les consignes de vote de bayrou au 2ème tour

Kouynemum dit:
El comandante dit: ...en mieux des trucs sur le centre que je pense aussi..

et c'est pour ça que ce scrutin commence à réellement m'intéresser indépendamment de mes convictions profondes.
jusqu'où ira l'extrême centre ?

Jusqu'au point d'affaissement du consensus mou (et compañeros nous profiterons alors des contrad :pouicsilence: )
En tout cas la presse étrangère a l'air de s'y intéresser : voici la revue de presse du jour de Courrier International
ÉLYSÉE 2007 • L'extrême centre de Bayrou commence à agacer
L'envolée de François Bayrou dans les sondages a réveillé les commentateurs étrangers. Ils commencent à trouver au "gentil garçon" des débuts quelques défauts
Après s'être rendu compte de l'existence du leader centriste, les quotidiens internationaux s'essaient maintenant à l'analyse politique sur le "troisième homme" de la campagne. Et (enfin ?) les premiers articles qui tentent la critique du personnage apparaissent. Le premier à tirer est peut-être le moins attendu. The Economist commence par expliquer qu'en France "les électeurs ont le don d'humilier les favoris et d'exalter les outsiders. Le fait est que la présidentielle se joue en deux tours et que, donc, les surprises sont toujours possibles. En 2002, la surprise avait été désagréable. Cette fois-ci, elle pourrait venir d'un homme politique connu en France pour être un gentil garçon." Quant au programme du candidat, The Economist remarque avec un certain scepticisme que "la grande idée de M. Bayrou est de réunir droite et gauche" et égraine les contradictions de ce grand écart : "M. Bayrou est un catholique pratiquant plutôt libéral sur des sujets comme le mariage gay." Et l'hebdomadaire relève même des "accents populistes" dans certaines de ses propositions : "Alors que les travailleurs français sont fâchés avec la mondialisation, M. Bayrou a rejoint les rangs de ceux qui accusent la Chine de sous-évaluer sa monnaie. M. Bayrou a ainsi expliqué que le yuan est sous-évalué de 400 % et veut accentuer la pression sur Pékin. Pense-t-il sérieusement que la Chine réévaluera assez sa monnaie pour permettre aux industriels européens de redevenir compétitif en termes de coûts ? La question mérite en tout cas d'être posée, rétorque-t-il."
The Independent aussi s'est fendu d'un article assassin sur le candidat de l'UDF. Pour John Lichfield, "la lubie Bayrou est une autre façon d'éviter le changement, pas de le provoquer". "Après les culs-de-sac de l'extrême gauche et de l'extrême droite, la France est maintenant tentée par le cul-de-sac de l'extrême centre. […] M. Bayrou a une ou deux idées assez raisonnables sur la dette nationale ou les charges liées à la sécurité sociale tueuses d'emplois. Il a quelques idées antédiluviennes et corporatistes sur l'agriculture et l'éducation. Il n'a pas la base politique nécessaire pour opérer les changements économiques et sociaux dont la France a besoin et qu'elle réclame. Son parti, l'UDF – les restes de la coalition antigaulliste de droite et du centre fondée par Valéry Giscard d'Estaing – manque d'argent. Enfin, ce parti est trop petit et désorganisé pour lui donner la majorité parlementaire lors des élections législatives de juin."
Même le quotidien espagnol ABC est agacé par l'envolée du candidat Bayrou. Ne serait-ce que parce qu'il "peut représenter une véritable menace pour Nicolas Sarkozy. François Bayrou se présente comme un centriste mais défend en réalité l'héritage de Jacques Chirac. Un héritage fondé sur une conception politique particulière baptisée le 'ninisme' par les politologues français : à savoir un hypothétique point médian qui ne permet pas d'affirmer s'il s'agit de socialisme ou de libéralisme. Mais pour ceux qui ont découvert qu'ils ne pouvaient pas voter pour une candidate aussi creuse que la socialiste, Bayrou peut représenter un choix plus présentable au sein du front anti-Sarkozy."
Sur le même thème – d'un Bayrou qui se nourrit de la faiblesse des autres – Der Standard, en Autriche, rappelle tout de même "qu'il est loin d'avoir gagné. Il s'est attiré les bonnes grâces des Français dans les derniers sondages parce que ces derniers entendent bien montrer qu'ils veulent être les seuls à décider qui sera le prochain occupant de l'Elysée". En clair, ils ne veulent plus qu'on leur serine qu'un duel Sarko-Ségo est inévitable. "Ces entêtés de Français ont donc le même réflexe qu'en 2002, lorsqu'ils ont fait sensation en portant l'extrémiste de droite Jean-Marie Le Pen au second tour - parce qu'ils ne voulaient pas d'un duel Chirac-Jospin. On est alors en droit de se demander si tout cela ne va profiter à un quatrième homme. Se pourrait-il que Nicolas Sarkozy et François Bayrou se neutralisent au point que Le Pen arrive au second tour fin avril ? Lorsque les autres candidats ne tiennent pas compte du peuple, le candidat du Front national en ressort toujours renforcé."

Je vous fait un coup de hush hush rumeurs du net : Un sondage a paraitre dans les jours qui viennent mettrait Bayrou 2e, devant Royal.
Si c’est vrai, préparez-vous à en entendre dans les médias !!!

Juste un point sur la sous-évaluation de la monnaie chinoise qui pénalise les autres pays, la première fois que j’en ai entendu parler officiellement, c’était l’administration Bush qui demandait aux chinois de réévaluer leur monnaie.
Ce n’est donc pas une lubie en l’air d’un candidat à une élection nationale, mais visiblement, un problème sur lequel planchent la plupart des pays.

Fadest dit:Juste un point sur la sous-évaluation de la monnaie chinoise qui pénalise les autres pays, la première fois que j'en ai entendu parler officiellement, c'était l'administration Bush qui demandait aux chinois de réévaluer leur monnaie.
Ce n'est donc pas une lubie en l'air d'un candidat à une élection nationale, mais visiblement, un problème sur lequel planchent la plupart des pays.


Il me semble d'ailleurs que le problème se posait déja à l'ère Clinton. Il n'avait juste pas les memes proportions qu'aujourd'hui. Et je confirme que c'est un des gros gros problèmes de macroéconomie du moment (d'ailleurs je suis pas sur d'avoir vraiment tout compris). Et quand on demande gentiment aux Chinois de réévaluer leur monnaie, c'est "NON!". Personne n'a encore osé leur demander méchamment :kingboulet:
Vinz dit:Après les résultats, c'est la claque : beaucoup de consciences politiques et citoyennes se réveillent, et comme l'a très bien dit Bigsam plus haut, autant voter peut ne pas changer grand-chose, autant ne pas voter peut.

Cela n'a pas été la claque, les gens qui ont voté Le Pen ont revoté Le Pen au second tour, il a fait exactement le score de Le Pen + Mégret du premier tour.
Jer dit:A moins que les mots n'aient chez toi un sens différent, je comprends dans cette phrase que lorsqu'une élection présidentielle vient d'avoir lieu, le vainqueur remporte aussi les premières législatives qui suivent

Tu le fais exprès, mais bon. J'estime que deux ans après, ça ne suit pas les élections présidentielles. Qui suivent c'était pour dire dans la foulée, dans les mois qui suivent...

Enfin, on entend beaucoup dire que tous les politiques ne pensent qu'à leur gueule, leur carrière avant tout et qu'ils disent toujours qu'ils se présentent pour le bien de la nation, pas par ambition personnelle...
Chirac a dit ce soir qu'il ne sera pas candidat... C'était pourtant très facile pour lui de justifier sa candidature... Voire d'être réélu !

Et je rappelle que je ne milite pour aucun parti, je cherche juste à ce que chacun réponde à la question qui lui est posée, pas à la question qu'il voudrait qu'on lui pose.

On sait bien que les sondages sont toujours faux mais d’habitude ils sont à peu près cohérents.

Or, ceux annoncés en milieu de semaine sont abhérents : avec la montée de Bayrou, les trois principaux candidats totaliseraient 75%.

Franchement, vous y croyez, vous?

Cela laisserait 25% pour tous les autres? :?:

Soyons pessimiste : mettons seulement un petit 10% à Le Pen.
Il resterait 15% à se partager entre Buffet, Besancenot, Laguiller, De Villiers, Voynet, Bové, Lepage (qui vient de rejoindre Bayrou), Chasse Pêche Nature (oublié le nom du candidat)…

Pas sérieux, tout ça.

Denis dit:
Soyons pessimiste : mettons seulement un petit 10% à Le Pen.
Il resterait 15% à se partager entre Buffet, Besancenot, Laguiller, De Villiers, Voynet, Bové, Lepage (qui vient de rejoindre Bayrou), Chasse Pêche Nature (oublié le nom du candidat)...


Après l'"effet 2002", ça ne me surprend pas plus que ça, d'autant que les petits candidats sont a priori moins nombreux que la dernière fois.

Pour référence, au premier tour en 1995, les trois plus gros candidats (Jospin, Balladur, Chirac, face à 5 "petits" et à le Pen) avaient totalisé près de 63% des voix (exprimées). Et le Pen avait fait 15%.

En 1988, les trois "gros" (Barre, Chirac, Mitterrand), face à 5 "petits" et le Pen, totalisaient 70,6% (le Pen 14,38).

D'autre part, comment interpréter le mot "pessimiste" face à "seulement 10% à le Pen" ?

Tiens, d’ailleurs, une page intéressante : http://francepolitique.free.fr/FPR.htm

C’est impressionnant de voir la “largeur” du graphe de 2002 par rapport aux années précédentes…

Haykel dit: Et quand on demande gentiment aux Chinois de réévaluer leur monnaie, c'est "NON!". Personne n'a encore osé leur demander méchamment :kingboulet:


et pour cause, les seuls à pouvoir leur imposer ça, ce sont les américains...

le souci c'est que les chinois disposent des plus grosses réserves en dollars (grâce à leurs excédents commerciaux) (des milliers de milliards !!!).

si quand les USA deviennent pressants sur le cours du Yuan, ils menacent de changer leurs dollars en euros et de provoquer l'effondrement de la monnaie américaine... et une jolie crise économique aux USA et dans tous les pays qui se sont alignés sur le dollars (ex-URSS etc.)

donc pour la réévaluation du Yuan, on peut toujours courir...
Ybkam dit:et pour cause, les seuls à pouvoir leur imposer ça, ce sont les américains...

Les autres pays pourraient exercer une pression en menaçant d'entraver les importations en provenance de Chine - avec le risque de se fermer un gros marché. Et comme l'OMC ne prend en compte que les questions commerciales, c'est pas pour demain...
Ybkam dit:le souci c'est que les chinois disposent des plus grosses réserves en dollars (grâce à leurs excédents commerciaux) (des milliers de milliards !!!).
si quand les USA deviennent pressants sur le cours du Yuan, ils menacent de changer leurs dollars en euros et de provoquer l'effondrement de la monnaie américaine... et une jolie crise économique aux USA et dans tous les pays qui se sont alignés sur le dollars (ex-URSS etc.)
donc pour la réévaluation du Yuan, on peut toujours courir...


Ce serait un changement majeur depuis 1945 : pour la première fois les EU seraient tenus de prendre en compte la contrainte extérieure - jusqu'ici, pour eux, les règles du capitalisme ont été largement distordues.
La peur actuelle des EU est aussi que les Chinois achètent beaucoup, beaucoup de bons du Trésor et d'actions des entreprises étasuiennes. Avec le risque qu'un jour de grands groupes emblématiques ou des fonds de pensions passent sous le contrôle de Beijing... Ca fera désordre.
El comandante dit:La peur actuelle des EU est aussi que les Chinois achètent beaucoup, beaucoup de bons du Trésor et d'actions des entreprises étasuiennes. Avec le risque qu'un jour de grands groupes emblématiques ou des fonds de pensions passent sous le contrôle de Beijing... Ca fera désordre.


très juste, pour l'instant le capitalisme sert Ol' Uncle Sam... mais la donne pourrait changer ! Ce serait une sacrée "Révolution culturelle" (hum)

Nous savons maintenant pourquoi TT vote Bayrou, selon les sondages qui disent n’importe quoi, même la semaine précédent l’élection :

Dans le détail, François Bayrou séduit en priorité les jeunes actifs (il est en tête chez les 25-34 ans), les cadres supérieurs et, fait nouveau, les employés.

On doit couvrir quasiment tous les Biroutistes de TT, non ? Les 25-34 ans cherchent une certaine unanimité de la situation, veulent que tout le monde s’aime et soit uni pour donner un monde merveilleux à leurs enfants qui viennent de naître ainsi qu’un avenir à leur emploi tout nouveau…

Sarkozy séduirait la tranche inférieure (18-24 ans, qui veulent du mouvement et du changement) et Royal les séniors (qui ont une certaine connaissance de l’Histoire pour eux).

On fait dire tout ce qu’on veut aux sondages :)

Moi, mon sondage personnel c’est :
Le Pen 22%
Royal 21%
Sarkozy 20%
Bayrou 12%
les autres 25%

Je rappelle les scores des élections précédentes (sur mon site) :
Entre 1965 et 1988, les deux premiers candidats représentaient à eux seul plus de 50 % des voix du premier tour.
1965 (76,37%) : De Gaulle 44,65% Mitterand 31,72%
1969 (67,78%) : Pompidou 44,47% Poher 23,31%
1974 (75,85%) : Mitterand 43,25% Giscard d’Estaing 32,6%
1981 (54,17%) : Giscard d’Estaing 28,32% Mitterand 25,85%
1988 (54,07%) : Mitterand 34,11% Chirac 19,96%

En 1995, on peut considérer que c’était encore le cas, Chirac et Balladur étant du même parti :
1995 (62,72%) : Jospin 23,3% Chirac 20,84% Balladur 18,58%

En revanche, à partir de 2002, la réforme du financement des partis et l’adhésion du peuple aux thèses extrêmo-populistes a tout changé.

Ybkam dit:
El comandante dit:La peur actuelle des EU est aussi que les Chinois achètent beaucoup, beaucoup de bons du Trésor et d'actions des entreprises étasuiennes. Avec le risque qu'un jour de grands groupes emblématiques ou des fonds de pensions passent sous le contrôle de Beijing... Ca fera désordre.

très juste, pour l'instant le capitalisme sert Ol' Uncle Sam... mais la donne pourrait changer ! Ce serait une sacrée "Révolution culturelle" (hum)


Oui enfin, coté patriotisme économique, les Américains sont forts aussi. Il y a qq années (2004 je crois), la compagnie nationale des pétroles chinois a voulu racheter la 7e compagnie pétrolière américaine. Il s'en est suivi une levée de boucliers et l'apparition d'un chevalier blanc (de l'or noir huhu :pouicboulet: ) qui a racheté la compagnie américaine avec une offre inférieure.

Il y a eu aussi l'histoire de l'opérateur portuaire qui a failli etre racheté par une compagnie à Dubai. Le Congrès était intervenu pour sortir une loi du chapeau (et si je me souviens bien cette loi était adossée à des loi relatives à la Sécurité Nationale). Bref, les USA rachetés par la Chine, c'est pas demain la veille ;)

Et sinon la conséquence de toute cette histoire de yuan sous-évalué, c'est que les gars qui se plaignent de l'euro trop fort n'ont encore rien vu...

La présidentielle sur les bancs de l’école
Par Thomas PIKETTY


François Bayrou incarne-t-il la synthèse idéale entre droite et gauche souhaitée par les Français, ou bien bénéficie-t-il, grâce au vide qui l’entoure, du nihilisme des électeurs face aux grands partis ?

Pour se faire une idée, il n’est pas inutile de jeter un coup d’oeil aux programmes des différents candidats en matière scolaire, en principe domaine d’excellence du candidat centriste.

D’autant que le clivage entre les deux principaux candidats est particulièrement fort sur ces questions.

Pour Nicolas Sarkozy, la cause est entendue : la mise en concurrence généralisée des écoles doit permettre de tirer par le haut l’ensemble du système éducatif. Il suffit en particulier de mettre fin à la carte scolaire, de supprimer les ZEP (zones d’éducation prioritaire) et de les remplacer «par rien». Le simple jeu de la concurrence entre écoles et collèges permettra alors d’augmenter la qualité de tous les établissements, chacun pouvant librement développer son projet pédagogique et trouver sa niche sur le marché scolaire.

A l’opposé, Ségolène Royal se contente d’évoquer une «révision de la carte scolaire pour supprimer les ghettos et assurer la mixité sociale». Surtout, elle propose, pour la première fois en France, la mise en place d’un véritable ciblage des moyens en faveur des écoles faisant face aux plus lourds handicaps. Son pacte présidentiel annonce ainsi qu’en ZEP les effectifs des classes de CP et de CE1 seront réduits à 17 élèves par classe, contre environ 22 élèves actuellement (et 23 élèves hors ZEP), soit une réduction significative de 5 élèves par classe, et une multiplication par 6 du ciblage des moyens. Cette mesure, qui concernerait l’ensemble des écoles classées en ZEP (environ 15 % des écoles, soit plus de 250 000 élèves par an en CP et CE1), et non pas une infime fraction d’entre elles (comme dans les expériences menées jusqu’ici), constitue la première tentative pour doter les écoles défavorisées de réels moyens supplémentaires.





Il reste que ces deux visions antagonistes ont le mérite de la cohérence et de la clarté. Elles permettent de poser de vraies questions ­ jamais véritablement formulées dans le débat français. Insister sur les mérites de la concurrence en matière éducative est légitime et utile, même si c’est plutôt du côté de l’enseignement supérieur que les bénéfices sont à attendre. Introduire explicitement la question du ciblage des moyens entre écoles constitue une innovation majeure et permet de franchir une nouvelle étape dans le vieux débat égalité-équité mené en France depuis quinze ans, même si ce débat est loin d’être clos.

Face à ces deux visions cohérentes et antagonistes, que propose François Bayrou dans son programme ? Les objectifs affichés sont ambitieux : il s’agit de «diviser par deux l’échec scolaire et de multiplier par deux la réussite». Mais, quand on en arrive aux propositions concrètes et aux moyens de parvenir à ce résultat, le moins que l’on puisse dire est que l’on reste sur sa faim. Bayrou insiste surtout sur des questions de méthode (aucune réforme éducative ne peut être menée sans les enseignants et leurs organisations représentatives, etc.) et ne se prononce clairement ni sur la question de la concurrence scolaire ni sur celle des ZEP. Sur ce terrain, comme sur la plupart des grandes questions économiques et sociales du moment, le candidat centriste apparaît dans une posture «ni-ni», et non comme porteur d’une synthèse nouvelle.

Par Thomas PIKETTY

Thomas Piketty est directeur d’études à l’EHESS;je précise qu’ il soutient Ségoléne royal


article complet dansLibé,pages rebonds

MrGirafe dit:tous les Biroutistes de TT

Encore un mot scandaleux ? :wink: :lol:

Et sur ce que tu écris, je ne suis absolument pas d'accord sur les sondages.
Les sondages sont une image précise, avec une marge d'erreur que l'on maîtrise par la taille de l'échantillon, de ce que veulent bien dire les gens, à un moment précis.
Ce qui est aberrant, c'est l'utilisation que l'on en fait, par exemple en faisant des 2nd tours virtuels 2 mois avant qu'il ait réellement lieu.
Si on les lit bien et avec toute le recul nécessaire, les sondages sont trés instructifs.

Arrêt sur image traitait justement de ce thème. Il est possible de le visionner sur le net jusqu’à dimanche.

Et pourtant il monte!

A priori, toutes les raisons inclinaient à penser que François Bayrou ne dé­pas­serait pas un seuil de 15 % d’électeurs potentiels.


15 %, c’était approximativement la prouesse réalisée en 1965 par son ancêtre Jean Lecanuet face à de Gaulle. Le candidat du centre démocrate avait alors fait sur son nom et sur un projet européen le plein des voix antigaullistes et anticommunistes. Le contraste entre les deux campagnes saute aux yeux.


François Bayrou est européen en une période où l’Europe a cessé d’être une idée populaire et le Parti communiste n’est plus que l’ombre de lui-même ; en outre, il est, de tous les candidats, celui qui, en apparence du moins, se rapproche le plus de la doctrine du « rassemblement » que de Gaulle opposa, sous la IVe République, aux partis de la « troisième force », dominés par le MPR. Sa campagne devrait souffrir cruellement de la contradiction entre sa posture gaullienne, et le centrisme dont il se réclame. La logique de la Ve République a sauvé de Gaulle du centrisme, grâce à la conjonction entre l’élection du chef de l’État au suffrage universel et l’adoption, pour les législatives, du scrutin majoritaire à deux tours. La bipolarisation de la vie politique qui en est issue, et qui a mis vingt ans à s’imposer, a ainsi aligné la France sur la plupart des modèles étrangers, et contraint chaque camp à garder ses extrêmes et à se discipliner en s’obligeant à gouverner au centre.


Or, comme s’il était porté par une nostalgie invincible du temps où le MRP gouvernait la IVe avec les socialistes et les modérés, François Bayrou se refuse à tirer les leçons de cette longue histoire.


Son projet de recourir à la proportionnelle menace, au mieux, de rétablir ce que de Gaulle nommait les « poisons et délices » des combinaisons gouvernementales concoctées sans souci des majorités électorales ; il risque, au pire, d’instaurer un fossé infranchissable entre une majorité présidentielle introuvable et un président qu’il veut, de surcroît, renforcer en lui conférant les attributions du premier ministre.


Ce projet porte aussi loin que possible les dangers du centrisme : le prix à payer pour un centre à vocation majoritaire serait à la fois l’impuissance et le déni de l’alternance. Le « rassemblement » gaullien a consisté à mener des politiques susceptibles de convaincre une partie du peuple de gauche ; c’était un rassemblement électoral à la base, non au sommet. Les combinaisons droite-gauche, qui règnent en Allemagne, en Autriche et en Finlande et le replâtrage modérés-gauche extrême réalisé en Italie par M. Prodi sont des ­pis-aller qui ne fonctionnent à peu près que dans un cas, sous la férule de Mme Merkel - et encore celle-ci tire-t-elle le bénéfice des réformes opérées par son prédécesseur. La perspective d’une remise en cause du principal acquis de la Ve République, qui est la stabilité, devrait limiter le vote Bayrou à son étiage centriste. Et pourtant, il monte ! Jour après jour, ce lettré prudent et madré, fier de ses racines ter­riennes, engrange les voix des déçus des contre-performances de Ségolène Royal et des témérités de Nicolas Sarkoky. Comment diable se fait que ses fautes, majeures, passent inaperçues, alors que les erreurs des deux autres candidats se retournent contre eux ?


L’explication se trouve dans son livre, Projet d’espoir (Plon). C’est un modèle d’habillage des passions nostalgiques dans les formes de la raison. Par comparaison avec cette prose plus proche du projet que du programme, ce qui convient à la fonction, Ségo­lène Royal et Nicolas Sarkozy s’échinent de façon symétrique à fixer leurs clientèles traditionnelles avec des thèmes racoleurs.


La première, tenante de la « démocratie participative », multiplie les concessions à la France « métissée » ; le second, après avoir présenté une politique raisonnable d’équité sous la dénomination provocatrice de « discrimination positive », vient d’annoncer la création d’un ministère de « l’identité française » - confié à qui, on se le demande.


Il est probable que le métis­sage selon Mme Royal soit un concept abstrait : celle-ci se garde de prôner le multiculturalisme, qui serait le véritable danger. L’identité française, telle que la définit Nicolas Sarkozy, n’est ni ethnique ni religieuse, mais coïncide avec l’inventaire de nos va­leurs républicaines.


Mais en utilisant ces mots au contenu facilement explosif, l’un et l’autre contribuent à entretenir la tragi-comédie des passions identitaires, qui minent de l’intérieur la démocratie française. Ils inquiètent inutilement une opinion attachée de toutes ses fibres à l’individualisme universaliste et laïque, auquel notre pays doit une unité très supérieure à celle de toutes les démocraties concurrentes.


Le paradoxe est que le fédéraliste François Bayrou s’impose, en la conjoncture, comme le candidat qui synthétise le mieux les contradictions françaises : entre, d’un côté, la tentation du repli eth­nique, religieux et sécuritaire, ­anticapitaliste et antilibéral qui, ­comme dans les années 1930, ébranle l’Europe touchée par la mondialisation ; et, de l’autre, le discours républicain, humaniste, laïque, dont, grâce à la supériorité de sa formation classique et de son expérience terrienne, il maîtrise parfaitement le discours.


Le comble est que, pour rendre cette synthèse convaincante, son absence de charisme devient une force, et qu’il parvient à l’incarner. Bref, le rhétoricien l’emporte sur les communicants. C’est une ­bonne nouvelle pour notre héri­tage culturel, et une mauvaise pour notre avenir politique.


««Paradoxalement, Bayrou le fédéraliste est le candidat synthétisant le mieux les contradictions françaises »»

par Alain-Gérard Slama

Dans Le Figaro

bigsam dit:Les sondages sont une image précise, avec une marge d'erreur que l'on maîtrise par la taille de l'échantillon, de ce que veulent bien dire les gens, à un moment précis.
Ce qui est aberrant, c'est l'utilisation que l'on en fait.

Oui tout à fait, nous sommes tout à fait d'accord de tout à fait, je pense que nous devrions peut être en débattre encore un peu pour être tout à fait sûrs d'être tout à fait d'accord.

Puis il y a les gens qui mentent et puis les statisticiens qui se trompent dans leur lissage et dans la détection des erreurs... (je rappelle tout de même, 15 avril 2002, Le Pen à 10,5% dans les sondages aurait fait +61% en 6 jours :shock: et pas un vote surprise puisque chaque voix a été maintenue au second tour, complétées par les voix de Mégret).

Bref, il n'y a guère que les sondages après événement qui sont à peu près fiables. Les urnes et les résultats étant selon moi les chiffres les plus représentatifs de ce que les gens ont voté et dit dans les urnes.

Tout à fait.


edit Ce qui est bizarre aussi dans les sondages c'est qu'ils montrent la gauche, en faisant la somme des candidats du premier tour, à 30% à tout casser et à 50% environ au second...
Cela ne peut pas s'expliquer que par Bayrou puisque Royal face à Bayrou fait plus de 45%

Les français ont-ils perdu leurs repères ?

Il me semble que La France a une base de 40% d'électeurs à gauche et 45% à droite et le reste qui balance selon l'humeur, selon les candidats en lice...
scand1sk dit:
Après l'"effet 2002", ça ne me surprend pas plus que ça, d'autant que les petits candidats sont a priori moins nombreux que la dernière fois.
Pour référence, au premier tour en 1995, les trois plus gros candidats (Jospin, Balladur, Chirac, face à 5 "petits" et à le Pen) avaient totalisé près de 63% des voix (exprimées). Et le Pen avait fait 15%.
En 1988, les trois "gros" (Barre, Chirac, Mitterrand), face à 5 "petits" et le Pen, totalisaient 70,6% (le Pen 14,38).

Bien, même 63%; on est encore loin des 75% actuels. Rajoute les 12 % de différence aux "petits" et tu verras que ça fait tout de suite plus crédible.
Pour le 1er tour 2002, les 3 "gros" (Chirac, Le Pen, Jospin) ne représentaient que 53 % des voix du 1er tour.
Non, franchement, 75% pour les 3 premiers actuels, je n'y crois pas.
On devrait faire des paris sur TT :D .
scand1sk dit:
D'autre part, comment interpréter le mot "pessimiste" face à "seulement 10% à le Pen" ?


Je pense que tu as très bien compris ce que je veux dire : si on met 10% à Le Pen, il resterait 15% (100 - 75 - 10) pour tous les autres. Je pense que Le Pen va faire plus de 10%, comme d'habitude, ce qui veut dire qu'il resterait encore moins de 15% pour les autres.

Je n'y crois décidément pas à ces envolées dans les sondages pour les 3.

L’information que donne les sondages est que le prochain president sera forcement Bayrou, Sarko ou Royal. Lequel des 3, c’est impossible a savoir, et heureusement car si on connaissait les resultats de l’election en avance, ca ne serait plus vraiment la democratie.

L’autre information est que a l’heure actuelle, ~1/3 des electeurs votent a gauche, ~1/3 a droite, et ~1/4 pour Bayrou.
Donc le resultat dependra tres probablement des consignes de votes donnees par le laron qui ne fera pas parti du 2eme tour (sauf si LePen est au 2eme tour, et dans ce cas le president sera connu immediatement au premier tour).
Si Sarko out, il appelera a voter pour Bayrou.
Si Royal out, elle appelera a voter pour Bayrou.
Si Bayrou out, il appelera a voter pour Sarko, apres d’intenses negotiations.
Bien entendu, la dillution du suivi d’un appele de vote, et les indecis, sont des donnees inquantifiables, donc il n’y a aucune certitude sur l’issue du 2nd tour, quel que soit le cas de figure.

Voila, c’est tout ce que ca veut dire les sondages, ni plus ni moins. Et c’est deja pas mal, car sans les sondages on penserait qu’il n’y a que deux candidats qui aient une chance.