« chasse, c’est un loisir très marchandisé, plus une nécessité de subsistance »
loin de la défendre car je ne lui trouve que très peu d’utilité, elle reste et restera cependant encore utile si on veut préserver toutes les espèces et si par exemple on parvient à avoir des permacultistes à volo (bon on est pas pres d’y arriver malheureusement) pour la protection contre le saccage de leurs cultures. Après y a bcq de trop de chasseurs pour la réelle utilité qu’ils pourraient avoir ( utilité ponctuelle).
Nos ancêtres fourageurs, cueilleurs, n’étaient pas démunis sur l’aspect cognitif, surtout en ce qui concerne les sapiens.
Or entre -50k et -30k environ, l’arrivée des humains sur le continent australien a été un drame pour les espèces locales de gros mammifères et oiseaux, une vraie tuerie avec extinctions d’espèces à la clef.
( Cependant, en Afrique, d’autres gros mammifères ont bien résisté aux humains durant cette même période.)
Certes ils ne connaissaient pas encore l’agriculture. Néanmoins, ils vivaient dans un environnement riche en végétaux et auraient très bien pu survivre avec.
Qu’est ce qui les poussait donc à chasser ? L’absence de compassion pour la souffrance animale ?
Il semble, d’après les plus grands spécialistes de la question, qu’au contraîre, ils se préoccupaient d’un équilibre de la nature, en grande partie par leur culture animiste.
Tuer un animal pour se nourrir, et donc je ne parle pas de la chasse loisir, serait avant tout une question morale et un curseur posé sur l’acceptation de la souffrance animale.
Car tuer, c’est infliger une souffrance. On peut oeuvrer pour une mise à mort la moins douloureuse possible mais c’est un constat : pas de mort, pas de viande.
Si on va plus loin dans cette direction, on peut aussi remettre les conditions d’élevage en question : la vie du bétail est-elle une vie de souffrance ?
Et là, on pose une autre question morale: celle du bien être des animaux d’élevage.
Pour faire simple, en ce qui concerne l’élevage industriel, c’est une catastrophe. : Aussi bien pour les bêtes que pour les éleveurs d’ailleurs.
Les médias relaient souvent les avis qui tendent à dire qu’il y a trop d’humains. C’est possible. Mais se pose-t-on la question de savoir s’il y a trop d’animaux d’élevage ? En gros, est ce qu’on ne pousserait pas le consommateur à manger trop de viande, de très mauvaise qualité en plus ?
Après, il ne faut pas tout mélanger : arrêter de manger de la viande produite industriellement, des produits laitiers du même tonneau, c’est une réaction très compréhensible, ne serait ce que pour des raisons de santé, d’écologie.
Se tourner vers une alimentation de produits locaux, peu transformés, de produits fermiers, est une possibilité raisonnable, si on a les moyens de le faire parce que ce n’est pas le même prix.
Là aussi, si on change juste son alimentation carnée en alimentation végétale, il faut aussi se poser la question de la qualité des fruits et légumes. Et on s’aperçoit là encore que l’agriculture industrielle produit aussi du végétal de très mauvaise qualité.
Et donc, faire le choix d’une alimentation végétale saine, ça à un coût aussi.
Ce sont des questions difficiles, des choix de société qui vont aller vers une alimentation moins carnée, vers des produits de meilleure qualité mais cela aura une immense influence sur le marché de la consommation et donc sur les profits.
En ce qui concerne les végétaliens, ils ont au moins le mérite de tirer le signal d’alarme.
On peut penser ce que l’on veut de leur philosophie et on arrivera toujours à relever des contradictions dans leurs discours, surtout qu’ils sont devenus un marché pour les industriels en mal de croissance.
Mais peu importe en fait qu’on adhère plus ou moins à leurs convictions. Ils ont posé les bonnes questions et faits les bons constats.
Ils sont la réaction saine à l’excès de consommation. Après, en parlant de curseur, on peut réagir de façon pragmatique plus que philosophique.
Ce que je voudrais faire comprendre aux fondamentalistes végétaliens, c’est que parfois, leurs comportements sont contre productifs et entraînent le rejet de populations qui pourraient entendre un discours de raison.
Mais ils ne sont pas les seuls, beaucoup de soit disant écologistes font les mêmes erreurs.
Tu ne peux rien faire comprendre aux fondamentalistes, c’est l’essence même de ce genre de personne.
Beau discours, auquel je souscrit pleinement si je devais, enfin, donner mon avis.
“Mais peu importe en fait qu’on adhère plus ou moins à leurs convictions. Ils ont posé les bonnes questions et fait les bons constats.
Ils sont la réaction saine à l’excès de consommation. Après, en parlant de curseur, on peut réagir de façon pragmatique plus que philosophique.”
donc ils ont raison, enfin c’est ce que je comprends…
le “reste” (pour caricaturer…) de la population, les rejette et se foutent d’eux…mais ce sont eux (les végétaliens) les fondamentalistes ???
Pour paraphraser Nicky Larson
“Tu ne peux rien faire comprendre aux fondamentalistes, c’est l’essence même de ce genre de personne.”
Du coup c’est qui les fondamentalismes qui ne veulent pas ouvrir les yeux ?
“parfois, leurs comportements sont contre productifs et entraînent le rejet de populations qui pourraient entendre un discours de raison” (donc ils ne veulent pas l’entendre…)
tout est une question de point de vue…
C’est intéressant cette façon de juger et d’évaluer un discours qui dérange.
Un discours qui dérange est toujours excessif. Que cela soit celui des suffragettes demandant le droit de vote, des noirs demandant l’égalité des droits civiques, des ouvriers demandant un salaire descent et des congés payés, les colonisés demandant l’indépendance…
Tous ont été jugés excessifs, agressifs, pas dans le dialogue…
Mais s’ils l’avaient été, la société aurait elle évolué ? Si la raison, le dialogue respectueux et la morale (concept bien complexe) étaient le moteur de l’évolution sociale, ça se saurait…
Le discours des vegans, par rapport à celui des suffragettes, des militants noirs, des revendications sociales, c’est de la bisounourserie !
Les réactions sur ce discours de vegans sont intéressantes. Il serait pourtant simple de simplement ignorer ce discours si on n’y adhère pas. Après tout, ce que je mange ne regarde que moi. Je me fout de ce que peuvent bien penser les autres. Le discours des vegans je peux autant l’ignorer que celui des nutritionnistes qui me disent d’arrêter avec l’alcool et la junk food. Personne ne va agresser les gens qui disent de manger sain ou d’arrêter de fumer, de picoler et qui, sommes toutes, sont encore plus nombreux que les vegans.
Mais voilà, il dérange le discours des vegans. Et s’il dérange autant, c’est qu’il touche.
Quand on parle de véganisme, de souffrance et de philo, je pense qu’il faut faire un tour du côté de de la morale conséquentialiste et de son approche utilitariste. Ça répond pas mal à la question, en partant de prémices qu’il est difficile à rejeter et en suivant une logique assez simple.
jmguiche dit :C’est intéressant cette façon de juger et d’évaluer un discours qui dérange.
Un discours qui dérange est toujours excessif. Que cela soit celui des suffragettes demandant le droit de vote, des noirs demandant l’égalité des droits civiques, des ouvriers demandant un salaire descent et des congés payés, les colonisés demandant l’indépendance…
Tous ont été jugés excessifs, agressifs, pas dans le dialogue…
Mais s’ils l’avaient été, la société aurait elle évolué ? Si la raison, le dialogue respectueux et la morale (concept bien complexe) étaient le moteur de l’évolution sociale, ça se saurait…
Le discours des vegans, par rapport à celui des suffragettes, des militants noirs, des revendications sociales, c’est de la bisounourserie !
Les réactions sur ce discours de vegans sont intéressantes. Il serait pourtant simple de simplement ignorer ce discours si on n’y adhère pas. Après tout, ce que je mange ne regarde que moi. Je me fout de ce que peuvent bien penser les autres. Le discours des vegans je peux autant l’ignorer que celui des nutritionnistes qui me disent d’arrêter avec l’alcool et la junk food. Personne ne va agresser les gens qui disent de manger sain ou d’arrêter de fumer, de picoler et qui, sommes toutes, sont encore plus nombreux que les vegans.
Mais voilà, il dérange le discours des vegans. Et s’il dérange autant, c’est qu’il touche.
Quand on parle de véganisme, de souffrance et de philo, je pense qu’il faut faire un tour du côté de de la morale conséquentialiste et de son approche utilitariste. Ça répond pas mal à la question, en partant de prémices qu’il est difficile à rejeter et en suivant une logique assez simple.
J'adhère totalement.
Un vegan, malgré lui, quand bien même il essaierait de se tenir loin de toute forme de prosélytisme, renvoie son interlocuteur à sa conscience, et le culpabilise.
Ouaip.
Le week-end dernier, visite d’une personne pas du tout végé qui me dit avoir lu un livre qui l’a marquée, Le Cadavre exquis ou un truc du genre, décrivant une dystopie dans laquelle “tous” les animaux sont morts (moui bon, apparemment l’homme n’est plus un animal), du plus petit insecte au plus gros hippopotame et qui questionne sur ce qu’on fait subir aux animaux, puisqu’émerge alors l’idée de deux types d’humains, l’un qui vit sa vie et l’autre qui est élevé pour servir de bouffe. Perso le bouquin ne m’intéresse pas, mais c’est la conversation qui en a découlé qui était intéressante :
- C’était très intéressant, parce qu’à chaque fois que je me disais que c’était horrible, à un moment ou un autre je prenais conscience que l’on inflige pourtant cela aux animaux sans que cela ne me fasse sourciller.
- Hmmm…
- Si tu veux convaincre des gens de devenir vegans tu devrais leur conseiller ce livre.
- Hmmm… non non, merci.
- Remarque, t’as raison, si un végétarien me l’avait offert je l’aurais super mal pris.
La culpabilité, oui.
Pour la petite histoire, ce livre que la personne a trouvé toute seule et lu d’elle-même lui a fait prendre conscience un peu de certaines choses, mais de toute façon elle ne va pas devenir végéta*ienne pour autant, parce que quoi qu’il en soit, “le petit morceau d’agneau dans le couscous, ça me manque trop, même si les légumes sont excellents”. Voilà, une envie de combler ses papilles, rien de plus, rien de moins, peu importe le prix pour l’animal sacrifié à cette envie. Tout simplement.
Et pour en revenir au discours contre-productif vegan : je suis toujours étonnée du nombre de gens qui assurément deviendraient vegan s’il n’y avait pas ces vegans avec leur discours. Heureusement, grâce à leur discours uniformément si maladroit, les vegans sont là pour servir de garde-fous et empêcher le reste du monde de devenir vegan !
En tout cas, si vous sortez en période de chasse, n’oubliez de prendre un constat en cas d’accident.
Ce que je viens donc de lire conforte mon opinion à ce sujet : rien que le mot uniformément, je ne sais pas d’où il sort de ce que j’écris.
Il n’y a pas un discours unique, il n’y a pas un comportement unique. Sinon, on caricature.
Le peu que je puisse reprocher aux végétaliens et je précise même, aux fondamentalistes, c’est à dire ceux qui fondent leur comportement sur un dogme philosophique, c’est déjà de trop à entendre pour certains.
Comme s’il était impossible de se remettre en cause ? Mais qui détient la vérité ?
Alors, je ne suis pas d’accord, le végétalien ne renvoie pas chacun à sa conscience et à sa culpabilité, simplement car chacun mettant le curseur moral à des endroits différents, cette conscience est propre à chaque individu. C’est l’histoire morale du bien et du mal que chaque culture a développé souvent de manières différentes et que chacun interprète.
Ensuite, non, les gens ne vont pas devenir végétaliens suite à un beau discours. Chacun suit son cheminement. Je ne suis pas du tout certain que c’est cette voie extrême qu’il faut suivre.
Mais, par exemple, pour ma part, j’ai pris conscience de la nécessité de vivre avec moins de viande et si j’en mange, qu’elle provienne en dehors d’une industrie excessive, voire agressive.
Mais certaines réactions ici, alors que je tente de trouver une voie médiane, pragmatique, me renvoient à une image de grand méchant qui ne comprend rien. Après tout, c’est possible.
En conclusion, et j’avais un peu peur d’en arriver là, c’est que je commence à penser que le mouvement végétalien ne se rend pas compte de son enfermement doctrinaire.
Ce qui n’englobe pas tous ceux, qui avec une conviction non prosélyte, vivent leur philosophie comme ils l’entendent. Je pense aussi que bien des végétaliens le sont par des convictions propres et qu’ils sont a des kilomètres de toute polémique.
L’ennemi, ce n’est pas le carnivore, l’ennemi, c’est le système industriel qui fabrique ce que je n’ose plus appeler viande.
Voilà tout.
Gabriel Ombre dit :Ce que je viens donc de lire conforte mon opinion à ce sujet : rien que le mot uniformément, je ne sais pas d'où il sort de ce que j'écris.
...
le végétalien ...
de là, par exemple ?
…
Gabriel Ombre dit :Mais certaines réactions ici, alors que je tente de trouver une voie médiane, pragmatique, me renvoient à une image de grand méchant qui ne comprend rien.
Mais quelqu'un a dit ça, vraiment ?
Je veux dire: quelqu'un ici t'a accusé d'être un/une ennemi/méchant/ordure omnivore ? Quelqu'un a insinué que tu ne comprenais rien ?
En revanche, je vois des contributeurs qui expliquent qu'ils ne sont pas d'accord avec l'idée que les vegans devraient changer de discours. J'imagine que ce n'était pas ton but, mais c'est un argument (récurrent) assez violent à recevoir, pour moi assez proche du mansplaining que peuvent se prendre les féministes.
Je souscris d'ailleurs totalement aux propos de proute et de jmguiche, il n'a jamais été prouvé que les discours vegans aient un effet répulsif envers les populations omnivores. Au contraire, les campagnes choc de L214 et autres ont mis le débat du bien être animal en lumière à des heures de grande écoute et éveillé des consciences, sans parler des (timides) avancées législatives. À titre personnel, ce sont les images de l'abattoir d'Alès qui m'ont ouvert les yeux et mis face à mes responsabilités, sans elles je serais peut-être toujours omnivore. Et je suis loin d'être le seul dans ce cas.
Prout, c’est de la mauvaise foi
Pour le changement de discours, cela dépend de qui il émane : l’association L214 fait oeuvre plus qu’utile même si ses méthodes sont parfois bien à la limite de la légalité. Mais est ce qu’on peut franchement le leur reprocher ? C’est délicat et peut être que c’était nécessaire pour obtenir des preuves.
Mais je parle surtout de ceux, et j’en connais au moins dans mon entourage proche, qui vous culpabilisent ou tentent de le faire et de façon systématique. Je n’aime pas aller à l’affrontement et je préfère confronter pacifiquement mes opinions. Or, dans ces cas précis, la communication est plus que difficile. Comment alors s’associer, partager, dans des conditions où je suis considéré comme un moins que rien. D’où ma derive sur le grand méchant.
L214 ne m’a pas coupé l’appétit. Il m’a confirmé dans ma détestation des dérives industrielles. Mais le poulet fermier peut se retrouver dans mon assiette le dimanche. Je n’ai pas la moindre once de culpabilité en ce cas. Mon curseur moral est placé là : viande et poisson choisis, 3 ou 4 fois par semaine grand maximum. Je sais comment sont tués les animaux. Est ce cruel ? Pour moi, non mais je peux comprendre que ce le soit pour d’autres.
Je ne suis pas un modèle, je suis bien loin de la perfection mais cette façon de gérer mon alimentation me satisfait.
Donc, et j’en conclus là, je ne sais pas qui a raison. Mais j’ai tendance à me méfier de tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à une dérive sectaire. Je sais bien que des discours extrémistes auront l’effet inverse sur moi. Suis-je vraiment le seul ?
Je dis seulement ceci : méfiez-vous que ceux qui détiennent l’outil industriel ne viennent à manipuler les gens dans le but qu’ils se retournent contre vous. Ça se voit déjà en ce qui concerne les discours écologistes.
Mais bon, je ne vais pas poursuivre plus loin. On n’arrive pas à se comprendre. C’est dommage mais tant pis.
“Ce que je voudrais faire comprendre aux fondamentalistes végétaliens”
le rapprochement entre fondamentalisme et végétalien ne pouvait pas être bien pris…
dans le dernier message, tu exprimes davantage la séparation que tu fais entre les vegans et certains vegans fondamentalismes, ce qui est effectivement une position intéressante
cependant, il y a chez les anti vegan (ce qui s’en foutent des vegans…ils s’en foutent ) les mêmes fondamentalismes (même s’ils disent mais non, nous on est les gentils…) qui eux aussi s’enferment dans une doctrine/dérive sectaire
Sans cibler qui que ce soit, ce qui est quand même dommage c’est que ce fil parle beaucoup (et en rond) des vegans et non de veganisme. Ce qui est quand même le sujet initial.
Pourtant, le post de Gabriel Ombre pose par exemple la question du welfarisme qui n’est pas dénuée d’intérêt et qui est loin de faire consensus (même si j’ai mon avis - tranché - sur le sujet).
Gabriel Ombre dit :
L214 ne m'a pas coupé l'appétit. Il m'a confirmé dans ma détestation des dérives industrielles.
Mais le poulet fermier peut se retrouver dans mon assiette le dimanche. Je n'ai pas la moindre once de culpabilité en ce cas. Mon curseur moral est placé là : viande et poisson choisis, 3 ou 4 fois par semaine grand maximum. Je sais comment sont tués les animaux. Est ce cruel ? Pour moi, non mais je peux comprendre que ce le soit pour d'autres.
"Est ce cruel ? Pour moi, non mais je peux comprendre que ce le soit pour d'autres."
En tout cas, pour la poule, ça l'est.
"L214 ne m'a pas coupé l'appétit. Il m'a confirmé dans ma détestation des dérives industrielles. Mais le poulet fermier peut se retrouver dans mon assiette le dimanche. Je n'ai pas la moindre once de culpabilité en ce cas."
Je voudrais clarifier. Les dernières enquêtes de L214 montraient des images d'abattoirs, et jusqu'à preuve du contraire, les poules dites "poulets fermiers label rouge" (je parle de label rouge puisque ce label suppose le respect de la charte la plus welfariste qui soit pour un gallinacé) finissent elles aussi à l'abattoir.
Je ne cherche pas à polémiquer, je veux juste montrer que tu te coupes inconsciemment d'une partie de la réalité, celle qui veut que ton "poulet fermier" a finalement subi les mêmes atrocités terminales que les "poulets industriels".
Certes, elle aura vécu 80 jours au lieu de 40, et ne se sera pas écorché les pattes sur du béton ou sur des congénères morts, mais sur de l'herbe bien verte (pour la photo). Ca reste peu pour un animal qui peut vivre de 5 à 10 ans.
Et là on ne parle que de la fin de vie, mais les poulets label rouge peuvent aussi venir de couvoirs (avant d’arriver dans la ferme où ils sont élevés) et donc de poules dont en tant que consommateur on ignore les conditions de vie, idem pour les poulets bio (qui ne viennent pas forcément de couvoirs “bio”, ce qui n’est de toute façon pas forcément synonyme de “bien-être”).
Quant au welfarisme, qu’on soit abolitionniste ou non, je pense que c’est déjà quelque chose si les conditions de vie des animaux d’élevage (on parlera de la pêche ailleurs) s’améliorent en premier lieu et je ne suis pas sûre que l’acceptation de l’abolition de la consommation des animaux soit aussi “simple” que la prise de conscience qu’il faudrait vraiment une amélioration des conditions de vie et de mort des animaux d’élevage. Partant du fait que la plupart des consommateurs s’en désintéressent, sauf à payer un label de qualité pour le palais.
L214 a l’air d’avoir bien compris cela et agit pour du welfarisme tout en étant ouvertement abolitionniste.
Ce que je trouve interpellant dans le discours “modéré” et éventuellement pro-élevage extensif, c’est sa mise en œuvre. Bien entendu, des animaux élevés comme sur les images d’Épinal, ça demande des moyens financiers autres que dans la chaîne industrielle et ce n’est pas subventionné de la même façon. La viande industrielle est aujourd’hui à un prix abordable parce qu’elle est très subventionnée, et le jour où il n’y aurait plus que des élevages extensifs, il ne serait plus possible pour les grands groupes comme Bigard de “faire du fric” avec la viande (sur le dos des éleveurs qui se suicident de façon assez importante, me semble-t-il), et plus compliqué pour les organismes comme la FNSEA de peser sur les décisions politiques pour ce qui concernerait une viande qui ne serait plus produite en masse.
D’ailleurs je ne comprends pas, dans l’article rapporté par XavO, comment Jocelyne Porcher peut à la fois tiquer devant une baisse de la consommation de viande et défendre l’élevage extensif, puisque le second entraînerait forcément la première.
De plus, même si les gens mangent de moins en moins de “viande”, je pense qu’on ne parle que de viande rouge, qui est remplacée par la volaille et le poisson, qui sont aussi de la viande. Je me demande même si les lapins sont encore de la viande dans les enquêtes réalisées pour savoir ce genre de choses, mais ce n’est que très rarement (ou jamais ?) détaillé lorsque c’est abordé dans les articles ou vidéos.
A partir du moment où on consomme de la viande ou autres produits animaux, si on veut être un consommateur informé adepte du welfarisme, on peut s’attendre à devoir acheter uniquement des produits animaux locaux d’élevages qu’on aura visités soi-même en interrogeant l’éleveur sur la provenance et le devenir de ses animaux. Ira-t-on jusqu’à visiter le petit couvoir situé à l’autre bout de la France d’où viennent les poussins destinés à devenir des poulets de chair ? Ira-t-on jusqu’à visiter le laboratoire où les poulets sont abattus, plumés et vidés ? Ira-t-on jusqu’en Italie où le jeune bovin label rouge estampillé élevé en France part pour être gavé après son sevrage “parce que les Français n’aiment pas la viande de baby” ? Ira-t-on jusqu’à visiter l’abattoir qui tue les animaux élevés par notre petit éleveur préféré ? Ah ça se complique, hein, en dehors de visites scolaires ou de journalistes où tout est bien propre et en règle parce qu’on fait vitrine, c’est compliqué et quand les lanceurs d’alerte le font, on voit bien que ce n’est pas très propre.
Alors comment on fait, pour savoir ? A part s’introduire dans un abattoir on peut toujours discuter avec ceux qui y travaillent, mais ne sont-ils pas coupés de leur empathie pour pouvoir réaliser ce travail ? (Les vidéos tournées à la tuerie tendraient à montrer que cela ne leur fait pas du bien, pour une partie d’entre eux tout du moins, là aussi on peut se questionner : est-ce que je veux participer à ce mal-être chez un humain que je délègue pour qu’il tue à la chaîne ? Et philosophiquement et humainement, que penserais-je d’un humain qui ne ressent pas de mal-être à tuer quotidiennement à la chaîne, sur mon ordonnance qui plus est, puisqu’à la fin, c’est moi qui paye une partie (celle non subventionnée) du produit pour le consommer ?)
Finalement, si on veut être sûr que l’animal dont on consomme les produits est élevé et tué selon les principes qu’on peut avoir, comment fait-on, sauf à le faire soi-même ? Et à supposer que chacun ait un morceau de terrain suffisamment grand pour cela, comment se former pour élever ces animaux de façon “humaine” ? Et à les tuer de la façon la moins violente possible, soi-même ?
Et tout cela ne pose pas la question de la quantité de produits animaux que l’on va accepter de consommer ou plutôt de ne plus consommer, pour qu’un monde où l’élevage ressemble aux images d’Épinal welfaristes puisse être possible.
Non, vraiment, aucune des solutions proposées pour “améliorer” les conditions de vie de nos animaux d’élevage ne me semble compatible avec notre mode de vie actuel et donc pas réaliste tant qu’on ne changera pas nos certitudes de carnistes en tant que société (et par exemple, pour reprendre le vocabulaire utilisé plus haut, aucun humain n’est carnivore, fut-il un énorme consommateur de viande, ou eut-il les plus grandes canines d’entre nous).
Et une fois ces certitudes ébranlées, à savoir que la consommation de produits animaux et notamment de viande est Naturelle, Normale et Nécessaire, au nom de quoi consommera-t-on des produits animaux ? Au nom que chez les inuits ce n’est pas possible de faire autrement ? Ok, mais chez nous ? Au nom du plaisir personnel sur nos papilles gustatives. Acceptera-t-on alors encore, dans une société aux convictions carnistes ébranlées, alors qu’on aura prouvé que sans nos élevages de masse, les animaux pourraient bien mieux vivre, alors que nous saurons collectivement que la consommation animale n’est pas nécessaire dans nos contrées où les végétaux sont disponibles, que penserons-nous de ceux qui ouvertement décrèteront que leur plaisir (et uniquement leur plaisir) vaut de prendre des vies, fussent-elles animales ?
Aujourd’hui notre éducation et notre curseur moral sont en faveur du carnisme et les carnistes ne peuvent donc être moralement condamnables, même pas par moi à titre individuel, pour la bonne raison que je sais très bien que nous avons tous été éduqués dans cette norme carniste et qu’il faut vraiment des raisons spécifiques individuelles pour sortir de ce sentier battu.
Que les carnistes se rassurent, ce n’est pas eux que je juge, mais bien la doctrine dans laquelle nous sommes élevés et élevons nos enfants (oui, moi aussi j’ai au début de leur vie appris à mes enfants qu’il était correct de manger des produits animaux, j’étais encore carniste même si je sentais que ça me coinçait aux entournures).
Et oui, il y a de quoi rejeter ce discours vegan lorsqu’il met face à ces contradictions et aux évidences qui en découlent. Et on peut tout à fait ne pas être d’accord avec tout ça, et certainement que moult vegans auront une autre idée des choses que la mienne qui est certainement très critiquable sur nombre de points.
Mais malgré tout, j’invite à considérer les extrêmes actuels auxquels la consommation de produits animaux nous a conduits, notamment en termes de pêche océanique et de conditions d’élevages, parce que je trouve beaucoup moins extrêmes les conditions d’élevage de mes braves lentilles du Puy (même si j’aimerais que les paysans qui les produisent soient mieux considérés et mieux payés, mais ceci est une autre histoire).
Je n’aurais pas mieux dit !
J’adhère totalement aussi.
Mon poulet fermier vient de la ferme voisine, les oeufs aussi et même le lait. Ces produits ne sont pas étiquetés bio ou label rouge. Oui, je suis pas mal privilégié mais bon, ce serait dommage de ne pas en profiter.
Je ne suis pas dupe des étiquettes, bien entendu.
Je ne suis pas abolitionniste, vous l’aurez compris. Ma position n’est pas sans contradictions avec lesquelles je compose et j’essaye de les résoudre.
C’est pourquoi j’essaye de discuter, de comprendre les positions des autres intervenants.
Mais bon, parfois, vous faites des relations auxquelles je ne m’attendais pas : passer du poulet fermier à un poulet label rouge… Je n’avais pas envisagé. La traçabilité est quelque peu une belle histoire a dormir debout, j’en suis convaincu.
Govin, je ne sais pas si une poule trouve son destin cruel. Je ne vais pas faire d’amalgame. Pourtant, l’amalgame, c’est le propre de l’homme, non ?