Partie décidée au dernier moment hier soir de Scythe…
Happé par son univers graphique puissamment évocateur, nous étions impatients d’aller explorer l’Europe uchronique de l’univers 1920+ conçu par le talentueux Jakub Rozalski. Il faut dire qu’en plus, à la faveur d’une pause méridienne exceptionnellement longue, nous avions déjà tenté de lancer une partie plus tôt dans la journée pour malheureusement la voir plantée faute de temps.
Dans une Europe de l’Est tentant de renaitre des cendres de la “Der des Der”, trois héros sillonnent forêts glaciales, toundra et vallées encaissées à la recherche des bribes de la technologie de l’Usine, aidant les honnêtes paysans à oeuvrer pour leur patries respectives, croisant vétérans et soldats démobilisés, et, toujours, ces titanesques mechas se dressant à l’horizon, fantomatiques silhouettes noyées dans la brume, tels les spectres mécaniques de la Grande Guerre…
De nombreuses personnes colportèrent des rumeurs venant des marches occidentales concernant Anna de Polonie et son ours Wojtek, s’attirant l’amitié des fermiers et des bucherons autour du feu de camp pour mieux venir les dépouiller voire les tuer au beau milieu de la nuit.
Dans le septentrion, les Nordiques se répandirent, menés par Bjorn chevauchant son puissant boeuf musqué, explorant les vallées sans craindre le cours tumultueux des fleuves et des torrents gelés, travaillant la terre âpre pour en faire surgir le métal et le pétrole. Rapidement, ils s’employèrent à former à tour de bras une nouvelle génération de travailleurs recrutés dans les villages du nord, sous l’oeil de puissants méchas amphibies.
De son côté, nostalgique de la gloire des combats passés, talonnés par ses loups le suivant comme ses ombres, l’aristocrate saxon Gunter Von Duisburg mit le cap sur les décombres de la mystérieuse Usine, en dépit des sinistres rumeurs courant à son sujet. C’est là qu’il découvrit les secrets de la conception de puissants mechas surarmés ainsi que les pièces permettant de les assembler à moindre coût . Voilà qui allait résolument faire pencher la balance en faveur de l’Empire de Saxonie.
Alors que la Polonie déployait ses hordes mécanisées, moissonnant les ressources à foison dans l’ouest, les Nordiques poursuivaient leur expansion jusqu’à exhumer de l’Usine une sinistre invention. Leur réputation ne cessa de se ternir dans les villages alentours à mesure qu’ils la mirent à l’oeuvre pour asservir mentalement les populations locales, venant ainsi grossir leurs rangs, tant en soldats aguerris qu’en talents de toutes sortes.
Mais le Nordique était retors et sa propagande puissante, aussi sa popularité ne déclina-t-elle jamais réellement.
Sa morgue subit néanmoins un revers cuisant quand, au cours d’une expédition de prospection dans une vallée du sud, Bjorn fut pris à parti par Von Duisburg soutenu par un mécha saxon. Obligé de battre en retraite pour retourner faire son rapport à sa base dans le nord, le viking ruminait déjà sa vengeance, tandis que l’Etoile Noire de Saxonie poursuivait son ascension.
Enhardis par cette victoire, les Saxons, infligèrent une défaite éclair aux Poloniens dans les forêts du centre en s’emparant de leur stock de bois. Ils s’approchaient ainsi du triomphe, guettant le moment d’édifier l’arsenal, leur ultime bâtiment, à la frontière de zones minières, emplacements particulièrement convoités depuis peu…
Seule la puissance économique du Nordique retenait encore le Loup Saxon de briguer la victoire finale…
Et c’est dans cette brèche que s’engouffra le Viking, faisant une percée jusque dans les forêts du sud-est, au coeur du fief saxon, le faisant reculer pour lui dérober à son tour ses piles de bois.
Ce fut le coup fatal porté aux ambitions saxonnes et poloniennes…
Ainsi s’acheva la soirée sur une victoire du Nord à la tête d’une fortune de 70$ contre 34$ pour le saxon et 31$ pour le Polonien…
Une première partie qui nous a tous conquis.
Un vrai jeu de gestion de ressources et de placement territorial calculatoire, où le timing est crucial, mais qui se distingue probablement du lot par un univers omniprésent. La thématique, loin d’être plaquée sur une mécanique, est au contraire illustrée à chaque instant par les choix de conception de Jamey Stegmaier, désireux de sublimer l’univers visuel de l’artiste polonais Jakub Rozalski.
On a véritablement le sentiment de vivre une aventure par le biais des rencontres, tout en intégrant cette étrange atmosphère d’après-guerre avec des belligérants épuisés par le conflit passé, se toisant de loin sans oser franchir la ligne rouge, et ces légions de paysans et d’ouvriers collectivistes, travaillant d’arrache-pied pour faire renaitre la civilisation…
Une sacrée claque ludique… Instantanément culte !
Le tric Trac d’Or (et gageons-le, les futures récompenses à venir) n’a pas été usurpé !