loic dit:greuh : ben, je cherchais pas à être condescendant. J'ai mis "je suppose", justement parce que je n'étais pas sûr. Et j'ai ajouté que, perso, je ne l'avais jamais fait. Tu l'as fait, une fois, tant mieux. Perso, j'ai pu lire certains passages sur deux trads officielles d'un même texte, et le style est tellement différent de l'un à l'autre que je ne me permets pas de juger du style sur une trad. Je n'ai perso pas le niveau pour lire en anglais.
En tout cas, j'ai jamais cherché à être méprisant.
De mon point de vue, il reste l'un des auteurs populaires les moins convenus que j'ai lu.
Pour ce qui est de juger, si tu n'as réellement lu que Cujo, Le Pistolero, Chritine et La ligne verte, en effet tu as loupé le meilleur.
Masi il est certain que la base de départ de King, c'est le quotidien. C'est, entre autre ce qui me plait, ce qui permet de rentrer facilement dans l'histoire car on peut facilement s'identifier/comprendre les persos. Le déchirement est porgressif, mais peut exister dès le début et distille ce qu'il faut de suspense. Comparer à Masterton, Higgins Clark, Koontz ou d'autres, il est loin devant.
Pour ce qui est des adjectifs, pour ma part :
laborieux : mouais, dépend beaucoup des bouquins, au moins autant du traducteur (j'ai pas le niveau pour lire en VO), et se situe dans la bon ne moyenne
artisanal : je ne vois pas trop ce que tu veux dire par là
inefficace : on n'a clairement pas lu les mêmes livres
ennuyeux : j'ai lu presque tous ces bouquins, autant dire que l'ennui n'a jamais été ce que j'y ai remarqué
convenu : alors là, je veux bien tes conseils en terme de lecture à suspense "non-convenue", parce que tout ce que j'ai lu était au moisn aussi convenu que King (que je ne considère pas comme convenu, donc ça allait
), mais souvent bien pire. donc si tu as mieux, je suis preneur.
Donc, voilà, désolé si je t'ai blessé.
Pour finir, le jeu de rôles "L'appel de Cthulhu" contient quelques nouvelles de Lovecraft. Sont-elles intéressantes ?
Pas grave pour la blessure. J'ai pris ton "je suppose" sur un ton condescendant, et pas dans le sens où tu le pensais, donc. Média, herméneutique, manque de langage corporel, tout ça.

Bref, c'est oublié.
Les adjectifs que j'ai utilisés :
laborieux : le coté "banal qui se déchire" fait que les choses avancent lentement, difficilement. De plus, les phrases semblent pas toujours construites au mieux, mais je ressens le fait qu'un paragraphe a été écrit plusieurs fois. D'où cette impression de beaucoup de labeur pour arriver à un résultat qui ne me convainc pas.
artisanal : c'est, finalement, la même chose : beaucoup de travail et de "ciselage" pour un résultat pas top. S'opposerait à "orfèvre".
inefficace : encore plus ou moins la même chose. L'efficacité de la phrase, c'est établir une histoire ou, surtout -dans le cas de l'horreur, une ambiance/une émotion, en peu de mots. L'inefficacité implique de la redondance, le fait d'appuyer lourdement sur un point ou un autre, ou de faire dans le "graphique" comme en cinéma. Bref, insister répétitivement sur un point jusqu'à ce que le lecteur l'accepte. Rassure-toi, j'admets volontiers que j'ai beaucoup aimé la série La Compagnie Noire de Glen Cook alors même que son style est dans la lignée des cycles de fantasy fleuve au style inefficace actuel.
ennuyeux : résulte du reste. Je m'ennuie : ça avance pas, ou alors c'est lourd.
convenu :
alors là, je veux bien tes conseils en terme de lecture à suspense "non-convenue", parce que tout ce que j'ai lu était au moisn aussi convenu que King (que je ne considère pas comme convenu, donc ça allait
), mais souvent bien pire. donc si tu as mieux, je suis preneur.
Pour moi, l'épitome de l'opposition à King en style reste Lovecraft : style court, direct. Incipit percutants. Pas de "quotidien qui se déchire", puisque la nouvelle (les romans sont peu nombreux chez lui) commence que le quotidien est déjà déchiré. Pour le mettre selon les mots de Houellebecq (que je n'apprécie pas non plus) : "chaque nouvelle de Lovecraft est un morceau de peur ouvert et qui hurle." (~
HPL, Contre le monde, contre la vie. Houellebecq)
Maintenant, ça peut ne pas plaire. Et l'identification au personnage n'est pas forcément présente.
Mais quand je lis un truc du genre : "Monsieur X alla faire ses courses, acheta de l'essence et, bizarrement, la vieille dame à la caisse lui fit un clin d'oeil. *suit 40 pages de quotidien* *un détail qui cloche* *40 pages de quotidien* etc", ben j'accroche pas.
Quand je lis "
Après vingt-deux ans de cauchemar et d’effroi, soutenu par la seule conviction désespérée que certaines impressions sont d’origine imaginaire, je me refuse à garantir la véracité de ce que je crois avoir découvert en Australie occidentale dans la nuit du 17 au 18 juillet 1935. On peut espérer que mon aventure fut en tout ou partie une hallucination – à cela, en effet, il y avait de nombreuses raisons. Et pourtant, le réalisme en était si atroce que parfois tout espoir me paraît impossible." (on peut trouver la nouvelle en ligne à cette adresse :
http://www.ebooksgratuits.com/html/love ... temps.html ), ben ça claque un chouïa plus...
Là, je suis dedans tout de suite. J'ai pas besoin de 1000 pages de quotidien banal qui se fissure pour être dedans. J'y suis déjà.
King a la mauvaise habitude, aussi, de nous laisser imaginer tout du long avant de nous décrire par le menu son horreur finale. Et mon cerveau maladif échafaude une théorie inconsciente qui m'horrifie vraiment, tout au long du roman. Puis à la révélation finale, ben j'ai un monstre ou un méchant, mais toujours en-dessous de ce que j'avais pu imaginer, d'où une forte déception (retour sur l'araignée géante de "It-zetvmovie", ou pire, Christine qui donne la réponse au début du roman).
Lovecraft n'explique pas. Il utilise justement ce coté imaginatif et se contente de lui fournir du bois à brûler afin que l'imagination s'enflamme et que je me fasse peur à moi-même à l'aide de mes propres dégoûts, sans forcer.
King est probablement le meilleur dans le genre "banal qui se fissure", mais ça ne m'attire pas, ça me fatigue. Ils sont un million à le faire, les romans d'horreur du XIXè le faisaient déjà. Lovecraft est plus punchy, plus direct, et son horreur beaucoup moins convenue. La nouvelle est courte, pas le temps de divaguer.
D'autre part, les conclusions des histoires sont de même différentes. Un King (ceusses que j'ai lu), ça se termine bien, la menace est écartée ou supprimée à la fin (dans mon souvenir : It meurt, Christine est détruite, le Bazaar est détruit, etc. ). Pas dans Lovecraft. Au pire elle est vaguement repoussée. Lovecraft tape dans une horreur plus vaste, plus cosmique et plus ancienne. Dans des peurs plus primaires. Bon, ok, j'ai commencé à les lire très jeune (autour de 10 ans), et j'ai fait des cauchemars assez éprouvants. Adulte, ça m'impressionne moins, mais quand même. Je n'ai essayé King que bien plus tard, et, forcément, c'était moins punchy donc je me faisais chier.
Pour répondre à la dernière question : le jeu de rôles l'Appel de Cthulhu contient (depuis l'édition 5.5) la nouvelle de Lovecraft éponyme, et seulement celle-là. C'est pas ma préférée, mais elle est fondatrice de ce qui deviendra le Mythe de Cthulhu, un ensemble de nouvelles pas forcément correlées qui reprennent un certain nombre d'éléments récurrents (anciens dieux, livres maudits) en arrière plan, qui permettent de les réunir.
Bref, tout ça pour dire que *
je* n'aime pas King, que *
je* préfère Lovecraft, et que dans ces affaires de goût, je ne bougerai pas d'un pouce, ayant pu boire aux deux sources concernées. Et si vous aimez pas Lovecraft, ben tant pis, c'est vos goûts, pas les miens. Tenter de m'expliquer pourquoi j'ai tort risque peu de changer quelque chose à l'affaire : quand je suis con, je suis con.

greuh.