De l'explication des règles

"C’est comment chez vous l’explication de règles ? Est-ce votre talent caché ? Ou une épreuve difficile ?"

Bon, peut être parce qu’on aime bien faire le prof, le sujet a vrillé sur un banal “comment bien expliquer les règles d’un jeu”, sujet qui a surement maintes fois été débattu ici. Intéressant, mais dommage quand même …

C’est très bien d’avoir eu le fonctionnement de chacun que l’explication des règles. La façon de faire de chacun.

Effectivement je m’attendais à un sujet plus orienté sur le ressenti de chacun, les épreuves, le plaisir, etc autour de l’explication des règles. Ce n’en etait pas moins intéressant :smiley:

Oui, mais c’est un autre sujet selon moi…

Je n’ai peut-être pas été suffisamment précis ou trop dispersé dans mon post initial (à l’image de mes explications de règles!) pour que le sujet s’oriente “correctement”

Objection retenue, votre honneur

Alors donc : les explications de règles sont pour moi un gros moment de stress, parce que je me sens responsable de la bonne tenue des deux heures qui suivent. La hantise du point de règle oubliée qui gâche tout…

En conséquence, je prépare énormément, d’autant plus que le jeu est complexe : je lis les règles plusieurs fois, je regarde des vidéos, je répète (dans ma tête, mais avec le matériel), et puis je rédige une petite fiche de synthèse avec un résumé de mon explication et une mise en avant des points importants (jamais je ne montrerai ledit résumé, c’est une carte mentale effrayante :grin:)
Le ratio temps de préparation / temps d’explication doit être assez désastreux, mais je fais de mon mieux…
Bien entendu, ça s’estompe avec la pratique : l’an dernier j’ai enchaîné trois soirées avec explication du même jeu (Marrakesh) et la troisième était plus sereine…

Il n’est pas rare que je renonce à un jeu parce que je ne me sens pas au point sur la règle. Le cas échéant je me rabats sur une valeur sûre.

Et pour les autres, quel ressenti ? me direz-vous. Eh bien c’est à eux qu’il faut demander… En général personne ne se plaint, mais c’est peut-être par politesse :innocent:
(et quand je dis “en général”, c’est que parfois quelqu’un se hasarde à dire en milieu de partie “ah mais ça tu ne l’as pas dit”… hum hum :rage:)

Pas mieux ! Je sur prépare aussi et je ne présente jamais un jeu auquel je n’ai pas joue au moins 2 fois.

Tu px detailler? On ne drafte que 2 cartes sur les 12 si je ne me trompe pas.

Ben… on n’a pas drafté du tout :clap:
La partie a été tellement nulle qu’on a lu la règle à la fin… le propriétaire du jeu était un peu dépité

Ce moment en fin de partie où le mauvais joueur te dira que c’est de ta faute s’il a perdu haha
En tout cas, ce stress de l’explication est, à mon sens, une volonté de bien faire. Peut-être même de trop bien faire.

Donc l’exercice de l’explication permet de devenir plus efficace et à l’aise dans cet exercice. En même temps difficile quand on n’explique que peu les règles d’un certain jeu. Mais l’entraînement (visionnage d’explipartie, lecture des règles, et entraînement oral) semble être la clé.

Comme sur beaucoup de points : le talent sans travail n’est qu’un talent gâché
Et comme en matière d’explication de jeu je ne crois pas avoir de talent particulier, ça réclame vraiment du travail : de la préparation et de l’entraînement.

Il faut aussi admettre que “ma” façon de faire peut très bien ne pas coller à l’auditoire ; dans ces cas, j’ai du mal à improviser…

Le pire du pire (pour moi), c’est quand j’ai à la même table les deux joueurs G et N :

  • G veut connaître tous les détails avant de commencer, a mille questions sur des cas baroques et/ou très situationnels, ou insiste pour savoir quelle est la 3ème règle de départage en cas d’égalité persistante au décompte final
  • N s’en fout des règles, et il apprend mieux en jouant donc préfère qu’on explique les.details en cours de jeu

:arrow_right: L’ambiance
(…vécue)

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Moi je suis un mélange entre G et N.
J’écoute les règles mais suis très mauvaise auditrice, donc au début je pose des questions pour mieux comprendre, puis à un moment malgré tous mes efforts, je lâche.
Ensuite, du coup, il me faut un à plusieurs tours pour comprendre enfin le jeu.
Ceci explique bien mes pauvres résultats aux jeux que je découvre autrement qu’en ayant potassé moi-même les règles (parce que si piètre auditrice, je fais une très bonne visuelle).

Finalement, je plains toujours un peu les gens qui doivent m’expliquer les règles.

Tu en as conscience, et pour moi ça change tout :slightly_smiling_face:

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J’aime bien expliquer les règles , beaucoup de bonnes choses dites. Généralement je commence par faire un tour du matériel pour commencer à évoquer à quoi vont servir les chose et où les trouver (ça reste succint). Ensuite la méthode pyamidale évoquée. Un piège possible quand on explique le jeu c’est l’adaptation au jeu et au public :

  • thème : si le thème est bien présent dans les mécanique, j’adopte l’approche narrative, ça permet de mieux faire intégrer les mécas. Le piège ici c’est sur les jeux à thème relativement plaqué. Je ne m’embarrasse alors pas et parle purement mécanique désignant les éléments de jeux parce qu’il sont visuellement (un cube marron…) . Tenter de faire coller un truc qui colle pas , c’est embrouiller notre explication et la compréhension du joueur. Et après ça n’empêche pas quand la méca est assimilé à chacun de “vivre” le jeu selon son ressenti.
  • exemple de tour de jeu. Moins le joueur est chevronné et plus je vais expliquer en mode démo (manipulation , tour à blanc). Je le fais aussi sur les mécas un peu retors (par exemple , montrer un tour d’électrification à Nucleum) ou aussi quand les mécaniques sont très imbriqués, que tout est lié. Je fais directement un tour à blanc pour que les joueurs appréhendent dans la globalité.

Et surtout éviter le “vous allez voir c’est assez facile” :yum: ( ça met les joueurs en pression puisque ça sous entend que ce ne sera pas normal s’ils ne comprennent pas)

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On avait pondu un doc pour les anims de notre asso
Il est perfectible mais si ça peut aider

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Je rebondi sur ce document pour ces quelques remarques:

  • Je vais renommer mon étape 1 en “Pitch du jeu”. Parce que souvent, c’est thème et mécanique principale en même temps. Par exemple Dans ce petit jeu de cartes, on va essayer de créer des collections de légumes (cherchez pas le jeu, cet exemple est totalement improvisé).

  • La fin de partie, pour moi, n’est pas une étape spécifique. C’est un élément qui dépend beaucoup du jeu expliqué. Parfois c’est une condition de victoire qui fait parti de l’objectif du jeu (comme les 30 PV de Root). Parfois c’est une fin de jeu prédéterminée qui est inhérente à la structure global du jeu (comme les 6 manches de Gaia Project). Parfois c’est une condition qui nécessite d’abord de comprendre le reste du jeu (comme l’impossibilité de jouer de Five Tribes). Parfois c’est lié à une action de jeu spécifique qui fait avancer un pion sur une piste (j’ai pas d’exemple à chaud). Donc je cale ça là où ça colle le mieux.

  • Faire des pauses et demander aux joueurs si tout et clair. Sur les jeux compliqué, oui, oui, et encore oui. Personnellement, J’utilise un “Jusque là, ça va?”. C’est important pour deux raisons. Premièrement, c’est une habitude qui vous permettra de ne pas être interrompu à un mauvais moment: Vos amis savent qu’il y aura des pauses pour les questions. Deuxièmement, si un joueur n’a pas compris un truc, il ne faut pas attendre trop longtemps pour le clarifier, parce que sinon, il va buguer dessus, essayer de comprendre par lui-même, et ça va diviser son attention pendant tout le reste de l’explication.

  • Ne présenter les exceptions qu’en tout fin. Oui et non. Ne pas détailler certes, mais évoquer quand même. Exemple typique: Ensuite tous les joueurs vont simultanément payer leurs coûts d’entretien, sauf cas particulier lié au pouvoir spécifique d’une faction, j’expliquerai ça plus tard. L’idée ici est encore et toujours la même, il ne faut pas laisser l’auditoire se construire une image erronée du jeu qu’il faudra ensuite déconstruire plus tard, c’est très difficile de déconstruire une image une fois qu’elle est implantée. Donc quand un cas général a des exceptions, je l’annonce, sans entrer dans les détails, histoire que les joueurs imprime bien que le cas est certes général mais néanmoins pas absolu.

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C’est sûr que le premier prérequis pour expliquer des règles, c’est de bien les maîtriser.

Ce week-end, le hasard a fait que j’ai dû expliquer les règles de d’un jeu auquel je n’avais pas joué depuis plus d’un an, heureusement que le hasard, encore lui, a fait que finalement j’ai dû jouer avec la personne, son partenaire ayant dû s’absenter vingt minutes, soit assez longtemps pour que je fasse une “explipartie”, mais sans ça, je la sentais mal partie, l’explication.

Expliquer des règles ? Moi!moi!moi!
J’adore ça !
Et j’ai une chance énorme : je trouve ça globalement facile, fun et à la fin les gens ont généralement compris (ce qui est l’essentiel)
Partout où je vais, si un nouveau jeu est présent, il est posé sur la table devant moi et je suis désigné pour apprendre ça vite pendant l’apéro et expliquer aux autres dans la foulée pour la première partie…
N’empêche j’ai une bête noire : Fief, j’adore ce jeu, mais c’est un des seul que je n’ai jamais réussi a expliqué d’une manière efficace à mon goût.

La suite vous pouvez vous en passer, ça ressemble plus à un CV qu’autre chose…

(Après j’ai mon parcours personnel qui aide :

  • plusieurs années “finisseur” de chantier dans le bâtiment : en gros j’arrivais et je devais comprendre ce qui avait été fait, ce qui n’allait pas, les correctifs à apporter : j’ai appris à vite comprendre après coups une suite logique de processus et à en tirer des conclusions.
  • depuis plusieurs années formateur professionnel pour adultes : l’habitude de prendre en main un groupe, de l’emmener vers un objectif de savoir faire dans un temps alloué, donc l’habitude d’analyser les capacités d’apprentissage de mon public et de choisir en fonction les moyens d’apprentissage.
  • créateur de document pédagogique pour de la formation : l’habitude d’analyser un système et d’en réceptionner extraire les points essentiels rapidement, et de traduire ça en vocabulaire accessible.
  • 25 ans de jeux… A force on connais la plupart des grande famille de mécaniques, et à la première lecture d’une règle on comprends les tenants et aboutissants généraux d’un jeu (attention il reste a découvrir ce qu’il apporte en plus, si il y a un plus…)
  • des heures d’animation pour des éditeurs en salon de jeux avec un publique qui est soit : pressé et peu attentif, soit expert et exigeant.) avec un truc que les gens ne se rendent pas compte : généralement en animation rien n’est prêt, et les animateurs découvre les jeux limite en même temps que le public lors de la première partie…
  • et pour finir, un point important: si il y a bien un truc qui a évolué, c’est l’écriture des règles ! Aujourd’hui la plupart des règles de jeux sont super bien structurée, réfléchie et franchement, quand vous expliquez un jeu : suivez l’ordre global d’explication de la règle ! Des gens ont pensé à tout ça pour vous.
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De mon côté c’est le “talent pas caché”, au point qu’à l’asso quand je suis à une table la personne qui propose le jeu me demande si je le connais pour me laisser expliquer si possible. En cas de doute sur un point de règle (et même si je ne connaissais pas le jeu avant), j’ai l’habitude qu’on se tourne vers moi pour que je cherche la réponse dans les règles.

Je n’en tire aucune gloire, c’est devenu un running gag et c’est simplement lié à plusieurs facteurs :

  • une bonne capacité d’assimilation et de mémorisation des règles, surement lié au fait que je lis beaucoup depuis toujours (je pense que ça me permets aussi de me projeter pendant une première lecture de règles). Si je lis les règles et que je joue à un jeu, je peux le réexpliquer même plusieurs années après sans y avoir joué, à quelques détails près.
  • l’expérience de l’explication acquise au fil des années avec mes amis. Quand des personnes parlent d’autre chose, font des blagues, posent des questions en me coupant à propos de trucs que je n’ai pas encore expliqué, etc. on me dis souvent “ça va, c’est pas trop relou” et j’ai toujours la banane en expliquant qu’AUCUN groupe ne peut être pire que mes potes. Vraiment.
  • l’habitude. Je ne crois pas avoir beaucoup réfléchi à ma façon d’expliquer avant d’avoir été rôdé (ça m’aurait fait gagner du temps), et au final je me rends compte qu’on apprend beaucoup à chaque fois pour peu qu’on prête attention aux autres personnes autour de la table. Quand j’explique un jeu à des gens qui le découvrent, je passe la partie à rappeler certains points, je donne parfois un conseil si ça peut leur éviter de se lancer dans le mur et je ‘surveille’ qu’il n’y ait pas d’erreur de règles. Du coup je capte vite qui n’a pas compris quoi, et le bref échange lié à la rectification permet de voir pourquoi (mauvais choix des termes pendant l’explication, manque d’exemple sur un point particulier, concept à mieux expliciter la fois d’après, trop d’alcool…)

Au-delà de la technique pure, c’est important de ne pas être dans son tunnel mais de poser régulièrement des questions (comme le dis YoshiRyu), de regarder tout le monde au fur et à mesure, de rappeler à l’ordre (mieux on connaît les gens moins on peut se montrer délicat sur ce point) avec un “bon Patrick là tu rigoles mais je sais que dans 15 minutes tu vas me poser la question, donc je répète…” Bref de s’assurer qu’on ne perd personne. Si on arrive à le faire également pendant la partie c’est idéal.

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Dans mon entourage nous avons quelques habitudes.

1- Toute explication de règles commence par la phrase “le but du jeu, c’est de gagner”. Histoire de se mettre dans le contexte. Ça fait jamais de mal de le rappeler.

2- Toute tournure de phrase foireuse ou toute formulation de l’explicateur pouvant être volontairement mal interprétée le sera et donnera lieu à de nombreuses questions de pertinence douteuse (“Donc à mon tour je dois poser un cube sur le plateau ?” “Oui.” “[Pose un cube sur la piste de score] Ici par exemple ?” “Non.” “[Un autre joueur pose un cube sur une illustration purement décorative] Et là ?” Etc.).

3- Les joueurs n’auront de cesse de poser des questions débiles, surtout si cela permet de faire des jeux de mots foireux.

4- Globalement ils vont passer plus de temps à se bidoner qu’à écouter. Si le silence se fait c’est qu’ils sont concentrés sur le badaboum que certains font avec leurs cubes.

5- Lors de l’explication, une attention toute particulière sera apportée aux détails afin d’identifier des points peu utiles, ou les termes Zarbi utilisés (explorer pour piocher, Caballeros pour cubes, etc), ou si les jeux de mots ont abouti à une hypothèse hasardeuse quand aux raisons du game design (“à l’origine c’est clairement un jeu sur la pêche industrielle et il s’agit de cabillauds”), il sera crucial de s’y conformer avec la plus grande rigueur par “respect de l’auteur”. Si l’explicateur omet de s’y conformer, quelqu’un fera remarquer qu’“il n’y a plus de respect de l’auteur” [mines attristées de toute l’assemblée].

6- Dès que la partie va commencer il va s’avèrer qu’en fait tout le monde a hyper bien suivi et l’explicateur de règles se fera rouler dessus.

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Perso je suis absolument nul en partant d’un livret de règles. Mais avec une vidéo complète auparavant, et une lecture de règles ensuite pour éclaircir les points qui laissent à désirer, c’est toujours parfait.

Je tiens à dire que je regrette énormément les vidéos de TricTrac pour ce point puisqu’elles me permettaient d’avoir un modèle de présentation plutôt bon (on oublie Atalia qui présentait Hansa Teutonica par exemple :slight_smile: ).
Comme j’ai une excellent mémoire visuelle, j’imprimais la structure de la vidéo dans ma tête et je la répétais. Point négatif : à force de synthétiser au max, j’oublie parfois des petits points de règles. Mais j’ai appris à m’en passer pour jeter un coup d’oeil en cours de partie en cas de question.

Désolé pour les obsédés des règles hyper complètes et parfaites dès les premières parties :p. Mais bon comme les psychorigides n’existent pas dans mon entourage, je n’ai jamais eu de problèmes.

Le complément idéal c’est un livret de règles Hans Im Gluck/Queen Games/Great Western Trail avec code couleur. Mémorisation de la vidéo TricTrac (1 passage) + photographie de la structure du livret de règles et c’est bon !

Je suis en train de lire les règles des Lettres à Whitechapel, je trouve ça galère. Vivement le retour de la TTTV. De même pour Helvetia où je n’ai qu’une traduction en anglais formatée Word : un enfer pour mon cerveau.

Un LudoChrono ne m’est utile que pour avoir un aperçu du jeu.

C’est sûr que ça permettait d’une part de dégrossir les règles avant la lecture du livret et donc d’améliorer la compréhension. Et d’autre part d’avoir un schéma pour expliquer ensuite.

Je suis comme toi. On résoud certaines interrogations pendant la partie. Parfois on se rend compte en cours ou fin de partie qu’on n’a pas joué correctement un point de règles. On se dit que c’est pas grave et la partie suivante on corrige. Après une ou deux parties on est au taquet sur les règles et ça glisse tout seul.

Voilà qui m’aidera à l’avenir ! :grin: