Churchill
1944. La guerre est proche de son dénouement, les forces Alliées avancent inexorablement vers les bastions de l’Axe que sont l’Allemange et le Japon. Leurs dirigeants respectif, Winston Churchill, Franklin Roosevelt et moi même, Joseph Staline, vont de conférences en conférences accompagnés de leurs généraux, afin de coordonner les prochaines attaques, tout en essayant de se tailler la meilleure part dans le nouvel ordre mondial qui ne manquera pas d’émerger.
Lors de la première de ces conférences, le plus important pour moi est clairement de m’ouvrir la voie vers l’Allemagne. Mes deux “alliés” semblent n’avoir rien contre, l’un semblant plus intéressé par le Japon, l’autre, dans son esprit idéaliste bien connu, par la libération de l’Italie.
Mais il y a un souci… Tant que les Américains n’ont pas opéré le fameux débarquement en Normandie dont ils parlent tant, ils ne représentent aucun danger pour l’Allemagne, qui peut alors se permettre d’envoyer une grande partie de leur armée sur le front Est, le mien. Grâce à l’aide de mes généraux, ainsi qu’au soutien de l’Angleterre, je parviens de justesse à avancer la ligne de front vers mon objectif. Mais je me rends bien compte qu’à moins d’y laisser toutes mes forces et mes ressources, il me sera difficile de progresser si la situation à l’Ouest n’évolue pas.
J’annonce donc au cours de la deuxième conférence que je renonce temporairement à cet objectif. Trop occuppés à se disputer le leadership des offensives en Europe et dans le Pacifique (le grand drame des offensives communes). il ne me prêtent guère attention. En revanche, lorsque j’annonce mon intention de déclarer la guerre au Japon (poussé il est vrai par mes généraux), ils s’y opposent vigoureusement. Le Japon, c’est chasse gardée visiblement…
Un peu frustré d’avoir armé ce front pour rien, j’aurais quand même profité de cette conférence pour, d’une part, me construire une base de production en Finlande, et d’autre part, faire avancer mes recherches sur la bombe atomique. Sous le regard désapprobateur de mes collègues, il faut bien le dire.
La troisième conférence me fait prendre conscience que je néglige quelque peu mes états satellites. Quel gâchis, de voir tant de leurs leaders soutenir ouvertement tantôt les américains, tantôt les britanniques. Je tente donc de faire passer en force mon projet de rideau de fer, afin de mettre un terme à ces agissements. Indignation générale, et échec cuisant pour moi. Mais quelle ironie, quelle hypocrisie même, de constater que Churchill se sera servi de ce débat pour discrètement assoir sa domination sur ses colonies du Pacifique. Ca ne semble pas gêner Roosevelt plus que ça, lui qui a plus d’intérêts en Europe de l’Est que dans le Pacifique doit se dire que c’est un moindre mal.
Enfin il sortira quand même du bon de cette conférence, puisque les américains ont enfin décidé de lancer leur offensive en Normandie. Je peux donc recommencer à armer le front Est en prévision d’une avancée rapide sur l’Allemagne. Ce fut en effet un bon choix, étant donné que j’ai pu facilement faire avancer ma ligne de front, tandis que les Allemands livraient bataille à mes deux alliés de l’autre côté.
Arrive la quatrième conférence. Et là, c’est le moment. Si je suis suffisamment préparé, si tout se passe bien, je peux faire tomber l’Allemagne et l’occuper avant même que les occidentaux n’arrivent. Il se trouve que l’américain est, face au Japon, dans la même situation. La fin de la guerre est en vue, et la victoire avec… Mais qu’en pense Churchill ? Va-t-il accepter de nous laisser l’entière gloire de la reddition de l’Axe ? Eh bien il se trouve que oui, considérant qu’il bénéficie d’un grand nombre de soutiens de par le monde, que les dernières conférence lui auront apporté un poids et une légitimité considérable, et surtout, qu’il ne pourra pas nous empêcher longtemps d’atteindre nos cibles respectives. Il ira donc même jusqu’à nous aider à les atteindre.
Cette générosité me permettra même de mettre d’autres sujets sur le tapis, dont la poursuite de mes recherches sur la bombe atomique, que personne ne me conteste. Selon les experts, je sors pour la première fois d’une conférence en vainqueur. Quant aux dernières offensives, trop déséquilibrées elles se passeront comme prévu sans encombres, l’Allemagne tombant entre mes mains et le Japon dans celles des Américains.
Une grande victoire donc, mais une victoire amère, puisque comme je le craignais, c’est bien Churchill et son travail de l’ombre qui aura gagné au cours de cette guerre l’influence qui lui garantira une place de choix dans le nouvel ordre à venir. Les experts lui accordent ainsi 48 points d’influence, tandis que Roosevelt et moi même ne sommes crédités respectivement que de 40 et 39 points.
Je regrette vraiment d’avoir négligé ces pays d’Europe de l’Est, un fort potentiel de soutien que je nai pas su exploiter. Mais on ne peut pas tout faire, et si j’avais passé plus de temps à m’assurer leur soutien, aurions-nous gagné la guerre ? Et plus important, aurais-je réussi à prendre seul le contrôle de l’Allemagne ? Tant de questions sans réponses, mais on ne peut pas refaire l’histoire…