«Môquet, c’est le pote de Sarkozy !», la polémique.

Si tu veux. En tout cas, tu dois avoir quelques lignes plus haut dans l’article la citation du ministre de l’Etat français et le fait qu’il recherche 50 communistes - pas des Juifs à cette date, semble-t-il.

En effet, les communistes sont représentés comme des apatrides, tout comme les Juifs. C’est d’autant plus facile que les communistes français sont relativement disciplinés et obéissent volontiers aux directives venant d’URSS, ce qui permet de mettre en doute leur patriotisme, et que l’on trouve des Juifs engagés dans le communisme depuis sa création. Quant aux antisémites, ils ont toujours prétendu que les Juifs n’éprouvaient pas de sentiment national.

Néanmoins, le cas de Môquet et de ses camarades n’est pas en lien avec la question des Juifs.

bertrand dit:Je n'en suis pas si sur. Au contraire ne refléte-t-il pas , pour le peu que l'on ne se contente de la seule lettre, la complexité de l'époque?

La lettre en elle-même ne reflète rien, si ce n'est l'émotion d'un jeune homme qui se sait condamné. D'ailleurs, à mon sens, elle n'appartient qu'à lui et à sa famille.
...Amalgame entre différentes sortes de résistances...


Et mémoire sélective en fonction des intérêts de chacun...

Bref, tu as raison sur la complexité de l'époque. Mais ce n'est pas en lisant comme cela cette lettre que l'on éclaircira nos jeunots sur cette période, d'autant que la plupart de ceux qui la lisent ne la maîtrisent pas, ladite période...

Ce qui ramène à la question de départ : quel est l'intérêt de lire un document comme cela, sur simple volonté du politique ?

Don Lopertuis
Jopajulu dit:A vouloir récupérer à des fins strictement émotionnelle une histoire compliquée, on en vient à faire dire n'importe quoi à cette histoire !


Entièrement d'accord avec toi...
Donc à quoi cela servait-il de la lire aujourd'hui ?

Don Lopertuis
Don Lopertuis dit:Mais ce n'est pas en lisant comme cela cette lettre que l'on éclaircira nos jeunots sur cette période, d'autant que la plupart de ceux qui la lisent ne la maîtrisent pas, ladite période...

c'est un peu le retour de l'histoire à la grand-papa, avec les héros qui se substituent aux tendances complexes de fond, non ?

Don lopertuis a ecrit


Tout dépend de ce qu’il dit ou de ce qu’il prend comme décision, ne crois-tu pas ?

Justement, on parle là de la décision de lire une lettre historique que les communistes ont allègrement exploités dans leur recherche de martyrs et là tout le monde trouvait le gamin admirable.
On trouve actuellement des rues Guy Moquets surement des places et aucun gamin ne savait qui s’était. Là pour une simple lecture, on a 2 semaines de débats passionnés pour tenter de contrer l’ignoble décision présidentielle. C’est marrant comme les profs redeviennent civiques pour lutter pour préserver l’histoire mais comme ils ne sont pas gênés d’apprendre nos programmes sur la guerre d’Algérie par exemple qui sont eux non partisans comme tout le monde le sait…
Là comme c’est Sarko c’est l’émeute et certains profs disent bha c’est la première décision du nouveau président mais je m’en tamponne je fais ce que je veux…
Les réactions en question sont politiques et partisanes et autant sur certains points je suis le premier à reconnaitre des arguments valables dans l’analyse de mes contradicteurs autant là je me marre :pouicchut: :pouicchut:
L’analyse de chacun, devenu spécialiste historien sur cette lettre et de son intêret pour nos chers têtes blondes me sidère.
On pourrait aussi dire, tiens pour une fois qu’on ne propose pas des valeurs sportives pour motiver nos gosses c’est peut être un bon point. Je prégère Guy Moquet comme valeur que Joey Star ou Zidane Mais il faut aussi reconnaitre que chez nous patriotisme est souvent assimilé à de noirs dessins et que montrer qu’on aime son pays n’est jamais bien perçu…
El commandante a ecrit
Moi ça me gêne justement parce que c’est un texte inadéquat vis-à-vis de ce qu’on veut en faire. Le pauvre Guy a déjà été récupéré dès le début de la guerre germano-russe par le PC ; puis après la guerre ; puis encore aujourd’hui. Laissons le reposer en paix, héros involontaire, victime à coup sûr.

Justement c’est un héros involontaire, c’est peut être pas la meilleure lettre mais elle rappelle une réalité intéressante dans notre société. En temps de guerre on pouvait se faire fusiller pour un tract…Après rien ne dit que dans 2 ans on passera pas à des textes autres et peut être plus détaillés sur la situation historique mais au moins là on a eu un truc alors que jusqu’à maintenant faut me dire ce qu’on fait nos chers politiques pour la mémoire collective…
Ted Lapinus & Phoenix
Il me semble qu’on est davantage, voire complètement, dans la deuxième approche. Alors tant qu’à faire les choses bien, l’une des très belles lettres, de la même portée que celle de Guy Moquet mais écrites par de jeunes soldats allemands, pourrait aussi être lue juste avant ou juste après. Ca donnerait à réfléchir sur la valeur d’une vie humaine…


Pourquoi pas mais avant que Sarko en parle combien des personnes qui ont maintenant des idées géniales sur le devoir de mémoires ont pris le temps de lire un tel texte à des enfants pour leur enseigner ces valeurs importantes. Combien de profs aussi durant leurs cours ?

Moi en tout cas on m’a rien lu, enfin c’est pas tout à fait vrai puisque j’ai fais toute ma scolarité dans une école militaire (ARghh fallait pas que je le dise me voila discrédité :oops: :oops: )Donc les profs m’ont rien lu mais des cérémonies aux morts j’en ai bouffé des dizaines… Sur le coups j’ai peut être pas tout compris mais je pense au final que cela ne fut pas négatif.

Le devoir de mémoire je pense savoir ce que c’est et franchement avant même de critiquer le contenu de la lettre on pourrait simplement se dire tient voila une chose qui ne coutait pas grand chose mais qui peut instaurer le débat dans les classes du moment que le prof ne boude pas et décide d’engager la discussion… En plus cela peut faire légèrement relativiser un ado qui se dit putain ma vie est pourrie j’ai pas les dernières pompes que Zidane porte à la télé et ma copine sur meetic vient de me plaquer… (je caricature bien entendu car cela illustre bien mon sentiment)

Je suis pas là pour faire l’apologie du patriotisme ni dire les jeunes sont tous des cons contrairement à avant. Mais au final on parle d’une décision symbolique qui me semble intéressante qui peut être déplaira à certains mais qui en tout cas ne justifie pas ce devoir de “résistance” de certains profs totalement apolitiques…

A++ Stouf

Je n’imagine meme pas le bordel si Sarko avait decide de faire lire un texte d’un gars de droite au lieu d’un communiste…
Enfin toute cette histoire ca permet de constater qu’il y a des gauchistes qui sont puants d’hypocroisie. :? Enocre une fois, bien joue Sarko…

Wasabi dit:Je n'imagine meme pas le bordel si Sarko avait decide de faire lire un texte d'un gars de droite au lieu d'un communiste......
Enfin toute cette histoire ca permet de constater qu'il y a des gauchistes qui sont puants d'hypocroisie. :? Enocre une fois, bien joue Sarko.....


Dans ta logique : comme Sarko a flatté l'électorat du Front National pour accéder à la présidence de la France, il aurait dû demander à ce qu'on lise et commémore Pétain et sa clique Vichistes ?
Jopajulu dit: A vouloir récupérer à des fins strictement émotionnelle une histoire compliquée, on en vient à faire dire n'importe quoi à cette histoire !



merci aussi de cette mise au point Jopajulu.
c'est aussi ce que je pense, avec en corollaire le danger de brouiller un certain nombres de repères.
Stouf dit:Le devoir de mémoire


http://www.memoire-net.org/article.php3?id_article=131

article intéressant sur la différence à faire entre Devoir de mémoire et Travail de mémoire.
L’Histoire n°323, septembre 2007
Guy Môquet, Sarkozy et le roman national
Jean-Pierre Azéma est un grand spécialiste de la France de Vichy et de la Résistance française. On lui doit notamment une biographie de Jean Moulin (Perrin, 2003).

En proposant de célébrer la mémoire d’un jeune résistant fusillé, Nicolas Sarkozy nous invite à interroger son usage de l’histoire nationale mais aussi les rapports ambigus entre mémoire et histoire.
Comme pratique sociale, l’histoire exerce en France une fonction identitaire, comme le droit dans la société américaine, ce qu’avait signifié Charles de Gaulle à Roosevelt. Comme bien d’autres hommes politiques, tentés de l’instrumentaliser, surtout lorsque les élections entrent dans le champ magnétique de la démocratie d’opinion, Nicolas Sarkozy en a fait un large usage.
Dès le 14 janvier 2007 dans son discours d’investiture devant l’UMP, puis le 26 janvier, à Poitiers, les références appuyées à Jaurès, Blum, aux congés payés de 1936, gommaient ses variations droitières. Signifiant ainsi qu’il « avait changé », devenu homme de rassemblement et de consensus, il pouvait de surcroît braconner sur les terres mémorielles de la gauche.
Certes la mémoire de la Résistance est devenue au fil des ans assez consensuelle pour n’être plus réservée à la gauche. Pourtant, le 4 mai, à deux jours du deuxième tour de l’élection présidentielle, Sarkozy surprenait en s’inventant un pèlerinage au plateau des Glières, en mémoire des victimes de la Wehrmacht et de la Milice française. Élu, il évoquait, le 16 mai, au bois de Boulogne, 35 jeunes résistants massacrés par des SS, dans la nuit du 16 août 1944. Ayant fait lire par une lycéenne une des lettres écrites à sa famille par Guy Môquet, avant qu’il soit fusillé, le 22 octobre 1941, il annonçait que cette lettre du jeune résistant (dont il avait déjà cité le nom le 14 janvier 2007) serait lue tous les ans aux lycéens français. Ce projet mérite qu’on réfléchisse aux sens qu’il peut prendre.
Guy Môquet, jeune militant des jeunesses du PCF clandestin, est l’un des 27 otages fusillés dans la carrière de la Sablière près de Châteaubriant. Ils furent parmi les premiers des 814 otages exécutés, entre septembre 1941 et octobre 1943, au titre d’une nouvelle politique mise en oeuvre sur ordre de Berlin. Certes, dès septembre 1940, les Allemands avaient repris une pratique de la Grande Guerre : le choix d’otages, le plus souvent des notables, en vue de sanctionner, surtout pécuniairement, des délits impunis, par exemple des inscriptions injurieuses. Mais avec les premiers attentats contre les officiers de la Wehrmacht, la politique change totalement, tant par le nombre des exécutions que par l’idéologie qui préside au choix des fusillés.
D’octobre à décembre 1941, on fusille 193 personnes en zone occupée, en trois vagues : d’abord 48 otages (27 du camp de Choisel-Châteaubriant, 16 près de Nantes, 5 au mont Valérien) ; après le meurtre par Pierre Rebière du conseiller Hans Reimers à Bordeaux, le 21 octobre, 50 exécutions au camp de Souge près de Bordeaux ; en décembre, à la suite de nouveaux attentats, 95 otages fusillés (dont, à nouveau, 9 près de Châteaubriant).
C’est la plus haute instance de l’administration militaire d’occupation, le Militärbefehlshaber in Frankreich (MBF, le commandement militaire en France), qui, jusqu’en juin 1942, dirige cette politique. Bien que son chef, Otto von Stülpnagel, moins laxiste qu’on ne l’a dit outre-Rhin après guerre, ait déjà fait fusiller, en septembre 1941, 15 otages, Keitel et Hitler lui enjoignent de durcir et d’orienter politiquement la répression. L’ordonnance du 28 septembre, dite « code des otages », précisait que le MBF choisirait en priorité des personnes déjà internées, notamment des « communistes » et « anarchistes ». Il s’agissait de persuader l’opinion française que les activités ou la propagande d’hommes à la solde de Moscou et de la « juiverie » n’avaient rien de patriotique.
Les « Judéo-bolcheviks » furent donc, à l’été 1941, après le déclenchement de l’opération Barbarossa, les premiers visés par cette répression idéologique. La stratégie du PC, parti révolutionnaire marxiste-léniniste, amendée par des ajustements tactiques – les fameuses « lignes » –, visait la conquête politique du pouvoir. Et depuis sa bolchevisation des années 1920, il devait impérativement défendre la « patrie du socialisme » et, donc, les directives du Komintern, en fait de Moscou.
On sait que Staline imposa deux tournants : en octobre 1939, la thèse de la « guerre interimpérialiste » prit le contre-pied de la ligne antifasciste privilégiée depuis 1935 ; puis, à la fin du printemps 1941, était préconisée la lutte à mort contre les puissances de l’Axe, et avant tout l’Allemagne nazie. Le PCF clandestin, dissous le 26 septembre 1939 pour avoir approuvé l’invasion de la Pologne par l’Armée rouge, avait combattu sans ambages Vichy, mais sans viser spécifiquement l’occupant. En juin 1941, après l’opération Barbarossa lancée contre l’URSS, tout le PCF entrait en résistance, n’excluant pas la lutte armée, y compris l’attaque de soldats allemands, en principe des officiers : le futur colonel Fabien n’hésitait pas à tuer l’aspirant Moser à la station de métro Barbès-Rochechouart. L’insécurité sur les arrières de la Wehrmacht devait desserrer l’étreinte sur la Russie. La capitale devenant trop surveillée, on envoie des « brûlots », des commandos formés de trois militants à Rouen, Bordeaux, Nantes.
C’est ainsi que Spartaco Guisco, un ancien des Brigades internationales, flanqué de deux membres des Jeunesses communistes, Marcel Bourdarias et Gilbert Brustlein, à Nantes, firent dérailler un convoi de permissionnaires allemands. Puis le lundi 20 octobre 1941, Gilbert Brustlein tuait le lieutenant-colonel Fritz Hotz, Feldkommandant de Nantes, croisé par hasard. Otto von Stülpnagel, en accord avec Berlin, programmait alors l’exécution sous quarante-huit heures de 50 otages et de 50 autres si l’auteur de l’attentat n’était pas arrêté.
Le meurtre du Feldkommandant entraîna l’application du « code des otages », à Nantes et plus encore à Châteaubriant. Sur les 222 communistes transférés depuis avril-mai 1941 au camp de Choisel, furent désignés non seulement des personnalités politiques (Charles Michels, député de Paris depuis 1936), une bonne quinzaine de responsables syndicalistes de l’ex-CGTU (Timbaud, Poulmarc’h, Grandel, maire de Gennevilliers…), mais aussi un médecin, un professeur de lettres d’origine vietnamienne, des instituteurs, un étudiant arrêté à la manifestation du 11 novembre 1940, ou encore des membres des Jeunesses communistes inculpés pour distribution de tracts, bref, des échantillons de l’ensemble du peuple communiste.
Guy Môquet avait le profil. Son père, Prosper, un cheminot fils de petits cultivateurs, responsable syndical à la CGTU, membre du PCF, avait été élu député en 1936 dans le quartier parisien des Épinettes. Guy, son fils aîné, membre des « Pionniers », quittait le lycée Carnot, après que son père, déchu de ses fonctions de député, condamné à cinq ans de prison, eut été incarcéré en mars 1941 dans la centrale algérienne de Maison-Carrée. Guy Môquet, entré dans les Jeunesses communistes réorganisées clandestinement, fut arrêté sur dénonciation pour avoir distribué des tracts par deux policiers français, le 13 octobre 1940. Emprisonné à Fresnes, seulement placé en liberté surveillée par la 15e chambre correctionnelle, il est interné administrativement en vertu de décrets pris à l’encontre des communistes, et rejoint le camp de Choisel le 16 mai 1941.
On put s’étonner par la suite de l’exécution d’un adolescent de 17 ans ; le choix était délibéré : en fusillant ce fils d’un ex-député communiste, l’occupant affichait que l’âge des simples distributeurs de tracts n’excusait rien, bien au contraire. Le même sort attendait d’ailleurs dans la carrière de la Sablière deux autres très jeunes communistes de 19 et 21 ans.
Jusqu’à l’évasion, le 18 juin, de quatre hauts responsables du PCF, la vie dans le camp de Choisel était supportable et malgré le durcissement de la discipline, Guy Môquet continua d’être le boute-en-train de la baraque 10, celle des jeunes. Lui qui aimait guincher, courtiser les filles sur les fortifs, ne fut pas le dernier à s’intéresser à l’arrivée à la mi-septembre de 46 militantes de l’Union des jeunes filles de France, arrêtées pour distribution de littérature subversive. A travers les fils de fer barbelés de la palissade, il s’éprit de l’une d’entre elles, Odette Leclan.
Les plus perspicaces des politiques percevaient que les sentinelles allemandes doublaient plus fréquemment les gendarmes français. A la fin septembre, dix-huit internés communistes devaient rejoindre la baraque 19, « l’îlot spécial ». Dans l’après-midi du 20 octobre, le bruit courut qu’avait été tué un officier de la Wehrmacht. Le travail historique (en particulier celui de Jean-Marc Berlière) a permis, depuis, de préciser les responsabilités.
Si les Allemands prenaient les choses en main, il ne fait aucun doute que les hommes de Vichy participèrent à la désignation des otages ; et tout particulièrement Pierre Pucheu, le ministre de l’Intérieur, un obsédé de l’anticommunisme, désireux également d’affirmer la souveraineté française dans la répression. D’ailleurs, jusqu’en juin 1941, c’étaient les policiers français qui avaient traqué les communistes, les Allemands se désintéressant apparemment de cette lutte. Deux membres du cabinet de Pucheu se signalèrent par leur zèle, même si l’histoire a quasi oublié leurs noms ; et Bernard Lecornu, l’ambitieux sous-préfet de Châteaubriant, joua un rôle d’intermédiaire beaucoup plus actif qu’il ne l’a admis en 1944. Et si, au final, c’est le MBF qui trancha, sur les 27 fusillés, 17 figuraient sur les listes dressées par Pucheu et consorts.
Quand la liste fut arrêtée, le mercredi 22 octobre, dans un camp bouclé depuis deux jours par les forces allemandes, la majorité des hommes de « l’îlot spécial » fut transférée dans la baraque 6 où les rejoignirent d’autres internés sortis un par un des autres baraques ; dans la 10, le dernier appelé par le très zélé sous-lieutenant de gendarmerie Touya, sur lequel cracha Jean-Pierre Timbaud, était Guy Môquet qui venait juste de terminer sa première lettre de la journée, adressée à sa mère.
S’il fut surpris d’être désigné, lui, le benjamin, il répondit simplement « présent ». Les 27 otages montèrent dans des camions en chantant La Marseillaise et Le Chant du départ ; à 2 kilomètres, dans une carrière de sable, 90 soldats faisaient face à 9 poteaux. Guy Môquet, inanimé, tomba sous les balles de l’avant-dernière salve. L’émoi en France fut aussi considérable que la publicité donnée à cette série d’exécutions. L’opinion qui avait d’abord condamné les attentats se retourna en bonne partie contre l’occupant. Elle ne sut guère que Philippe Pétain avait songé à se proposer comme prisonnier en se présentant sur la ligne de démarcation en échange des 50 autres otages mais préféra finalement recommander de dénoncer les meurtriers.
Du moins interdit-il à ses préfets de participer dorénavant au choix des victimes. Hitler choisit de surseoir temporairement à l’exécution d’otages et de diversifier la politique répressive par la tenue de procès à grand spectacle et des déportations. De Gaulle, dans l’émission « Honneur et patrie » du 23 octobre, eut peu de succès en préconisant pour le 31 octobre un « garde-à-vous national » de cinq minutes.
Reste que, trouvant normal d’abattre des Allemands occupant la France, il célébrait le geste de « garçons courageux », tout en soulignant, parce qu’il avait la charge de conduire la guerre, que la tactique excluait pour l’heure de s’exposer à des représailles.
Il montra en tout cas qu’il avait été sensible à l’exécution de Guy Môquet : dès 1944, il le cita – et jusqu’à plus ample informé, lui seul des 27 – à l’ordre de la nation, et dans une lettre du 12 juin 1956 à Prosper Môquet, qui venait de perdre sa femme, il saluait la mémoire de « votre jeune fils mort si bravement et cruellement pour la France ».
Le PCF, sans revendiquer immédiatement la paternité des attentats, sut valoriser le sacrifice des 27. Châteaubriant représente un idéal-type de la mémoire communiste et de son usage stratégique : le Parti ne peut se tromper, il incite à se surpasser et oeuvre pour des lendemains qui chantent, etc. Tous les suppliciés étaient, en effet, communistes (alors qu’à Nantes ou à Bordeaux l’occupant avait volontairement fusillé également des « gaullistes ») et presque tous demeurés fidèles à « la ligne ». Les communistes étaient donc les meilleurs des patriotes, et l’interne ment précoce de certains d’entre eux suggérait que la résistance communiste datait du début de l’Occupation, ce qui gommait l’image déplorable des errements d’avant l’été 1941.
Aragon, sur la demande de Duclos, se chargea d’ériger un « monument » aux 27, avec un recueil, intitulé Les Martyrs, sorti dès février 1942 aux Éditions de Minuit. Plus tard, La Rose et le Réséda, un des poèmes les plus connus de la Diane française, était dédié « à Gabriel Péri et d’Estienne d’Orves, comme à Guy Môquet et Gilbert Dru [un étudiant catholique massacré à Lyon] », donc à ceux qui croyaient au Ciel comme à ceux qui n’y croyaient pas.
La lettre à laquelle s’est référé Nicolas Sarkozy figurait en bonne place dans Les Martyrs. Guy Môquet a en fait écrit trois lettres, ce 22 octobre 1941 : une première à sa mère relatant d’une manière assez banale la vie quotidienne du camp ; puis, la lettre pour laquelle il avait disposé d’une heure, qui, au-delà d’une formulation parfois convenue (mais qu’écrire d’autre ?), conserve après soixante-cinq ans toute sa charge d’émotion.
Enfin, juste avant de monter dans les camions, il écrivit un court billet notamment à Odette, qu’un gendarme prit sur lui de lui transmettre : « Je vais mourir avec mes 26 camarades. Nous sommes courageux. Ce que je regrette est de n’avoir pas eu ce que tu m’as promis [il voulait qu’elle lui « roule un patin »]. Mille grosses caresses de ton camarade qui t’aime. Guy. »
Le PCF qui se voulait le « parti des 75 000 fusillés » a continué de commémorer l’exécution des 27, notamment en suscitant l’érection dans la carrière de la Sablière d’un monument national des fusillés de la Résistance. La commémoration ne fut bouleversée qu’en 1991, quand le vrai résistant Gilbert Brustlein tenta de s’opposer à Georges Marchais, secrétaire général du parti qui – comme on le sait – fut tout sauf résistant. Le déclin politique du PCF, l’analyse critique, bienvenue, de son histoire, expliquent peut-être le fait qu’après avoir été célébrée la résistance des communistes est – bien à tort – presque passée sous silence.
Nicolas Sarkozy, tirant Guy Môquet d’un relatif oubli (malgré le nombre de rues et même une station de métro portant ce nom à Paris où est rappelée de manière assez allusive son exécution), a suscité des polémiques. Il ne s’agit pas de débats d’ordre partisan, puisque après quelques réticences, Marie-George Buffet a donné quasiment son aval. Il n’est pas non plus question que la gauche résistante s’arroge le monopole de la mémoire.
Mais il ne faudrait pas que cet usage, apparemment émouvant, d’une lettre touchante mais singulièrement dépourvue de considérations politiques, notamment à cause de la censure allemande, empêche de préciser que si dans la Résistance n’ont pas milité seulement des femmes et hommes « de gauche », si tous les hommes politiques de droite ne se sont pas retrouvés à Vichy, ce sont bien des hommes de la droite d’alors qui, par haine de la gauche, ont aidé l’occupant à établir la liste des 27 suppliciés.
Le second débat concerne l’enseignement. Le directeur de Libération, de surcroît bon connaisseur d’histoire, Laurent Joffrin, affirmant « Oui, il faut lire la lettre de Guy Môquet », assurait qu’il revenait au pouvoir politique de trancher si nécessaire en matière d’enseignement de l’histoire. C’est ce qu’un certain nombre d’entre nous, universitaires et enseignants d’histoire, ne sauraient admettre.
Sans doute l’histoire n’appartient-elle pas qu’aux historiens. Il est du rôle de la représentation nationale comme du président de la République de proposer, susciter commémorations et hommages, mais non d’édicter ce que l’on doit enseigner. Rappelons que, en juillet 1995, Jacques Chirac a fait repentance pour l’attitude de l’État, de la France, dans les déportations des Juifs de France ; c’était la parole du chef de l’État, elle comptait, ce n’était pourtant pas la vulgate et le texte eut d’autant plus de retentissement qu’il n’était assorti d’aucune obligation.
Son successeur ferait bien de méditer cet exemple. Beaucoup refusent l’idée de cette caporalisation mémorielle : une lettre lue dans tous les établissements scolaires, tous les ans, le même jour, sinon à la même heure ?, quasiment au garde-à-vous ? Laissons donc les enseignants organiser leur cours comme ils l’entendent et, s’ils font le choix de cette lettre, ils sauront la lire au bon moment, mise en perspective par les travaux qui l’éclairent.


Pour en savoir plus
P.-L. BASSE, Guy Môquet, une enfance fusillée, Stock, 2000.
J.-M. BERLIÈRE, F. LIAIGRE, Le Sang des communistes. Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004.
J.-P. BESSE, T. POUTY, Répression et exécutions pendant l’Occupation, 1940-1944, L’Atelier, 2006.
G. KRIVOPISSKO, F. MARCOT, La Vie à en mourir. Lettres de fusillés, 1941-1945, Points, 2006.
P. NORA, « Gaullistes et communistes », Les Lieux de mémoire, tome II, Gallimard, « Quarto », 1997.
R. RÉMOND, Quand l’État se mêle de l’histoire, Stock, 2006.

Stouf dit: Le devoir de mémoire je pense savoir ce que c'est et franchement avant même de critiquer le contenu de la lettre on pourrait simplement se dire tient voila une chose qui ne coutait pas grand chose mais qui peut instaurer le débat dans les classes du moment que le prof ne boude pas et décide d'engager la discussion..... En plus cela peut faire légèrement relativiser un ado qui se dit putain ma vie est pourrie j'ai pas les dernières pompes que Zidane porte à la télé et ma copine sur meetic vient de me plaquer..... (je caricature bien entendu car cela illustre bien mon sentiment)


je crois que les réactions viennent moins du fond et du texte proposé que de la manière de le proposer.
un texte est imposé comme symbole d'une attitude à une époque, alors que :
- pour lumineux que soit le contenu, le contexte dans lequel a été écrite cette lettre est très complexe. A mettre ce texte en exergue à l'occasion d'une commémoration forcément ponctuelle, on n'en retient que l'impact émotionnel. cela parait très réducteur.
-en la matière, imposer un texte et un jour aux enseignants, d'une part c'est une méthode très rigide de concevoir l'éducation, et c'est tout de même les amener à se positionner par rapport à la démarche.

concernant les ados :
-ça me sidère aussi de voir fleurir les affirmations péremptoires sur cette tranche d'âge., chacun s'érigeant aussi en éducateur spécialisé.
c'est oublier que cette génération s'est mobilisée l'année dernière autour du contrat nouvelle embauche
c'est oublier que les lycéens sont descendus dans la rue en 2002 sans avoir pourtant le droit de vote.
c'est oublier qu'ils sont capables de s'organiser en mouvement fédératif.
je crois que nier toute conscience politique et civique des lycéens relève de l'amnésie ou de l'aveuglement.
En tout cas, cela ne me parait pas très respectueux de leurs individualités, de leur capacité de réflexion et d'action.

Pour reprendre ton exemple, si un ado se dit que sa vie est pourrie, ce n'est pas parce qu'il a pas les pompes truc ou le blouson bidule,
mais bien parce que, élève de Terminale lambda, il s'aperçoit, après une discussion avec le conseiller d'orientation que les rêves qu'il a dans la tête sont sans issue ou bien alors vont aller rejoindre qq milliers d'autres dans des filières impasses.
On ne peut pas dire que notre système universitaire soit capable d'accueillir de former et de promouvoir dans tous les domaines.
La perspective sur certaines filières, c'est quand même de se retrouver doctorant au chômage*.
et ça, je crois que le jeune de 17 ans, il est capable de le percevoir et que ça lui pose, au fond, bien plus de question que la couleur de ses pompes (même si celle-ci est importante pour s'intégrer dans sa tribu au quotidien).

au lieu de raisonner a priori sur des images caricaturales, c'est pas mal aussi d'essayer de communiquer avec eux et de les écouter quand ils sortent de leur carapace. Ils ont des choses à dire et à promouvoir, pourvu qu'on se donne les moyens de tendre l'oreille.

et même si j'abondais dans le sens de ton image,
face au type d'ado que tu décris, la simple commémoration sur une journée obligatoire à l'aide d'un texte déterminé, quel qu'il soit, ne serait certainement pas efficace et glisserait sur son univers comme un événement médiatique de plus.

*edit : je parle de système universitaire, mais les voies courtes en direction de la vie professionnelle ne sont pas vraiment plus euphorisantes.
Ted Lapinus & Phoenix dit: . Alors tant qu’à faire les choses bien, l’une des très belles lettres, de la même portée que celle de Guy Moquet mais écrites par de jeunes soldats allemands, pourrait aussi être lue juste avant ou juste après. Ca donnerait à réfléchir sur la valeur d’une vie humaine…


Oh la belle démagogie émotionnelle pour le coup!

Il y a moyen, avec un minimum d'effort, de parler de la complexité de l'Histoire avec cette lettre, et il faudrait revenir au basique "la guerre , quel malheur"?

Guy Môquet et les pièges de la mémoire

Le 22 octobre 1941, l’armée d’occupation fusillait vingt-sept otages au camp de Château-briant, en représailles de l’exécution d’un officier allemand par trois résistants communistes. Parmi les victimes, figurait Guy Môquet, un gosse de dix-sept ans. Quelques minutes avant d’être passé par les armes, celui-ci écrivait à ses parents une lettre dans laquelle il annonçait qu’il allait mourir, invitait chacun au courage, demandait pardon pour les peines qu’il avait pu causer, espérait s’être montré digne de son père, cheminot communiste, et s’achevait sur ces mots : « Je vous quitte tous, en vous embrassant avec mon coeur d’enfant. » Parmi ses derniers papiers, un billet griffonné exprime à une jeune fille le regret de partir sans avoir pu recevoir d’elle le baiser qu’elle lui avait promis. Pierre-Louis Basse a consacré un essai bouleversant à cette « enfance fusillée ».

De Gaulle, qui, à Londres, salua aussitôt les martyrs de Châteaubriant, rendit un hommage particulier au jeune supplicié, qu’il fit citer, en 1944, à l’ordre de la nation. On conçoit que Nicolas Sarkozy, ému par la grandeur d’âme de ce tout jeune homme, ait souhaité qu’en ce 22 octobre 2007 la lettre de Guy Môquet soit lue et commentée dans les lycées afin de rappeler aux jeunes Français que la France des années noires ne saurait être identifiée ni à la collaboration ni au régime de Vichy.

Beaucoup de ceux qui, au premier abord, ont trouvé évidente la démarche présidentielle ont été surpris par les critiques qui se sont alors élevées dans les rangs des historiens, en particulier sous la signature incontestée de Jean-Pierre Azéma, dans la revue L’Histoire de septembre. Ces critiques se sont encore manifestées samedi et dimanche, à l’occasion des tables rondes du dixième et désormais incontournable Rendez-Vous de l’histoire de Blois, consacré précisément au thème de « l’opinion » dans ses rapports avec l’information, la rumeur et la propagande du pouvoir.



Or force est de constater que la protestation des historiens va très au-delà du réflexe corporatiste et de l’antisarkozysme sans nuances, dont, faute de fusible primo-ministériel, le conseiller spécial du président, Henri Guaino, présent à Blois, fait actuellement les frais. Les historiens ont raison en effet de rappeler, une fois de plus, que la loi n’a pas à dire comment doit s’écrire l’histoire, sous peine de tomber dans le piège totalitaire de l’histoire officielle. Mais Xavier Darcos et Henri Guaino ont raison aussi de souligner que la circulaire invitant les maîtres à lire la lettre de Guy Môquet en ce lundi 22 octobre laisse, heureusement, les maîtres libres de leur commentaire, et que, au surplus, elle n’a pas force contraignante.

De même, les historiens ont raison de rappeler que l’invocation du drame de Guy Môquet ne peut pas être aussi clairement instrumentalisée dans le sens d’une réhabilitation de l’histoire nationale que ne le souhaitent les promoteurs de cette journée. Le jeune militant communiste a en effet été arrêté, à l’origine, par la police française en octobre 1940, comme militant du PCF clandestin dissous en 1939 après le pacte germano-soviétique. De façon plus dramatique encore, alors qu’il devait être libéré en avril 1941, les autorités françaises de la zone occupée l’ont maintenu en prison à Fresnes, puis déporté au camp de Choisel, à Châteaubriant, dans le but de tirer de lui des charges supplémentaires contre son père, Prosper, interné en Algérie avec d’autres députés communistes. Il est aujourd’hui établi, au surplus, que, parmi les vingt-sept fusillés du 22 octobre, 17 figuraient sur la liste des otages communistes qualifiés de « dangereux », et négociés par le ministre de l’Intérieur de Vichy Pierre Pucheu, dans le but de réduire le contingent de cinquante otages exigé par les Allemands. Enfin, victime du pétainisme et pas seulement du nazisme, Guy Môquet lui-même était trop jeune pour s’être détaché de la « ligne » stalinienne, qui, loin de s’identifier à la cause de la liberté, n’avait engagé le PCF dans la Résistance qu’après l’agression nazie sur le front russe, en juin 1941.

Et pourtant, malgré ces objections, on persiste ici à penser que l’initiative du Château peut avoir une utilité. De même que les meilleures intentions peuvent engendrer les pires effets pervers, il peut arriver que la prévision de ces effets aide à en tirer des conséquences heureuses. On peut espérer en effet que cette journée du 22 octobre soit précisément saisie par les professeurs d’histoire comme une occasion de sortir leurs élèves de deux pièges : le piège du manichéisme, en leur rappelant que l’histoire est tragique, et qu’elle a une vérité complexe, qui n’obéit pas aux simplifications de la mémoire ; et le piège du relativisme, en leur faisant comprendre que la liberté a un prix, qui peut être très élevé, et qu’il faut, dans des circonstances qui peuvent vite se dégrader, avoir le courage d’assumer.



Alain gerard Slama dans Le Figaro

Lire cette lettre en cours, je pouvais comprendre car l’enseignant a les moyens de lui donner un cadre, d’expliquer les tenants et les aboutissants (rupture du pacte germano sovietique, assasinat, repression / collaboration… ). Je le répète, expliquer la guerre en dehors de tout héroisme et nationalisme, cela me convient.

Par contre le spot TV que j’ai vu hier soir, c’est n’importe quoi. Je me suis demandé si c’était fait pour annoncer un film mais je n’ai pas l’impression. Le spot se cantonne à la lettre et au peloton d’exécution. Faible apport historique, bon sentiment nationaliste pour le coup manichéen…etc. Le piège dont parle A.G. Slama et que les profs peuvent déjouer, ne sera pas épargné aux téléspectateurs.

xavo dit:Par contre le spot TV que j'ai vu hier soir, .


:shock:
tu peux détailler, silteplé,
parce que je ne regarde pas la TV et un spot sur ce thème ça me laisse sur le c**.

IL n’est tout à fait impossible que Guy Môquet ne combattait pas exclusivement le nazisme mais aussi le système que défend Sarkozy.

Poème de Guy Moquet

Parmi ceux qui sont en prison
Se trouvent nos 3 camarades
Berselli, Planquette et Simon
Qui vont passer des jours maussades
Vous êtes tous trois enfermés
Mais Patience, prenez courage
Vous serez bientôt libérés
Par tous vos frères d’esclavage
Les traîtres de notre pays
Ces agents du capitalisme
Nous les chasserons hors d’ici
Pour instaurer le socialisme
Main dans la main Révolution
Pour que vainque le communisme
Pour vous sortir de la prison
Pour tuer le capitalisme
Ils se sont sacrifiés pour nous
Par leur action libératrice.


Si j’avais été prof, j’aurai aussi lu et commenté celle là !

Le spot sur LCP



Je ne sais si cette initiative est plus ridicule que l’initiative de Laporte

bertrand dit:Le spot sur LCP

Je ne sais si cette initiative est plus ridicule que l'initiative de Laporte


merci beaucoup.
première réaction : comme le dit Xavo distanciation et recul proche de zéro.
quel est le sentiment de la famille sur un truc pareil ?

deuxième réaction : eh bé, on est loin de la main dans la main du peuple franco allemand.

on est vraiment dans une communication ultra superficielle.

Que du pathos, aucune mise en perspective. Une vraie catastrophe…

Jopajulu dit:Que du pathos, aucune mise en perspective. Une vraie catastrophe...


C'est bien pour ça que c'était aussi une connerie monumentale de lire la lettre de Guy Môquet à l'ouverture de la coupe du Monde de Rugby !

une instrumentalisation bien délétère...........