alighieri dit:je ne comprends pas bien cette histoire de "conneriephobie" : vous connaissez beaucoup de conneriephiles, vous ?
Non, mais je connais un paquet de cons. Et je pense, après 32 ans de vie, avoir appris à les reconnaître, notamment lorsqu'ils font partie des instances dirigeantes. Il ne faut pas les dénoncer ?
alighieri dit:tout le monde a ses cons, les détestent et tend à penser que ses propres cons sont des cons universels, vous, moi, Charlie, so what ?
Pour te lire régulièrement sur le forum, je m'étonne de ce discours relativiste qui ne correspond avec l'acuité et la précision dans les idées que je te connais habituellement. Parce que si tout le monde est le con d'un autre, alors tout se vaut, et alors il n'y a plus rien à dire. Désolé, mais non. Certains "cons" sont dangereux, d'autres moins. Charlie s'en est toujours pris à une certaine connerie, notamment la tentation réactionnaire montante en Europe et dans le monde. Ils étaient bouffeurs de curés (quelle que soit la confession), anti-militaristes, pro-palestinien (si, si, je t'assure) mais pas antisioniste (au sens où ils reconnaissaient le droit à Israël d'exister et de se faire critiquer - et crois-moi ils ne s'en sont pas privés), pro-droits des animaux et bien d'autres choses encore. Je n'en fais pas des saints, et j'ai moi-même eu du mal à digérer la fin de règne de Val, mais si tu avais lu le journal, même à l'époque, tu aurais pu constater les débats d'idée qui l'animaient. Cavanna conchiait Val, qui vomissait Siné, qui lui-même gueulait sur Sfar (au point de le faire quitter l'hebdo) puis sur Sattouf, et tout ce beau monde se fritait par colonnes ou dessins interposés. La droitisation de Val n'a jamais empêché les autres de faire leur boulot comme ils l'entendaient, ni ne les a forcé à se rallier à une ligne éditoriale rigide. Perso, j'ai rarement vu ça dans un canard.
alighieri dit:Si on juge Charlie à ceux qu'ils désignaient comme "cons", on obtient un journal très occidental, pas très original sur le fond, quelque part entre Libé et le Monde - c'était la forme qui était différente, des dessins, des insultes assumées, un parti-pris de dérision
Pas très étonnant, dans la mesure où c'est un journal occidental qui a oscillé - selon les périodes - entre l'anar pur et dur, l'extrême-gauche et le centre-gauche. Mais après, si c'est cette " gauche occidentale" qui te gêne, avec ce que certains lui ont souvent reproché (une certaine bien-pensance, un droit-de-l'hommisme de bon aloi, etc), il n'y a rien d'étonnant à ce que Charlie t'ait déplu.
Ceci dit, si on peut juger un homme ou un organisme à l'aune de ses ennemis, alors Charlie était loin d'être cet inoffensif canard de gauche molle/atlantiste/bien-pensant dénoncé par certains. Il suffit de regarder les procès (
http://www.lemonde.fr/societe/article/2 ... _3224.html) qui leur ont été intentés : intégristes catholiques, intégristes musulmans, FN, de nombreux média et ainsi de suite. Des gens ou des courants d'idée que, à titre personnel, j'estime légitime de combattre.
Edit : j'ajoute enfin qu'ils étaient les derniers à défendre le droit au blasphème, un droit pour lequel bien d'autres avant eux ont perdu la vie, en France et ailleurs. Ils en sont morts.