Embracer se disloque - Asmodee à nouveau célibataire

En tant que consommateur, m’en fout un peu.
Le marché du jeu de société est sain, la disparition d’un acteur ne va pas poser de problèmes, il y en a plusieurs autres qui ne demandent pas mieux que de prendre sa place. Mais surtout, asmodee ne va pas disparaître.
La création reste pléthorique, trop, l’euphorie des années Covid sur ce marché fait un peu mal aujourd’hui, d’où l’avalanche de « vente privées » et autre déstockages (c’est la même chose).
Bref, cette dette va, à mon avis, peut être ralentir la croissance d:asmodee (ce n’est même pas sur), mais ne met en danger pas grand chose. Éventuellement cela va donner des opportunités à d’autres acteurs.

Le sort réservé aux petits studios est malheureusement banal.
Une entreprise a une politique de croissance externe… on donne à des gens des objectifs du genre « il faut racheter 3 boites dans l’année », ils le font…
Ensuite le vent tourne un peu, il faut « rationnaliser » et se séparer de ce qui ne marge pas assez…
J’ai déjà vu ça.
C’est con ? Ben… c’est le monde des entreprises…

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En fait, on verra si la valeur des 3 entitées est réellement équilibrée au moment de l’intro en bourse de leurs titres, et la façon dont le marché réagit sur les premières semaines.

Si les investisseurs croient en la capacité et le plan strategique d’Asmodée pour continuer à générer de la valeur tout en remboursant leur niveau de dette, alors ça devrait marcher. C’est le pari que fait le management actuellement, mais avec une marge de manoeuvre réduite.

Le prospectus d’intro en bourse donnera probablement les clés pour comprendre leur plan. Et les notes d’analystes indiqueront jusqu’à quel point le marché y croit :slight_smile:

Il y a peut-être aussi qu’un éditeur de jeux de société a des revenus plus réguliers qu’un éditeur de jeux videos qui dépend beaucoup de ses nouvelles sorties. Il suffit que l’une d’elle se passe mal pour faire plonger l’entreprise. Alors que Asmodée possède des licences de jeux de société qui se vendent dans la durée (Pokemons, 7 wonders, Aventuriers du rail, Takenoko, Dobble, Splendor … …les classiques). En plus Asmodée est aussi distributeur de certains jeux indémodables.
J’imagine que les banques qui ont chaperonné ce montage ne veulent pas que tout se casse la figure et que les dettes ne soient pas payées.

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Je continue à ne pas comprendre comment on peut (excusez-moi l’imprécision des termes que je vais employer) acquérir une entreprise, lui refiler toutes ses dettes puis s’en débarrasser. J’imagine même la situation extrême où l’entreprise de la sorte lâchée finirait par faire faillite. Pendant ce temps, la “maison mère” s’est tranquillement assainie et repart de plus belle. Ce sont quand même des tours de passe-passe qui à mon sens ne peuvent être approuvés / tolérés par le Ministère de l’Économie et des Finances à Bercy, si ?

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Bah ça se passe en Suède…. Et c’est pas comme si Asmodee était un enorme employeur en France…. Mais je reconnais que le procédé est assez cavalier

Pourtant cela arrive assez souvent.

La finance c’est très différent des mathématiques.

Ce genre de mésaventures me rappelle pages jaunes, régulier et rentable coulé et mis en difficulté par son investisseur ou des sites industriels en France. En difficulté et racheté avec des millions d’aide des pouvoirs publiques. Rentable mais pas assez et finalement et contrairement aux promesses fermés quelques années après. Et les millions d euros d’aide publique perdu. Enfin pas pour tout le monde…

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Je tombe des nues. Donc, ce procédé est connu et personne ne fait rien contre, au niveau des “grandes instances”. A peut racheter B, lui refiler ses dettes envers C, puis A jette B (avec les dettes) et B fait faillite. Le cas échéant, C fait faillite aussi car il reste le cul sur ses créances.

Parallèlement A et B avaient reçu des aides de l’état, aides complètement transférées vers A avant la séparation. A a désormais le cul propre (décidément je fais une fixette sur les popotins dans ce post) et une “santé de fer” aux frais d’une entreprise, de ses employés et de la société toute entière.

Il faut épargner mon petit coeur, les gars. Et la France qui donne en toutes occasions des leçons aux “républiques bananières”…

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C’est “beau” le milieu de la finance… :face_vomiting: Et dire qu’on va nous prendre la tête en tant qu’association parce qu’on a pas de comptes séparés entre le pôle ACI chantier d’insertion et le pôle centre de loisir par contre ce genre de magouilles y a pas de souci… :roll_eyes:

Les mécaniques ne sont pas aussi simples, mais oui.

Mais c’est un détail tout ça ! L’état, sous diverses formes, verse, avec tes impôts, des milliards d’aides à des entreprises… ces mêmes entreprises versent des dividendes aux actionnaires.

Donc… tes impôts servent à payer des dividendes à Bolloré (par exemple). Cool non ?

Je connais une entreprise pharma qui touche depuis des années des crédit d’impôt recherche en France… ils viennent de fermer la filiale française et de rapatrier le pognon dans la maison mère.

Etc…

Pour Bolloré et Lagardère il y a du pognon, des milliards, mais pour loger les réfugiés expulsés manu militari pour faire place aux jo, y’en n’a pas même pas quelques centaines de k€.

Tout va bien bonnes gens dormez tranquilles, le guet veille !

Et n’oubliez pas votre prescription médicale : une heure de touche pas à mon poste par jour.

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@docky : complètement d’accord avec toi. Question : ça se passe aussi en Allemagne ce genre de “montage”, non ?

Ça se passe partout. Détail : pour que ça puisse se faire il faut que les créanciers soit d’accord, donc normalement la dette est supposée portable par l’entité à laquelle elle est refilée.

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Et bien, histoire de boire le calice jusqu’à la lie, je vais imaginer que oui, en Allemagne le monde est aussi pourri qu’autre part. Mais j’aurais vraiment imaginé qu’une prérogative est quand même un lien de causalité entre la dette et celui qui se la prend sur l’échine. Sinon, ça permet toutes les entourloupes…

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[Désolé, c’est un post long et peut-être un peu HS pour certaines parties, mais je pense que c’est important de remettre de la perspective dans le débat…]

Je ne suis pas totalement sûr d’être en accord avec tous les commentaires précédents.

Donc pour rester d’abord sur le sujet initial, comme je le disais dans mes précédents posts, je suis d’accord que l’opération d’Embracer est quelque peu cavalière. Mais elle n’a effectivement rien d’illégale puisqu’elle est faite dans un cadre réglementaire respecté et avec les autorisations et validations nécessaires au niveau du conseil d’administration et des auditeurs.

Concernant les commentaires un peu plus généraux sur le fait que la finance et les gros industriels sont tous des pourris, je pense qu’il y a certains raccourcis qui sont faits (désolé, c’est cette partie qui est un peu plus HS).

Je pense qu’il ne faut pas confondre les systèmes financiers et ceux qui les utilisent. Comme partout, c’est principalement l’intention qui fait la différence.

Les systèmes d’emprunts, de restructuration de dettes et d’accès aux marchés publiques sont de très bons outils de financements qui permettent tous les jours à des entreprises de toutes les tailles de se créer, de financer des projets d’innovation et d’apporter des nouveau produits/services et de créer de l’emploi.
Après, comme dans tous les domaines, il y a des gens qui utilisent ces systèmes pour leur propre profit, et c’est bien évidemment condamnable, mais de là à faire des généralités, je pense qu’il y a un pas plus difficile à franchir.

Certains exemples qui ont été cités ne sont pas forcément les bons. Je ne dis pas que tous le monde est parfaitement propre, mais:

  1. Je en pense pas que l’état n’intervienne pour aider TOUTES les entreprises privées. Il y a effectivement quelques exemples assez flagrant (les pages jaunes en font partie), mais il y a aussi des exemples vertueux om les aides de l’état sont mise à profit pour developper l’outil industriel ou l’innovation (J’ai de nombreux exemple de sociétés de biotech qui ont bénéficier du CIR justement ce qui leur a permis de survivre et déveloper leurs produits, ce qu’elles auraient eu beaucoup de mal à faire sans).

Je pense aussi qu’il faut se poser en parallèle la question de la capacité de l’état à être un bon gestionnaire. Parfois, il peut être plus intéressant d’investir dans des domaines d’avenir que de tenter de sauver des activités du passé. Une des choses que la biologie nous a appris depuis Darwin est que dans tous les écosystèmes, et cela peut s’appliquer à l’écosystème financier/business, il est difficile de contrer les évolutions, et ceux qui ne s’adaptent pas ne survivent pas… En revanche, faciliter les transitions, c’est probablement une meilleure utilisation de l’argent public (mais c’est mon opinion)

  1. Pour bénéficier du credit d’impot pour la recherche, il faut avoir de la recherche en France. Dans l’exemple qui est cité, on ne sait pas comment ils l’ont utilisé, je doute que 100% du montant soit allé directement en dividende, mais on n’a pas l’info (elle est facile à obtenir en lisant le rapport annuel de la société en question cela dit). Si cette société se débarrasse de sa recherche en France, alors elle perd son CIR.

  2. Les relations d’un état avec ses milliardaires ont toujours été un sujet intéressant. Je pense qu’il y a du vertueux et du moins vertueux dans ces situations. Mon opinion est qu’il ne faut pas oublier que ces milliardaires ne sont généralement pas des héritiers, i.e. ils ont construit des entreprises qui fournissent de l’emploi à beaucoup de gens, et qui paient aussi leurs impôts dans les pays où ils ont des opérations, y compris la France d’ailleurs. Et à priori, si ces milliardaires sont français, eux même paient leurs IR et IF en France.

Pour revenir au sujet, dans le cas d’Embracer, nous manquons je trouve d’information pour juger sur le manque de causalité entre la dette et son porteur. Nous n’avons pas de détail sur les fondamentaux des décisions stratégiques et la façon dont elles ont été prises.

Des quelques informations disponibles, il semble cependant qu’Asmodée est l’entité la plus à même de supporter un tel niveau d’endettement, grâce notamment à :

  • des fondamentaux sains de son marché cible (en croissance):

La taille du marché mondial des jeux de société devrait passer de 13,06 milliards de dollars en 2023 à 32,00 milliards de dollars d’ici 2032, avec un TCAM (taux de croissance annuel moyen) de 10,52 % au cours de la période de prévision.
source: https://www.fortunebusinessinsights.com/board-games-market-104972

  • une capacité à dégager une marge opérationnelle (et donc par extension un cash flow) substantielle:

EBIT

Source : Embracer annual report 2023

  • près de 400 IPs qui représentent un niveau substantiel de goodwill qu’ils peuvent utiliser en cas de besoin pour trouver du cash:

goodwill

Source : Embracer annual report 2023

Il sera intéressant de surveiller la future communication d’Embracer/Asmodee, leur listing, l’analyse des banques et la trajectire des shares.

Une des choses que les biologistes peinent a apprendre au reste de la société est qu’il ne faut pas faire ce genre de parallèles car ils sont totalement inadaptés. Ce ne sont pas les mêmes objets, les mêmes contextes, les mêmes mécanismes. Merci aux économistes d’arrêter cette référence systématique, foireuse et ultra datée.

Désolé pour le HS, et pardon si ça donne un peu agressif rien de personnel : une fatigue personnelle face à cette appropriation régulière et un contexte qui m’y sensibilise aujourd’hui entre les références à évolution (le jeu) et la vidéo postée par jmguiche un peu plus tôt !

(@tom-le-termite es-tu là ?)

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Bonjour.
Pour le reste je ne sais pas. Mais pour ça c’est factuellement archi faux:
Près de 80 % des milliardaires français sont des héritiers, selon Forbes.

Du coup, mon opinion est qu’il ne faut pas oublier que ces milliardaires sont généralement des héritiers, i.e. beaucoup de gens travaillent dans des entreprises dont ils tirent des revenus.

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ok, my bad, j’aurais dû ecrire ces milliardaires sont à la tête d’entreprises […]. Qu’ils l’aient créer ou reçu, je pense que le reste du point reste cependant valide :slight_smile: Et en plus ils ont probablement payé des droits de succession. :slightly_smiling_face:

Je connais assez bien le fonctionnement d’entreprises familiales « milliardaires » moi aussi, de l’intérieur. J’ai aussi été patron de pme, sans être milliardaire. Je connais bien de l’intérieur aussi le monde des « entreprises qui absorbent les crédits d’impôts recherche ».
Il n’y a absolument rien de vertueux là dedans, la seule boussole est le profit.
Il y a des officine dont le boulot est de monter un dossier justifiant que la bien des activités banales est éligible au crédit d’impôt recherche.

Ce qui dicte la relation entre les aides de l’état et les entreprises s’appelle « l’effet d’aubaine ».

Édit : quand aux milliardaires français… la liste est là…
Vous pouvez compter ceux qui ne sont pas issus eux même de familles fortunées… il doit y en avoir 5 au plus. Les autres sont des héritiers.

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bah il n’y plus qu’à stopper les aides d’état alors si c’est 100% mal utilisé.
Finalement, il semblerait que les approches libérales sont bien les meilleures :cowboy_hat_face:

Pardon mais non, ça change absolument tout, sur le point de vue vis à vis de smilliardaires. Et non le reste n’est pas valide: la vision comme quoi c’est grâce aux patrons que les employés vivent, c’est un renversement de la réalité. Une minorité s’accapare les moyens de productions, et ensuite gagne sa vie sur le travail des autres. Si demain, les patrons disparaissent, la production continue. Si en revanche les employés disparaissent là plus rien ne marche.

Mais bref, on dévie du sujet.

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Oui tout à fait :grin: comme la famille Mulliez qui gère entre autre Auchan, Decathlon, Boulanger, Flunch, les 3 brasseurs, Leroy Merlin, Bricoman, Weldom, Kiabi, Électro Dépôt, Saint Maclou, Norauto, Midas, Top Office, Brice, Jules, Pimkie (et oui quand vous passez d’un magazin à l’autre dans la zone industrielle près de chez vous c’est bien possible que ça ne sorte pas de cette famille d’exilés fiscaux…)