A propos du retraitement des déchets et des conséquences sur l’environnement :
POLLUTIONS…DECHETS: Retraiter n’est pas recycler
Après avoir pratiqué la politique de l’autruche pendant des décennies, la France dispose depuis 1991 d’une loi sur la gestion des déchets radioactifs. A ce jour, c’est la seule loi adoptée en France pour encadrer le nucléaire. Cette loi, dite «Bataille», définit les pistes de recherche actuelles : la séparation des radioéléments, la transmutation (qui permettrait théoriquement de faire chuter la radioactivité des éléments), et enfin l’incinération (dans des réacteurs spéciaux à construire). Ces solutions, si elles aboutissent un jour, ne seront pas disponibles avant des dizaines d’années. Sans parler des sommes astronomiques qu’elles engagent.
En attendant ces hypothétiques solutions, la loi Bataille prévoit d’entreposer (provisoirement) ou de stocker (définitivement) les déchets en fonction de leur dangerosité : soit en surface, soit en grande profondeur (entre 600 et 800 mètres), soit, idée plus récente, en « sub-surface » à 15 ou 20 mètres de profondeur.
A l’heure actuelle, les déchets les moins radioactifs, à vie dite « courte » (de 30 à 300 ans environ), sont entreposés et stockés sur deux sites. Le premier à La Hague, le Centre de Stockage de la Manche (CSM), est déjà plein et a été définitivement fermé. Un deuxième site a pris le relais à Soulaines, dans l’Aube. Leur sûreté est toute relative : ainsi, le CSM disposait d’une « garantie de non-fuite » pour trois cents ans, mais la nappe phréatique est déjà contaminée.
Claude Allègre, ancien président du Bureau de recherche géologique minière, estime quant à lui que « géologiquement, le sous-sol est le plus mauvais endroit pour stocker les déchets à long terme. Pourquoi ? Il contient de l’eau qui circule et pénètre tout ». Sur d’aussi longues périodes, personne ne peut garantir la fiabilité des conteneurs, ni la stabilité des roches.
Le problème des déchets haute activité et vie longue, à cause de la masse critique, est qu’ils doivent être maintenus séparés en petits volumes sous-critiques (volume insuffisant pour engendrer un auto-emballement de la réaction en chaîne).
Selon une estimation effectuée à partir des chiffres d’un numéro spécial du mensuel “La Recherche” consacré aux déchets radioactifs :
Un an de production d’électricité française engendre 3 077 conteneurs de déchets de haute activité de 520 kg chacun ; leur stockage à La Hague nécessite le forage de 236 puits, contenant chacun 13 conteneurs.
Nous sommes bien loin de la thèse d’EDF ou de l’ANDRA, pour qui la totalité de ces déchets depuis 15 ans d’exploitation serait contenue dans l’équivalent d’une piscine olympique, estimation officielle au demeurant subitement augmentée, courant août 2003, de deux piscines supplémentaires. En Allemagne, des gouttes d’eau ont été découvertes sur des gaines de joints à l’intérieur du couvercle de conteneurs de transport et de stockage de déchets nucléaires ; la chose a surpris les experts, car ces conteneurs étaient séchés après chargement. Le ministère allemand de l’industrie a indiqué que cela pouvait "signifier une corrosion dans un délai de 30 à 40 ans ".
L’ANDRA et le CEA affirment pour leur part que la découverte de l’instabilité du dioxyde de plutonium ne remet pas en cause le concept de stockage en profondeur. Tout cela renforce néanmoins les craintes relatives au stockage des déchets en profondeur et au devenir des sites en général. Les conteneurs où sont placés les déchets de haute activité sont censés garantir la séparation des masses sous critiques pour éviter la formation d’une masse critique engendrant un auto emballement de la réaction en chaîne, soit une masse de métal radioactif qui atteint des températures phénoménales et qui auto entretient son réchauffement et sa radioactivité. Ces emballements pourraient créer autant de syndromes chinois, descentes directes dans la terre, totalement ingérables, et donc contaminer les sols et les eaux à très long terme et de plus en plus profondément.
Stockage : Il ne sera pas possible de récupérer les fûts une fois enfouis, surtout après plusieurs siècles. Certains veulent laisser la possibilité aux générations futures de récupérer les déchets. Cela dans l’hypothèse où des solutions d’élimination seraient découvertes. De toutes façon, comment garantir la mémoire de tels sites ?
Une autre diffusion est liée à la production d’électricité issue des réacteurs à travers leurs rejets chroniques et gazeux dans la biosphère. Les limites de ces rejets n’ont pas été fixées en fonction de leur toxicité pour le vivant mais en fonction des possibilités de la technologie retenue en France.
A titre d’exemple, l’eau borée de refroidissement du circuit primaire produit du tritium (hydrogène radioactif de 12 ans de demi-vie) en grande quantité : EDF reconnaît ne pouvoir stocker les quantités générées par ses réacteurs, le tritium est donc tout simplement rejeté dans le fleuve ou la mer (22000 milliards de Bq ont été rejetés en 1996 dans la Garonne par les deux réacteurs de Golfech). On peut mesurer dans le fleuve une activité de plusieurs dizaines de becquerels par litre. Des centaines de millions de becquerels de Cobalt, de Césium…sont également rejetés en toute " légalité ".
L’atmosphère n’est pas épargnée : 23 mille milliards de becquerels de tritium et 1500 milliards de Bq de gaz rares et halogènes ont été rejetés dans l’air en un an (iode 131 de 8 jours de ½ vie, iode 133, krypton 85 de 10,7ans de ½ vie). Pourtant le tritium aux caractéristiques chimiques proche de l’hydrogène est traité par l’organisme vivant récepteur comme tel et l’on ignore aujourd’hui à peu près tout de sa toxicité. Toujours pour ce qui concerne la production d’énergie, l’irradiation dans les réacteurs dure 3 ans et lorsque s’arrêtent les réactions en chaîne, le combustible usé, déchargé du réacteur, génère le plus gros des déchets de forte activité. Ces déchets comprennent - des résidus de fission d’uranium et de plutonium (désignés par P.F.) - de corps plus lourds que l’uranium (les transuraniens). Après un an de fonctionnement le cœur d’un réacteur contient l’équivalent de 1000 bombes d’Hiroshima. Après 3 à 5 ans de refroidissement en piscine, les P.F. présents dans le combustible sont essentiellement constitués de Césium 137 (demi-vie 30 ans), de strontium 90 (demi-vie 28 ans ), de technétium 99 (demi-vie 213 000 ans) d’iode 129 (période 16 000 millions d’années)…
Les déclarations de Roselyne Bachelot et Nicole Fontaine dénotent tout autant un grand écart entre un discours grandiloquent et des gestes pour le moins contradictoires, glorifiant le nucléaire, sacralisant la science qui trouvera (forcement!) une solution à l’entreposage pour des millénaires de déchets hautement radioactifs.
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Depuis 1945, une soixantaine d’accidents de criticité sont survenus dans le monde : Pour les installations électronucléaires, nous avons déjà évoqué l’accident de Tchernobyl pour lequel aucune information n’est disponible sur le devenir médical des 800 000 liquidateurs.
Il y a eu Windscale en Grande Bretagne survenu en 1957, Three Misle Island en 1979, Saint-Laurent-des-eaux en 1980 et plus récemment, le 30 septembre 1999 l’accident de criticité de Tokaï-mura au Japon ou il fallut attendre 17 h pour arrêter définitivement la réaction en chaîne et ou trois ouvriers ont reçus des doses importantes (jusqu’à 340 fois la limite de dose annuelle pour les travailleurs ). Deux des ouvriers de l’usine sont morts et 439 personnes ont été irradiées.
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Autre problème aigu : le devenir des déchets hautement radioactifs issus du combustible nucléaire. Il existe deux grandes options pour leur gestion. La première, adoptée par une majorité de pays, consiste à les entreposer en l’état. La seconde, suivie notamment par la France, est le retraitement des combustibles : cela consiste à séparer les matières valorisables (uranium et plutonium) des déchets finaux qui, eux, se retrouvent conditionnés sous forme vitrifiée avant d’être stockés.
Conçu dans un autre but (la séparation du plutonium militaire), le retraitement présente un bilan contesté. À partir d’un colis unique, le combustible usé, il engendre une grande variété de déchets radioactifs (déchets vitrifiés, mais aussi structures métalliques, boues de traitement, etc…) dont le stockage n’est pas moins problématique.
Au bout du compte, tout s’accumule : les stocks d’uranium, de plutonium (voir encadré suivant) et de combustible irradié s’entassent dans l’attente d’une réutilisation officiellement “différée”, en réalité trop coûteuse aux yeux de leurs propriétaires…
lien:
http://www.sortirdunucleaire.org/index. … ge=dechets