[Désolé, c’est un post long et peut-être un peu HS pour certaines parties, mais je pense que c’est important de remettre de la perspective dans le débat…]
Je ne suis pas totalement sûr d’être en accord avec tous les commentaires précédents.
Donc pour rester d’abord sur le sujet initial, comme je le disais dans mes précédents posts, je suis d’accord que l’opération d’Embracer est quelque peu cavalière. Mais elle n’a effectivement rien d’illégale puisqu’elle est faite dans un cadre réglementaire respecté et avec les autorisations et validations nécessaires au niveau du conseil d’administration et des auditeurs.
Concernant les commentaires un peu plus généraux sur le fait que la finance et les gros industriels sont tous des pourris, je pense qu’il y a certains raccourcis qui sont faits (désolé, c’est cette partie qui est un peu plus HS).
Je pense qu’il ne faut pas confondre les systèmes financiers et ceux qui les utilisent. Comme partout, c’est principalement l’intention qui fait la différence.
Les systèmes d’emprunts, de restructuration de dettes et d’accès aux marchés publiques sont de très bons outils de financements qui permettent tous les jours à des entreprises de toutes les tailles de se créer, de financer des projets d’innovation et d’apporter des nouveau produits/services et de créer de l’emploi.
Après, comme dans tous les domaines, il y a des gens qui utilisent ces systèmes pour leur propre profit, et c’est bien évidemment condamnable, mais de là à faire des généralités, je pense qu’il y a un pas plus difficile à franchir.
Certains exemples qui ont été cités ne sont pas forcément les bons. Je ne dis pas que tous le monde est parfaitement propre, mais:
- Je en pense pas que l’état n’intervienne pour aider TOUTES les entreprises privées. Il y a effectivement quelques exemples assez flagrant (les pages jaunes en font partie), mais il y a aussi des exemples vertueux om les aides de l’état sont mise à profit pour developper l’outil industriel ou l’innovation (J’ai de nombreux exemple de sociétés de biotech qui ont bénéficier du CIR justement ce qui leur a permis de survivre et déveloper leurs produits, ce qu’elles auraient eu beaucoup de mal à faire sans).
Je pense aussi qu’il faut se poser en parallèle la question de la capacité de l’état à être un bon gestionnaire. Parfois, il peut être plus intéressant d’investir dans des domaines d’avenir que de tenter de sauver des activités du passé. Une des choses que la biologie nous a appris depuis Darwin est que dans tous les écosystèmes, et cela peut s’appliquer à l’écosystème financier/business, il est difficile de contrer les évolutions, et ceux qui ne s’adaptent pas ne survivent pas… En revanche, faciliter les transitions, c’est probablement une meilleure utilisation de l’argent public (mais c’est mon opinion)
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Pour bénéficier du credit d’impot pour la recherche, il faut avoir de la recherche en France. Dans l’exemple qui est cité, on ne sait pas comment ils l’ont utilisé, je doute que 100% du montant soit allé directement en dividende, mais on n’a pas l’info (elle est facile à obtenir en lisant le rapport annuel de la société en question cela dit). Si cette société se débarrasse de sa recherche en France, alors elle perd son CIR.
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Les relations d’un état avec ses milliardaires ont toujours été un sujet intéressant. Je pense qu’il y a du vertueux et du moins vertueux dans ces situations. Mon opinion est qu’il ne faut pas oublier que ces milliardaires ne sont généralement pas des héritiers, i.e. ils ont construit des entreprises qui fournissent de l’emploi à beaucoup de gens, et qui paient aussi leurs impôts dans les pays où ils ont des opérations, y compris la France d’ailleurs. Et à priori, si ces milliardaires sont français, eux même paient leurs IR et IF en France.
Pour revenir au sujet, dans le cas d’Embracer, nous manquons je trouve d’information pour juger sur le manque de causalité entre la dette et son porteur. Nous n’avons pas de détail sur les fondamentaux des décisions stratégiques et la façon dont elles ont été prises.
Des quelques informations disponibles, il semble cependant qu’Asmodée est l’entité la plus à même de supporter un tel niveau d’endettement, grâce notamment à :
- des fondamentaux sains de son marché cible (en croissance):
La taille du marché mondial des jeux de société devrait passer de 13,06 milliards de dollars en 2023 à 32,00 milliards de dollars d’ici 2032, avec un TCAM (taux de croissance annuel moyen) de 10,52 % au cours de la période de prévision.
source: https://www.fortunebusinessinsights.com/board-games-market-104972
- une capacité à dégager une marge opérationnelle (et donc par extension un cash flow) substantielle:
Source : Embracer annual report 2023
- près de 400 IPs qui représentent un niveau substantiel de goodwill qu’ils peuvent utiliser en cas de besoin pour trouver du cash:
Source : Embracer annual report 2023
Il sera intéressant de surveiller la future communication d’Embracer/Asmodee, leur listing, l’analyse des banques et la trajectire des shares.