RenaudD dit:C'est d'autant plus vrai que antérieurement à Jésus d'autres penseurs et philosophes défendaient le même genre de valeurs sans pour autant croire en un dieu unique. Ainsi il est probable que Jésus a eu connaissance des philosophies héritées de Bouddha, de Zarathoustra et de Confusius.
Au contraire, c'est très improblable. Le monde chinois est vraiment à part, et si tu t'y intéresses, tu verras que les bases de la pensée chinoises sont très différentes du message de Jésus. Idem pour Bouddha. En revanche, une influence de la pensée iranienne est non seulement probable, mais démontrée. Par contre, dire que Zarathoustra est un philosophe, c'est employer un vocabulaire inadéquat : c'est un réformateur de la religion mazdéiste.
La valeur du message de Jésus n'était d'ailleurs pas d'ordre religieux mais philosophique d'après ce que j'en ai compris. Au risque d dire une énormité, je le vois d'ailleurs comme une sorte de philosophe pré-humaniste et pas du tout comme un prédicateur missionnaire.
Ca me semble en effet tout à fait anachronique, ou déplacé. Le message de Jésus est au contraire fondamentalement religieux : "Convertissez-vous, car le Royaume des Cieux est proche"... C'est le début de sa prédication. La pensée philosophique telle qu'on la voit à l'oeuvre chez Socrate n'a pas les mêmes préoccupations (c'est encore plus net chez les présocratiques). Un point commun qui explique la confusion : l'impact que cela doit avoir sur le comportement individuel.
En revanche, le terme "missionnaire" est lui aussi trop daté pour être utilisé. Disons un prédicateur itinérant qui, pour les Juifs de l'époque, évoquait irrsistiblement les figures des prophètes.
xavo dit:Il y a un point que je voulais discuter : dans le fait de croire en Dieu, il y a deux (au moins) choses différentes. La première est le fait d'adhèrer au message de Jésus Christ pour ses valeurs, valeurs que l'on retrouvent d'ailleurs en partie dans notre civilisation actuelle, c'est l'héritage du christianisme. La seconde est le fait de croire que c'est le message d'autre chose que le message d'un ou plusieurs homme(s).
Il y a donc le message lui-même et la nature de celui qui a exprimé ce message.
Je conçois qu'il est difficile de séparer les deux. Pour certains la valeur du message vient du fait que c'est celui de dieu. Qui plus est, il me semble que le message décrit la nature du messager (je n'ai aucune éducation religieuse ).
Pourtant, le message a une valeur intrinsèque, qui aura été discuté, développé...etc au fil des siècles par nos penseurs. Il est d'ailleurs commun d'adhérer en partie au message de Jésus Christ sans croire le moins du monde en dieu. Du coup, j'ai tendance à penser que la distinction entre un croyant et un non croyant n'est pas affaire de valeurs mais uniquement de croyance.
C'est une interrogation assez actuelle que tu as là. Je veux dire par là à la fois qu'elle est intéressante pour l'homme d'aujourd'hui, mais qu'elle ne se posait pas dans ces termes il y a deux mille ans. Déjà, l'emploi que tu fais du mot "valeurs" est à mon avis très récent, je pense du XXe siècle. Jésus part souvent d'attitudes concrètes : rendre visite à un prisonnier, guérir un malade, remettre ses dettes... Les "valeurs" sont des concepts forts, comme la liberté individuelle, la tolérance, par exemple. Evidemment, les deux devraient se rejoindre, mais le pragmatisme de Jésus est intéressant. De plus, quand on l'interroge sur le coeur de la Loi juive, il répond (ou plutôt il approuve celuiqui répond) : tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de tout ton être, de toutes tes forces, et ton prochain comme toi-même. Une seule valeur, si l'on veut, mais plutôt une pratique encore une fois : l'amour. Amour de Dieu et de celui que l'on rencontre sur son chemin. Difficile d'escamoter Dieu dans ses conditions.
Et, effectivement, le message décrivait le messager, puisque les accusateurs de Jésus l'ont condamné pour blasphème parce qu'il se disait "le fils de Dieu".