Une France contre une autre ?
Personnellement je ne pense pas que ce soit aussi simple que ça.
La France, ce n’est pas les E.U. avec 2 grands partis défendant chacun une idée de la société, mais de nombreuses sensibilités qui le temps d’un second tour sont capables s’unir à l’un ou à l’autre.
Et encore, au sein des deux partis du 2nd tour, il existe de nombreuses sensibilités.
De plus, beaucoup de gens ne votent pas pour l’ensemble du programme d’un candidat mais pour seulement quelques volets.
Combien ont voté Sarko sans pour autant épouser l’ensemble de son projet ? (il en va de même pour Royal et gloabalement l’ensemble des candidats).
Ce qu’il y a de nouveau à mes yeux, c’est l’ampleur d’un phénomène comme le “tout sauf Sarko”. Il y a toujours eu des votes “contre”, mais là, pour le coup, on a eu droit à un réel letmotiv. Pour ma part, je ne peux pas réellement dire si j’ai plus voté Ségo au second tour, que contre certaines valeurs ou idées de Sarko (ça doit se jouer autour de 53 / 47%
)
Bossant dans les quartiers, ce que je peux dire, c’est que de nombreux jeunes (et pour la plupart qui n’ont rien du tout à se repprocher) ont peur de Sarko (je ne dis pas qu’ils ont tord ou raisons). De même, dans les milieux que je fréquente : association, éducation, enseignement, beaucoup de professionnel ont peur de ce qui va se passer (je ne parle pas de conneries du genre peur de bosser plus, d’histoire de retraite ou d’autre, mais bien de quelle liberté d’agir, de travailler va-t-on avoir. Je ne m’étend pas sur ce sujet, mais si des questions viennent, je n’y manquerais pas).
De plus, pendant le temps de l’élection et déjà même avant, Sarko a beaucoup joué sur l’opposition (ceux qui se lève tôt, ceux qui mettent le bazar, la France des assistés…) et beaucoup de personnes se sont senties stigmatisées à tord ou à raison.
A cours terme, il a eu raison de jouer là-dessus, la preuve, il a été élu. Mais, je pense qu’à moyen/long terme, cela peut se retourner contre lui, car une partie de la population (et j’ai bien dit une partie, pas une moitié) a peur ou se sent stigmatiser, deux sentiments qui sont souvent à l’origine de situations explosives.
Maintenant à lui de réussir dans tout ce qu’il a dit (promis), à lui de ne laisser personne sur le carreau, et là, tout se passera bien dans le meilleur des mondes.
Concernant le FN sa montée en puissance s’explique assez facilement. De tout temps, la France et plus généralement de très nombreux pays occidentaux, ont vu apparaitre des populismes extrémistes, nationalistes, racistes.
Pourquoi ? Quand ?
Souvent lorsque les conditions économiques étaient difficiles et lorsque les sociétés s’interrogent sur leur identité.
Le Pen, a qui il faut reconnaître de très bon talent d’orateur, a surfé sur les difficultés économiques de la France et sur les questionnements liés à la place de la France dans la mondialisation. Il a su présenter des ennemis faciles à identifier : les étrangers, l’Europe. Et lorsque les “peuples” ne sont pas sûrs d’eux, qu’ils ont peur (emploi, sécurité), se sentent marginalisés, ce type de discours passe très bien.
Il a aussi été très fortement aidé par la Gauche et la Droite qui n’ont pas arrêté de se renvoyer la faute du FN sur le dos, tout en utilisant cette présence pour se faire élir. Au lieu de cela, il aurait été beaucoup plus intéressant de construire de vrais réponses à ces questions.
Sarko l’a fait dans le cadre d’une idéologie de droite, ça a payé : pour Sarko et contre Le Pen.
Le PS et la gauche du PS ne l’ont pas fait ou pas suffisament fait. Crier au loup, ce n’est pas une réponse. Construire des réponses sur la place de l’Europe, comment se positionne-t-on face à la mondialisation, les immigrés en France, ça se travaille, ça ne s’improvise pas en 4/5 mois de campagne.
Mais bon, un jour viendra où la gauche (dans son ensemble) se retirera le doigt du cul (ils ont tous tendance à m’exaspérer depuis 3/4 jours) et fera autre chose que défendre des places d’élu à l’assemblée, dans les villes…
Le Chef, vraiment pas content lorsqu’il regarde ceux qui sont censés incarner ses idées 