"Le terme jeux de société, une spécificité française ?" Chronique de Pénélope

J’ai déjà joué en multi à des jeux de cartes, pour apprendre plus tard que je jouais en fait contre des IAs quand il n’y avait pas de joueur humain disponible en face. Ca illustre le fait que la différence entre jouer solo ou pas est subtile, voir inexistante.

Concernant les sports, j’appelle plutôt ça des jeux d’adresse. Qui englobent donc le foot, le molkky, les flechettes et le billard. A mes yeux ce ne sont pas des jeux de société, mais les cultistes du Molkky ne sont pas d’accord. Et puis il y a les mikados et les osselets. Merdum, je ne suis même plus d’accord avec moi même ! :smiley:

@pingouin @rodenbach

De ce que j’ai compris, Bruno Faidutti veut tordre le coup à l’idée que les gens qui jouent aux jeux de société pensent qu’ils le font pour s’évader, en expliquant que c’est plutôt pour se replier vers un monde plus simple.
C’est un peu dans mon propos, où je parle d’abstraire, c’est à dire de dégager d’un ensemble complexe (un thème, un univers) des éléments simples traduits en mécaniques de jeu.
Il parle de repli, je parlerais plutôt de porte, en laissant libre chacun.e décider si elle est d’entrée ou de sortie.

D’après les réponses au jeu, vous mettriez plutôt l’accent sur le jeu de Salon, le jeu de la bonne société pour catégoriser notre loisir ? Si oui, est-ce que le billard en est un ?

Pour le fait de dire que l’on a pas besoin de définir notre loisir, comme pour la définition de la couleur, je trouve ça ennuyant comme réflexion.
Mais vous avez peut-être raison : il suffit de fermer les yeux et ne pas voir l’article de Wikipédia sur la couleur :grin:

je préfère jeu réglé, avec des sous categories (jeux de table, d’extérieur, sport). Je pense qu’il est un peu vain de vouloir trouver a posteriori un sens au terme “de société”. Il avait un sens et une définition précise quand il a été créé, a priori cette définition a été perdue et elle a évolué avec le temps en agglutinant différents concepts, mais le terme “de société” ne revêt plus dans ce cas là de sens intrinsèque au mot société. Vouloir trouver du coup une justification a posteriori, ça me parait à tout le moins casse-gueule. Soit on accepte sa redéfinition par l’usage, fluctuante, qui est très bien pour l’usage de tous les jours, soit on change de terme pour un motif de réflexion théorique.

2 « J'aime »

Bonjour,

Ce qui nous rassemble ici, ce qui nous réunit autour d’une table.

C’est le jeu.

Seul, à deux ou à plusieurs…qu’importe pourvu qu’on ait une promesse.

Ce qui nous ressemble ici, ce qui nous réussit autour d’une table.

C’est jouer.

Seul, à deux ou à plusieurs…qu’importe pourvu qu’on ait l’ivresse.

Un peu de notre enfance libérée

Un temps conté hors du temps compté

Ni plus, ni moins…

Bons jeux à tous.

6 « J'aime »

En fait, comme Rodenbach cela me semble vain. Utile, intéressant mais vain.

Définir notre loisir en un, deux ou trois mots alors qu’il possède plusieurs dimensions est une gageure. Quand je fais une partie physique avec des potes de Terra Mystica, je joues a un jeu réglé de gestion à l’allemande, sur table et avec plateau, avec d’autres joueurs que je connais, sur un mode compétitif, ayant pour thème un monde médiéval fantastique générique. Voilà pour ce qui est externe à moi. Tu abordes également des caractéristiques internes. Essayer de définir les jeux qui nous réunissent par l’intention de la personne me parait risqué car pour cela, il faudrait enquêter ces intentions, ces motifs de l’activité ludique et non initier une démarche descendante où l’on déciderait de ce que sont les intentions des personnes qui jouent. Se dire que c’est une activité qui permet une forme de repli psychologique est surement juste mais tout aussi surement partiel. Aller vers l’autre, découvrir des univers ou encore se mettre en spectacle sont autant de possibilités offertes par certains jeux qui ont une fiche sur TT et qui n’ont pas grand chose à voir avec le repli. Quand au désir supposé de rentrer dans un monde simplifié, il faudra en parler aux joueurs de monster games (ceux qui jouent avec toutes les extensions bien sur) voir à ceux qui apprécient les jeux d’adresse (il y a beaucoup d’incertitude dans l’équilibre).

Ce qui nous regroupe ici, selon moi, ce sont des produits. Ils ont été catégorisés de façon purement empiriques et sont de toutes façons conçus sans forcément vouloir entrer dans une catégorie. Cela forme un meltingpot indescriptible. J’ai le sentiment que ce n’est pas en traçant des frontières que l’on peut s’en sortir. On ne va pas expliquer à l’amateur de jeux solo “que bon ben désolé Logan mais en fait tu fais autre chose, va créer ton site “TT solo” s’il te plait” :grinning:. Il faut peut-être plutôt réfléchir davantage en nuances de gris avec l’idée que les produits peuvent se rapprocher - et non se regrouper - comme si le fait de partager des caractéristiques communes les attirer l’un vers l’autre comme des aimants.

Et puis reste le défi de s’accorder déjà sur ce qu’est un jeu avant de se lancer sur ses déclinaisons. Ce n’est pas du tout une mince affaire.

Donc oui, cela me semble vain.

2 « J'aime »

Je trouve ca très joli (sans sarcasme aucun). En effet, les frontières ne servent qu’à s’enfermer, pas à sortir.
Édit : après réflexion, il n’est pas possible de sortir d’un endroit qui n’est pas clôt, donc avec frontières.:exploding_head:

Tu dis aussi que ce qui nous rassemble ce sont des produits. C’est pour cela qu’il faut, je pense , accepter que le terme jeu de société a plusieurs acceptation, dont l’une est l’objet.
Quant à chercher ce qui nous rassemble sur tt, je pense plus que c’est un ensemble de pratiques plutôt que l’objet. Cet ensemble de pratiques vont de la collection d’objet jeu de société à l’activité jouer (seul ou à plusieurs, autour d’une table, par internet…) sans même posséder l’objet. On peut venir discuter jeux sur tric trac, avoir un point de vue intéressant sur tel ou tel jeu sans en posséder un seul, voir sans en toucher un seul via BGA.
Cela va donc de la collection d’objets « jeu de société » à l’activité de jeu sans utilisation de l’objet « jeu de société ».

Attention à bien faire la différence entre nom et définition.

Un nom identifie un “objet” mais en aucun cas cela ne le définit au sens de lui donner les éléments constitutifs.

Après si en français nous sommes les seuls à avoir un terme et bien cela ne me perturbe pas ni ne me rend jaloux des autres pays.

Le terme jeu de société est un ensemble large et oui dedans il y a autant le monopoly et le trivial pursuit que terraforming Mars, trio et mémoire 44.
Et c’est très bien ainsi.

Si le grand public associe uniquement les jeux présentés en supermarché ce n’est pas à cause du nom mais par manque d’informations.
Vouloir changer le nom ne changera rien au problème de connaissance.

Oui complètement d’accord.

Je vous livre ici un extrait d’un texte de Gilles Brougère. Le monsieur est un chercheur français, professeur spécialisé sur le jeu et responsable d"une spécialité science du jeu à Paris XIII. Il écrit ça dans un article de 1979 (c’est moi qui ai mis en gras une phrase) :

Mais nous espérons pouvoir ainsi dégager des questions dont tout jeu doit plus ou moins relever, questions qui ne s’occupent jamais du jeu comme élément ou isolable, mais toujours inséré dans une société qui, seule, lui donne un sens. En effet, par la nécessité de réunir plusieurs joueurs et la référence commune nécessaire à des règles conventionnelles, le jeu de société a une liaison très étroite à la société où il s’insère. Il suppose donc pour exister une société qui maintient, ou diffuse ses règles. Il ne renvoie pas l’individu à lui-même, à son propre imaginaire comme pourrait le faire un jeu spontané et irréfléchi, mais le suppose lié à un tissu social. En ce sens, il s’agit bien de jeu de société au plein sens du terme, jeu qui n’est possible que sur fond de société. Il importe de savoir si, au-delà de cette évidence, le jeu réglé ne traduit pas une société dans la profon­deur même de son fonctionnement, ou de celui qu’elle imagine être le sien.

Je comprends de son explication que pour qu’une règle soit partagée entre tous les participants du jeu, elle doit être diffusée au sein d’une société. Ainsi, même le jeu solo est un jeu de société, car les amateurs de cette pratique utilisent des règles conçues par d’autres. Ceci s’oppose aux jeux spontanés où les règles sont inventées sur le coup ou au fur et à mesure pour disparaitre une fois le jeu fini.
Évidemment, vous allez me dire, c’est vrai aussi pour le droit où je ne sais quoi que vos esprits tordus mais affutés vont inventer… sauf que ce ne sont pas des jeux ! Vous allez me dire, ok mais le sport alors c’est un jeu de société ? Et bien non : vous ne me le direz pas car je viens de le faire.
Blague à part, c’est intéressant je trouve. Plus loin, il décrit que ce phénomène de diffusion des règles apparait grosso modo à la même période que l’apparition du terme de jeu de société ( au XVIIe).

Vous pouvez en lire la totalité ici (c’est de 79 et ça se voit dans le texte !) :

2 « J'aime »

Moi, quand je lis ce qui est ci dessus, je comprend qu’on réuni des joueurs pour qu’ils jouent ensemble. Et je ne prend pas beaucoup de risque en pensant qu’un type qui écrit ça en 79 a bien cette idée là en tête, en 79 où le jeu solo n’est pas un sujet.
Il dit d’ailleurs lui même parler des jeux d’éditeurs de l’époque, qui n’incluaient pas de mode solo.
Et en 79, réunir plusieurs joueurs, ça voulait bien dire « dans la même pièce ». Sinon il aurait écrit « réunir tout les joueurs potentiels… »
Pour qu’on puisse déduire qu’il considère, dans le vocabulaire et la vie de l’époque, qu’un jeu solo est un jeu de société, il faudrait qu’il ait écrit un truc du genre « les réussites, les mots croisés et les solitaires sont des jeux de société ».
Amha, avec les éléments de textes qu’on a , on ne peut pas se faire d’idée sur ce qu’il pense du jeu solo et s’il l’inclu dans sa pensée. A mon avis, il ne l’inclu pas, sinon il l’aurait dit et je ne vois pas trace de ça.

Je comprends que jeu de société vient du fait que ses règles communes et stables sont issue et se propagent dans et grâce à une société structurée.

Mais société ne veut pas dire groupe ( de joueurs).

Et en effet sans organisation sociale aucune possibilité de structure durable pour un jeu.

Notre approche lexicale est donc très différente des autres pays qui n’ont pas l’équivalent à ce terme très global.

"Jeu de société" s'emploie aussi en Italie & cela regroupe tous les types de jeux (cartes, solo, plateau*, ambiance, rôle, etc ...). *Où on dit "jeu de table", d'où ma question d'il y a quelques jours.

& sinon, de façon toute personnelle, sans avoir écouté l’émission, je préfère utiliser simplement le terme “jeu de société” sans me poser de question. Sans même faire de distinction entre les vieux jeux & les nouveaux. Je serai compris de tout le monde, surtout des non-joueurs (qui ne connaissent que cela), mais aussi de la poignée de joueurs très à la pointe qui voudraient se distinguer en usant de termes plus pointus mais compris d’eux seuls (tout en sachant qu’ils sauront tout de même faire la part des choses avec le terme générique). Le cul entre deux chaises quoi, pour ne pas me fâcher avec quiconque en somme ^^

Non, il n’y a rien là dessus, c’est moi qui le déduit. Désolé si ce n’était pas clair.

Brougère travaille sur les jeux de manière général, pas sur les jeux de société en particulier. Je pense qu’on peut sans soucis prendre ceci au premier degré et inclure les jeux solo. Il parle des jeux à règles de base, pas des jeux à plusieurs. Et il ne fait aucun doute qu’il connait le principe des réussites et autres jeux solo traditionnels. :wink:

Et d’ailleurs, son argumentaire est aussi valable en solo qu’en multi, et ça me semble clairement être l’explication la plus sensée/complète/argumentée qu’on ait eu depuis le début.

Pour une réflexion qui ne se limite pas au terme “jeu de société” j’aime beaucoup le petit texte de Stéphane Chauvier que j’évoque régulièrement : Qu’est ce qu’un jeu ? Dans la collection chemins philosophiques chez Vrin.

J’ai lu quelques trucs sur le sujet, et je me permets de reprendre mes pensées avec ces nouvelles connaissances.
Le jeu est un divertissement, un plaisir régit par des règles. A partir de ce moment, la personne qui y joue entre dans le cercle magique (théorie de Johan Huizinga dans Homo Ludens).
Je l’avais utilisé dans mes précédentes pensées, ce qui a peut être créé la confusion, mais je garde le principe de rentrer dans une société lorsque l’on joue à un jeu de société.
Dans la citation de Gilles Brougère par Xav0, il tente de distinguer le simple jeu du jeu de société par cet aspect. Le “tissu social” est pour moi les interactions avec le monde proposé et non pas obligatoirement les autres joueuses.

J’ai appris par ailleurs le terme de jeu pervasif (ex: Pokémon Go) qui lie le jeu avec la réalité, enlevant à la théorie du cercle magique son universalisme.

Sur la chaîne Youtube de Jean-Michel GrosJeux, il y a 2 vidéos d’opinion sur les jeux immersifs. Elles sont très intéressantes, car elles décrivent un type de jeu de société où la thématique est poussée fortement.
Pour ma part, je vois le jeu de société comme un jeu avec une thématique obligatoire, même plaquée, faisant l’univers du jeu, sa “société”. Le jeu de société immersif aurait simplement ce curseur en haut.
Et avec cela, on arrive à dégager le Molkki, le Basketball, et le Sudoku des jeux de société. Par contre, le jeu vidéo entrerait dans cette définition.
En effet, je n’ai pas parlé de cube en bois ou de plateau.
Jouer à un jeu de société sur BGA reste du jeu de société, je pense.

Le jeu vidéo va simuler/concraire via la console de jeu un univers, tandis que le jeu de société va abstraire un univers.
Dans les 2 cas, cela passe par des mécaniques de jeu.
(Pour ce dernier point, je ne suis pas certain de la bonne utilisation des verbes concraire et abstraire.)

Pour les jeux combinatoires abstraits sans thème apparent, comme les dames, on pourrait dire qu’il y a quand même un thème : l’affrontement.

Voilà pour mes compléments sur ma tentative d’explication de ce qu’est un jeu de société.

1 « J'aime »

Je ne vois pas bien en quoi ils sont écartés de ta définition, de même que Pokémon go. Pokémon go n’est pas plus ancré dans le réel (ou débordant sur celui ci) que la brosse à dents d’Objets Trouvés ou que n’importe plateau de jeu en carton qu’on manipule à la main.
En quoi le Mölkky crée t il moins société (selon ta définition) que le billard, le flipper, acrobates ou les mikados ?

Ils sont écartés parce que ils n’ont pas de thème donc pas de société.
Personnellement, raccrocher le terme de société au thème me semble inapproprié.

Pourquoi pas aux pions? Ce qui fait société dans jeu de société c’est la société des pions ? Pas de pion pas de société. Et on peut tenir tout une argumentation dialectique sur le sujet tout comme pour le thème.

Si on écarte de jeux de société tous les jeux abstrait et sans thème, cela enleve tous les jeux de pions traditionnels et plus récents. Exit échecs dames backgammon et autre abalone par exemple.

Je ne pense pas que cela soit la bonne approche.

Mais je rappelle que société ne veut pas dire jeux en groupe.

Quand au cercle magique cela ne signifie rien de magique. Juste que le moment de jeu est un moment hors du temps et des règles de fonctionnement normale.

Comme Roger Callois avait défini le ludique comme un moment à part.

Si je de société ne signifie pas jeu en groupe, alors les sudoku, mots croisés et autres solitaires sont des jeux de société.
Pourtant cela ne fait pas du tout parti de l’usage du terme.
Inclure la pratique solitaire du jeu dans le vocable jeu de société semble avoir de l’importance pour certain, mais ce n’est pas conforme à l’usage du mot dans la langue.

Ce n’est pas parce que j’utilise l’objet jeu de société pour jouer seul que ma pratique devient jeu de société.

Cela évoluera peut être, mais aujourd’hui cela me semble un usage abusif.

Définir le ludique comme un moment à part est insuffisant. Il y a plein de moment à part en dehors du réel : la lecture, la rêverie, les mots croisés, etc.

Mais le jeu de société est à part parce qu’il inclus des règles, une compagnie, un univers clôt… Tout comme les jeux solitaires direz vous… mais non, parceque à la différence du jeu solitaire, le jeu de société se pratique à plusieurs. Et c’est pour cela, à mon avis, qu’on a ce terme, jeu de société. Sinon il est inutile et confu.