Traité européen simplifié

alighieri dit:je ne pense pas qu'on puisse comparer les sujets "sociétaux"

Je ne faisais qu'à répondre à un argument souvent utilisé:
bertrand dit:
Eric dit:
Pour être plus sérieux, avec la démocratie directe, nous aurions vraisemblablement toujours la peine de mort


L’Irlande a aboli la peine de mort en 1990. En 2001 a été approuvé par référendum national un amendement à la Constitution interdisant la peine de mort : l’amendement n° 21 empêchera le gouvernement de promulguer toute loi prévoyant la peine de mort.

(Sources: Ensemble contre la peine de mort)
No comment
bertrand dit:blablabla


:arrow: Pas une seule réponse sur le fond et des attaques personnelles. C'est bien ce que je disais : dialogue de sourds pour se faire insulter à la fin. Je vais donc suivre mon propre conseil et vous laisser entre vous ironiser et vous auto-congratuler. :kingboulet:
alighieri dit:je ne pense pas qu'on puisse comparer les sujets "sociétaux" (peine de mort, avortement) avec un sujet véritablement politique (cad économique) comme le TCE
dans le cas des sujets sociétaux, on observe effectivement un évolution lente et positive des opinions publiques, et on peut se réjouir que les élites l'anticipent. on peut parler de progressisme.
dans le cas du TCE, on ne peut pas dire objectivement que ce soit du progrèssisme et que le peuple y souscrira nécessairement, m^me avec retard. c'est un véritable choix de société.
tout ce qui passe par réferendum n'est pas équivalent du seul fait d'y passer


ce qui me géne dans ta démonstration c'est que tu veux ou non du référendum en fonction de tes valeurs et du résultat que tu attends

La démocratie ce n'est pas cela.
Leonidas300 dit:
bertrand dit:blablabla

:arrow: Pas une seule réponse sur le fond et des attaques personnelles. C'est bien ce que je disais : dialogue de sourds pour se faire insulter à la fin. Je vais donc suivre mon propre conseil et vous laisser entre vous ironiser et vous auto-congratuler. :kingboulet:


:P La victimisation maintenant

:pouiclove: Ne change pas
alighieri dit:
le glissement de "vouloir que la volonté du peuple soit respecté" à "démagogie" et "populisme" est intellectuellement malhonnète, et ne permet pas de discuter : visiblement, on est tous le populiste de qqun...


Bon alors je retire les termes de démagogie et de populisme. Mais je ne suis pas toujours certain de vouloir que la volonté du peuple soit respectée, en tout cas pas si on prétend l'exprimer en "je suis pour" ou "je suis contre".
Et je crois que le cas du TCE est un bon exemple, c'est quoi la volonté du peuple d'après ce référendum : une Europe plus sociale ? pas d'Europe du tout ? une Europe à la française (comme par exemple ce qui a été dit sur la laïcité ) ? Ben le non c'était un peu tout cela... Et le "oui" était tout aussi divers... Et ceux qui prétendent récupérer le "non" ou le "oui" pour leur chapelle ne respectent pas la volonté du peuple : ils l'instrumentalisent.
Pareil pour la peine de mort (et là je suis à rebours de toi, en tant que citoyen, il m'est plus facile de comprendre les enjeux d'un sujet de société que ceux d'un Traité de constitution européen...), attend un bon gros meurtre bien immonde et pose la question au peuple... Pose la question sur le mode "êtes vous pour la peine de mort dans le cas de violeurs d'enfants récidivistes"...
Et puis représenter la démocratie directe comme étant l'expression de la volonté du peuple, pose un autre problème. Si je ne suis pas d'accord avec la majorité, ça veut dire que je ne fais pas partie du peuple ?

Si ma mémoire est bonne, dans la démocratie grecque, le peuple ça représentait un tout petit pourcentage de la population... Bref, j'ai quand même l'impression ici d'une belle utopie et d'un idéalisme aussi fort que de penser que nos dirigeants ne dirigent que dans l'intérêt public...

on se serait croisé dans “discutons jeux”, Léonidas, on se serait bien entendu, vu ton top 5…
j’essaie de rester au niveau politique basique : qu’il y ai moult exemples historiques d’un peuple qui se trompe, que le fait que j’emploie le mot “objectivement” choque, je veux bien, mais là on est plutôt dans la philo politique, c’est tout autre chose…
“très concrètement”, comme dit le postier, les choses ne sont pas très compliquées: en cas de nouveau référendum, le non l’emporterait sans doute (mais pas forcément : Sarko est une bête de scène), donc ils vont tacher d’éviter le peuple…
la question ne se pose pas à l’envers : pour Maastricht, aucun “noniste” n’aurait pu sans ridicule déclarer le “oui” au réferendum nul et non-avenu et proposer que les élites décident que c’est “non”
c’est donc qu’il y a une seule réponse possible : et c’est ça, bien sûr, qui nous agace, nous les nonistes : même majoritaires, on ne compte pas…

Les arguments du type “les candidats du non étaient présents à l’élection présidentielle” ou “Sarkozy avait prévenu pendant sa campagne” ne tiennent pas : ce ne sont évidemment pas les questions européennes qui ont représenté l’enjeu de la campagne présidentielle, mais bien les questions de politique intérieure.

Depuis le 29 mai 2005, le peuple n’a rien dit sur l’Europe.

au cas ou je n’aurais pas été assez clair, et puisqu’on est sur TT:
on vous présente un jeu, on vous dit : “à la fin c’est celui qui a le plus de points qui gagne”
le jeu se termine, vous avez 54 pts, votre adversaire 46.
et là il vous sort : “ah, j’avais oublié un point de règle : en fait, regarde, c’est écrit là, c’est quand même moi qui gagne”
vous seriez un peu énervé, non ?

Leonidas300 dit:Je vais donc suivre mon propre conseil

onaniste. :^:

Bon, pour en revenir au TCE, voilà ma vision :

Un référendum, c’est quelquechose d’assez exceptionnel. Selon moi, c’est demander au peuple son avis quand on doit prendre des décisions d’ordre idéologiques…

Pour le TCE, la première partie prinicpalement et de nombreux autres articles posaient les bases d’une idéologie commune. la troisième partie a été interprété (à tort ou à raison, là n’est plus le débat) comme une dose non-négligeable de libéralisme dans ce magma idéologique. J’ai l’impression que c’est une bonne partie du non pro-européen (mais je peux me tromper, et je le répète, là n’est PLUS le débat).

Le Non portait donc sur le traité tel quel. Mais comme le dit bien Eric : comment l’interpréter?

Néanmoins, l’Europe doit se donner le moyen de continuer (sinon, on gèle le traité de Nice jusqu’à quand?). Pour ce faire, elle doit se doter de nouveaux moyens de fonctionnement. D’après ce que j’ai compris, c’est principalement ce que sera le traité simplifié : une simple réorganisation, qui reprend ceux évoqué dans le TCE, à savoir un chef qui reste plus de 6 mois, de nouveaux postes à responsabilité, etc…

Or, je ne suis pas sûr qu’il faille vraiment demander aux 25 peuples leur avis sur cela (s’il ne s’agit bien que des termes de fonctionnement). Il n’y aurait rien d’idéologique, et les politiques sont forcément les plus à même de savoir ce qui allégerait le fonctionnement des instances européennes.

Après, effectivement, on ne sait que peu de choses sur ce traité simplifié. Déjà, il n’est plus appelé “Constitution”.

A voir, donc, mais j’aimerais vraiment que l’Europe avance (sans aller à l’encontre de la majorité des peuples, bien entendu!)

Débattre du respect de la démocratie sur la base de l’utilisation du referendum me semble discutable, en tout cas ce n’est pas à mon avis le meilleur terrain pour le faire. Pour avoir l’opinion du peuple, il faut encore lui donner des choix de réponses qui correspondent vraiment à la réponse qu’il veut donner. Comme Eric le dit, combien y avait-il de “non” ? Avec un choix aussi faible que “oui” ou “non”, tout est agloméré et ce n’est pas l’opinion du peuple concernant le traité qui s’exprime mais une opinion simplifiée (pour le coup !). Qui s’est vraiment retrouver dans le “non” ou le “oui” ? Combien de “mais…” cruciaux ne se sont pas exprimés ?
La démocratie fonctionnent à mon avis bien mieux sur cette question avec le recours à des élus pouvant débattre et peser sur le compromis final. Et c’est là que le bas blesse. Sur la question européenne, les assemblées ne nous représentent pas. Pourquoi ? Parce que nous votons pour machin ou truc pour tout un tas de raison avant de voter pour ses convictions européennes. De plus, nos parlementaires ne sont pas partis prenantes directement dans les négociations.
Pour moi l’idéal est de renouveller l’assemblée européenne dans tous les pays en mettant en débat la question de ce traité et de la laisser ensuite décider en excluant toutes interventions de pouvoirs nationaux.

Xavo, je te suspecte de ne pas avoir lu le début du sujet, tu n’es pas dans l’esprit : on comprend ce que tu dis, c’est posé et intéressant.

Tu nous fait des débats d’avant présidentielle… C’est fini tout cela, maintenant, on dit tout et n’importe quoi en se persuadant qu’il y-a tout de même pas mal de cons qui comprennent rien à ce qu’on dit. :lol:

en même temps, on a le droit aussi d’être de temps en temps des français normaux, c’est à dire qui s’excitent et polémiquent sur un sujet politique…
on ne peut pas tout le temps être des extra-terrestres qui s’excitent et polémiquent sur l’alinéa 3 paragraphe 2 du déplacement d’un cube en bois sous l’action d’une carte en carton :D

alighieri dit:on ne peut pas tout le temps être des extra-terrestres qui s'excitent et polémiquent sur l'alinéa 3 paragraphe 2 du déplacement d'un cube en bois sous l'action d'une carte en carton :D

ah non hein ! on reparle pas de ce point de règle ! parce que moi c'est décidé, je laisse plus rien passer sur ce paragraphe 2 alinea 3, c'est trop grave.
:kingboulet: :lol:

Pourquoi les nonistes du PS votent oui au nouveau traité

Vincent Peillon, député européen, membre du bureau national, David Assouline, sénateur de Paris, secrétaire national du PS, Jacques Bascou, député de l’Aude, membre du bureau national, Geneviève Gaillard, députée des Deux-Sèvres, Jean Gaubert, député des Côtes-d’Armor,Jean Guérard, vice-président de la région Aquitaine, membre du bureau national, Christian Martin, conseiller régional de Paca, secrétaire national du PS, Béatrice Patrie, députée européenne, Gilbert Roger, maire de Bondy, membre du bureau national, Claude Saulnier, sénateur des Côtes-d’Armor,Pascal Terrasse, député de l’Ardèche, président du conseil général, secrétaire national du PS, Jean-Jacques Thomas, maire d’Hirson, membre du bureau national.




Le Parti socialiste va devoir maintenant délibérer et adopter sa position face au traité de Lisbonne. Disons le clairement : s’abstenir ou refuser de participer au vote sur la ratification du traité de Lisbonne, ce serait faire le choix de pérenniser en notre sein la pratique des compromis inaudibles dans le débat public et inefficaces à éviter les divisions. C’est pourquoi nous devons être capables de définir une ligne majoritaire qui soit à la fois lucide sur la portée limitée du traité, consciente des nécessités immédiates de la relance de l’Europe et avant tout soucieuse d’y impliquer les citoyens. Rien ne lui interdit non plus d’être respectueuse de la minorité ! A juste raison, le Parti socialiste défend aujourd’hui l’organisation d’un nouveau référendum. Il le fait au nom d’une certaine conception de la relation entre la souveraineté nationale et la citoyenneté européenne. Opter pour la procédure parlementaire de ratification plutôt que pour la voie du référendum, c’est, de la part du pouvoir en place, marquer sa profonde défiance à l’égard de la souveraineté populaire au motif qu’elle ne s’est pas exprimée en 2005 dans le sens attendu. C’est la dessaisir de l’enjeu européen. C’est plonger à nouveau l’Europe dans un sommeil démocratique dont il n’y a jamais rien de bon à attendre.

Mais si l’on demande un référendum, alors il faut convenir qu’il y a quelque inconséquence à dire que, si on l’obtenait, ce serait pour s’abstenir. Car au cadeau de la division, que l’on n’empêchera pas, on en ajoutera un second : celui de la dérobade du Parti socialiste à une question qui ne porte ni sur la vie interne du Parti socialiste ni même sur la vie nationale, mais sur l’Europe, et qui sera posée en même temps dans vingt-six autres pays. Quelle conception peu responsable de notre rôle si nous demandions à l’ensemble des Français de trancher en nous refusant nous-mêmes à le faire ! A l’évidence, si la gauche avait gagné la présidentielle, nous n’aurions pas négocié ce texte de la sorte. Prenant appui sur le non français qui ouvrait l’espace d’une renégociation, c’était d’ailleurs tout son intérêt, nous aurions posé d’autres exigences : celle d’une Europe sociale, dotée de nouveaux outils d’harmonisation des systèmes nationaux de droit du travail, de protection sociale et de fiscalité, d’une Europe réorientée vers la croissance et l’emploi, par la modification des objectifs de la Banque centrale et le vote d’un budget digne de nos ambitions en matière d’industrie et de recherche, et enfin d’une Europe capable de mieux protéger ses salariés contre une concurrence mondiale asymétrique. Pour nous qui, au sein du PS, avons milité en 2005 pour le non au traité constitutionnel, il est bien évident que ce texte ne répond pas à notre vision de l’Union. Le traité de Lisbonne doit être jugé pour ce qu’il est : un texte dont l’unique objet est de tenter d’améliorer le fonctionnement des institutions de l’Union. Ainsi a été supprimée la troisième partie du traité constitutionnel qui avait pour effet de «graver dans le marbre» l’ensemble des politiques européennes les plus libérales. En outre, le texte désormais proposé n’a plus valeur de constitution. Il n’est plus qu’un classique traité «modificatif» qui amende les traités existants sans s’y substituer. L’approuver ne signifie donc pas que l’on donne quitus à l’ensemble de la construction européenne, comme y conduisait implicitement l’adoption du traité constitutionnel.

Le traité de Lisbonne peut-il permettre de fluidifier le fonctionnement des rouages de l’Union, grippés par un élargissement à vingt-sept Etats membres si mal préparé et un traité de Nice si mal négocié ? Force est de constater que, même si les blocages institutionnels n’expliquent pas à eux seuls l’impuissance de l’Union, les innovations du traité seront les bienvenues : un président du Conseil européen élu pour deux ans, un haut représentant pour les affaires étrangères et la politique de sécurité aux pouvoirs renforcés et, au sein du Conseil des ministres, un nouveau mécanisme de vote à la majorité qualifiée. En outre, il faut se réjouir que, parmi les valeurs citées en préambule, soient ajoutées celles de non-discrimination, de justice, de solidarité et d’égalité entre hommes et femmes, et que, parmi les objectifs de l’Union, soient retirée la concurrence libre et non faussée. Enfin, un protocole sur les services publics permet de créer une base juridique en vue de l’adoption d’une directive-cadre sur les services publics, jusqu’alors refusée par la Commission.

Toutefois, le contexte est tout aussi déterminant. Ce qui a motivé, en 2005, notre opposition au traité constitutionnel, c’est le défaut d’Europe. Ce qui justifiait notre stratégie, c’est que l’on puisse prendre appui sur le non pour exiger plus d’Europe, là où nous en avons besoin. En 2005, la gauche française avait la perspective d’une victoire à la présidentielle. Elle aurait eu à conduire elle-même la renégociation, puis à assumer la présidence française de l’Union qui s’ouvrira en juin. Ce n’est plus le cas. Dès lors, la stratégie développée à l’époque est caduque. Il y a bien eu renégociation, comme nous le disions, mais c’est Nicolas Sarkozy qui l’a menée et qui en a gâché la force. Aujourd’hui il faut voter sur le texte et non sur celui que nous imaginions. Si le traité de Lisbonne n’est pas adopté, nous en resterons à Nice, et pour longtemps.

Ce nouveau traité clôt donc un cycle. Une autre période s’engage, au cours de laquelle les socialistes français devront se battre plus que jamais pour donner un nouveau cap à l’Europe. Ils n’y réussiront pas seuls, mais en lien avec la social-démocratie européenne. C’est ce à quoi nous voulons inviter nos camarades socialistes.

lundi 5 novembre 2007 Libération

Très drôle, comme article. Mais bon, même le comique de répétition “A Libé on est de gauche” fonctionne toujours avec moi.

Edit : ils ont oublié de caler le refrain seriné depuis 50 ans : “L’Europe sociale, on la fera après l’Europe économique, mais vous inquiétez pas : c’est pour très bientôt ! Promis-juré-craché-vomi-pipipartou !”

greuh. :lol:

greuh dit:Très drôle, comme article.


deja rien que le titre.



Bref, ils affichent une position claire. Le PS veut se refaire une credibilite politique en se montrant serieux et responsable sur un sujet pour lequel dans l'ensemble, il est d'accord avec la droite parlementaire.

En fait, j’ai un peu de mal à voir sur quel sujet le PS est en désaccord avec la droite parlementaire.

Je parle sur les grandes lignes. Je suis sûr que deux trois virgules changent, par contre. Ca oui.
greuh.

Non à une Constitution “bis” !,

par Jean-Pierre Chevènement
LE MONDE | 07.11.07 | 13h52 • Mis à jour le 07.11.07 | 13h52

Ecrasée par son “surmoi” européiste, Elisabeth Guigou n’envisage pas d’autres solutions pour les socialistes que de voter oui au traité de Lisbonne (Le Monde du 1er novembre) et de faire ainsi la courte échelle à M. Sarkozy pour imposer par la voie parlementaire une Constitution bis.

Elisabeth Guigou n’oublie qu’une chose : le 29 mai 2005, le peuple français a rejeté à 55 % des voix un projet de Constitution dont le traité de Lisbonne reprend toute la substance. M. Sarkozy a certes annoncé pendant la campagne présidentielle qu’il ferait ratifier par la voie parlementaire un “mini-traité” ou un “traité simplifié”. Mais ce n’est absolument pas de cela qu’il s’agit !

Avec 256 pages empilant les articles qui modifient les traités existants, le traité de Lisbonne n’est nullement un “mini-traité”, encore moins un “traité simplifié”. C’est d’abord une mystification. On comprend la frustration de M. Giscard d’Estaing, qui, certes, retrouve intégralement son oeuvre dans le traité de Lisbonne, mais brisée en mille morceaux que seuls des juristes besogneux pourront laborieusement recoller. Ce n’est pas ainsi qu’on comblera le déficit démocratique de l’Europe !

Sur le fond, le traité de Lisbonne est surtout un “maxi-traité” qui ne mérite aucune des circonstances atténuantes que lui trouve Elisabeth Guigou. Celle-ci a-t-elle lu l’article 17 bis : “Avant d’entreprendre toute action sur la scène internationale… chaque Etat membre consulte les autres au sein du Conseil européen ou du Conseil” ? Et l’article 19 : “Lorsque l’Union a défini une position sur un thème à l’ordre du jour du Conseil de sécurité des Nations unies, les Etats-membres qui y siègent (la France et la Grande-Bretagne) demandent que le Haut Représentant de l’Union pour la politique extérieure soit invité à présenter la position de l’Union” ?

Chacun peut comprendre que si de telles dispositions avaient été en vigueur en 2003, la France, ne pouvant s’opposer à la fois aux Etats-Unis et à l’Union européenne, dont la majorité des Etats membres sont alignés sur eux, n’aurait pu se dissocier de l’invasion de l’Irak, pas plus que demain elle ne pourra éviter de cautionner des frappes militaires sur l’Iran, si les Etats-Unis, déjà engagés dans la campagne présidentielle de 2008, venaient à les décider !

L’article 27 réitère que l’OTAN reste pour les Etats qui en sont membres (la quasi-totalité) le cadre de leur défense. Exit la défense européenne ! Cela est tout à fait conforme à la politique d’alignement de M. Sarkozy, mais Elizabeth Guigou, qui se déclare “internationaliste” et prétend lutter pour une Europe capable de “peser” en faveur de la paix et de “tirer la rive Sud de la Méditerranée”, peut-elle approuver ce texte que seule l’unanimité des Vingt-Sept permettra de modifier ?

Elisabeth Guigou prétend “maîtriser les effets pervers de la mondialisation”. Peut-elle ignorer que le protocole no 6 réintroduit par la fenêtre le principe de la “concurrence libre et non faussée” que M. Sarkozy se vante d’avoir fait supprimer de la liste des objectifs de l’Union ? Les statuts de la Banque centrale européenne demeurent inchangés : avec un euro à 1,50 voire 1,60 dollar, Don Trichet continuera à batailler contre les moulins de l’inflation ! Pendant ce temps-là, aux termes du protocole n° 3, l’Eurogroupe “se réunira de manière informelle”. Bonjour les dégâts !

Les socialistes pourront-ils assumer les délocalisations qui se poursuivent et le saccage de notre tissu industriel ? Pensent-ils qu’après avoir approuvé le traité de Lisbonne, ils pourront se défausser sur le gouvernement de choix qui résulteront des “contraintes européennes” qu’ils auront eux-mêmes acceptées ?

La vérité est que le Parti socialiste, s’il pouvait compter sur ses dirigeants, aurait un boulevard devant lui : ce qui avait été rejeté par référendum ne peut être adopté que par la même voie. Tel était l’engagement du “projet socialiste” adopté à l’unanimité en 2006, et celui de la candidate socialiste en 2007.

En refusant au moins de prendre part au vote, à défaut de dire non (compte tenu de ses antécédents), le Parti socialiste resterait fidèle à ses engagements. Il éviterait de cautionner l’immense reculade dont M. Sarkozy se targue comme d’un succès diplomatique. Il pourrait alors s’appuyer sur la volonté démocratiquement exprimée du peuple français pour exiger demain une réorientation économique, sociale et politique de la construction européenne. Le Parti socialiste ne pourrait sans doute pas empêcher M. Sarkozy de faire voter son “maxi-traité complexifié”. Au moins ne servirait-il pas de marchepied !

Le PS s’isolerait-il à l’égard de la gauche européenne ? Il suffit de voir les difficultés des gauches allemande et italienne pour comprendre qu’un rôle historique incomberait au Parti socialiste français : celui de tracer le chemin pour sortir l’Europe de l’ornière où elle s’enfonce, inféodée qu’elle est aux orientations monétaires ou diplomatiques des Etats-Unis. Dire non à la Constitution bis serait le choix de l’intelligence historique, celui du courage et de l’inventivité. Il n’est en tout cas pas trop tard pour sauver l’honneur, car c’est sur cette base-là seulement qu’on pourra demain reconstruire !

Oui au traité de Lisbonne

Article paru dans l’édition du 01.11.07

Dire non, c’est refuser toute idée de compromis et en finir avec l’UE
e traité est imparfait, mais les traités européens précédents n’étaient pas non plus idéaux. C’est d’un traité insuffisant à l’autre que, depuis cinquante-sept ans, l’Europe s’est faite. Et il ne peut en être autrement car faire l’Europe exige des compromis, entre des nations qui ont leur histoire, leur langue, leur culture, leurs traditions, leurs systèmes économiques et sociaux ainsi qu’entre des partis et des gouvernements de couleurs politiques différentes. Cette diversité est une richesse qu’il faut préserver car elle fait l’originalité de l’Europe, mais qu’il faut aussi savoir surmonter pour créer de l’unité dans un ensemble politique de vingt-sept pays et 480 millions d’habitants. Dire non à ce traité, c’est refuser le compromis nécessaire pour sortir l’Union européenne du blocage. Dire non, c’est condamner l’Union à une crise sans doute insurmontable, car nul ne voit aujourd’hui d’alternatives. Dire non, c’est faire le jeu de ceux qui veulent que l’Europe ne soit qu’une zone de libre-échange adossée à l’OTAN.

Mais, puisque ce traité est médiocre, pourquoi ne pas s’abstenir, afin d’en laisser la responsabilité à ceux qui l’ont négocié et qui n’ont pas su convaincre le Royaume-Uni et la Pologne d’accepter la charte des droits fondamentaux, ni la règle des décisions à la majorité pour la coopération policière et judiciaire ; à ceux qui ont biffé les références au drapeau et à l’hymne européens, changé l’intitulé de la fonction du ministre des affaires étrangères, s’en prenant aux symboles sans changer la réalité ; à ceux qui ne se sont pas battus pour élever le niveau d’exigence dans le domaine social ou dans la recherche et qui n’ont fait aucun progrès vers un gouvernement économique capable de se faire entendre de la Banque centrale européenne. Mais s’abstenir, c’est aussi ne pas approuver la création d’un président stable pour l’Union, d’un responsable unique pour la politique étrangère, la défense et l’aide au développement, la charte des droits fondamentaux obligatoire pour tous les pays sauf deux, une base juridique, enfin !, pour une directive sur les services publics, des décisions rendues plus faciles pour la règle de la majorité, des pouvoirs nouveaux du Parlement européen. S’abstenir c’est ne pas assumer son engagement européen. C’est fuir ses responsabilités, c’est manquer de courage.

SORTIR L’EUROPE DE L’ORNIÈRE

Voter non, c’est se couper du reste de la gauche européenne, s’abstenir c’est se marginaliser au sein de cette gauche européenne, c’est perdre la capacité de peser sur ses choix. Ne pas voter oui, c’est laisser la droite française et européenne s’approprier l’Europe et la modeler à son idéologie.

Le oui est le choix qui permet à l’Europe de sortir de l’ornière, à la gauche européenne de se rassembler, aux socialistes français de regarder devant eux et de se battre avec les sociaux-démocrates européens pour une meilleure Europe. Voter oui n’est pas se renier pour ceux qui croient à l’Europe et qui ont voté non au référendum de 2005. Ils ont posé des questions que nul ne peut désormais esquiver, sur la nature et le sens de l’UE. Voter oui, ce n’est pas la fin de l’histoire. C’est permettre que continue le combat des socialistes pour une Europe plus sociale, plus forte dans la compétition mondiale, plus capable de défendre les intérêts des Européens, de lutter contre la criminalité internationale, de se faire entendre et respecter dans le monde, de maîtriser la mondialisation, d’imposer les difficiles décisions qui engagent l’avenir de la planète. Les socialistes, qui sont depuis toujours des internationalistes, doivent se battre, avec la gauche européenne, pour que l’Union européenne trouve un projet porteur de sens dans le monde du XXIe siècle.

Au siècle dernier, le projet européen a réussi car il a propagé sur le continent la paix et la démocratie. Celles-ci désormais acquises, l’Europe retrouvera du sens pour les citoyens si, comme elle l’a fait au siècle dernier, elle apporte des réponses aux peurs de ce siècle. Les peurs se cristallisent sur la mondialisation. Pourrons-nous en maximiser les bénéfices et en maîtriser les effets pervers ? Les Européens, qui ont pendant deux millénaires fait l’Histoire, continueront-ils à peser dans un monde dominé par d’autres grandes puissances ? La réponse ne dépendra que de nous. Si nous nous replions dans nos frontières nationales, la partie est perdue. Si nous laissons l’Europe végéter, le déclin est assuré. Si nous renonçons à maîtriser la mondialisation financière et à imposer le développement durable, la catastrophe est certaine. En revanche, si la gauche se donne pour mission de faire de l’Europe un acteur mondial, qui fait entendre sa voix pour la paix et la solidarité dans le monde et qui tire la rive sud de la Méditerranée et l’Afrique vers le développement et la démocratie, alors l’Europe retrouvera du sens. Aujourd’hui ce choix passe par la porte étroite du traité de Lisbonne.

Elisabeth Guigou