Espinha de Bacalhau dit:Oui, je suis d'accord sur tes chiffres si l’on compare strictement sur une même surface et en un même lieu les ratios de production porc et soja.
Ca me parait assez évident.
Espinha de Bacalhau dit:Par conséquent, ce modèle de substitution est surtout viable, dans des zones chaudes et humides à climat semi-tropical ou périphériques pour autant que le gain ne soit pas annihilé par le bilan carbone induit par le transport. J'avais déjà sur un autre thread fait remarquer que c'était un non-sens absolu que de vouloir alimenter des aborigènes par ce biais alors que dans leur environnement spécifique ils puisent leurs besoins en protéines par la consommation d'insectes.
Bien sûr que les aberrations écologiques peuvent se retrouver dans les échanges commerciaux concernant les végétaux. J'avais auparavant parlé de la nécessité du consommer local. Le soja peut parfaitement être cultivé en France (il l'est déjà), et de plus il n'y a pas que le soja.
Espinha de Bacalhau dit:
La première option, la plus largement partagée, me semble-t-il, dans la "communauté" végétarienne est la plus réaliste. C’est pourquoi elle a ma faveur. Elle estime - ce dont un grand nombre d'omnivores conviennent également - qu'il faut réduire la part de viande dans nos modes alimentaires, mais non la supprimer. On trouve l'appellation ici ou là de néo-végétarisme pour qualifier cette option. L’un de ses grands mérites est de ne pas chercher à agresser les omnivores et à les culpabiliser, plus que de raison, en leur faisant porter la responsabilité du réchauffement climatique.
Le problème est, que le simple fait de mentionner une diminution ou même un simple changement partiel de régime, chez beaucoup de mangeurs de viande, suffit à produire une levée de boucliers. De toute façon, les gens n'auront bientôt (quelques dizaines d'années) plus le choix.
Espinha de Bacalhau dit: Elle a pour mérite aussi de préserver sur le plan anthropologique l'identité alimentaire de tout à chacun. La gastronomie est un patrimoine majeur de la culture humaine. Il s'agit donc de ne pas l'éradiquer.
Les végétariens ne vont pas aller dire aux esquimaux de ne plus chasser ou d'aller vivre ailleurs, ça c'est dans l'imaginaire ou dans les films.
Espinha de Bacalhau dit:Combiné à une réorientation de la production vers des viandes au bilan carbone moindre tels que le porc ou la volaille lesquels dans l'agriculture traditionnelle apportaient un appoint de protéines quasiment sans frais (ces cheptels se nourrissant des déchets, ils faisaient office de poubelles domestiques ; on peut donc se passer de grain et de soja pour l'alimentation animale)
Je doute fort que les déchets suffisent pour des cheptels entiers de ces animaux. Les déchets devraient par ailleurs tout de même être transportés, d'où pollution...
Espinha de Bacalhau dit: combiné à des élevages particulièrement adaptés à des sols pauvres (ovins et caprins) sur lesquels nulle culture n'est possible et sur lesquels par conséquent on ne peut extraire aucune calorie, ni protéine végétale (la valorisation de ces sols dans un contexte de réchauffement et de désertification ne peut se faire que par l'animal)
Je suis allé voir Claude et Lydia Bourguignon en conférence la semaine dernière, il existe bel et bien des techniques de paillage pour faire repartir un sol qu'on dit "mort" (même si je ne suis pas d'accord quand à la finalité qu'il sous-entend quand à l'équilibre agro-sylvo pastoral).
Espinha de Bacalhau dit:La deuxième option est celle d'un végétarisme radical.
Elle met tous ses oeufs dans le même panier. Partant de l'équation évoqué plus haut sur les ratios de productivité, elle fait la démonstration sur ce seul paradigme qu'en se mettant tous à un régime végétarien on peut libérer dès à présent 21 % des ressources foncières allouées à notre alimentation dans le modèle existant. L'équation est vraie, pourquoi la réfuter ? Ce qui est fâcheux c'est qu'elle oblitère tout le reste à savoir :
1 le facteur culturel et anthropologique dont j'ai déjà parlé.
J'ai répondu plus haut sur ce point.
Espinha de Bacalhau dit:Convertir au végétarisme la planète entière est une utopie. Cela constituerait une révolution sans précédent dans l'histoire de l'humanité. Qui plus est sur un temps très court, rappelons que l'objectif est 2050.
L'objectif de quoi ? Ca prendra le temps que ça prendra. Perso, que ce soit une utopie...J'aime bien
De toute façon des gens ont toujours dit ce genre de chose, quelque soit la lutte.
Espinha de Bacalhau dit:Ce que les bolcheviks par la violence et la terreur, n'ont pas réussi à faire en 60 ans, savoir rendre âthé une nation tout entière, une entreprise du même ordre, savoir renoncer à son patrimoine culturel alimentaire, serait possible à l'échelle du monde sans un gouvernement centralisé !
Utopie
Cet exemple n'est pas anodin, il est orienté. Associer le végétarisme dit radical à la terreur bolchevique, c'est pour moi juste une tentative de discréditation (grossière) de plus. J'ajoute que l'histoire, toi qui en est friand, a prouvé que de grands mouvements (notamment pacifiques) pouvaient voir le jour au niveau mondial, et ce sans l'intervention d'un gouvernement.
Espinha de Bacalhau dit: La réduction drastique des élevages entraineraient une raréfaction et une quasi disparition des sous -produits animaux tels que le cuir et la laine.
Il existe tellement d'autres produits...
Espinha de Bacalhau dit:Mais cela auraient aussi pour conséquence, alors qu'on milite par ailleurs pour une agriculture biologique sans engrais chimique, de manquer cruellement de fumure organique pour l'enrichissement des sols.
Enfin la réduction des élevages conduirait de fait à un régime strictement végétalien. Privé d'animaux, on se priverait de lait et d'oeufs.
C'est possible, comme je l'ai dit au-dessus, par rapport à l'équilibre agro-sylvo pastoral dont parle les Bourguignon. Par contre avec l'élevage, de quoi parle-t-on ? De cette pustule qu'est l'élevage industriel, qui aboutit aux abattoirs industriels ? Ou d'un élevage raisonné, pour enrichir les sols ? Oui ? Dans ce cas, pas besoin de gros cheptels. Pas besoin, surtout, de tuer les animaux. Si le but est de parvenir à une maximisation des sols (tout en les respectant) pour la nourriture, autant ne faire que du végétal, on gagne en ayant un taux de transformation de 100%. Mais je ne crois pas vraiment à la nécessité absolue des animaux pour avoir des sols tout de même riches. Beaucoup de pays ont des sols encore en bon état, et toutes les parcelles n'ont pas d'animaux dessus.
Espinha de Bacalhau dit:Tu dois te dire où il veut encore en venir avec tous ces développements ? He bien au fait qu’il me paraît totalement incongru de construire l’alternative au capitalisme principalement autour de la question végétarienne et que j’y vois là pour ma part une impasse.
Je ne crois tout simplement pas à cet étrange attelage: éthique animale, environnement, régime alimentaire, anticapitalisme et patin coufin
Non je n'y crois pas.
Hmmm, je ne voudrais pas te vexer (j'espère..) mais j'ai l'impression (comme avec beaucoup de gens) d'entendre "oui il est nécessaire de réduire la viande" en pensant en même temps d'une petite voix qui crie "mais laissez-nous manger de la viande de temps en temps !!", "ils veulent même nous priver d'oeufs !!" et patin coufin. La suite logique de "moins manger de viande" est de ne plus en manger. Désolé, après il ne reste que l'argument du goût, qui tient environ une demie seconde par rapport au reste. Mais que les mangeurs de viande se rassurent : aucun végétarien ne viendra leur ôter le steak de l'assiette. Le système fonctionne encore (très mal) comme ça. Tu penses que je te fais culpabiliser ? Ben n'y penses plus et continue de manger de la viande. Tu es d'accord avec tous ces arguments ? Prends le temps d'y réfléchir encore. La barrière est culturelle et psychologique. Perso j'ai arrêté de militer depuis un moment mais en discuter de temps en temps ne me dérange pas, enfin quoique sur TT là ça commence à faire beaucoup...
Je reviens sur tes propos : bien malin qui pourrait dire qui est la composante principale des végétariens. Par ailleurs ce ne sont pas les bobos qui feront changer les choses, bien sûr.
Il te paraît totalement incongru de construire l’alternative au capitalisme principalement autour de la question végétarienne ? Ben EVIDEMMENT ! Personne ne construit l'alternative au capitalisme uniquement par le végétarisme voyons.
A propos de "l'étrange attelage" : la question de l'éthique animale n'a pas vocation à s'inscrire spécifiquement dans une lutte anticapitaliste, elle s'inscrit par contre tout à fait dans une doctrine utilitariste (ce qui est bien).