l’on rêve, tout ça parait vrai. Ce n’est que lorsqu’on se réveille que l’on s’aperçoit des incohérences.” Une troisième étape a lieu dans les limbes lors du face à face entre Cobb et Mel. Afin de le convaincre de rester dans les limbes, elle met en doute la réalité de ce qui est considéré par Cobb comme le monde réel et elle avance un argument extrêmement frappant: dans le monde réel, Cobb est poursuivi par “des multinationales anonymes” et par la police exactement comme le rêveur est agressé par les projections des personnes qui entrent dans son rêve. Au cours de ces différentes étapes, le scénariste nous prépare au moment final où nous aurons les yeux rivés sur la toupie, qui vacille, se rétablit, vacille à nouveau et soudain, le générique coupe court à l’expérience. A cet instant, en tant que spectateur, nous avons été programmés pour douter et en bonne victime d’une inception, nous doutons et cherchons des réponses sur ce point précis, perdant totalement de vue l’autre question, celle qui compte.
Le génie de cette méthode est d’avoir semé des indices suffisamment sujets à interprétation pour alimenter la polémique rêve/réalité indéfiniment. Certains éléments me poussent, moi, à penser que Cobb est bien de retour dans la réalité et que toute cette polémique n’est qu’un écran de fumée. Les deux arguments forts allant dans le sens de la thèse de la réalité, vous les connaissez. D’une part, il y a le changement d’acteurs: les enfants des souvenirs sont joués par des acteurs plus jeunes que ceux de la scène finale. Inutile de chercher à me convaincre que cet argument est sujet à interprétation, comme je l’ai dit plus haut, j’en suis déjà convaincu. D’autre part, il y a la bague de Cobb. Je n’ai pas trouvé ça tout seul, j’ai trouvé l’info sur le net. J’ai vu le film la deuxième fois en connaissant cette histoire de bague et je tire mon chapeau à celui ou celle qui l’a trouvée. J’ai trouvé ça extrêmement difficile à voir et à suivre: lorsque Cobb est dans les rêves, il a une alliance, lorsqu’il est dans la réalité, il n’en a pas.
Détaillons un peu la dernière scène qui, a mon avis, est très représentative du style du scénariste. Respirez un coup et essayez de vous remettre dans l’ambiance. On est à l’issue d’un trépidant voyage et Cobb remet enfin les pieds chez lui. Il s’avance près de la table et lance la toupie. Il retire sa main et la laisse trainer un instant sur le dossier de la chaise. La toupie est le leurre, destinée à attirer le regard. L’information est sur la main: il n’y a pas de bague mais notre regard est inexorablement attiré par la toupie. Le plan change. On voit désormais le jardin par la fenêtre et les enfants jouent dehors mais la toupie est toujours dans le plan afin de nous déconcentrer. A ce moment là, l’information est à la porte fenêtre: les acteurs qui jouent les enfants sont plus agés. On entend leur voix et la seule autre fois où on l’a entendue, c’était au téléphone dans la réalité. On voit pour la toute première fois leur visage. L’un des traumatismes de Cobb, on le sait, est d’avoir laissé passer le moment où il pouvait voir leur visage une dernière fois. A cause de son sentiment de culpabilité, il s’est condamné à vivre encore et encore cette scène où qu’il rêve. Le fait qu’il puise voir leur visage, les atteindre, les toucher est une franche rupture par rapport à tout ce que l’on a vu jusqu’à présent. Je considère également que l’utilisation de la toupie comme leurre pour masquer ces éléments renforce leur valeur. Voilà pourquoi il ne me semble pas envisageable qu’il soit toujours dans un rêve. Je vous donnerait plus loin dans cet article une autre raison qui me conforte dans cette interprétation.
Un peu plus haut, nous parlions de l’inception de Cobb et des leurres destinés à nous empêcher de la voir. La polémique rêve/réalité est un de ces leurres. L’autre leurre, c’est l’identification au personnage d’Ariane.
Très souvent, lorsqu’un scénariste souhaite décrire dans le détail une situation à ses spectateurs, il fait entrer un personnage qui ignore tout de cette situation. Les spectateurs peuvent cheminer à ses côtés alors qu’il se la fait décrire par les différents personnages qu’il rencontre. Dans le film Inception, ce personnage est évidemment joué par Ariane. Au fur et à mesure que l’on découvre les principes de l’inception, on s’identifie à elle et sa curiosité reflète notre curiosité. Au départ, il n’est pas question qu’elle participe à l’inception de Fisher et, lorsque qu’elle manifeste son désir d’être présente et s’assure d’avoir une place, on n’y voit toujours que le reflet de notre désir de connaître la suite. On finit par voir Ariane comme l’une des nôtres, spectatrice comme nous de l’opération en train de se monter. Cette identification nous empêche de voir ce qu’Ariane est véritablement en train de faire. Sous son enthousiasme et sa curiosité se cache un plan: celui de soigner Cobb de sa culpabilité.
Je me suis demandé, et cette question vous vient certainement aussi, si Ariane était seule dans le coup ou si d’autres qu’elle y participent. Miles, le prof d’Ariane, dit explicitement à Cobb qu’il souhaite voir ce dernier renoncer aux rêves et renouer avec la réalité. Il est logique de le suspecter d’avoir choisi Ariane pour cette mission. En y regardant bien, je n’ai rien vu qui accrédite cette théorie. Considérant que ce qui n’est pas dans le film n’existe pas, je considère que Miles n’est pas dans le coup. L’autre suspect privilégié, c’est Arthur. Ariane et lui sont très complices, elle lui fait part de son inquiétude au sujet de Cobb, il lui vole un baiser. Là encore je n’ai rien vu qui puisse formellement impliquer Arthur mais je reconnais que la suspicion est légitime. Pour moi, Ariane agit seule et décide de faire son coup au moment où elle sort du rêve de Cobb, vous savez, celui avec l’ascenseur, celui où elle s’aperçoit que l’étendue des dégâts dans l’esprit de Cobb. Avant ce rêve, jamais elle n’a manifesté le désir de participer à l’opération. Dès la sortie de ce rêve, elle insiste pour en être.
L’autre question qui vient immédiatement, c’est le mobile. Pourquoi Ariane fait-elle ça? Lorsque Cobb lui lance un regard interrogateur après l’une de ses diatribe, elle lui dit la chose suivante: “C’est pour les autres que je fais ça, ils n’ont aucune idée des risques qu’ils courent.” Je restitue ces citations de tête et implore votre indulgence pour les inexactitudes qui s’y glisseront forcément. Je vous invite également à m’indiquer les citations exactes si vous les connaissez. Ariane affirme le faire pour les autres. Peut-être est-ce vrai, peut-être cherche-t-elle à détourner l’attention de Cobb. De nombreuses autres raisons peuvent nous venir à l’esprit: l’affection pour Cobb, le goût de la justice ou du challenge, un bon fond. La raison qui me semble, personnellement, la plus probable, c’est curieusement l’esprit créatif. En effet, lors de son premier rêve partagé avec Cobb, Ariane se fait assassiner par Mel et décide immédiatement de fuir l’atelier. De retour un peu plus tard, elle s’explique: si elle est là c’est à cause de l’irrésistible attraction que suscite chez elle ce moyen de “pure création”. Et quelle plus belle création qu’une idée dans la tête d’un autre? Et puis, dans ce célèbre mythe avec un labyrinthe, Ariane n’est-elle pas celle qui aide le héros ou tente de le faire?
Voilà déjà quelques instant que vous me lisez et nous arrivons seulement à la partie vraiment intéressante: comment Ariane s’y prend-elle? Cette partie est cruciale car pour l’instant, même si je vous ai indiqué à plusieurs reprise ma conviction que Cobb est victime d’une inception, jamais je ne l’ai prouvé. C’est maintenant que vous allez faire la part des choses: est-ce que c’est moi qui suis à côté de la plaque ou vous qui avez manqué l’élément principal de l’histoire? Dans cette partie, plutôt que d’y aller par questions, je vais simplement lire le film dans l’ordre en commentant lorsqu’il y a lieu de le faire.
Restez concentrés et mettons-nous en situation. L’opération contre Fisher a commencé. Nous sommes dans le premier niveau de rêve et il pleut des cordes. On est juste après la scène d’interrogatoire où Fisher prononce pour la première fois ce code que Eames reproduira ensuite sur une serviette et dans le coffre. Ariane reproche discrètement à Cobb les risques qu’il fait courir à l’équipe. On l’a déjà vue affirmer que ce qui tourmente Cobb met la mission en danger et ses inquiétudes semblent se confirmer. Peu après l’arrivé dans le rêve, un train issu de l’esprit de Cobb a débarqué en pleine circulation. Parlant de Mel, elle réprimande Cobb: “Ce sont tes remords qui lui donnent sa force. Il va falloir que tu te pardonnes et que tu aies une explication avec elle.” Rappelez-vous, les inceptions, ca se fait par petites touches: une phrase par ci, une phrase par là. Le spectateur n’a pas le temps de méditer sur ces mots car l’action reprend immédiatement.
On descend d’un niveau: l’hôtel. Ici, Ariane est avec Arthur, Cobb avec Fisher. Elle ne lance aucune petite phrase. Cobb aperçoit la projection de ses enfants, le rideau de la chambre d’où il a assisté au suicide de Mel.
Troisième niveau, la forteresse dans la neige que les héros appellent également l’hôpital. Les protagonistes se séparent en petits groupes, Ariane est avec Cobb. Ils s’installent dans la tour sud. Cobb a un fusil, Ariane est penchée sur son épaule. Dans la pièce en contrebas, Mel surgit et menace Fisher. Cobb l’a dans sa ligne de mire mais il hésite. Ariane passe à l’action: “Mel n’est pas réelle, c’est juste une projection. Fisher, lui, est réel.” Cobb tire, trop tard. Mel et Fisher s’effondrent. Alors que les membres de l’équipe ayant atteint ce niveau se regroupent, Cobb perd confiance. A cet instant, Ariane devient force de proposition. Rappelez-vous de votre surprise lorsqu’Ariane expose son plan. Pourquoi avez-vous été surpris? Moi, j’ai été surpris parce que je la voyais encore comme spectatrice de la mission, pas actrice. A cet instant, il est indéniable que Ariane est parfaitement à l’aise dans cet univers onirique. Et sa crainte de descendre plus bas dans les rêves et donc plus bas dans l’esprit de Cobb a disparu. Ariane a préparé le terrain, elle sait que Cobb est aussi prêt que possible. Juste avant de passer dans les limbes, elle lui met une dernière couche pour la route: “Je dois être sûre que tu feras ce qu’il faut.”
Bienvenue dans les limbes. Cobb raconte encore un peu son histoire avant de tomber sur Mel pour la confrontation finale. Ce dialogue entre Mel et Cobb est le point culminant du film. Le moment où, plus tard, Fisher ouvre le coffre de son père, trouve le moulin de sa photo d’enfance et éclate en sanglots et tout à fait quelconque en comparaison. Ici, il est question de rancœur, de remords, de culpabilité. Mel a un couteau.
Comme dans le cas de Fisher, au dernier niveau, la cible fait face à son propre subconscient. Ariane a déposé les embryons nécessaires à l’inception de Cobb, elle reste en retrait et observe le résultat. L’échange entre Cobb et Mel commence mal. Mel est agressive, elle veut retenir Cobb dans les limbes. Deux phrases au cours de cet échange permettent à Cobb de prendre le dessus. Chacune de ces phrases fait écho aux citations d’Ariane que nous avons relevées plus haut.
Mel met en doute la réalité du monde que nous considérons comme réel. Cobb rétorque: “Je sais ce qui est réel”. Ariane avait dit: “Mel n’est pas réelle […] Fisher, lui, est réel.”
Mel objecte que ce n’est pas ce que l’on sait qui compte mais ce que l’on ressent.
- Qu’est-ce que tu ressens?
- Des remords.
Ariane avait dit: “Ce sont tes remords qui lui donnent sa force. Il va falloir que tu te pardonnes et que tu aies une explication avec elle.” Cobb a déjà commencé à évoluer. Il reconnais son sentiment de culpabilité: c’est lui qui est à l’origine de l’idée qui a tué Mel. Cette dernière est affaiblie par l’aveu. Cobb la dupe et permet à Ariane de récupérer Fisher.
La prise de conscience de Cobb continue:
- Je suis incapable de te recréer dans toute ta perfection, toute ton imperfection.
“Mel n’est pas réelle, c’est juste une projection”
Enfin, Cobb énonce de lui même l’idée qu’Ariane a fait germer en lui:
- Je dois renoncer à toi.
Afin de pouvoir conclure cette scène par un apaisement qui durera jusqu’à la fin du film, le réalisateur a pris soin de placer la scène d’action correspondant au réveil des membres de l’équipe avant cette dernière prise de conscience. Une fois Cobb apaisé, le film l’est tout autant et se déroule sans heurt jusqu’à la scène finale.
L’objectif, le vrai objectif, celui d’apaiser Cobb est atteint. Notre héros, victorieux, rentre chez lui où l’attend la récompense de ses efforts: les retrouvailles avec sa famille. A cet instant, aucune raison rationnelle ne pourrait justifier l’injustice de le garder prisonnier dans les limbes. Il est de retour dans la réalité.
Une idée peut tuer.
Une idée peut soigner.
Happy end.

Molmo dit:Je viens de lire une interprétation du film.
Je vous la soumets même si je me doute que personne ne changera d'avis malgré ça :
[...]J'ai trouvé ça extrêmement difficile à voir et à suivre: lorsque Cobb est dans les rêves, il a une alliance, lorsqu'il est dans la réalité, il n'en a pas.[...]

Sauf qu'un totem ne sert qu'à savoir si on est dans le rêve d'un autre ou pas, et non pas à savoir si on est dans la réalité ou pas.

Je crois que Rody (que je trouve extrêmement patient :pouiclove:) et plusieurs autres personnes ayant aimé le film ( les autres n'y voyant qu'un fatras d'incohérences --> ;) <-- ), ont dit, redit et répété jusqu'à l'indigestion qu'il n'y a pas qu'une seule interprétation possible, mais plusieurs.
Nonobstant quelques petites erreurs, celle que propose la personne que tu cites me va aussi, de toutes façons je ne suis pas objectif, je dois m'être perdu dans les limbes, et je ne compte plus les fois où je l'ai revu, 10 ou 15 .... et pas toutes au cinoche pour donner des "sousous" à nolan, sinon je serais redevenu sans-logis :mrgreen:
Molmo dit:Je viens de lire une interprétation du film.
Je vous la soumets même si je me doute que personne ne changera d'avis malgré ça ...


Elle est pas mal cette interpretation...mais elle n'a rien d'originale. Je me demande comment l'auteur a fait pour ne trouver aucun post parlant d'une possible inception sur cobb...

Bref je trouve que c'est beaucoup d'analyse pour pas grand chose, ce qui ne fait que confirmer mon impression sur ce film. :pouicintello:
kaklou dit:Sauf qu'un totem ne sert qu'à savoir si on est dans le rêve d'un autre ou pas, et non pas à savoir si on est dans la réalité ou pas.

Exactement ! La plupart des gens avec qui j'en ai discuté ont compris ce point de travers.

Et à ce titre, les totems d'Arthur et d'Arianne n'ont pas la même valeur de testabilité que celui de Cobb. En effet, si le dé ou le fou se comportent comme des objets ordinaires, Arthur et Arianne peuvent avec 100% de fiabilité en déduire qu'ils sont dans le rêve d'un autre. En revanche, si la toupie se comporte comme une toupie ordinaire, Cobb doit-il en déduire qu'il est dans le rêve d'un autre ou dans la réalité ? C'est indécidable !

Bien évidemment, ce n'est pas une maladresse de scénario :wink:
Ted Lapinus & Phoenix dit:Bien évidemment, ce n'est pas une maladresse de scénario :wink:


Par conséquent, Cobb, le meilleur extracteur du monde, aurait choisi en toute conscience un totem foireux ?

Sinon, Michael Caine a donne la reponse lors d’une interview, ca tient en une phrase.

:arrow: clic

A

L’alliance de cobb n’est pas foireuse, elle lui indique avec fidélité lorsqu’il est dans le rêve d’un autre ou pas.

A dit:Sinon, Michael Caine a donne la réponse lors d’une interview, ca tient en une phrase.[…]

cain : “it’s real, because I’m never in the dream.”

Réponse qui est manifestement en contradiction avec une de ses répliques du film :

- Cain : What are you doing here dom ?
- DiCaprio : I think I’ve found a way home, it’s a job for some very, very powerful people, people who I believe can fix my charges permanently. But I need your help.
- Cain : you’re here to corrupt one of my brightest, the best.
- DiCaprio : You know what I’m offering, you have to let them decide …
- Cain : Money ?
- DiCaprio : Not just money, you remember, it’s the chance to build cathedrals, entire cities that have never existed, things that couldn’t exist in the real world.
- Cain: so you want me to let someone else follow you into your fantasy.
- DiCaprio : They don’t have to actually come into the dream, they just design the levels and teach it to the dreamers, that’s all.
- Cain : design it yourself.


- DiCaprio : Mal, won’t let me.
- Cain : Come back to reality dom ! please !


- Dicaprio : Reality ? those kids, your grand children, they’re waiting for their father to come back, that’s their reality, and this job,
this last job, that’s how I get there. I would not be standing here if I knew any other way. I need an architect who is good as I was.
- Cain : I’ve got somebody better !


Réplique qui sous-entend qu’à ce moment précis, soit cain et dicaprio sont dans un rêve, soit que dicaprio est totalement fou, puisqu’il ne sait plus faire la différence entre rêve et réalité, et dans les deux cas il est impossible de résoudre l’ambigüité de la scène finale.

Ou alors … j’ai raté un truc et je dois le revoir … :pouicboulet:
Où ai-je mis mon sig sauer ?

kaklou dit:L'alliance de cobb n'est pas foireuse, elle lui indique avec fidélité lorsqu'il est dans le rêve d'un autre ou pas.


La logique voudrait qu'un autre que Cobb rêverait d'une toupie normale, c'est-à-dire d'une toupie qui se comporterait comme dans la réalité.

En tant que totem, l’alliance pose le même problème que la toupie. Si Cobb n’a pas son alliance, que peut-il en déduire ? Soit il est dans la réalité, soit il est dans le rêve d’un autre. C’est tout aussi indécidable que le test de la toupie.

MOz dit:Par conséquent, Cobb, le meilleur extracteur du monde, aurait choisi en toute conscience un totem foireux ?

Oui.

Alliance comme toupie sont des objets avant tout affectifs, et qui lui permettent de savoir avec 100% de fiabilité lorsqu'il se trouve dans son propre rêve ou non.
Alors effectivement, dans le cas particulier où le résultat du test lui indique qu'il ne se trouve pas dans son propre rêve (toupie qui tombe ou alliance absente), il n'a aucun moyen de distinguer entre réalité et le rêve d'un autre. Mais il s'en fout ! De toutes manières, il se comportera exactement de la même manière dans les deux cas. Pour lui, ce sont deux types d'environnements hostiles dont il se protège avec les mêmes mécanismes de défense. Le film montre bien qu'il cherche la solution à ses problèmes dans ses propres rêves.

C'est au fond l'histoire d'un gars qui apprend comment accepter à revenir dans la réalité. Bon, effectivement, s'il envisage de continuer sa carrière d'extracteur, il lui faudra absolument trouver un meilleur totem :wink: