Cuba Libre. Bienvenue à Cuba en 1957-1958, au coeur de la révolution. A ma droite, un gouvernement totalitaire et corrompu, soutenu par ces salauds d’américains. A ma gauche, une armée de guerrilleros, des salauds de communistes semant le chaos dans le pays. En face, un syndicat mafieux, des opportunistes profitant de l’occasion pour faire du profit sur le dos de la population.
Et moi, au milieu de tout ça, j’ai l’impression d’être le seul à penser à la population, à la bonne marche du pays. Le pompier de service en somme, tentant tant bien que mal de rétablir le calme et l’équilibre dans les régions au bord de l’explosion. Mais même si les hommes de Castro sont des brutes indignes de confiance, même si je dois souvent réparer les dégâts derrière eux, j’ai quand même besoin d’eux pour pénétrer dans les places fortes du gouvernement. Eux ont les hommes et les moyens, moi je n’ai rien de tout ça, ou si peu.
Oui, la révolution se serait sûrement mieux passée s’ils avaient été organisés, s’ils ne s’étaient pas contentés de mettre le feu partout où ils passent. A croire que leur but est de faire sombrer le pays entier. Qu’ils attaquent les comptoirs syndicalistes et les centres économiques, pourquoi pas, après tout une révolution a besoin de ressources pour fonctionner. Mais ce n’est pas en se regroupant au centre de l’île, effectuant des raids de-ci de-là, qu’ils vont parvenir à renverser le gouvernement. Il semble bien s’amuser d’ailleurs, le “président” Batista. Avec ses fonds quasi illimités et ses forces de l’ordre toujours plus nombreuses, que lui importent quelques régions isolées de campagne ? Tant qu’il tient les villes, et qu’il endigue l’expansion du vent de révolte, alternant habilement répression et propagande, tout va bien pour lui.
Les villes, ce n’est pas moi qui les lui reprendrai malheureusement, et la répression je ne peux qu’espérer qu’elle ne se dirige pas contre moi, et la subir le cas échéant. Tout au plus puis-je rester discret et tenter d’atténuer l’effet de sa propagande. Pompier de service, je vous dis. Quant aux rouges, ils ne semblent pas s’intéresser aux villes, et j’ai beau essayer de les y pousser c’est peine perdue. Ils disent que ce n’est pas ce qui les intéresse, que je serais trop heureux d’en prendre possession une fois les combats terminés. Ce qui n’est pas faux évidemment, à eux la révolution, à moi la reconstruction. Mais semer la terreur, c’est tout ce qu’ils savent faire, et peu importe la cible, la plus faible sera toujours la meilleure…
Eh oui, moi qui espérais profiter des combats entre révolutionnaires et forces de l’ordre pour faire mon trou, me voilà bien marri. Et si je suis plutôt fier d’avoir réussi à maintenir le calme et la productivité dans trois régions de l’île (au vu de mes faibles moyens et face à deux adversaires bien plus puissants, je peux quand même m’en satisfaire), celles-ci ne pèseront pas bien lourd au final.
C’est donc le gouvernement Batista qui sortira renforcé de cette révolution manquée. Quand aux syndicalistes, ma foi on peut dire qu’ils ont réussi leur coup, ayant réussi à implanter leurs comptoirs un peu partout, sous l’oeil bienveillant du gouvernement, et à amasser de grandes quantités d’argent.