Effondrement climatique

bertrand dit:"Conséquence de la pauvreté et de techniques agricoles qui ont peu évolué malgré la croissance démographique" selon la géographe.

Tu noteras qu'elle parle de techniques agricoles, pas de technologies. Je crois que personne ne s'oppose au fait que le soc tracté par des boeufs est mieux que l'araire égyptien (quoique j'ai lu assez d'écrits sur l'agriculture sans labourage, notamment sur les terres pauvres et sujettes à une érosion rapide, pour me poser des questions) pour tirer plus de nourriture d'une même parcelle. On reste cependant à la même échelle.
Avec la technologie, c'est une autre dimension. C'est une échelle qui n'est plus humaine/individuelle, c'est un contrôle politique et économique de l'accès aux ressources, de leur renouvellement et de leur amélioration. Exemple terre à terre : c'est super de fourguer un tracteur au paysan sahélien ou altiplanique et de l'ouvrir enfin au progrès occidental. D'abord il érode sa terre dix fois plus vite, et ensuite le jour où le tracteur tombe en panne il se retrouve comme un con parce que ses frangins qui habituellement l'aidaient aux champs sont partis mendier en ville, vu qu'il n'y avait plus de boulot. Exemples vécus. Alors imaginons avec les engrais, pesticides et autres OGM pour lesquels on ne peut même pas bricoler un vieux morceau de ferraille pour que le tout redémarre et tienne encore une saison.
A l'échelle des utilisateurs lambdas, la technique est reproductible et transmissible. Pas la technologie (qui en plus, elle, est généralement brevetée).
Je crois que vous faites un facile procès d'intention à des anti-progrès supposés sans interroger le sens de la technologie. C'est excellent qu'en cinquante ans on ait quintuplé les rendements des beaucerons en démembrant le paysage et en gavant leurs terres de RedBull. Et dans cinquante ans, il en reste quoi de tout ça ? Et comment se fait-il qu'avec ces méga-rendements on ait encore autant de gens qui crèvent la dalle ?

Eric dit:NB : quand je parle confort et besoin, je parle pas 4x4, dernier PDA, écran LCD, voyage annuel de l'autre côté du globe, mais simplement santé, éducation, possibilité de se déplacer en famille, d'avoir des loisirs, des contacts vers l'extérieur.

Confort et besoins dont était dénué même Louis XIV il y a tout juste 300 ans... Il y a eu énorme question de fond sur les besoins et leur définition.
El comandante dit:
Eric dit:NB : quand je parle confort et besoin, je parle pas 4x4, dernier PDA, écran LCD, voyage annuel de l'autre côté du globe, mais simplement santé, éducation, possibilité de se déplacer en famille, d'avoir des loisirs, des contacts vers l'extérieur.

Confort et besoins dont était dénué même Louis XIV il y a tout juste 300 ans... Il y a eu énorme question de fond sur les besoins et leur définition.


Donc revenons aux merveilleuses sociétés de l'époque de Louis XIV ? C'est marrant j'ai l'impression que c'est pas tout à fait l'image que veulent donner les décroissants...
Ceci dit, j'ai bien évoqué dans mon précédent message que si la technologie avait suscité des besoins elle avait aussi été suscitée par des besoins.
Je suis absolument persuadé qu'il y a trois cents ans déjà les humains avaient envie de santé, d'éducation, de loisirs, de découvrir le monde, de se simplifier la vie. Et c'est bien de cette envie que viennent les avancées technologiques (en commençant par la maîtrise du feu). Je ne dis pas c'est super, je dis c'est comme ça et vouloir nier ce caractère là de l'humanité, c'est nier une des données essentielles du problème, et donc très mal partir pour le résoudre.
El comandante dit:Je crois que vous faites un facile procès d'intention à des anti-progrès supposés sans interroger le sens de la technologie. C'est excellent qu'en cinquante ans on ait quintuplé les rendements des beaucerons en démembrant le paysage et en gavant leurs terres de RedBull. Et dans cinquante ans, il en reste quoi de tout ça ? Et comment se fait-il qu'avec ces méga-rendements on ait encore autant de gens qui crèvent la dalle ?

Bah en fait depuis 1900 la population a été augmentée par 3 (et la productivité seulement par 5.
Parce qu'il serait illusoire de croire qu'on mangeait bien en 1900, cf famines, épidémies, années catastrophiques ...
Tu noteras qu'elle parle de techniques agricoles, pas de technologies. Je crois que personne ne s'oppose au fait que le soc tracté par des boeufs est mieux que l'araire égyptien (quoique j'ai lu assez d'écrits sur l'agriculture sans labourage, notamment sur les terres pauvres et sujettes à une érosion rapide, pour me poser des questions) pour tirer plus de nourriture d'une même parcelle. On reste cependant à la même échelle.
Avec la technologie, c'est une autre dimension. C'est une échelle qui n'est plus humaine/individuelle, c'est un contrôle politique et économique de l'accès aux ressources, de leur renouvellement et de leur amélioration. Exemple terre à terre : c'est super de fourguer un tracteur au paysan sahélien ou altiplanique et de l'ouvrir enfin au progrès occidental. D'abord il érode sa terre dix fois plus vite, et ensuite le jour où le tracteur tombe en panne il se retrouve comme un con parce que ses frangins qui habituellement l'aidaient aux champs sont partis mendier en ville, vu qu'il n'y avait plus de boulot. Exemples vécus. Alors imaginons avec les engrais, pesticides et autres OGM pour lesquels on ne peut même pas bricoler un vieux morceau de ferraille pour que le tout redémarre et tienne encore une saison.
A l'échelle des utilisateurs lambdas, la technique est reproductible et transmissible. Pas la technologie (qui en plus, elle, est généralement brevetée).
Je crois que vous faites un facile procès d'intention à des anti-progrès supposés sans interroger le sens de la technologie. C'est excellent qu'en cinquante ans on ait quintuplé les rendements des beaucerons en démembrant le paysage et en gavant leurs terres de RedBull. Et dans cinquante ans, il en reste quoi de tout ça ? Et comment se fait-il qu'avec ces méga-rendements on ait encore autant de gens qui crèvent la dalle ?


Pour le coup, c'est toi qui fait un procès à la technologie: le "contrôle économique et politique de l'accès aux ressources" n'a pas besoin de technologies ou techniques agricoles évoluées pour se faire ^^ Même et surtout sous le Roi Soleil il y a 300 ans.

Ceci dit, il est vrai que la technologie a besoin d'une echelle de gestion a un niveau autre qu'individuel et local ^^ Mais on oublie que c'était déjà le cas il y a des millénaires: on a retrouvé des traces d'échanges entre des ateliers de fabrications de bijoux d'un genre de verre spécifique et des villages situés à des milliers de kilometres.

Ce que je veux dire par là: le fait que la technologie necessite l'intervention d'un grand nombre de personnes disposant de formations particulières n'est pas le problème, selon moi.
Eric dit:Donc revenons aux merveilleuses sociétés de l'époque de Louis XIV ? C'est marrant j'ai l'impression que c'est pas tout à fait l'image que veulent donner les décroissants...

Marrant, je pensais que dans ton job on écoutait mieux.
Donc note bien que je n'ai pas parlé des sociétés, justement, mais des besoins individuels. Pour souligner qu'ils n'ont pas de définition naturelle puisqu'en son temps même l'homme le plus puissant de son époque ne les avait pas - en avait-il même l'idée ? Il y a vingt ans je n'avais ni idée ni usage ni besoin d'un email dont j'ai l'impression que je ne pourrais me passer aujourd'hui.
Donc ces besoins sont construits, créés. Surtout aujourd'hui où l'on vend l'eau, l'air, les mots. Reste que l'on n'a pas encore trouvé comment ni quand on débordait de besoins naturels à des besoins superficiels.

Eric dit:Et c'est bien de cette envie que viennent les avancées technologiques (en commençant par la maîtrise du feu).

Technique ou technologie ?

Encore une fois, il y a erreur de cible en assimilant critique politique de la technologie et pensée réactionnaire anti-progrès.
Batteran dit:Ceci dit, il est vrai que la technologie a besoin d'une echelle de gestion a un niveau autre qu'individuel et local ^^ Mais on oublie que c'était déjà le cas il y a des millénaires: on a retrouvé des traces d'échanges entre des ateliers de fabrications de bijoux d'un genre de verre spécifique et des villages situés à des milliers de kilometres.

Bon, du commerce entre matières premières et produits finis, preuve d'un savoir-faire. Soit.
Batteran dit:Ce que je veux dire par là: le fait que la technologie necessite l'intervention d'un grand nombre de personnes disposant de formations particulières n'est pas le problème, selon moi.


Le problème c'est quand ces personnes sont totalement déconnectés des processus d'application des techniques nouvelles ouvertes par la technologie et que se crée donc un espace intermédiaire entre la technologie et l'application technique. Qui contrôle cet espace ? Comment ? Pour qui ?
Batteran a écrit:
Ce que je veux dire par là: le fait que la technologie necessite l'intervention d'un grand nombre de personnes disposant de formations particulières n'est pas le problème, selon moi.


Le problème c'est quand ces personnes sont totalement déconnectés des processus d'application des techniques nouvelles ouvertes par la technologie et que se crée donc un espace intermédiaire entre la technologie et l'application technique. Qui contrôle cet espace ? Comment ? Pour qui ?


Je vois ce que tu veux dire: on a d'un coté des "sources" de technologies, ( dans les pays occidentaux pour la plupart ) généralement très bien protégées par le secret professionel, le secret industriel, les brevets, ect, comme tu le dit.

Et de l'autre, ceux qui bénéficient des produits de cette technologie, mais sans en avoir le savoir-faire. Et qui se retrouvent démunis si on "coupe les vannes".

Il y a 300 ans, le problème se posait déjà: certains savoir-faire était alors concentré entre les mains de certains artisants, parfois organisés en guildes, jalouses de leur savoir-faire.

Les Seigneurs et Rois proposaient alors a des "transfuges" des conditions "royales" ^^ et de monopoles pendant x décenies a certains artisants, pour peu qu'ils acceptent de s'installer sur place, et de former des disciples. Ils allaient chercher ces artisants jusque dans des royaumes voisins, ou très éloignés.

Le savoir reste le pouvoir...

Je crois que l'on s'attaque là aussi à un problème beaucoup plus vieux que la technologie d'aujourd'hui.
Batteran dit:Je crois que l'on s'attaque là aussi à un problème beaucoup plus vieux que la technologie d'aujourd'hui.

:china:
D'ailleurs je ne prétends pas que le problème est nouveau. C'est juste qu'il s'accroît au regard des enjeux et qu'il touche, notamment depuis la révolution verte (pour en revenir au fil directeur), la production de la nourriture. Et qu'en faire la critique ne signifie pas récuser le progrès des techniques.
El comandante dit:
Eric dit:Donc revenons aux merveilleuses sociétés de l'époque de Louis XIV ? C'est marrant j'ai l'impression que c'est pas tout à fait l'image que veulent donner les décroissants...

Marrant, je pensais que dans ton job on écoutait mieux.

je croyais que c'était mal les attaques ad hominem...
En fait, j'ai l'impression que c'est toi qui lis un peu vite.
Conscient que le terme "besoin" était ambivalent, j'ai très clairement précisé à quels besoins je faisais allusion. J'ai parlé des besoins de santé, d'éducation, d'échange avec d'autres, de découverte du monde et de confort.
Et empiriquement, j'affirme que ces besoins là, sont dans la nature humaine et qu'ils conduiront toujours l'être humain à déployer des technologies (et pas seulement des techniques) pour les assouvir. Bien sûr qu'on n'envisageait pas l'email à l'époque de Louis XIV mais bien avant ça l'apparition de l'écriture et aussi des routes ainsi que leurs améliorations constantes montre très bien quel besoin humain y conduit, et que l'être humain aura toujours le sentiment qu'on pourrait faire encore un peu mieux. L'insatisfaction est dans notre nature (qu'elle soit de l'ordre du péché ou de l'évolution naturelle n'y change rien).
El comandante dit:
Eric dit:Et c'est bien de cette envie que viennent les avancées technologiques (en commençant par la maîtrise du feu).

Technique ou technologie ?
Encore une fois, il y a erreur de cible en assimilant critique politique de la technologie et pensée réactionnaire anti-progrès.


Faudrait peut-être que tu définisse parce que je ne vois pas très bien ou commence la technologie et ou s'arrête la technique, quelle différence essentielle entre le feu et le tracteur
Batteran dit:
C'est une question de philo niveau bac, ça. (m'en souviens encore) En fait, à un certain niveau ( celui des émissions de vulgarisation, par exemple) la science rejoint la foi. Il s'agit d'une "science de masse" qui n'est pas destinée à être "exacte" ou "vraie", mais faire aller la population dans une direction, par acte de foi. Pour beaucoup, la science s'arrete a de jolies démonstrations en 3D ou avec des boules de plastique, et une recommandation ensuite. Il n'y a pas de démonstration scientifique, une vulgarisation à ce niveau est plus proche d'un acte de foi qu'une rigoureuse logique scientifique.
Exemple: un spot/une émission/un livre sur les bactéries dentaires pour les enfants (et leurs parents): des recherches scientifiques et appareils de plus en plus performants ont pu détailler le fonctionnement, la façon de se reproduire, ect de ces organismes. A l'écran, ça se traduit en de petits monstres de dessin animés armés de marteau-piqueurs. Ceci pour faire passer un message rapidement et de façon compréhensible. Mais il s'agit bien de croire sur parole les conclusions dudit spot. ("brossez-vous les dents 3 fois par jour!")


Je dois dire que je ne te suis pas du tout concernant la vulgarisation.
Soit la vulgarisation s'appuie sur des faits scientifiquement avérés et je ne vois pas où est le problème. Il me semble important et même nécessaire de communiquer sur les avancées scientifiques et techniques.
Soit la vulgarisation s'apparente à du marketing et les informations doivent être prises avec des pincettes.
C'est d'ailleurs pourquoi dans toute communication, il est obligatoire de se poser les questions suivantes :
- Qui fait ?
- Qui commandite ?
- Quel objectif ?

Je ne vois donc pas tellement où se place la croyance là dedans.
Pour en revenir au GIEC, ce groupement ce n'est pas Dieu, il est nécessaire de la critiquer (et c'est le cas). Maintenant les critiques proposées (attention je parle des critiques crédibles, à savoir fondée scientifiquement) sont plus de l'ordre de la nuance qu'autre chose.
Eric dit:je croyais que c'était mal les attaques ad hominem...

Oui, je voulais juste rappeler que je suis méchant. :P
Et voir que tu cédais aussi à la tentation. :twisted:
Eric dit:Et empiriquement, j'affirme que ces besoins là, sont dans la nature humaine

Peut-être oui ou non. je ne sais pas.
En fait c'est le côté empirique qui ne me satisfait pas trop. :)
Eric dit:Faudrait peut-être que tu définisse parce que je ne vois pas très bien ou commence la technologie et ou s'arrête la technique, quelle différence essentielle entre le feu et le tracteur

Là on n'est pas couchés.
Je vais tenter de la faire brève, donc incomplète : la technique relève des aspects pratiques, la technologie des aspects théoriques ou de la complexité cumulés des aspects pratiques.
Un exemple, qui sera sans doute mauvais, mais là au débotté : utiliser ton pécé relève de la technique. Le réparer relève de la technologie. Attraper le feu au bout d'une branche relève de la technique. Réparer mon tracteur au milieu de nulle part relève de la technologie. Utiliser du RoundUp relève de la technique. Le produire relève de la technologie.
LeChef dit:Pour en revenir au GIEC, ce groupement ce n'est pas Dieu, il est nécessaire de la critiquer (et c'est le cas).

J'ajouterais :
- il est toujours possible que le GIEC se trompe;
- je l'espère (ce serait un gros coup dur pour la science mais une putain de bonne nouvelle pour nous).
- ça semble peu probable.
El comandante dit:
Eric dit:Et empiriquement, j'affirme que ces besoins là, sont dans la nature humaine

Peut-être oui ou non. je ne sais pas.
En fait c'est le côté empirique qui ne me satisfait pas trop. :)

Ben à mon avis, là on fera jamais beaucoup mieux que de l'empirisme, et c'est un empirisme qui se confirme sur toute l'histoire de l'humanité.
Bref, ne pas tenir compte de cette perpétuelle insatisfaction de l'humain, c'est un acte de foi encore plus irrationnel que celui de compter sur la technologie pour tout arranger...
El comandante dit:mais là au débotté : utiliser ton pécé relève de la technique. Le réparer relève de la technologie. Attraper le feu au bout d'une branche relève de la technique. Réparer mon tracteur au milieu de nulle part relève de la technologie. Utiliser du RoundUp relève de la technique. Le produire relève de la technologie.

Attraper le feu au bout d'une branche relève de la technique mais l'allumer relève de la technologie ? (je crois avoir saisi l'idée mais il me manque un morceau de ta phrase).
Si j'ai bien compris, alors nous nous rejoignons sur ce point là aussi : il faut faire avec la technologie et pas sans (et encore moins contre)
El comandante dit:D'ailleurs je ne prétends pas que le problème est nouveau. C'est juste qu'il s'accroît au regard des enjeux et qu'il touche, notamment depuis la révolution verte (pour en revenir au fil directeur), la production de la nourriture. Et qu'en faire la critique ne signifie pas récuser le progrès des techniques.

Le problème ne me parait pas être effectivement nouveau et il suffit de voir à quand remontent les COV (Certificats d'Obtention Végétale) pour se dire que le contrôle de cet espace est tentant depuis longtemps. D'ailleurs je sens que tu vas orienter le débat sur les querelles brevets / COV.
L'importance de cette zone pour la nourriture ne tient qu'à un seul fait notre besoin sans cesse plus grand de productivité lui même du à une pression démographique et à une élévation des conditions de vie (statistiquement).

Cette productivité entraine une technicité de plus en plus grande que la plupart des intervenants ne sont plus à même de fournir (les graines que peuvent produire aujourd'hui les paysans sont souvent de moins bonne qualité que celles fournis par l'industrie, avec un déperdition sur plusieurs générations, et nécessitant par rapport à certains OGM des quantité plus grandes de pesticides dont on ne peut pas s'assurer qu'il soit mis en place de manière conforme dans tous les pays...

D'où le risque effectivement de prise de contrôle par les géants du système Monsanto, Bayer, BASF, limagrain.... Notons accessoirement qu'eux dépensent des sommes collossales en recherche (700 Millions par an pour Monsanto)... et je crains que l'attitude européenne nous prive d'alternatives (et là ca ne fait pas plaisir)

Néanmoins il y a des limites existantes à cela, dans les pays les plus pauvres Monsanto par exemple négocie des forfaits avec les états (suite à l'aventure Argentine) et certains états pourraient avoir l'envie de faire péter les brevets (possible, cf. cas du brésil avec certains médicaments évoqué notamment chez Stiglitz)...
Après il y aurait surement des remous entre états et à l'OMC...
Eric dit:
Le Chef, je sais bien que c'est une évidence et je suis au courant des cas que tu évoques (j'ai vu we feed the world) mais ce sont des problèmùes de distributions, pas de technologie et tout ce que ça prouve c'est que contrairement à ce qu'on a cru, les progrès techniques ne suffisent pas. On ne peut cependant pas nier qu'ils ont empêché, ou largement limité des famines naturelles


Je suis tout à fait d'accord avec toi (et je recommande chaudement we feed the world que je trouve plus pédagogique car peut-être moins polémique que d'autres films documentaires).

A mon sens, la technologie et la science ne sont pas de mauvaises choses, par contre l'utilisation des technologies et des sciences peut en être une. C'est au politique et au sens moral/éthique d'arbitrer et je pense qu'il y a un réel déficit à ce niveau là (c'est un sujet à part entière, aussi je ne développe pas plus que cela).

La science et la technologie ont permis de réelles avancées sur les questions agricoles, et je pense que cela s'est fait avec de bons sentiments et sans arrière pensée.
Pourtant, avec le recul, le modèle économique et de production est à revoir. Quand je dis avec le recul, c'est en prenant en compte l'expérience (notamment tout ce qui touche à l'appauvrissement des sols, l'incapacité du modèle économique à distribuer la production) et les nouvelles avancées scientifiques.
N'oublions pas que l'essentiel de l'activité agricole mondiale repose sur le pétrole : produits phytosanitaires, tracteurs... Hors, et sans rentrée dans le débat sur le pick oil, le pétrole n'est pas inépuisable et sa raréfaction (sans même parler de disparition) entrainera immanquablement une augmentation des prix avec tous les désastres qui vont avec sur le plan humain.
La connaissance des milieux, de l'environnement, des sols, des espèces animales... a également énormément progressé et sans dire que le progrès nous a mené dans le mur, il est important de la questionner et de ne pas s'arrêter à la 1ère protestation de ceux (je pense aux multinationales) qui profitent de ce progrès.

A mon avis, le modèle de production et le modèle économique doivent être revus d'urgence car inadapté en l'état. En 2010 ou 2011, la PAC sera retravaillé notamment. J'ai peine à croire compte tenu des rapports de force que les réponses politiques qui vont être proposées soient à la hauteur des enjeux.

Pour en revenir à l'écologie en général, je pense que toutes les questions doivent être réfléchie de la sorte, en fonction des enjeux pour l'humanité.
Mon mode de pensée est très égoïste ou plutôt humaniste. Personnellement, je m'en fiche des ours (je n'en verrai sans doute jamais ailleurs que dans les zoo) et quand je dis que je m'en fiche, c'est qu'à mes yeux, l'humanité est plus importante et que la survie de l'espère, mais aussi la démocratie (organisation de l'humanité) passe d'une certaine façon par la survie des ours. Par ailleurs, la connaissance des espèces en général, nous permet de mieux comprendre l'environnement dans lequel nous évoluons et donc comment appréhender au mieux cet environnement.
Eric dit:un acte de foi encore plus irrationnel que

je ne pense pas qu'il y ait de gradation dans l'irrationnel de la foi.
Quant à cet empirisme, je ne sais pas. Je pense que l'on doit pouvoir se retrouver là-dessus de manière un peu plus démontrée.
Eric dit:Attraper le feu au bout d'une branche relève de la technique mais l'allumer relève de la technologie ?

euh non, je ne crois pas. Frotter deux silex ou deux morceaux de bois, c'est juste une technique. :lol:
Eric dit:Si j'ai bien compris, alors nous nous rejoignons sur ce point là aussi : il faut faire avec la technologie et pas sans (et encore moins contre)

Je n'ai jamais dit le contraire. cette discussion procède de l'assimilation erronée de la critique politique que j'ai porté (avec d'autres) à la technologie à une réaction anti-progrès. Aucun des intervenants n'a jamais dit qu'il fallait être contre. Critiquer et contrôler, ce n'est pas nier.
El comandante dit:
Je n'ai jamais dit le contraire. cette discussion procède de l'assimilation erronée de la critique politique que j'ai porté (avec d'autres) à la technologie à une réaction anti-progrès. Aucun des intervenants n'a jamais dit qu'il fallait être contre. Critiquer et contrôler, ce n'est pas nier.


C'est à ce niveau là qu'il convient d'être clair.
Pour faire du Comte-Sponville, techno-science et politique relèvent de deux ordres (ou organisation interne) différents. Il convient de séparer :
Techno-Science (l'économie est une science) du Politique tout en pensant l'articulation entre ces deux ordres.
Dire, comme El comandante, que la science a besoin d'être encadré par la politique, ça ne me choque pas, bien au contraire (en même temps, je dis à peu près la même chose, donc ce serait con). En tant que citoyen, nous n'avons pas à intervenir sur la science, ce serait un non sens, par contre, nous pouvons (et même devons) intervenir sur l'utilisation (par des lois) en fonction de l'idée qu'on se fait de l'Homme et de l'humanité (morale, éthique, philosophie).

Je suis bien certain de pouvoir facilement démontrer qu’il y a clairement gradation dans l’irrationalité de la foi, mais c’est un autre débat.

El comandante dit:
Eric dit:Attraper le feu au bout d’une branche relève de la technique mais l’allumer relève de la technologie ?

euh non, je ne crois pas. Frotter deux silex ou deux morceaux de bois, c’est juste une technique. :lol:


Hmm pas si sûr, je sais bien que la guerre du feu n’est pas une référence scientifique mais cela me semble une approche plausible de la façon dont la question s’est posée. Or une des critiques que tu faisais à la technologie c’est bien qu’elle n’est pas accessible à tous et qu’elle place certains dans la dépendance de ceux qui la détiennent, non ?

LeChef dit:
Dire, comme El comandante, que la science a besoin d'être encadré par la politique


Ben en fait, il me semble que ni Bertrand ni moi, n'avons jamais dit autre chose, surtout si tu substitue les temres "techniques" ou "technologie" à celui de science (sinon en fait ça me gène un peu plus)
LeChef dit:
Batteran dit:
C'est une question de philo niveau bac, ça. (m'en souviens encore) En fait, à un certain niveau ( celui des émissions de vulgarisation, par exemple) la science rejoint la foi. Il s'agit d'une "science de masse" qui n'est pas destinée à être "exacte" ou "vraie", mais faire aller la population dans une direction, par acte de foi. Pour beaucoup, la science s'arrete a de jolies démonstrations en 3D ou avec des boules de plastique, et une recommandation ensuite. Il n'y a pas de démonstration scientifique, une vulgarisation à ce niveau est plus proche d'un acte de foi qu'une rigoureuse logique scientifique.
Exemple: un spot/une émission/un livre sur les bactéries dentaires pour les enfants (et leurs parents): des recherches scientifiques et appareils de plus en plus performants ont pu détailler le fonctionnement, la façon de se reproduire, ect de ces organismes. A l'écran, ça se traduit en de petits monstres de dessin animés armés de marteau-piqueurs. Ceci pour faire passer un message rapidement et de façon compréhensible. Mais il s'agit bien de croire sur parole les conclusions dudit spot. ("brossez-vous les dents 3 fois par jour!")

Je dois dire que je ne te suis pas du tout concernant la vulgarisation.
Soit la vulgarisation s'appuie sur des faits scientifiquement avérés et je ne vois pas où est le problème. Il me semble important et même nécessaire de communiquer sur les avancées scientifiques et techniques.
Soit la vulgarisation s'apparente à du marketing et les informations doivent être prises avec des pincettes.
C'est d'ailleurs pourquoi dans toute communication, il est obligatoire de se poser les questions suivantes :
- Qui fait ?
- Qui commandite ?
- Quel objectif ?
Je ne vois donc pas tellement où se place la croyance là dedans.
Pour en revenir au GIEC, ce groupement ce n'est pas Dieu, il est nécessaire de la critiquer (et c'est le cas). Maintenant les critiques proposées (attention je parle des critiques crédibles, à savoir fondée scientifiquement) sont plus de l'ordre de la nuance qu'autre chose.


Je crois qu'on est pas très loin l'un de l'autre, mais encore sur une longueur différente.

Je tente en biais:

Plus le niveau scientifique de la personne dans un domaine est grand, plus ses connaissances s'appuient sur des démonstrations, des expérimentations, de la logique toute "scientifique".

Plus le niveau de cette même connaissance scientifique dans un domaine est faible, plus ses connaissances s'appuient sur des vulgarisations qu'elle n'a pas vérifiée elle même: elle fait "confiance" a ceux qui les ont fait. (et c'est bien normal: nous ne pourrions passer notre vie a tout explorer et vérifier dans tout les domaines).

c'est cette confiance que j'appelle acte de foi.

Que la vulgarisation vienne d'une source ou d'une autre va indiquer le niveau de confiance qu'on lui donne. Mais il s'agit là aussi d'avoir plus ou moins foi en ce gens. Tant que l'on a pas vérifié, calculé, expérimenté soi-même c'est bien un "acte de foi".

Et pour une personne qui n'aurait aucune formation ou connaissance dans le domaine scientifique, cet acte de foi est total à chaque fois qu'elle accepte une conclusion issue du domaine scientifique.

Je suis plus clair?