Bonjour,
- Concernant les bâtiments de prestige et le fait de les révéler ou non, la règle officielle est bien de ne le faire que manche après manche, mais après des échanges sur BGG, des joueurs avaient proposé de les découvrir intégralement dès le début, afin de mieux préparer une stratégie qui peut parfois rapporter gros en fin de partie.
Alexander Pfister n’avait rien vu à y redire alors, validant cette option. Après, à chacun de voir ce qu’ils préfèrent.
- Sur les espions, le terme espion, qui pose parfois question, et à raison… Lorsque j’ai commencé cette petite trad’ quelques semaines avant Essen 2019, initialement pour ma pomme, c’est probablement le mot qui m’a le plus ennuyé dans la règle. Lors de son envoi à Super Meeple, du taf croisé avec leur traducteur, et de nos premiers échanges sur les quelques points d’achoppement, je crois bien que c’est la première chose dont nous avons discuté. Comme précisé plus haut par l’équipe de Super Meeple, les règles du jeu à l’origine comportaient deux termes pour ce pion, selon son utilisation. “figure” ou “assistant”, les deux se téléscopant parfois de façon confuse… à mon sens. J’ai donc voulu n’utiliser qu’un seul et unique terme pour que lorsque des explications à mes joueurs, je ne les perde pas rapidement… et j’ai défendu mon point de vue auprès de l’éditeur sur ce qui n’était à la base qu’un choix destiné à mes joueurs et moi seul.
Pour rentrer dans le détail, et expliquer mon choix, ce dont je n’avais même pas parlé à l’époque avec Charles Amir, je trouvais les deux mots initiaux en décalage, inapproprié au contexte historique, ce qui m’importe quand je traduis une règle.
“Personnage” était trop vague, et “assistant” trop marqué jeu de société, neutre, pas assez lié à une époque historique et littéraire que j’affectionne. Je me suis donc retrouvé à me faire des noeuds au cerveau en cherchant un mot, et un seul, de remplacement. En effet, dans le jeu, ces pions ont des rôles très variés, allant du taquier (ship builder)… au vice-amiral (!), en passant par l’explorateur, le contrebandier, le bosco (drillmaster), etc., bref, des rôles, des statuts sociaux, aussi différents que disparates pour l’époque. Comme le notait Khazaar plus haut, j’ai bien sûr pensé à “adjoint, compagnon, auxiliaire”, ce qui par exemple était assez étrange quand on cherche un lien entre un capitaine et un vice-amiral, mais aussi aux informateurs, indics’, aventuriers, frères de la côte, limiers, et quelques autres. Cela ne me satisfaisait pas : je voulais garder la notion d’individus travaillant pour un unique capitaine, endossant plusieurs rôles pour la “bonne” cause (celle du joueur vert donc ) ! J’ai farfouillé dans mes notes, des moteurs de recherche, des ouvrages sur la piraterie des 17ème et 18ème siècles, dans les Caraïbes et ailleurs. Pour faire chou blanc… ou presque !
Du coup, je suis revenu sur “agent”… puis “espion”… pour ne retenir que ce dernier terme, plus flamboyant, porteur d’imaginaire, toujours à mon sens. Et puis, c’est aussi le rôle que je retrouvais parfois au détour d’une page, de papier ou virtuelle, lors de mes lectures : dans ces époques où les vies insulaires dépendaient du bon vouloir d’individus aux fidélités de circonstance plutôt qu’aux états qu’ils étaient censés servir, les rares espions parcourant les Caraïbes étaient bien sûr au service d’une ou plusieurs nations plus que d’un simple capitaine, bien entendu, mais étaient souvent les capitaines eux-même, du fait de leur mobilité. J’ai donc gardé cette notion d’espionnage, avec une diversité de rôle endossable par l’agent agissant à terre.
C’n’était à l’origine qu’une vision toute personnelle d’un petit élément du théâtre de jeu offert par monsieur Pfister, et puis cela est apparu sur la règle off’… à ma grande surprise… et à mon grand plaisir.