une France contre une autre?

Philippe dit:Tout ce que vous dites semble très sympa comme ça, dans l'absolu, mais le fait est que mes élèves issus de l'immigration se définissent d'abord par leur identité d'origine, puis éventuellement par leur identité française. Pour eux, les Français, ce sont les autres.
C'est un peut-être juste un truc de l'adolescence, mais je demande à voir.
Et, commandant, on dit "pipeau", pas pipo. Saymal, commandant, saymal... :twisted:



Je ne trouve rien de surprenant à ce que des jeunes issus de l'immigration se définissent par leur identité d'origine ou même par l'identité d'origine de leurs parents.
Quand on voit, comment depuis plusieurs dizaines d'année on [les discours politiques notamment] traite la question de l'immigration, il est difficile de se sentir français. Il en va de même avec toutes les histoires de contrôle au faciès qui ne font que renvoyer à leurs origines (origines que parfois ils n'ont plus).

Concernant l'identité française, je rejoins ce qui a déjà été dit. L'identité française n'est pas un concept figé ou un concept qui se décrète. Elle résulte et a toujours résulté d'un mélange des cultures :
- les origines gauloises
- puis gallo-romaine
- Puis l'apport des peuples "barbares" avec Clovis notamment
- Puis la construction géographique de la France sous les capétiens avec petit à petit l'amalgamme des identités provinciales
- Puis la révolution humaniste des lumières et la naissance du "pays des droits de l'Homme'
- et on peut continuer comme cela jusqu'à nos jours
L'identité française, c'est ça, un mouvement perpétuel, un amalgamme inscessant de cultures très diverses, beaucoup plus que mon petit exposé très réducteur.
En créant un ministèrs de l'identité nationale, quel est l'objectif ? Décréter l'identité française ? Inventer une identité française mythifiée ? Tout cela me semble se positionner dans la lignée de l'"exeption culturelle française" cher à Chirac, sauf qu'on va encore plus loin vers le nationalisme.
Moi je préférerais, j'aimerai même qu'on associe clairement identité nationale et culture commune et que les politiques se posent en défenseur de ce qui, à mes yeux, fait que je suis fier de mon pays : LA DIVERSITE CULTURELLE.

Malheureusement, on semble se diriger de manière assez lamentable vers un repli identitaire au même titre que de nombreuses communautés culturelles présentes en France. Il me semble qu'on aille gentillement vers le nationalisme (sans pour autant dire qu'on applique les thèses du FN) et le communautarisme, thème sous défendu par de nombreux soutiens de Sarko (certains sont même ministre d'ailleurs : Hortefeux et Bachelot notamment).
Maldoror dit:C'est un symbole, mais c'est vrai que pour nos esprits embourbés dans le matérialisme et le consumérisme de masse, la valeur d'un symbole n'est pas toujours aisément perceptible.
Il faudra m'expliquer, très concrètement en quoi il est démagogique de s'émouvoir à la lecture de la lettre d'un ado qui va mourir, et en quoi il est immoral de rappeler aux lycéens que la liberté a un prix.
Démagogue, et immoral... comme soutenir le nord vietnam contre les GI's?
Maldo


Exposé un symbole, sans donné à ceux qui le reçoive, les moyens de le comprendre et de se l'approprier, c'est démagogique.
Favoriser une réflexion à partir de ce texte, et de beaucoup d'autres textes du même genre (comme Les Lettres de Peter Schwiefert durant la 2nde guerre mondiale) et permettre aux lycéens de penser ces questions, j'aurais applaudit des deux mains.
Là, je me contente de prendre acte. Ca n'apportera rien de plus, ça ne fera pas de mal non plus.

Pour ce qui est de la question du Vietnam, mieux vaudrait ne pas trop d'embourber (oui le jeu de mot est douteux :oops: ) dans ce genre de sujets extrèmement complexes.
Philippe dit:Tout ce que vous dites semble très sympa comme ça, dans l'absolu, mais le fait est que mes élèves issus de l'immigration se définissent d'abord par leur identité d'origine, puis éventuellement par leur identité française. Pour eux, les Français, ce sont les autres.
C'est un peut-être juste un truc de l'adolescence, mais je demande à voir.


Et tu penses sincèrement qu'un ministère de l'immigration, de l'intégration, de l'identité nationale et du co-développement va contribuer à les faire se sentir plus français ? Moi, j'ai des très très gros doutes.

Si on commençait appliquer une vraie politique de réhabilitation des banlieues, avec tout ce qui est concerné (en vrac : 20% de logements sociaux, police de proximité, enseignement...) et qu'on évitait l'huile sur le feu (provocations verbales, stigmatisations, interpellations devant les écoles, etc...).

D'ailleurs, rien que l'élection de Sarko, je me demande comment cela a été réellement reçu par tes élèves d'origine étrangère, et par tous les jeunes "issus de l'immigration" en général (j'aime pas l'expression).

En ce qui concerne la lettre de Guy Mocquet, je viens juste de la lire, grâce à copyright. Et je pensais qu'elle était plus équilibrée que ça entre le fond et l'émotion. Je ne vois pas trop l'utilité de la lire en début d'année (au delà du symbole voulu par Sarko), alors que je pensais que c'était forcément abordé dans le programme scolaire, au chapitre 2ème GM, en je sais pas quelle classe.

« Identité nationale : là ça me boursoufle sérieusement le cortex. »

Je suis tout à fait d’accord avec toi quand tu dis que légiférer sur ce qu’est l’identité n’a pas de sens.
Néanmoins à chaque fois qu’on siffle la marseillaise, c’est + x% pour le vote FN. A chaque fois qu’on crache sur le drapeau, c’est idem. Qui a légiféré pour infliger des amendes à ceux qui crachent sur les symboles de la nation qui les accueille ? Sarko il me semble, et ce ministère va dans ce sens. Après on est pour ou on est contre, mais il semble que 53% des français soient pour. Sarko a joué franc jeu, il a dit : avec moi, mise en valeur de l’identité nationale, et cela implique un certain nombre de chose qui, je le conçois parfaitement, en choque plus d’un. Néanmoins la France il me semble en avait besoin, dans quel autre pays l’expression « ce pays qui t’accueille, tu l’aimes ou tu le quittes » provoque un tel tollé ?

« Ce n’est pas parce que mon voisin est né et à grandi à Alger ou à Dakar que je vais me sentir plus ou moins français. »

Non sens. Si demain tu te retrouves au milieu de 500 000 000 de chinois, tu te sentiras français tout seul dans ton coin, et finalement tu t’adapteras, pas l’inverse.

« Et ça donne raison aux jeunes des banlieues de se sentir rejetés à cause de leurs origines : s’ils sont issus de l’immigration, ils ont moins l’identité française que moi, bourguignon d’origine. »

Merci de ne pas généraliser, Rachida la nouvelle copine de sarko ne doit pas se sentir moins française que toi. Mon père n’est pas né en France, ça ne lui a pas donné de droit spéciaux, par contre il s’est senti le devoir de s’intégrer. Ce n’est pas toujours facile, j’en conviens.

« Pour Juppé, il est évident que c’est le ministère dans lequel il peut le mieux redorer son blason, l’écologie étant dans l’air du temps. Enfin, il valait mieux lui que Bachelot. »

+1

« Surtout que pour qu’une culture survive, il faut qu’elle soit ouverte et qu’elle intègre des éléments d’autres cultures. »

La culture chinoise ou japonaise a intégré la technologie occidentale, pas sa culture. Les cultures ne s’additionnent pas entre elles. L’une prend le pas sur l’autre ou elles se diminuent mutuellement. Tous les exemples de colonisation sont là pour le prouver.

« Forcer les immigrants à adopter “la” culture française est avant tout un danger pour celle-ci, en plus d’être associée au terme immigration. Et puis, d’abord, quelle “identité nationale” ? Chez les “bons français”, qui se sent plus breton que français ? Plus berrichon que français ? Plus corse que français ?Plus européen que français ? Plus citoyen du monde que français ? »

Quel joyeux mélange…
Tout d’abord, qu’un individu se sente plus breton que français, je le conçois parfaitement, pour des raisons historiques, géographiques et culturelles. J’ajouterai que plus le sentiment d’appartenance au concept « France » sera affaibli, plus ce sera le cas. Pas besoin pour l’affaiblir de voir plus loin que les régularisations massives ou l’auto flagellation basée sur des approximations historiques. Ensuite les concepts « europe » et « France » ne s’opposant pas entre eux, et l’un englobant l’autre, il est difficile d’être plus l’un que l’autre.
Si tu te demandes ce qu’est l’identité nationale, alors effectivement, tu n’as aucune chance de pouvoir concevoir l’intérêt d’un tel ministère (qui à mon avis est somme toute plus symbolique qu’autre chose).

« L’anthropologie a montré que les populations immigrantes ne reproduisent pas leur culture d’origine, mais l’adaptent au modèle du pays d’arrivée, ce qui représente un moteur pour la culture. »

Bien vu, il n’y a qu’à voir en Afrique ou en Amérique du Nord, ou encore les boers en afrique du sud. Je passerais outre les grandes invasions barbares, les saxons pour ne citer qu’eux n’ayant conservé ni la langue de leurs « hôtes », ni leur religion, ni leur coutumes là où ils s’installèrent. Cela dépend de la masse migrante et de sa propre culture. (les francs par exemple adoptaient les idiomes des peuples vaincus).

« Qu’on laisse les gens faire ce qu’ils veulent, comme ils le veulent. »

C’est fait, ils ont choisi, c’est toi qui conteste ce choix.

« Pour moi le patriotisme ne sert qu’à exacerber les nationalismes, j’en ai longuement débattu avec des amis militaires, pour qui la valeur de "Patrie "est classée numéro 1 top moumoutte avant “Famille”, “Amitié” ou “Amour”. Et ça, ça me fait peur. »

Pour ma part, faire une corrélation aussi grossière entre patriotisme et nationalisme, et prétendre qu’arborer le drapeau parce que la France est « championne du monde » est un acte de patriotisme, ça me fait peur.

« Qu’ils se sentent proches de ce qu’ils veulent, comme je me sens proche de ce que je veux (les schtroumpfs… ça c’est cool, les schtroumpfs). »

Oui, tant qu’ils ne disent pas : « je refuse d’habiter avec ce type qui ne partage ni ma culture ni mes valeurs ». Malheureusement, le communautarisme sans ciment fédérateur provoque des tensions qui dégénèrent inévitablement.

« Pointer du doigt “la” bonne identité ou culture à avoir ne me parait pas, justement, très respectueux. »

Il n’y a pas de notion de bon ou de mauvais, mais de conservation d’un patrimoine, d’un héritage, qui n’est pas à brader au nom du conformisme, de la bienpensance, ou de l’internationalisme.

Cordiament,

Maldo

Je ne comprends pas à quoi cela sert de se sentir français. Quelqu’un m’explique ?

xavo dit:Je ne comprends pas à quoi cela sert de se sentir français. Quelqu'un m'explique ?


à savoir d'où on vient et où on va.
à trouver des repères et une communauté humaine de valeurs.
Kouynemum dit:
xavo dit:Je ne comprends pas à quoi cela sert de se sentir français. Quelqu'un m'explique ?

à savoir d'où on vient et où on va.
à trouver des repères et une communauté humaine de valeurs.


Repères, valeurs, racines... ont obligatoirement une nationalité ?
Kouynemum dit:
xavo dit:Je ne comprends pas à quoi cela sert de se sentir français. Quelqu'un m'explique ?

à savoir d'où on vient et où on va.
à trouver des repères et une communauté humaine de valeurs.


Même chose que pour Kouynemum.

Et Ferrat:

De plaines en forêts de vallons en collines
Du printemps qui va naître à tes mortes saisons
De ce que j'ai vécu à ce que j'imagine
Je n'en finirais pas d'écrire ta chanson
Ma France
Au grand soleil d'été qui courbe la Provence
Des genêts de Bretagne aux bruyères d'Ardèche
Quelque chose dans l'air a cette transparence
Et ce goût du bonheur qui rend ma lèvre sèche
Ma France
Cet air de liberté au-delà des frontières
Aux peuples étrangers qui donnaient le vertige
Et dont vous usurpez aujourd'hui le prestige
Elle répond toujours du nom de Robespierre
Ma France
Celle du vieil Hugo tonnant de son exil
Des enfants de cinq ans travaillant dans les mines
Celle qui construisit de ses mains vos usines
Celle dont monsieur Thiers a dit qu'on la fusille
Ma France
Picasso tient le monde au bout de sa palette
Des lèvres d'Éluard s'envolent des colombes
Ils n'en finissent pas tes artistes prophètes
De dire qu'il est temps que le malheur succombe
Ma France
Leurs voix se multiplient à n'en plus faire qu'une
Celle qui paie toujours vos crimes vos erreurs
En remplissant l'histoire et ses fosses communes
Que je chante à jamais celle des travailleurs
Ma France
Celle qui ne possède en or que ses nuits blanches
Pour la lutte obstinée de ce temps quotidien
Du journal que l'on vend le matin d'un dimanche
A l'affiche qu'on colle au mur du lendemain
Ma France
Qu'elle monte des mines descende des collines
Celle qui chante en moi la belle la rebelle
Elle tient l'avenir, serré dans ses mains fines
Celle de trente-six à soixante-huit chandelles
Ma France
xavo dit:Je ne comprends pas à quoi cela sert de se sentir français. Quelqu'un m'explique ?


Au pif: Cimenter un groupe de 60 millions de personnes, leur donner des valeurs communes afin d'éviter qu'ils se foutent sur la gueule au moindre accroc?

Plus on se divise et fait chacun de son coté, plus les risques de quiproquos, d'erreurs d'interpretation, incompréhension, etc. Sont grands. Et avec les humains, ça peut aller très loin, une "erreur" de ce genre.

Amener 60 millions de personnes à se "sentir" du même pays, c'est limiter certains problèmes: régionalismes, etc. Et si on ne se sent pas français, on est parfaitement en droit de contester au gouvernement français le droit de nous gouverner? Et autres frictions...

Après, il faut un bon compromis pour vivre dans une société d'autant de personnes.

Enfin c'est comme ça que je vois les choses...
Maldoror dit:« Surtout que pour qu'une culture survive, il faut qu'elle soit ouverte et qu'elle intègre des éléments d'autres cultures. »
La culture chinoise ou japonaise a intégré la technologie occidentale, pas sa culture. Les cultures ne s’additionnent pas entre elles. L’une prend le pas sur l’autre ou elles se diminuent mutuellement. Tous les exemples de colonisation sont là pour le prouver.

La colonisation est un acte volontaire de "modernisation" d'une société dite "primitive". Faire un paralèlle avec l'immigration dans un contexte de mondialisation ne me parait pas approprié. De plus, je ne suis pas d'accord avec toi sur le fait que la civilisation japonaise ne se soit pas approprié en partie la culture occidentale. Il suffit de voir comment le Japon s'est servi de la relance américaine suivant la seconde guerre mondiale, et surtout comment le pays se l'est approprié pour voir que les cultures interagissent les unes avec les autres, en en assimilant ou rejetant certains aspects, selon ses propres spécificités.
Maldoror dit:« Forcer les immigrants à adopter "la" culture française est avant tout un danger pour celle-ci, en plus d'être associée au terme immigration. Et puis, d'abord, quelle "identité nationale" ? Chez les "bons français", qui se sent plus breton que français ? Plus berrichon que français ? Plus corse que français ?Plus européen que français ? Plus citoyen du monde que français ? »
Quel joyeux mélange…
Tout d’abord, qu’un individu se sente plus breton que français, je le conçois parfaitement, pour des raisons historiques, géographiques et culturelles.

Pourquoi alors ne pas concevoir le fait que des populations immigrées se rattachent à leur culture ou à celle de leurs parents (rappelons que ceux que l'on qualifie d'immigrés ne sont pas moins français que moi) ?
Maldoror dit:J’ajouterai que plus le sentiment d’appartenance au concept « France » sera affaibli, plus ce sera le cas. Pas besoin pour l’affaiblir de voir plus loin que les régularisations massives ou l’auto flagellation basée sur des approximations historiques.

Qu'entends-tu par "auto flagellation basée sur des approximations historiques" ? J'ai peur de ta réponse.
Maldoror dit:Ensuite les concepts « europe » et « France » ne s’opposant pas entre eux, et l’un englobant l’autre, il est difficile d’être plus l’un que l’autre.

Ce n'est pas sûr. Ma grand mère (prenons des exemples concrets), ne se sent par exemple pas du tout européenne, alors qu'elle se sent française. Nous parlons de sentiment d'appartenance, pasz de faits politiques.
Maldoror dit:Si tu te demandes ce qu’est l’identité nationale, alors effectivement, tu n’as aucune chance de pouvoir concevoir l’intérêt d’un tel ministère (qui à mon avis est somme toute plus symbolique qu’autre chose).

Je pense qu'il y a plusieurs manières d'aborder la question d'identité nationale. Entre, comme le disait Alain, le pays des lumières et la terre des droits de l'homme et une France "bien blanche de chez nous", il y a tout un pannel de couleurs (sans mauvais jeu de mot). D'ailleurs, si nous faisions une question "pour vous, que représente l'identité française ?", je suis certain que nous obtiendrions de multiples réponses, mais que nous ne pourrons atteindre une idée universelle du concept d'identité nationale.
Maldoror dit:« L'anthropologie a montré que les populations immigrantes ne reproduisent pas leur culture d'origine, mais l'adaptent au modèle du pays d'arrivée, ce qui représente un moteur pour la culture. »
Bien vu, il n’y a qu’à voir en Afrique ou en Amérique du Nord, ou encore les boers en afrique du sud. Je passerais outre les grandes invasions barbares, les saxons pour ne citer qu’eux n’ayant conservé ni la langue de leurs « hôtes », ni leur religion, ni leur coutumes là où ils s’installèrent. Cela dépend de la masse migrante et de sa propre culture. (les francs par exemple adoptaient les idiomes des peuples vaincus).

Tu confonds invasion, colonialisme et écrasement de la culture avec échanges multiculturels et immigration. A ce que je sache, nous ne sommes pas confrontés à une colonisation ni à une invasion. Une famille issue de Hongrie, par exemple, va garder sa langue, en famille, mais également ses coutumes et pratiques, en les mêlant à la culture dominante du pays où elle arrive, par exemple.
Maldoror dit: « Qu'on laisse les gens faire ce qu'ils veulent, comme ils le veulent. »
C’est fait, ils ont choisi, c’est toi qui conteste ce choix.


Donc on ne peut plus débattre (débat d'ailleurs, je le souligne, très intéressant).
Maldoror dit:« Pour moi le patriotisme ne sert qu'à exacerber les nationalismes, j'en ai longuement débattu avec des amis militaires, pour qui la valeur de "Patrie "est classée numéro 1 top moumoutte avant "Famille", "Amitié" ou "Amour". Et ça, ça me fait peur. »
Pour ma part, faire une corrélation aussi grossière entre patriotisme et nationalisme, et prétendre qu’arborer le drapeau parce que la France est « championne du monde » est un acte de patriotisme, ça me fait peur.

Tu es militaire ? :) . Blague à part, la fierté de suivre son équipe durant des matches de football est une preuve que l'on tient à ses couleurs, non ?
Maldoror dit:« Qu'ils se sentent proches de ce qu'ils veulent, comme je me sens proche de ce que je veux (les schtroumpfs... ça c'est cool, les schtroumpfs). »
Oui, tant qu’ils ne disent pas : « je refuse d’habiter avec ce type qui ne partage ni ma culture ni mes valeurs ». Malheureusement, le communautarisme sans ciment fédérateur provoque des tensions qui dégénèrent inévitablement.

Qui, "ils" ? Les schtroumpfs ? Il faudrait (et je rejoins l'idée de je ne sais plus qui-pardonnez moi) pour cela prendre le problème par le bon bout, et refaire une politique de mixité sociale en faisant un grand plan de restructuration immobilière, géographique et sociale.
Maldoror dit:« Pointer du doigt "la" bonne identité ou culture à avoir ne me parait pas, justement, très respectueux. »
Il n’y a pas de notion de bon ou de mauvais, mais de conservation d’un patrimoine, d’un héritage, qui n’est pas à brader au nom du conformisme, de la bienpensance, ou de l’internationalisme.


Vouloir conserver ce patrimoine intact et immobile est la meilleure manière de perdre sa culture.
xavo dit:Je ne comprends pas à quoi cela sert de se sentir français. Quelqu'un m'explique ?


A rien, peut-être !
On [un grand nombre de personne sur terre malheureusement] passe notre temps à chercher la p'tite bête, le p'tit truc qui fait qu'on est différent de l'autre.
Mais s'il y a bien une chose de certaine, scientifiquement prouvée, c'est qu'on a tous quelque chose de commun avec les autres, cette chose s'appelle l'humanité et ce sont là nos racines.
Après, nous avons tous des cultures différentes, qui évoluent au cours du temps, qui dépendent entre autre des aires géographiques, mais de moins en moins, la révolution des transports et des communications étant passée par là.
Je peux comprendre que cette révolution soit difficile à intégrer, qu'elle interroge, tout simplement, car il n'est pas évident de se rendre compte qu'il existe des personnes qui font, qui pensent, qui mangent...
différemment.
Là intervient le rôle du politique, faciliter la rencontre, faciliter l'échange par le discours, par l'éducation.

Après on peut tenter les cultures à rester chez elles, mais comment ? Aucune chance d'y arriver. Si on parvient à laisser les gens chez eux, leur culture, leur façon de penser finira tjs par arriver, par la littérature, par la musique, par le cinéma, par le biais de tous les media existant et Internet en 1er lieu et le mélange, la production de nouvelles cultures et identités se fera. Et tant mieux, c'est sans doute là que se cache la richesse de l'humanité.

Mais après on peut aussi nier cela, là se trouve le non-sens à mon avis.


Sinon pour en revenir à ce que tu disais Xavo.
L'identité, la culture, permet, je pense, à un individu de se construire, de savoir d'où il vient et dans quelle société il vit.
Là où il y a problème, c'est lorsque cette idée d'identité est présentée comme une finalité. On ne naît pas avec une identité, une culture pour mourrir avec cette identité ou culture.
Dire le contraire, reviendrait à dire que les peuples sont aliénés par leur identité, leur culture et qu'on ne peut pas sortir de cela. Hors depuis la nuit de temps, l'histoire l'a mis en évidence (contrairement à ce que laisse entendre Maldo), les identités et les cultures se sont enrichies les unes des autres.
LeChef dit:Tout cela me semble se positionner dans la lignée de l'"exeption culturelle française" cher à Chirac, sauf qu'on va encore plus loin vers le nationalisme.
Moi je préférerais, j'aimerai même qu'on associe clairement identité nationale et culture commune et que les politiques se posent en défenseur de ce qui, à mes yeux, fait que je suis fier de mon pays : LA DIVERSITE CULTURELLE.


Petite précision : "l'exception culturelle", expression malheureuse qui a été officiellement mise au rencart pour éviter la confusion que tu viens de faire, n'était pas destinée à dire que la culture francaise était au-dessus des autres, mais que les questions culturelles devaient être exclues du cadre des négociations de l'OMC, la culture n'étant pas une marchandise comme les autres. C'était cela "l'exception culturelle" : on faisait une exception pour la culture.
L'expression, incomprise, a été remplacée par celle de la défense de la diversité culturelle et à l'initiative du Chi, avec l'appui de nombreux pays, une convention a été négociée et signée à l'Unesco qui retire les questions culturelles des négociations commerciales et préserve le droit pour les États d'appuyer leur culture (subventions aux films, aux bouquins, etc.) ce qui est normalement interdit par l'OMC, grande broyeuse de politiques publiques.
El comandante dit: [quote="LeChef"Tout cela me semble se positionner dans la lignée de l'"exeption culturelle française" cher à Chirac, sauf qu'on va encore plus loin vers le nationalisme.
Moi je préférerais, j'aimerai même qu'on associe clairement identité nationale et culture commune et que les politiques se posent en défenseur de ce qui, à mes yeux, fait que je suis fier de mon pays : LA DIVERSITE CULTURELLE.

Petite précision : "l'exception culturelle", expression malheureuse qui a été officiellement mise au rencart pour éviter la confusion que tu viens de faire, n'était pas destinée à dire que la culture francaise était au-dessus des autres, mais que les questions culturelles devaient être exclues du cadre des négociations de l'OMC, la culture n'étant pas une marchandise comme les autres. C'était cela "l'exception culturelle" : on faisait une exception pour la culture.
L'expression, incomprise, a été remplacée par celle de la défense de la diversité culturelle et à l'initiative du Chi, avec l'appui de nombreux pays, une convention a été négociée et signée à l'Unesco qui retire les questions culturelles des négociations commerciales et préserve le droit pour les États d'appuyer leur culture (subventions aux films, aux bouquins, etc.) ce qui est normalement interdit par l'OMC, grande broyeuse de politiques publiques.
[/quote]


Autant pour moi alors :wink:
Je n'avais pas suivi cette histoire devant l'Unesco et je retire mes propos engageant Chirac.
Reste que j'ai souvent entendu le terme "exception culturelle" prononcé avec l'idée, non pas de supériorité, mais de quelque chose de très différent du reste du monde qu'il faut préserver.
xavo dit:Je ne comprends pas à quoi cela sert de se sentir français. Quelqu'un m'explique ?


J'aime beaucoup cette question !

Franchement, moi, je sais pas à quoi cela peut-il servir ?

Je suis français. Bon, et alors ! J'aurais pu naître ailleur et je serai d'une autre nationalité ! Parce qu'il y a des frontières, je dois me sentir français ?
Je pense que le sentiment de nationalité apparait quand on a l'impression d'être envahis par des ennemis ! Est-on envahis ?

Au fond, je me sens Terrien ! Locataire et de passage sur cette Terre.
Antoine Sfeir, directeur des Cahiers de l'Orient dit:
Le fait qu'un des grands-parents de Nicolas Sar­kozy soit étranger ne diminue en rien ses capacités à assumer les plus hautes fonctions de l'État.
Vous êtes né par hasard, Jean-Marie Le Pen, à La Trinité-sur-Mer ; vous êtes donc un Français de hasard. Vous n'avez pas choisi de l'être.

Néanmoins, les incongruités que vous énoncez sur l'identité nationale ont l'avantage de remettre en évidence l'importance, non pas d'être français - par hasard -, mais de choisir tous les jours de le devenir et de se sentir français.

Le fait que vous ayez fait la guerre pour garder l'Algérie « française » (sic) ne fait certainement pas de vous un « plus français que moi », qui ai choisi de l'être.

Embrasser la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen, adhérer à la République une et indivisible, se fondre dans l'esprit des Lumières, s'imprégner des philosophes, se laisser bercer par Lamartine, Flaubert, Mérimée, Hugo ou Aragon, choisir la séparation de l'Église et de l'État et, surtout, savoir dire « non » au fatalisme de la défaite comme en 1940 ou à celui de l'injustice, qu'elle soit pénale ou sociale, comme l'Affaire Dreyfus...

Assumer les pires moments de l'histoire de France et, sans esprit de repentance, reconnaître que cette histoire est une, y compris les heures noires de la terreur ou celles de Vichy...

Tout cela, Monsieur Le Pen, fait de nous qui n'avons pas de sang gaulois dans nos veines des Français à part entière ; par une démarche volontariste et réfléchie, sans renoncer à nos racines - ce qui ferait de nous des arbres morts - nous avons voulu et cherché l'intégration et non l'assimilation.

Nous ne sommes pas des Français de seconde zone, bien au contraire : portant notre propre histoire, celle de nos pays d'origine, nous nous ­sommes approprié celle de la France.

Elle est nôtre autant que la vôtre ; plus encore, sans doute, parce que nos parents et nos grands-parents ont eux aussi choisi de se battre aux côtés de la France libre, sans que rien ne les y oblige sinon « une certaine idée de la France ».

C'est cette idée, qui rend la France universelle non seulement par sa langue, qui est restée une langue de formation et de culture, mais aussi par sa présence dans le monde, ses universités et ses lycées tout autant que ses entreprises et ses industries, par les valeurs républicaines prises en exemples par tous les peuples du monde épris de liberté et d'égalité.

Mais cette France-là n'est pas la vôtre, une France qui se ferme et se renferme sur elle-même ; une France qui exclut et rejette son universalité, une France enfin qui a oublié sa mémoire et son identité.

Cette identité française, cette identité nationale devenue enjeu des débats de la campagne présidentielle ne vous appartient en aucun cas ; ni à vous ni à quiconque : elle s'incarne dans l'adhésion, au sein de la communauté nationale, de tout un chacun à ses valeurs d'universalité mais également de citoyenneté qui fait fi de notre appartenance régionale, identitaire ou communautaire ; du moment que nous sommes citoyens, responsables de la cité au même titre que les hommes politiques ou les hommes d'État.

L'État est l'émanation de la nation que nous sommes et que nous devons incarner.

Lorsque Ségolène Royal se rend au Liban et rencontre « tout le monde » elle n'a pas démérité et a porté haut la présence française ; lorsque François Bayrou rappelle que l'une des spécificités françaises est de mener en parallèle l'expansion économique et le développement social, il est dans la droite ligne de l'excellence française ; lorsque Nicolas Sarkozy martèle que le « vrai sujet de cette présidentielle, ce sont les valeurs », il contribue à rendre cette campagne plus intéressante et à élever le débat.

Emmanuel Levinas venu de sa Lituanie natale disait de son ami Blanchot qu'il « incarnait pour lui l'idée de l'excellence française ».

Qu'il serait bon de pouvoir dire la même phrase de tous ceux qui aspirent à la plus haute magistrature de l'État.


(sources)

J’ai du mal à vous suivre. J’ai l’impression que tout ca est possible sans e sentir francais.

xavo dit:J'ai du mal à vous suivre. J'ai l'impression que tout ca est possible sans e sentir francais.

Cette identité française, [...]s'incarne dans l'adhésion, au sein de la communauté nationale, de tout un chacun à ses valeurs d'universalité mais également de citoyenneté qui fait fi de notre appartenance régionale, identitaire ou communautaire ; du moment que nous sommes citoyens, responsables de la cité au même titre que les hommes politiques ou les hommes d'État.

L'État est l'émanation de la nation que nous sommes et que nous devons incarner.


Se sentir Français c'est se sentir citoyen de cet Etat .
xavo dit:J'ai du mal à vous suivre. J'ai l'impression que tout ca est possible sans e sentir francais.


Tu veux dire que le principal est avant tout de se sentir humain, indépendamment de toute nationalité ?
xavo dit:J'ai du mal à vous suivre. J'ai l'impression que tout ca est possible sans e sentir francais.


Je rejoint Bertrand. La question n'est pas de "se sentir français" qui au final, je suis d'accord avec toi, ne veut pas dire grand chose, mais "être citoyen de la France".

petite question pour le lettre de Guy Moquet.
Je n’ai pas bien compris, faut-il la lire à tous les eleves ou seulement les lycéens ?

Sinon je voulais faire une petite remarque sur la nomination de Kouchner. J’ai le sentiment qu’il vient de faire un choix pour mettre une point d’orgue a sa carriere, embrasser enfin un poste a grande responsabilite (que ne lui a jamais donné la gauche). Mais est-il a sa place ??? Ne serait-il pas mieux au codeveloppement (a la place de Brice Hortefeux :twisted: )?

Pour ma part, quitte a voir un socialiste, j’aurai mille fois préféféré un Hubert Vedrine qui fut, a mon sens un excellent ministe des afffaires etrangeres.