Gabriel Ombre Ma position n'est pas sans contradictions avec lesquelles je compose et j'essaye de les résoudre.
Oh tu sais, c’est le cas de tout le monde sur ce fil, si on est un tant soit peu honnête avec soi même, quel que soit ces convictions… Nous appartenons à un système inertiel dont nous subissons en grande partie les décisions non démocratiques de groupes d’individus privés et dont il est difficile de s’extirper sans dommages et sans conséquences.
Au niveau de l’achat des végétaux, comment faites vous le tri ?
Il n’y a que très peu de traçabilité sur les amendements et engrais utilisés.
Pourtant, les engrais synthétiques (qui génèrent du CO2) et les engrais/amendements organiques dont l’origine est animale ne sont pas rares même en culture biologique.
Il y a en effet encore beaucoup de chemin à faire. Au delà de cette traçabilité, la culture végétale est probablement trop industrielle pour être durable mais passer à un modèle respectueux de l’environnement et productif ne semble pas si simple.
Pour les légumes achetés, tout comme les légumineuses et céréales, on fait comme on peut, c’est-à-dire que les légumes sont sans doute cultivés sur une terre amendée avec des produits animaux. D’ailleurs je suppose que même les produits actuellement estampillés vegan ont été cultivés pour la plupart sur une terre enrichie avec des produits animaux.
Sur notre potager, on fait autrement depuis près de dix ans, et ça marche quand même.
Il me semble que plusieurs fermes vegan ici et là dans le monde produisent leurs légumes autrement, elles aussi. J’imagine qu’elles étudient aussi comment se porte leur terre sur le long terme.
Comme tu dis, le chemin est long, et peut-être même que celui-ci ne sera jamais pris.
Mais j’aimerais savoir pourquoi tu dis que la culture végétale est trop industrielle pour être durable, pourquoi la culture spécialement végétale ?
Alors je ne pense pas que ce soit que la culture végétale mais je ne voulais pas relancer le débat sur la sur-industrialisation de l’élevage.
Je parle d’industrialisation de la culture végétale car on est sur des modes de production nécessitant généralement beaucoup d’engrais et souvent monoculture.
Certes, je suis ravi de voir des agriculteurs se démènent pour changer les choses et faire une agriculture plus respectueuse des sols et de la biodiversité, mais ce n’est que peu visible pour le consommateur (surtout les citadins comme moi). Du coup, je me demande comment je peux les encourager dans ma situation.
Agriculture ou horticulture, ça ne rime pas vraiment avec biodiversité en cette période.
Rien que le lobbying des semenciers, souvent eux mêmes producteurs d’engrais et de divers produits phyto sanitaires, est un obstacle sérieux au changement des pratiques et aussi des mentalités dans le milieu agricole.
Ca démarre dès les lycées agricoles et les divers organismes de formation des futurs agriculteurs. C’est un peu comme en économie : il y a une voie unique, celle des grands groupes industriels, relayée par leurs intermédiaires zélés et souvent intéressés, même chez les enseignants et les syndicats.
Alors effectivement, les choses bougent un peu car la demande en produits de qualité s’accroit dans des proportions suffisantes pour intéresser certains marchés. Mais, de fait, le créneau des produits dits bio est trop souvent récupéré par les mêmes officines qui vendaient leurs produits courants.
Tout n’est pas négatif. Il existe des centaines de projets, d’expériences et de réalisations un peu partout qui ont pour leitmotiv de s’occuper du social avant l’argent et de faire de la qualité avant de la productivité. J’ai lu pas mal d’articles à ce sujet dans la revue Alternatives Economiques, entre autres. Il y a la revue Terre Vivante qui n’est pas mal non plus.
Mais ces initiatives sont encore par trop marginales. Sans réel coup de pouce des Etats, difficile de faire mieux.
Les initiatives populaires, à l’échelle très locale, existent aussi : les très célèbres jardins ouvriers, qui ont failli disparaître et la nouvelle approche des jardins urbains partagés qui commencent à se mettre en place dans certaines villes américaines. Tiens, je vais faire un peu de pub pour le site blog.veritable-potager.fr pour les urbains motivés
En matière horticole, le Canada et en particulier le Québec a une avance certaine dans le changement des pratiques (voir Albert Mondor par exemple)
Pour les semences, je commande souvent chez Kokopelli, malgré le comportement quelque peu sulfureux de son principal dirigeant.
Pour les conseils et les livres, afin de me cultiver pour mieux cultiver mon potager, je m’adresse plutôt… eh bien à mes voisins qui sont dans le bio pur et dur depuis plus de cinquante ans et même avant qu’ils ne connaissent ce terme
C’est un sujet très complexe qui mêle économie, système, santé, social… Bref, ça va au delà de ce que je peux synthétiser
J’en conclus que oui, c’est vrai, on peut parfaitement bien vivre sans viande. Avec un peu d’attention, il n’existe pas de carences insurmontables chez les végétariens. Bon, on a surtout parlé de la vitamine B12 mais, par exemple, beaucoup de champignons en contiennent ainsi que pas mal d’algues. Je crois qu’on cherche surtout à dissuader : pour le calcium, c’est un peu moins évident de trouver un substituant : il y a le chou et le brocolis, par exemple mais faut en manger de bonnes portions
Bref, autant végétarien, je peux comprendre, autant végétalien intégral ça me semble une démarche d’ ascète. Mais je respecte.
Vous avez sans aucun doute remarqué que je n’aime guère utiliser le terme “vegan”. J’ai vraiment du mal avec les termes venus du monde anglo-saxon. Surtout quand ils sont repris en boucle par les médias avides de sensations qui ne savent jamais de quoi ils parlent.
Gabriel Ombre dit :Plein de propos sympathiques sur l'agriculture bio/pas bio, mais qui n'ont pas vraiment de rapport avec le véganisme, si ce n'est les intrants ajoutés en agriculture. Pour rappel : végétarien = qui ne mange pas de cadavres (même pas de poissons) végétalien : qui ne mange que des végétaux vegan : qui tend le plus possible à se passer du moindre produit animal, même dans ses vêtements, objets du quotidien, cosmétiques, etc. Le fait qu'il n'y ait pas d'équivalent français en dit long sur l'intérêt de ceux-ci pour la chose. Ou sur la mondialisation, au choix.
J'en conclus que oui, c'est vrai, on peut parfaitement bien vivre sans viande. Avec un peu d'attention, il n'existe pas de carences insurmontables chez les végétariens. Bon, on a surtout parlé de la vitamine B12 mais, par exemple, beaucoup de champignons en contiennent ainsi que pas mal d'algues. Je crois qu'on cherche surtout à dissuader : pour le calcium, c'est un peu moins évident de trouver un substituant : il y a le chou et le brocolis, par exemple mais faut en manger de bonnes portions ;)
Bref, autant végétarien, je peux comprendre, autant végétalien intégral ça me semble une démarche d' ascète. Mais je respecte.
Je ne me sens pas du tout ascète et suis plutôt du genre à accorder beaucoup d'importance au bon goût de ce que je mange. Et beaucoup de végétaliens que je croise sont passionnés par la bouffe, on est toujours heureux d'échanger nos petites recettes, tout comme les non-végés. Il est plutôt question d'un changement d'habitudes, rien de plus.
Concernant le calcium, je t'invite à te renseigner sur le lien entre la consommation de produits laitiers et l'ostéoporose, et le contenu de l'eau en calcium. Ainsi que sur le sevrage des mammifères non humains, même de ceux qui ont des gros os très lourds.
Concernant la consommation de produits laitiers, je t'invite à te renseigner sur leur production.
Je pense que sur le chemin qui m'a menée au végétalisme, j'ai su remettre mes certitudes en cause, découvrant plein de choses intéressantes sur ces sujets. A toi de voir si tu sauras questionner les tiennes.
Mais justement, si je m’invite ici, c’est que je n’ai aucune certitude.
Alors le rapport entre l’horticulture raisonnée et de proximité, je pensais qu’il était évident… Eh bien, à l’évidence, il ne l’est pas. Donc je vais un peu expliquer :
Puisque le végétalien intégral, pour répondre au mieux à ses exigences philosophiques, doit être très précautionneux avec les végétaux dont il se nourrit devrait à mon avis sérieusement se poser la question de la traçabilité. Et je pense que le retour aux sources des potagers de proximité est une aide pour leur permettre d’avoir un peu plus de sérénité a ce sujet.
D’où mon intervention.
Je n’ai vraiment pas envie de faire d’amalgame en ce qui concerne ta réponse et me faire a l’idée que tous ceux qui sont dans la même démarche ont justement les mêmes certitudes que les tiennes, surtout à propos de ceux qui ne partagent pas entièrement tes opinions.
Que peut-il alors rester comme partage ?
L’anti-spécisme est une idée philosophique remarquable, qui dépasse la simple morale pour revenir à l’essence du vivant. L’homo sapiens n’est effectivement pas un animal supérieur et je rejoins Derrida et Levi Strauss sur l’axiome qu’il n’y a pas de spécificité humaine prouvée. On a trop fait dire à Aristote ce qu’il n’a jamais dit à propos du rire.
Et simplement au quotidien, par la simple observation des relations dites sociales entre les individus, comme par exemple nos échanges, qu’avons nous à nous glorifier d’être supérieur ? Et je n’ai pas de jugement à formuler. C’est juste une constatation.
Alors, tu as tes certitudes et je veux bien te croire. Eh bien, que dire, à part : tant mieux ?
Il y a des êtres humains, femmes et hommes, qui tentent justement de vraiment nous sortir de cette animalité. Je crois que c’est peine perdue.
Vivement que tout ça se termine, ça devient irrespirable.
Je me demande quand même qui ne comprend pas l’autre… Peut-être les deux.
A titre informatif : végétalien intégral, c’est la traduction proposée à vegan. Ce n’est pas une invention de ma part et cela n’a aucunement d’à côté péjoratif.
Fondamentaliste, c’est dans le dictionnaire. Ça signifie : qui suit strictement sa voie, pour faire simple, qui se réfère aux textes d’origine par exemple.
Il n’y a rien d’insultant de dire à quelqu’un qu’il est végétalien intégral fondamentaliste.
Et je n’ai d’autre certitude a ce sujet que ce que j’ai pu lire à ce propos, y compris le livre que je considère comme étant un exemple de vulgarisation, celui d’Aymeric Caron.
Je n’ai pas la science infuse et je ne me prend pas pour un philosophe ni même un intellectuel plus ou moins engagé.
Mais j’essaye de respecter le sens des mots, sans tirer de son contexte quelque chose que j’interpreterais à ma façon.
Car ce serait alors se mettre dans une position défensive voire agressive.
Tu as raison de suivre la route que tu as librement choisie. Mais moi aussi je pense.
“Le fondamentalisme se manifeste par un engagement envers des doctrines radicales et peu nuancées, généralement religieuses, mais aussi séculières ou même anti-religieuses. Ce mot peut faire référence à la politique.
Le fondamentalisme se caractérise par un radicalisme de l’argumentation et une hostilité à l’égard de l’opinion contraire. Il y a une hétéronomie manifestée dans les croyances qui sont indiscutables ou le recours à des arguments d’autorité.”
Dire cela à un interlocuteur, ne permet pas, selon moi, d’engager une discussion…(comme bien pensant…)
1. Courant théologique, d’origine protestante, développé aux États-Unis pendant la Première Guerre mondiale, et qui admet seulement le sens littéral des Écritures. (Il s’oppose à toute interprétation historique et scientifique et s’en tient au fixisme.) 2. Tendance de certains adeptes d’une religion quelconque à revenir à ce qu’ils considèrent comme fondamental, originel.
Partons de la définition que tu as écrite, les deux sens parlent d’une religion…
soit tu rapproches le végétalisme d’une religion… soit je ne comprends pas l’emploi de ce mot qui au vu de ta définition, est inapproprié d’après le Larousse
Oui, je pense que le végétalisme est une forme de religion. Le fondamentalisme existe avec ou sans Dieu. (Je ne sais plus qui a écrit cela…).
Et alors ? Ce n’est pas une critique ni un manque de respect.
Je respecte les croyants. Je ne me considère pas comme supérieur. Après tout, ils ont peut-être raison.
De plus, la définition parle d’une religion quelconque… Après, fait aussi faire l’effort d’aller vérifier la définition de religion et de comprendre le mot quelconque.
Moscovici (pas Pierre, le politique, mais Serge, un chercheur français) a pas mal travaillé sur les phénomènes minoritaires et montre qu’une forme de “rigidité” est nécessaire aux minorités pour convaincre et survivre face à la majorité qui détient la norme. Bon, je dis tout ça, mais j’ai appris ça il y a … presque 30 ans. Cela a surement évolué et ma mémoire me trahi peut-être. Enfin, cela peut vous donner un terrain scientifique commun pour échanger.
tu rapproches le végétalisme d’une religion, certains peuvent ne pas être d’accord avec cela, voire le prendre mal… (en plus le fondamentaliste dans une religion n’est peut-être pas toujours le plus tolérant et ouvert d’esprit…)
Tu ne comprends pas leurs réactions mais tu insistes…
Tu respectes certainement leur point de vue.
mais du coup, celui qui mange de la viande (le non végétalien…) il suit aussi des formes de doctrine/dogme/idéologie/précepte… c’est donc aussi comme une religion …?
XavO dit :En psychologie sociale, on parle de minorités.
Moscovici (pas Pierre, le politique, mais Serge, un chercheur français) a pas mal travaillé sur les phénomènes minoritaires et montre qu'une forme de "rigidité" est nécessaire aux minorités pour convaincre et survivre face à la majorité qui détient la norme. Bon, je dis tout ça, mais j'ai appris ça il y a ... presque 30 ans. Cela a surement évolué et ma mémoire me trahi peut-être. Enfin, cela peut vous donner un terrain scientifique commun pour échanger.
Allez j'ai même recherché une référence : https://psychologie-sociale.com/index.php/fr/theories/influence/7-de-l-influence-minoritaire-a-l-innovation
Bisous à toutes et tous
Tout le paradoxe, c'est qu'il faut de la flexibilité dans la minorité consistante pour que cela fonctionne bien !
Etant donné que je ne suis pas sensible, peut être, à la même forme d'humour que certains, la caricature de Mme Veggie insolente est elle à prendre au premier degrés ?