Jarkus dit:alighieri dit:ouaip, mais bon :
le positionnement du futur parti (à gauche du PS, à droite du NPA) est extrêmement prometteur électoralement (parce que l'électeur de gauche est sensible à PS=fausse gauche bourgeoise, NPA= éternel protestataire utopiste)
Je suis d"accord mais si les programmes et intentions faisaient tout, on le saurait.
Il n'y a pas que ça. Il y a aussi les pratiques et les objectifs affichés.
Pour le PS, c'est la social-démocratie nordique ou la troisième voie. Là dessus, je te laisse aller voir les résultats très concrets de ces sociaux-démocrates, qui ont en fait démantelés leurs mécanismes de solidarité pour rien. Au nom du "modernisme" et de la "responsabilité réaliste", qui viennent de mettre un gros coup de pied aux bourses de ces gens-là. Et à une plus petite échelle Delanoë vient de s'en prend une bonne dans les dents aussi pour n'avoir rien compris, et avoir eu le flair de sortir un bouquins prônant le libéralisme de gauche en pleine crise des subprimes. Marie-Ségolène et ses tentations centristes de bonne gestionnaire plan-plan, c'est du même acabit, une espèce d'ectoplasme politique qui ne vise à prendre le pouvoir que pour le fonctionnariser. Pour la pratique, le PS est devenu (dixit des camarades inside) un parti de notables, de professionalisés de la politique, où plus rien ne bouge : t'as ton poste de conseiller général, en attendant mieux, t'as tes cartes de téléphone, ta bagnole, tes réducs, les bons plans, etc. C'est un fonctionnement qui est fondamentalement pourri (et je pèse mes mots, qui sont aussi les leurs) d'une structure rassie qui tient avec la peinture. C'est la SFIO dans les années 60. Ne pas oublier que la SFIO, juste avant de se faire culbuter par le nouveau PS, était le plus gros parti de France, le mieux implanté et celui qui avait le plus d'élus; elle s'est quand même écroulée comme un château de cartes. Certes, il y a les militants sincères et tout ça. Mais eux sont le moins à plaindre car ils trouveront toujours un espace.
Au NPA, il y a des pratiques que l'on ne connaît pas encore - mais qui a priori relèvent de la culture ligarde, ce qui fait moyennement envie, au-delà de toute la bonne foi que l'on peut accorder à la démarche de Besancenot (qui a probablement une vraie part de sincérité). C'est aussi une culture de la contestation pure, qui assume et revendique refuser d'assumer toute responsabilité gouvernementale. Ce que je trouve très gênant : quand on capitalise l'espoir des gens, ça ne devrait pas être pour espérer rassembler plus de manifs plus nombreuses, mais pour améliorer leur vie. Ca implique mettre les mains dans le cambouis, éventuellement se planter, recommencer, réussir.
L'objectif des deux compères, outre une rupture avec les pratiques d'une machine qu'ils ne reconnaissent plus, c'est d'assumer une gauche (pas un centre ni un centre-gauche), et de gouvernement. C'est ce qui s'est passé en Allemagne avec Die Linke. Au début Lafontaine a fait bien rigoler tout le monde, de "scissioniste" à "tocard"; aujourd'hui le SPD chie dans ses frocs. Et a brillamment porté à sa tête un type qui n'a jamais eu un seul mandat de sa vie.
Maintenant, évidemment, ils peuvent se planter et disparaître en six mois des écrans radar. Mais vu les vieux renards de la politique, ils n'ont pas dû partir sans biscuits. On va voir dans les prochaines semaines les élus et militants qui suivent ou pas.
Jarkus dit:Mais qu'est ce que ce partis aurait de mieux que le PC de Buffet qui est un peu son concurent direct ?
Le PC, c'est un peu le passé. On va voir leur prochain congrès, qui arrive bientôt... Reste des militants, un réseau. Mais le PC en tant que tel ne rebondira jamais.
Jarkus dit:La force du PS c'est cette alliance parfois agacante entre socialisme marxiste et sociale démocratie. L'un sans l'autre me parrait à l'heure actuelle depourvu d'avenir
Mais oui, et c'est bien là tout le problème. Quel est le cadre réel de la vie économique et sociale française aujourd'hui : c'est l'Union européenne. Or le PS aujourd'hui c'est amen au néolibéralisme sanctifié et inscrit dans le marbre des traités européens - ce qui le place très loin d'un débat constructif entre marxisme et social-démocratie. Des motions Delanoë, Royal et Aubry, aucun, absolument aucun, ne remet en cause les formes de la construction européenne aujourd'hui, et aucun n'ouvre l'espace pour discuter de cette remise en cause. Je crois que le PS voit aujourd'hui les conséquences de cet autisme.