loïc dit :Lymon Flowers dit :Albumine Tagada dit :Bon bah voilà, tu exprimes bien plus clairement que moi ce double standard que je ne m'explique décidément pas. Ou alors seulement par rejet "épidermique" de toute sorte d'idéalisme.
J'ai longuement réfléchi à ce sujet, pour avoir plus d'une fois subi une franche hostilité à table dans mon milieu pro (il suffit bien souvent de demander à retirer le poulet d'une salade pour devoir passer la moitié d'un repas à justifier ses choix et à subir des remarques désobligeantes et aggressives).
J'en suis venu à la conclusion que nous sommes tous plus ou moins naturellement sensibles à la souffrance animale mais que le mode de vie omnivore rend la souffrance des animaux comestibles socialement acceptable, voir naturelle. Pour certains, se retrouver face à un végéta*ien fait ressortir cette contradiction de manière douloureuse et la sensation de se sentir jugé se transforme en agressivité envers le messager gâcheur de plaisir. En tout cas c'est ce que je retiens de mon expérience.
Perso, j'ai pas mal de problèmes d'intolérance, j'ai jamais demandé à retirer quoi que ce soit. Eventuellement, je demande si tel ou tel plat existe sans. Mais si y'a pas, je fais avec. Mes amis connaissent mes problèmes, mais ils n'y pensent pas toujours et parfois, ils me cuisinent un plat qui n'est pas pour moi. Je fais avec. Un végé va toujours demander à changer le plat. Pas pour des raisons médicales, mais pour des raisons idéologiques. Ne pas comprendre pourquoi ça dérange ou essayer de faire croire que ça renvoie les gens à leur incapacité à accepter le fait de manger des animaux morts, c'est juste délirant. C'est ne pas voir à quel point vous mettez systématiquement en avant votre idéologie dès que vous mangez. Il suffit de manger une fois avec un végé pour savoir qu'il est végé. C'est ultra bizarre. Pourquoi ? On s'en fout en fait. Tu fais ce que tu veux. Juste, t'as pas besoin de le crier sur tous les toits.
À te lire, je comprends en effet beaucoup mieux : dans ton cas, ce n'est effectivement pas une question de mauvaise conscience de la part des "allergiques" aux vegans/végés comme tu sembles l'être qui est en jeu, mais tout simplement le rejet de l'idéalisme et de la conviction dans ses idéaux.
Il faudrait donc, dans ton monde, suivre ses idéaux, mais sans faire trop de vague pour ne pas déranger autrui, c'est ça ? Sans quoi on est "prosélyte" et on "le crie sur tous les toits"... C'est juste dingue de cynisme et de conformisme, ton truc. Avec cette logique, tout le monde devrait bien la boucler sur ses choix de vie, ses indignations, ses orientations politiques, religieuses, sexuelles ou que sais-je encore pour ne pas bousculer, même à une échelle infime et intime, une forme d'ordre établi. On se tait, on mange sa soupe (au poulet) et on rentre dans le rang - le reste, tu le fais chez toi et en silence. Génial !
Sauf qu'on n'avance à rien comme ça. C'est de l'immobilisme pur. Et que c'est bien grâce à ceux, de plus en plus nombreux, qui demandaient des modifications de leurs plats (posément, sans se rouler par terre en s'arrachant les cheveux, contrairement à ceux que tu sembles avoir côtoyé) dans les restos que les cartes ont, peu à peu, évolué pour proposer des plats végétariens. Et donc que de plus en plus d'établissement ont commandé peut-être un chouïa - oh, si peu - moins de viande, et que ça a créé, à terme, des filières et une économie végétariennes. Et que le végétarisme a fini par entrer dans la culture et les mœurs. Et maintenant, flûte alors !, beaucoup de végétariens ne se plaignent plus. Du coup, tu reportes tes griefs sur les vegans.
Ta logique se comprend, mais elle est parfaitement contraire à la moindre avancée sociale. C'est la définition même du conservatisme.