Salut tout le monde
Ce topic est remonté à la surface, et je n’y avais pas participé la première fois. Je viens de le lire en entier (j’ai pas été voir tous les liens, j’avoue). Je ne participerai pas à l’argumentaire, qui ne semble pas avoir progressé depuis mai, je préfère apporter mon témoignage d’ancienne fumeuse.
Comment j’ai commencé à fumer
Ca peut avoir l’air d’une blague, mais c’est ma mère qui nous a initié mes soeurs et moi à la cigarette. Ma mère qui n’était même pas fumeuse à l’époque (même pas 1 cigarette par MOIS). Ma mère qui était pleine de bonnes intentions : je préfère savoir que vous fumez et combien, plutôt que vous fumiez dans mon dos.
A un bal de village, elle nous a donc dit d’aller au bar acheter un paquet de cigarettes. La barmaid m’a demandé : brunes ou blondes ? Moi je m’y connaissais absolument pas, et comme j’étais brune… j’ai ramené à ma mère un paquet de gauloises brunes… On n’avait même pas de briquet, on a allumé nos clopes au reste d’un feu d’artifice.
Par la suite, ma soeur Sylvie et moi, on a acheté un paquet de clopes à la menthe, et on fumait une cigarette chacune, une fois tous les 15 jours, sur le balcon bien entendu. J’avais un peu moins de 17 ans…
Au fait, je suis asthmatique.
Comment j’ai intensifié ma consommation de tabac
Là encore, ça va vous paraître de la science fiction, mais lors d’un séjour familial à Andorre, ma mère nous a acheté, à ma soeur et à moi, une cartouche de cigarettes chacune. Le pourquoi m’échappe. J’avais un peu moins de 18 ans. Une cartouche de cigarettes, c’est 200 cigarettes, au rythme de 1 tous les 15 jours, ça fait 26 cigarettes par an, donc on en avait pour 7 ans et demi !!!
Je ne vous cache pas qu’on est très rapidement passé de 1 tous les 15 jours à 10/jours…
Certains d’entre vous pourraient être tentés de blâmer ma mère. Rappelez vous juste que suivant son raisonnement, c’était pour limiter un mal inévitable, et donc au fond elle ne voulait que notre bien… (c’est parfois difficile d’être parents, et on ne peut pas être toujours clairvoyant).
Comment j’ai tenté une première fois d’arrêter de fumer
Quand j’étais en prépa, à 19 ans, je marchais en fumant quand j’ai eu la révélation : “mais pourquoi est-ce que je fume, alors que je n’en aime même pas le goût ???”. J’ai écrasé illico ma cigarette, et dès le lendemain, j’ai donné tous mes paquets à une copine (pas à ma soeur, je ne voulais pas qu’elle fume encore plus
).
Comment j’ai repris
9 mois plus tard, je rentre en école d’ingénieur, je m’expatrie de Montpellier à Paris, je suis seule pour la première fois, avec un budget plus que limité, dans une ville que je ne connais pas, sans télé, ni musique ni ordi. Mes seuls loisirs sont le temps passé au foyer à jouer avec les autres élèves. Autour de moi, beaucoup de fumeurs. Ma motivation à arrêter n’avait sûrement pas été assez forte, et j’étais particulièrement vulnérable à ce moment là : j’ai repris. Environ 10 cigarettes par jour, plus en soirée.
Comment j’ai arrêtédéfinitivement, j’espère…
Août 2004, un samedi soir, vers minuit, énorme crise d’asthme, avec des douleurs au poumon à chaque inspiration. Les secours qui se perdent en route (véridique…). J’ai tellement mal que je me dis que si j’arrête de respirer je n’aurai plus mal… Puis je réalise ce que je viens de penser…
Je passe une bonne partie de la nuit à l’hôpital, j’ai été mise sous oxygène… Je me suis fait engueuler par le médecin parce que j’ai un chat (il ne m’a pas demandé si je fumais, pour lui ça devait être évident que non…)
Le lendemain je me suis débarassée de toutes les cigarettes que j’avais, et j’ai brutalement arrêté de fumer, sans patch ni gommes. Juste ma volonté nourrie par l’idée que j’ai failli mourir avant mes 25 ans, et que je n’ai pas envie de mourir pour l’instant.
Les 2 premières semaines ont été dures. Je me suis interdit de fumer quoi que ce soit, même le narguilé. J’ai interdit les cigarettes à l’intérieur de mon appartement. Chez moi, les fumeurs vont sur le balcon, il y a une table de jardin avec un cendar, des chaises (et le bruit de la nationale 20). Mes amis, ma famille, tous les fumeurs de mon entourage sont prévenus. J’ai même fait fumer dehors ma belle-mère en plein mois de novembre alors qu’elle est habituée au climat de Tunisie… Elle a attrapé une pneumonie… Idem ma soeur au mois de janvier. Je me montre égoïste, des fois c’est bien aussi, et je fais passer ma santé avant celle des autres. J’ai arrêté de fumer et ce n’est pas pour me faire polluer par la fumée des autres.
Avant d’aller dans un endroit fumeur (bar, soirée,…) je réfléchis et compare le plaisir au désagrément, mais du moment que je décide d’y aller, je ne me plains pas des fumeurs.
Depuis que j’ai arrêté de fumer, je ne suis plus essoufflée sans arrêt, je poursuis mon traitement de fond pour l’asthme mais je ne fais plus de crises, je peux faire du sport et apprécier, mes cheveux et mes vêtements sentent bon…
J’ai arrêté de fumer pour moi, pas pour les autres, juste pour augmenter mes chances de vivre plus longtemps.
Depuis que j’ai arrêté, je suis passée par des périodes assez difficiles de stress, d’angoisse voire de déprime liées à ma vie perso ou professionnelle, et je n’ai jamais été tenté de recommencer à fumer.
Cela fait maintenant 1 an et 2 mois, je pense donc que je suis “sauvée”. Mais je reste vigilante, parce que l’envie d’une cigarette peut se pointer à l’improviste, je ne sais pour quelle raison, et ce jour là encore, il faudra que je dise non.
Voilà pour mon témoignage.
Emilie, non-fumeuse, enfin 