Tout ce dont tu parles (acquisition de licence, promotion …), c’est du boulo d’éditeur, pas d’auteur. En tant qu’éditeur, c’est très rentable. En tant qu’auteur, moi je pense que ça ne change rien. Et donc, je pense que si Fred avait juste fait ça pour se faire de l’argent, il aurait mis sa casquette d’éditeur, mais pas celle d’auteur. Il n’aurait pas gagné de droit d’auteurs dessus, mais les droits d’auteur c’est rien par rapport aux gain de l’éditeur. Et le travail de l’auteur, c’est pas rien.
En fait rien de ce que tu dis n’est en contradiction que l’auteur a pensé faire un bon jeu.
Et a priori si l’auteur s’est fadé plus de 500 parties de son propre jeu, je dirais qu’il l’aime suffisamment et qu’il le trouve suffisamment bon, et qu’il croit suffisamment dans les qualités du jeu pour aller le défendre.
Vraiment on ne peut pas appliquer un regard cynique à tout, en toute circonstance.
Il me semble d’ailleurs que les thèmes des jeux sont souvent du fait des éditeurs plus que des auteurs.
Je serai plutôt choqué par une autre problématique qui est le fait que les éditeurs/auteurs lancent des jeux sur le marché en sachant parfaitement que ceux-ci sont moyens (à leurs yeux du moins). LePionfesseur en parlait sur Twitter ce matin.
Il citait ce passage d’un article posté sur Philibert à propos de Courtisans :
“En ouvrant la boîte de Courtisans, le jeu brille, et ce n’est rien de le dire, par l’originalité de son matériel. Ainsi, les joueurs pourront prendre plaisir à jouer ou contempler le très beau tapis de style “médiéval” et les sublimes cartes brillantes. Interrogé sur ce choix, Clément, chef de projet sur Courtisans, nous confiait que lors de l’édition du jeu, il n’avait pas rencontré de difficulté particulière, si ce n’est de rendre le jeu original :
“Je me suis rapidement dit que, comme le jeu ne brillait pas par son originalité, il allait falloir probablement faire passer plus de choses par l’édition. L’idée était de partir sur un très bel objet qu’on pourrait vouloir acheter juste pour l’exposer, même sans y jouer. Un peu comme on peut le faire avec un jeu de tarot”.”
C’est quand même fou cette inversion proportionnelle entre les revenus respectifs auteurs/éditeurs et leurs boulots respectifs… l’éditeur n’existerait sans doute pas sans les auteurs…
Un peu comme les agriculteurs et les grandes surfaces
Heu… l’éditeur a quand même une boîte à faire tourner, des salaires et des fournisseurs et des charges et des impôts à payer… il prend un risque financier en finançant la production quand l’auteur n’en prend aucun. L’éditeur, c’est une entreprise, pas un individu.
Et je ne prend pas beaucoup de risque en disant que Days of Wonder donne beaucoup plus d’argent tout les ans à Alan R Moon qu’à n’importe lequel de ses salariés PDG compris si c’était toujours une boîte indépendante.
Rien à voir avec la grande distribution et l’agriculteur.
La grande distribution a certes des salaires des charges etc… mais elle ne prend aucun risque financier sur le produit vendu, c’est même pire, généralement elle paye l’agriculteur après avoir elle même vendu le produit ! Quand tu achète un pack de lait chez carrefour, carrefour ne l’a pas encore payé au producteur.
De plus, l’agriculteur est lui aussi une entreprise qui n’a pas que son propre revenu à financer, mais aussi d’autre salaires, des charges, des impôts etc. Et qui doit, lui, financer la production.
“jeu qui ne brille pas par son originalité” = mauvais jeu
Avec des raccourcis intellectuels aussi malhonnêtes, ce cuistre de Pionfesseur est mûr pour bosser sur CNews.
Quand à savoir si Courtisans manque d’originalité, je suis bien incapable de citer un jeu qui s’appuie sur le même principe. Il n’en demeure pas moins que j’ai beaucoup de plaisir à y jouer, et c’est probablement le titre que me réclament le plus mes enfants depuis 2 mois.
Le jeu ne brille pas par son originalité d’après l’équipe qui bosse dessus donc… On essaie d’en faire un objet que l’on aurait envie d’exposer sans y jouer plutôt que de repousser la sortie et de le repenser. C’est l’avis de l’équipe créatrice et je trouve ça dramatique. Cela veut dire que sortir un jeu moyen aux yeux des leurs auteurs est plus important que de réfléchir à comment l’améliorer.
Cela ne veut pas dire que pour les joueurs, ce ne sera pas un bon jeu. Chez moi aussi il sort très bien. Le jeu est apprécié.
Ce qui est problématique c’est les propos tenus par ceux qui ont fait le jeu.
Je pense qu’à l’avenir, sortir des jeux “moyens” ou des clônes qui vont s’empiler en magasin pour être chassés par d’autres au bout de 15j, ou n’avoir aucune visibilité du fait qu’ils sont noyés dans la masse des kickstarters, sera de moins en moins rentable, si ce n’est déjà le cas. On pourrait assister à une crise du secteur, surtout vu l’explosion des couts de production, transport… Si l’on regarde du côté de certains éditeurs récents: Nuts, Shakos, Sound of Drums: on est clairement dans une volonté de produire du qualitatif et de l’original, en dépoussiérant le wargame sur carte/plateau. Worthington est un peu sur le même créneau, mais avec des systèmes peut-être un poil moins léchés. Si je prends Academy Games, leur volonté est clairement de passer beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps sur le développement d’un jeu, pour qu’une fois sorti, il se vende longtemps. Et il y a aussi la volonté j’ai l’impression de produire des “séries” pour pérenniser des gammes, mais pas dans le sens on sort 50 000 extensions, avec un prix d’entrée toujours plus élevé, mais plutôt faire vivre un système qui a fait ses preuves et qui plait en proposant, par ex pour le wargame, d’autres théâtres d’opération. Je pense que l’avenir est vraiment à chercher, pour les petits éditeurs, entre le mass market, et l’éditeur hyper spécialisé qui produit des jeux avec des visuels des années 70 (qui fonctionnent encore sur certains créneau, mais avec un public plus âgé et sans perspective de renouvellement).
Cette remarque d’un des développeurs de CatchUp est effectivement assez maladroite.
Pourtant, vu la qualité de leur production depuis plusieurs années, on ne peut pas leur reprocher de sortir de mauvais jeux.
Du point de vue de l’éditeur, la difficulté consiste à donner du caractère à ce qui pourrait être considéré comme un simple jeu de carte parmi d’autres. C’est probablement sur ce point qu’on pourrait parler de manque d’originalité.
Pour avoir pas mal écouté les interviews des responsables de CatchUp, je n’imagine pas un instant qu’ils aient pu envisager de se dire :
“Ok, c’est pas ouf, on va coller des illustrations qui défoncent et mettre un joli napperon qu’il faudra passer au fer à repasser pour éviter qu’il rebique, et on va en vendre des camions”
Sortir un mauvais jeu quand tu crois en ta production, c’est noble.
Sortir un jeu que tu estimes moyen mais que tu masques sous des artifices est alarmant.
C’est possible. Et on en revient à ce que tu as dit au dessus, c’est maladroit.
Et en même temps, ça reste aussi décevant parce qu’ils sont partis sur la facilité avec mes artifices et les illustrations (forme) plutôt que de revoir le fond.
Peut-être, mais l’interview ci-dessus dit autre chose.
Mais encore une fois, le jeu n’est pas mauvais au contraire. Il est apprécié même par moi.
Je suis juste dérangé par ce type de déclaration et ce cheminement de pensée chez une personne censée faire un bon jeu et qui, estimant que ce n’est pas le cas, essaie de faire un bon produit.
Je trouve les réactions un peu disproportionnées. Vous trouvez que Ark Nova est original vous ? Moi non, et ça ne l’empêche pas d’être un bon jeu. En ce moment, j’enchaîne les parties de Harmonies comme ça ne m’était pas arrivé depuis des années, pourtant le jeu n’a rien de révolutionnaire.
Un marché engorgé de jeux identiques n’est pas très intéressant, mais l’originalité n’est pas le seul critère à prendre en compte non plus.
Vous avez un éditeur qui assume et explique une position que tous les éditeurs ont, d’où l’existence de ce sujet, et vous le bâchez. C’est pas très cool.
Je ne sais pas si tu t’adresses à moi et au post à propos de Courtisans ou au reste du sujet. Je vais juste répondre pour moi dans le doute.
Il n’y a aucun bashing dans mon cas. Le soit disant manque d’originalité ne me pose pas de souci. Ce qui me peine c’est surtout qu’on sorte un jeu qu’on (auteurs/éditeurs) estime “manquant d’originalité” (il y a une sorte de réserve émise par l’équipe créatrice) et que pour faire passer cela on le masque sous des artifices. C’est vraiment ce combo qui me dérange.
Pour ce qui est du podcast je n’ai pas encore écouté. J’attaque aujourd’hui.
Pas sûr que Plan B ait trouvé le proto d’Azul original, ou que Libellud ait fondu devant l’originalité d’Harmonies, en effet.
Mais ils en ont fait à chaque fois des titres plein de caractère.
Honnêtement, qu’un éditeur se dise :
“Ok, c’est pas le proto le plus original du monde, mais c’est un excellent jeu, et il mérite d’être édité”
ça me pose aucun problème.
J’ai du écouter les mêmes interviews et je suis globalement d’accord avec ce que tu dis. Faire la différence avec un énième jeu de carte surtout que les sorties actuelles sont très nombreuses dans ce petit jeu !
Pour être en train d’écouter le podcast, en effet, on a déjà entendu tout ce qui a été dit j’ai l’impression.
Juste ce qui m’a marqué sur le début de cette écoute : c’est tout le passage sur la pile de la honte.
Je connais pas mal de joueurs, je ne connais personne qui a cette fameuse pile de jeux. Tout le monde est trop content de sortir sa petite nouveauté.
Par contre sur le fait que les jeux soient très peu joués ça clairement oui il doit y en avoir et je suis le premier a être frustré de ne pas sortir mes boîtes. Je trouve que ma ludothèque d’une cinquantaine de jeux est déjà trop importante. Après mon approche est très micro et je n’ai pas cette vision d’ensemble.
Effectivement. Le problème est beaucoup plus profond, je suis d’accord
Sinon je suis d’accord avec Serge, il va falloir lâcher du mou sur les déclarations et éviter de considérer que “manque d’originalité” = “mauvais” hein.
La blanquette de veau, ça manque d’originalité par exemple. Une soirée relax au coin du feu aussi. La coinche, pareil.
Je ne pense pas que le public du jds font un agrégat « pas original = mauvais ».
Il y a plein d’avis, de remarques, d’interventions sur le thème « ça manque d’originalité mais c’est bon ».
Par contre, un truc qui manque d’originalité et qui est médiocre, ça passe mal.