Discussions autour de l’échiquier.

MasterMindM dit :En fait je pense que c'est le cas de beaucoup de jeux, y "exceller" demanderait un énorme effort, et beaucoup de temps.
Enchaîner les parties n'est pas suffisant, il est aussi nécessaire de passer par des démarches visant spécifiquement à l'entrainement.

Le gros avantage des échecs dans ce domaine, c'est que ce jeu est tellement pratiqué qu'on dispose de littérature, de joueurs de trèèèès haut niveau et même d'ordinateur encore meilleur, un environnement idéal pour viser la progression.

L'inconvénient, c'est que du coup les écarts entre un "débutant" et un joueur ayant ne serait-ce que légèrement "travaillé" le sujet sont assez grands...

Moi j'ai jamais voulu apprendre des ouvertures, mais j'ai découvert la parade récemment : les échecs 960 (disposition aléatoire des pièces au démarrage). Alors, ça ne rend pas plus fort, mais au moins ça annule la technique du gars qui a appris par coeur une douille sur l'ouverture pour te mettre mal en 10 coups (et par contre les joueurs vraiment meilleurs restent vraiment meilleurs :p ).

Yes c'est vrai.
Cependant l'apport du hasard rends les jeux plus flexible de ceux qui le sont moins.
Par exemple si tu prends un TM, bah avant d'être un peu costaud il te faut un bon nombre de partie (le temps de connaitre les meilleurs ouvertures, les meilleurs civ et les bon combos avec chacunes). La ou d'autres sont moins complexes à maitriser d'emblé.


Pour revenir sur la dernière partie, les explications sont claires, mais pourquoi il y a draw ? Si le blanc joue le pion en g3 ça débloque la game non ?

bachibouzouk dit :Carlsen Nepo 4

Encore super intéressant.

Une Sixième partie énÔrme : 136 coups !  Du jamais vu dans un championnat du monde je crois : une fin de partie acharnée, technique et tout en finesse  (Roi + Tour + Cavalier + 3 pions pour les blancs vs Roi + Dame + 1 pion pour les noirs), Le champion en titre a fait plier pour la première fois son Challenger. La Septième partie vient de s’achever par le partage du point, les deux joueurs étant sans doute fatigués. Nepo doit quand même accuser un peu le coup suite à sa longue résistance dans cette crispante 6ième partie mais qui n’a pas permis d’éviter une première défaite. 7h45 de jeu ! Quel combat !

la vidéo explicative de la 6ème 
partie qui nous fait croire que l’on comprend tout tellement on est intelligent 

Carlsen-Nepomniachtchi

bachibouzouk dit :la vidéo explicative de la 6ème 
partie qui nous fait croire que l’on comprend tout tellement on est intelligent 

Carlsen-Nepomniachtchi

Ces vidéos sont très intéressantes et pédagogiques. 
Je l'ai regardé en attendant la fin du chapitre de Fortnite ! J'ai des goûts très éclectiques !

Plus de 7 heures de jeu ! Cela donne à réfléchir sur la variabilité de la durée des parties dans les jeux en général. 

Ces temps de parties “interminables” sont un problème que je suppose insoluble. Certains estiment que le gain en qualité de jeu n’est pas gigantesque quand on allonge autant le temps de partie. Et ils constatent aussi que ça rend difficile la démocratisation des échecs, lors par exemple de ces championnats du monde.

Et j’avoue qu’après avoir regardé quelques parties, pourtant commentées avec technique et un certain enthousiasme, tu te rends bien compte au bout d’un moment qu’il n’y a plus grand chose à raconter et qu’on attend seulement le coup suivant. Il y aurait presque un parallèle à faire avec certaines étapes du tour de France… :wink:

Et il y a l’autre côté de la médaille. Si on ne prône pas l’excellence, la préparation, la puissance de calcul, etc durant ces championnats du Monde, alors quand le faire ? Pour ma part, mais je n’ai pas le niveau pour pouvoir parfaitement peser le pour et le contre, je trouverais attractif un format plus dynamique (sans non plus tomber dans le blitz qui est quand même à part).

Et je suppose aussi que ces séries de nulles limitent là encore pour un public plus large l’attrait que l’on voudrait déceler et partager en ce qui concerne ce formidable jeu. Bref, je me résume en notifiant que moi aussi, je préfère entre temps un condensé après coup, avec un résumé et une analyse, plutôt que de me taper les 7 heures en live !

Et bien Nepo vient d’encaisser une seconde défaite, à nouveau avec les noirs. Une partie assez critiquée par les commentateurs, Carlsen n’ayant pas eu grand chose à faire à part profiter des imprécisions adverses. En lançant sont pion h, le challenger a bien essayé quelques chose, mais la position était assez plate. Le tenant du titre a d’abord voulu  réaliser des échanges, Nepo a joué un Rf8 assez curieux, on semblait partie pour une nulle et puis finalement… il reste à présent 6 parties à jouer. 
Quand deux champions échangent quelques mots sur leur partie une fois celle-ci terminée : 
https://www.youtube.com/watch?v=rOkzvqlccXU

  1. … Dd6 permettait peut être de tenir un peu plus longtemps la partie. Mais ce n’est pas très très esthétique.

    On sent Nepo fatigué et déçu à cause des occasions manquées des précédentes parties et surtout avec l’inéluctable agonie de la 6ème partie.

    J’en suis très triste car cela donne juste l’impression que Carlsen sait tenir les positions et profite des quelques inexactitudes de son adversaire pour prendre l’avantage.

    D’un côté, c’est très bien joué mais de l’autre, ça ne reflète pas les grandes qualités que Carlsen montre d’habitude dans le traitement de ses parties.

    Mais ce n’est pas fini :slight_smile:


    Pour parler d’autres choses, j’ai trouvé un jeune youtubeur très sympathique qui témoigne de sa longue route pour parvenir au graal, c’est à dire au titre de GMI. Il s’appelle Joachim Mouhamad et il se situe entre 2200 et 2300 élo environ pour le moment. Un exemple de vidéo ici :

    https://www.youtube.com/watch?v=G0z9zIhUuBk

    Bonne fin de soirée :slight_smile:

Je crois que la petite vidéo suivante est éloquente sur le ressenti de Nepo aujourd’hui concernant sa prestation :

https://www.youtube.com/watch?v=Txba_se_XEM

Houlala ! Cela ne sent pas bon pour Népo qui vient de perdre sa troisième partie. Il a bien essayé de surprendre Carlsen par son ouverture 1 : c2-c4…, mais après 1…e7-e6. 2 g2-g3 ; d7-d5  Carlsen va vite sortir des sentiers battus dés le troisième coup noir, après le coup blanc 3 Ff1-g2 en poussant encore le pion “d” avec  3…d5-d4. La partie était plutôt pas mal mais une poussée malheureuse du pion “c” plus tard va entrainer une perte matérielle et en plus l’impossibilité de convertir le pion “a”  blanc arrivé sur la 7ième rangée en Dame va ruiner les espoirs du GMI russe. On voit mal maintenant comment Magnus pourrait perdre son titre.

Xaad dit :Plus de 7 heures de jeu ! Cela donne à réfléchir sur la variabilité de la durée des parties dans les jeux en général. 
 

Bof. J'ai des potes qui ont fait 7h de twilight impérium en faisant respectivement 0 et 1 point.
Smiley bouche ouverte et rire aux éclats.

Le Zeptien dit :Houlala ! Cela ne sent pas bon pour Népo qui vient de perdre sa troisième partie. Il a bien essayé de surprendre Carlsen par son ouverture 1 : c2-c4..., mais après 1...e7-e6. 2 g2-g3 ; d7-d5  Carlsen va vite sortir des sentiers battus dés le troisième coup noir, après le coup blanc 3 Ff1-g2 en poussant encore le pion "d" avec  3...d5-d4. La partie était plutôt pas mal mais une poussée malheureuse du pion "c" plus tard va entrainer une perte matérielle et en plus l'impossibilité de convertir le pion "a"  blanc arrivé sur la 7ième rangée en Dame va ruiner les espoirs du GMI russe. On voit mal maintenant comment Magnus pourrait perdre son titre. 

Cela confirme mon impression, le match c'est joué à la 6ème partie. 
Comme le disait un intervenant précédent, perdre une si longue partie est destructeur psychologiquement. 
 

Pour Nepomniachtchi, c’st se retrouver au pied d’une falaise avec l’impression que les armes dont il dispose ne seront pas suffisantes pour la franchir. Et pourtant, comme lors du tournoi des candidats, il en a franchi bien d’autres.

Il s’est mal préparé, du moins mentalement : on le voit dans les directs ou il n’affronte pas physiquement Carlsen en restant assis devant l’échiquier : à peine le coup joué, il va faire un tour comme si la pression exercée par son adversaire était insoutenable.

Et cependant, il a eu quelques occasions dans les 2ème et 5ème parties. Et il sait qu’il a laissé passé ces chances là.

Son niveau est loin d’être faible et les parties ont presque toujours eu des débuts très sophistiqués, de très haut niveau, très intéressants. Et puis, une gaffe vient tout gâcher.

Peut-il s’en remettre ? Son sourire crispé d’incrédulité quand Carlsen a joué c6 dans la 9ème, enfermant le fou, comment l’interpréter ?

Pour ceux qui veulent savoir comment un joueur aux alentours des 2400 voit le jeu et explique très bien sa démarche, les vidéos de Julien Song ne sont pas mal du tout. J’y trouve en tout cas mon compte.

Si vous vous laissez tenter par le jeu, les plate formes Lichess, Chess.com, Europe Echecs, permettent même aux débutants complets d’affronter de vrais adversaires. Les parties en 2*15 minutes me semblent à la fois pratiques et instructives pour qui aime réfléchir un peu à ce qu’il fait. Le blitz, si on n’a pas un niveau de 2500, est destructeur.

Carlsen va peut être gagner comme avec le très ancien règlement, le premier à 6 victoires ! :stuck_out_tongue_winking_eye:

On dit souvent que commencer avec les blancs est un avantage dans les jeux abstrait type échecs/go etc…
Mais temps que le jeu n’est pas “résolu”, on peut jamais vraiment en être sûr.

(Un jeu “résolu” est un jeu dont on connait toutes les configurations de partie, comme par exemple le morpion)

Pour certains jeux abstraits c’est au contraire l’opportunité de réagir qui offre l’avantage. Ici un exemple assez perceptible sur un jeu simple à résoudre comme Hexa Pawn par exemple:


Aujourd’hui, une neuvième partie Carlsen / Nepo vraiment mollassonne. J’imagine la difficulté et la soufrrance à continuer un tournoi dont on connait désormais à priori l’issue. Nepo doit être assez abattu, mais les instances et la bienséance réclament que le vin soit bu jusqu’à la lie.

Bonjour,

En attendant le Tome consacré à Carlsen…voici la toute fraîche collection présentée par la revue Europe Echecs.


Auteur : Georges Bertola
Edition : Europe Echecs
Genre : Histoire
Année : 2021
218 pages / 20€

“Ce premier volume est dédié au premier champion du monde officiel de l’histoire des échecs modernes : Wilhelm Steinitz. Il traite de son ascension et de l’évolution de sa pensée qui légitimera son match et sa place comme prétendant au titre mondial en 1886.
Pourtant la question du titre de champion du monde n’avait encore jamais été évoquée jusqu’ici. L’arrivée sur le devant de la scène du génial Paul Morphy, champion des Etats-Unis à 20 ans, avait ébloui tous les joueurs européens. Après avoir débarqué en Angleterre en 1858 et remporté un match contre Anderssen à Paris, Morphy est considéré par l’ensemble de la communauté des joueurs comme le champion du monde et ceci suite aux dérobades d’Howard Staunton. Le retour triomphal de Morphy à la Nouvelle-Orléans en 1859 suivi peu après par son retrait de la compétition crée un certain désarroi qui permet au jeune Steinitz d’occuper la place vacante du meilleur Maître en activité. Son match victorieux contre le mentor des échecs romantiques Anderssen en 1866 et ses victoires qui l’ont opposé aux meilleurs adversaires de son temps le démontrent.
C’est surtout son obstination à trouver une justification théorique à ses idées, la qualité exceptionnelle de ses analyses, sa vision positionnelle en avance sur son temps, sa créativité et sa capacité de lutter qui font de lui un des plus grands champions de l’histoire.
La mort inattendue de Paul Morphy en 1884 permet alors d’organiser un premier championnat du monde officiel.
A travers 64 parties Georges Bertola a tenté de cerner et de comprendre l’évolution de cette personnalité hors du commun.
Steinitz sera finalement reconnu au début du XXe siècle à sa juste valeur, notamment par les figures de proue que sont les champions du monde Lasker, Euwe et le Dr. Tarrasch.” (l’auteur)

Je me suis régalé longtemps des chroniques échiquéennes de Bertola dans la Tribune de Genève.

Cela semble être le début d’une bien belle collection…

Le Zeptien dit :Cela semble être le début d'une bien belle collection...

Voui, y'a encore du beau monde à suivre...parmi mes préférés, Capablanca, Tal, Fischer, Kasparov, jusqu'à Magnus...
 

Un champion véritable : Mir Malik Sultan Khan

Dans le monde grand bourgeois où se pavanaient l’élite oisive des grands joueurs d’échecs, Mir Sultan Khan, esclave au service d’un Maharadja, arriva en Angleterre dans les bagages de son maître et obtint auprès de lui la permission de jouer aux échecs. Il en profitera pour remporter le championnat à 3 reprises avant de repartir pour le Penjab ou on n’entendra plus jamais parler de lui.

Il ne connaissait aucune théorie, ne savait pas lire et ne connaissait pas le roque… et pourtant, presque tous les grands maîtres de l’époque furent ses victimes, en particulier Capablanca au tournoi de Hastings en 1931.

Pas mal pour un esclave :slight_smile:

Et la magie n’est même pas finie : Miss Fatima

Dans ces bagages, ce maharadja avait aussi une servante, qui n’eut d’autre nom que Miss Fatima, qui remporta le championnat d’Angleterre féminin en 1933. On ne connaissait même pas son âge, la vingtaine environ.

Incroyable, non ?