Les Aventuriers du Rail : Northern Lights - l'instant Norvégien

Intro

Cet article fait partie d’un dossier essayant de couvrir la gamme des Aventuriers du Rail pour les 20 ans du jeu. Voici quelques liens :

C’est donc le moment de nous pencher sur la version Northern Lights, qui pourrait se traduire en français en Aurores Boréales. C’est d’abord une revisite de la version Scandinavie, avec un nombre de joueurs maximum étendu de 3 à 5.


Les infos

:wrench: Alan R. Moon
:paintbrush: Julien Delval
:card_index_dividers: Boite de Base
:stopwatch: 30-60 minutes
:calendar: 2022
La fiche Tric Trac

La boite a été publiée en anglais, danois, finnois, norvégien et suédois et est destinée au marché scandinave.

Les composants

  • 1 plateau
  • 200 wagons (40 de chaque couleur + remplacements)
  • 114 cartes Wagon
  • 55 cartes Destination
  • 11 cartes Bonus
  • 5 marqueurs

Le principal attrait tient dans la proposition de bonus variables en fin de partie.


En un coup d’oeil

Nb de joueurs Nb de wagons Nb de tickets dans le jeu Tickets à distribuer Tickets à piocher Bonus de fin de partie
2-5 40 55 Au moins 2 parmi 4 Au moins 1 parmi 3 Variables : 4 parmi 11

Les règles spéciales

Ferries

Pour prendre possession d’une ligne de Ferries, un joueur doit jouer une carte Locomotive pour chaque symbole de Locomotive figurant sur la route.

:warning: 2 cartes Wagon de la même couleur peuvent être jouées pour remplacer une locomotive.

On retrouve les ferries autour du Danemark et de la mer Baltique, tout le long de la côte norvégienne et en direction de la Finlande, dans le Golfe de Botnie. Tous les ferries sont de couleur neutre et peuvent être joués avec les couleurs de votre choix et certains vous offrent même un bonus de pioche à leurs poses. Les ferries deviennent donc des vrais moteurs de connexions plutôt que des contraintes qui viennent ralentir votre progression.

Bonus de pioche

Certaines routes ont un symbole + x qui y sont associées. Quand un joueur prend la possession d’une telle route, il peut piocher ensuite autant de cartes du dessus de la pioche (en aveugle) que le nombre indiqué et les ajouter à sa main.

Des tronçons très intéressants à aller chercher puisqu’ils permettent d’accélerer votre progression et la construction de votre main et donc d’impacter l’arrivée de la fin de partie positivement.

Les Bonus de fin de partie

En début de partie, il faudra piocher 4 cartes bonus de fin de partie parmi les 11.

L’élément star de la boite. Tous ces bonus qui permettront à chaque joueur d’y trouver son compte et qui permettent de compenser un différentiel moins marqué sur la prise de routes. Des bonus plutôt situationnels que stratégiques.

Bonus A

  • Le joueur avec le plus de cartes Locomotives en main en fin de partie gagne 5 points. Les joueurs peuvent échanger deux cartes de même couleur et les compter comme Locomotive.

Un bonus situationnel sur lequel il est difficile d’avoir de la vue sur le jeu adverse.

Bonus B

  • Le joueur avec le plus de cartes Destinations completées incluant Oslo, Stockholm, Helsinki et Copenhague gagne 7 points.

Un bonus incitant à se jeter dans le coeur de l’action au coeur des capitales scandinaves. Difficile d’aller trouver intentionnellement des cartes Destinations avec ces villes. Bonus situationnel donc.

Bonus C et D

  • Le joueur avec le plus de trains en réserve gagne 7 points.

  • Le joueur qui a pris possession du plus grand nombre de routes à 1 espace gagne 10 points.

Deux petites compensations pour les joueurs visant les petits tronçons et privilégiant les cartes Destinations plutôt que les points de tronçons. Les deux bonus sont assez complémentaires.

Bonus E

  • Le joueur avec le chemin le plus long gagne 10 points.

Un classique des Aventuriers du Rail. Le plateau Aurores Boréales offre un beau terrain de jeu.

Bonus F

  • Le joueur avec le plus de cartes Destinations completées de 5 points ou moins gagne 10 points.

Un petit coup de boost pour les joueurs ne trouvant pas de grosses Destinations. Est-ce suffisant ?

Bonus G

  • Le joueur qui a connecté le plus de pays différents avec ses routes gagne 12 points.

Bonus H

  • Le joueur qui a complété le plus de cartes Destinations avec des villes situées dans le Cercle Arctique gagne 12 points.

Bonus I

  • Le joueur qui a le plus de routes connectant deux villes dans le Cercle Article gagne 12 points.

Les 3 bonus ci-dessus sont également assez situationnels avec les deux derniers proposant d’apporter de la densité dans le nord du Pays. On encourage à explorer le plateau.

Bonus J

Le joueur qui possède le plus de routes Ferries gagne 12 points.

Il y a un petit effet prime à la locomotive même si on peut échanger deux cartes contre une. Avec le bonus de pioche en Norvège, il y a quand même un petit moteur vertueurx qui se construit.

Bonus K

  • Le joueur qui a connecté le plus de villes en Norvège gagne 7 points.

La Norvège parait avoir une importance primordiale dans le jeu. Avec un tel bonus, cet effet peut se trouver renforcé.


Analyse

Northern Lights aka Aurores Boréales n’est absoument pas un must-have de la gamme (scoop, aucune boite n’est un must-have) mais il me paraissait intéressant d’en parler puisque l’auteur, Alan R. Moon, a pu pour la première fois retravailler son design et modifier une carte qu’il avait créée dans le passé.

Comme les deux cartes, Scandinavie et Aurores Boréales, ont été destinées au même public je me permets tout de même de faire un comparatif.

La première, parue en 2008, était dans la lignée des opus précédents, avec un niveau d’interaction assez élevé et avec de nombreuses zones couperet sur la côte norvégienne, un bel entonnoir à Tornio en Finlande, et une zone de forte densité entre Oslo et Stockholm.
Je ne sais pas si les contraintes du plateau vertical a scellé le sort de la version 4/5 joueurs à l’époque (la boite originale est réservée à 2/3 joueurs) mais la Scandinavie présentait également des limitations sur les possibilités de créativité dans la construction du chemin le plus long, ce qui a peut-être incité à l’utilisation du bonus Globetrotter.

Dans la nouvelle carte, exit les contraintes de couleur à l’Est, exit la longue ligne droite à 9 espaces entre Mourmansk et Lieksa, exit les embouteillages.

Plutôt que de chercher à dupliquer les sensations de jeu, Alan R. Moon a donc repris le squelette original du plateau original et l’a, dans un sens, modernisé. Alors j’utilise “modernisé” comme une prise en compte des préférences actuelles du marché du jeu. Ce serait intéressant d’ailleurs d’avoir le point de vue de l’auteur sur ses intentions et ses motivaitons avant de reprendre le travail sur ce plateau, presque 15 plus tard.

Ne nous détrompons pas : les designs sont toujours orientés vers l’interaction et, parmi les derniers plateaux (France, Old West, Pennsylvanie, et même Japon), l’interaction est bien présente. On pourra noter qu’avec d’autres, telle la Pologne ou l’Italie, on pourra se laisser un peu plus porté par le jeu.

L’un des attraits sur la version USA des Aventuriers du Rail était l’association de couleurs à des tronçons clairement identifiés. Jaunes et Verts ? Soit il a du Centre, soit il part de Seattle. Noirs et Rouges ? On dirait le Sud. Blanc et Jaunes ? Ouest. Avec des intérêts convergents, les joueurs sentaient le souffle des adversaires dans leur cou. Avec la multiplication des routes à faible nombre d’espaces, cette dimension a disparu. Contrainte de terrain de jeu ? Choix de design ? Je ne le sais pas.
Je trouve néanmoins, et c’est une préférence personnelle, que la tension baisse d’un ou deux crans. A l’interaction intentionnelle se substitute une interaction situationnelle, où la pioche de cartes ne revèlera les intentions adverses qu’au coup par coup.

Est-ce que la volonté d’intégrer des bonus variables est venue à cause de la configuration du plateau ? Ou celui-ci, émaillé de petites routes et d’escales dans de nombreux pays a lui-même défini le besoin d’avoir ces 12 cartes Bonus ?

Nous retrouvons donc un élément de variabilité, ce concept tant à la mode, avec ces Bonus qui multiplient les façons de scorer sans vraiment impacter nos stratégies de gestion de main, ni pousser la prise de risque, les élements phares du jeu.

A 5 joueurs, et sûrement à 3, la tension au niveau des connexions est bien présente. Elles ne seront qu’un fait de jeu à considérer sur le moment, plutôt qu’un déclencheur d’émotions ou la résultante d’un choix de la part d’un des conducteurs de train autour de la table.

Aurores Boréales nous donnent l’occasion d’explorer les confins de la Scandinavie en train touristique, plutôt que les montagnes russes avec le Père Noël en pilote de la carte originale.

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