Je suis d’accord : Earth est un jeu qui gagne à être joué… beaucoup, et surtout sur BGA. Autant je suis passé à côté de ma première partie IRL, et je ne suis pas certain d’aimer tellement y jouer autour d’une table, autant c’est un excellent jeu sur plateforme, où le fait que l’ordi gère coûts/enchaînement des actions/scoring allège un jeu quand même très lourd en termes de maintenance et d’infos visuelles, et infernal en termes d’erreurs/oublis potentiels. Quant à l’interaction, oui il y en a un peu (sur les objos communs, notamment), mais prétendre qu’on peut monitorer ce qui se passe chez les voisins, là, je vois pas. A moins de faire des parties de 3 heures où tout le monde se lève à chaque tour pour aller mater dans le détail les tableaux des autres… Pour moi, malgré ses qualités (parties pas si longues, combos et optimisation dans tous les sens, variété des contraintes et des stratégies, etc.), c’est le gros point noir du jeu (en dur, en tout cas) : la lourdeur de son flow et l’impossibilité de vraiment surveiller les adversaires (trop de paramètres, trop de cartes, trop d’effets).
Pour la note sur Spielbox, le 6 est une note moyenne (celles des OK games dans mon imaginaire) et le 5 c’est franchement plus que moyen. Un 8 de moyenne dans le magazine est un fait presque unique annuellement.
De ma lecture de l’article, j’avais surtout l’impression que de nombreux petits détails d’édition venaient aussi plomber le plaisir de jeu, qui souffrait déjà d’un ratio effort/gratification assez faible : il faut faire beaucoup d’efforts de concentration pour gagner 2/3 points ici et là dans ce qui reste une salade de points. Le thème ne vient pas, d’après l’article, améliorer ce ratio.
Je n’ai pas joué à Earth et c’est ce qui en est ressorti de l’article pour moi.
Sysyphus - Pommard dit :Pour la note sur Spielbox, le 6 est une note moyenne (celles des OK games dans mon imaginaire) et le 5 c'est franchement plus que moyen. Un 8 de moyenne dans le magazine est un fait presque unique annuellement.
De ma lecture de l'article, j'avais surtout l'impression que de nombreux petits détails d'édition venaient aussi plomber le plaisir de jeu, qui souffrait déjà d'un ratio effort/gratification assez faible : il faut faire beaucoup d'efforts de concentration pour gagner 2/3 points ici et là dans ce qui reste une salade de points. Le thème ne vient pas, d'après l'article, améliorer ce ratio.
Je n'ai pas joué à Earth et c'est qui en est ressorti de l'article pour moi.
Oui, c'est pour cela qu'une bonne goodification de niveau 4 s'imposait
Bon, j’ai rejoué à EARTH ce week-end, ma 5ème partie, et ce sera probablement la dernière.
Comme le détaille l’auteur dans son gigantesque "Designer’s Diary", le jeu est entièrement conçu pour qu’on n’aie pas le temps de s’emmerder une seconde, avec le fait de jouer pendant le tour des autres en suivant les actions.
Et ça fonctionne bien : on est tout le temps actif, pas une minute à perdre. Avec les cascades d’action de couleurs qui deviennent de plus en plus importantes au fil de la partie, il faut avoir les yeux partout.
Mais pour quoi au juste ? Dans Earth, je n’ai jamais l’impression d’enjeux gigantesques, mais la sensation de faire sans arrêt des petits boui-bouis…
Et vas-y que j’échange un cube contre 3 sols, que je dégage un sol pour gagner 2 pousses, que je vire une pousse pour composter 3 cartes, que je sorte une carte de mon compost pour gagner 2 cubes…
Je vois bien qu’il y a possibilité de mettre en place un moteur qui ronronne de plus en plus. Le jeu permet un “tamisage” de cartes important (–> piocher puis défausser… bref, brasser des cartes pour trouver les bonnes). Donc je sens bien qu’on peut se lancer dans une partie où on va maxxer les pousses ou faire un énorme compost… On ajoute à ça des objectifs qui nous verront faire des alignements de champignons ou tenter un max de cartes rouges… y’a matière à optimiser bien fort.
Mais sur moi ça ne prends pas, je m’y ennuie profondément.
Et pourtant, les jeux de cartes à combo, c’est un peu mon dada. J’aime beaucoup préparer mon empire dans It’s A Wonderful World, faire perdurer mon royaume dans le très fin Paper Tales ou développer mon zoo dans Ark Nova.
Je crois que la différence entre Earth et ceux que je cite, c’est que ces derniers permettent plus de se spécialiser, de partir dans une voie précise ; et on sent une monté en puissance au fil de la partie que je ne ressent pas du tout dans Earth.
Enfin, un mot sur la direction artistique : de prime abord, elle m’avait vraiment bien accroché. Les paysages nature, la faune, la flore, c’est tout ce que j’aime. Mais après quelques parties, je dois admettre que je trouve ça un peu foutraque et bordélique.
Comme Ark Nova, vous me direz. Mais dans ce dernier, on a une espèce de traitement des photos façon brochure visant à les uniformiser un peu, qu’on a pas dans Earth. Et dans Ark Nova au final, c’est secondaire : on les voit vite-fait sur la rivière centrale où ça défile sans cesse et ensuite chez soi on finit vite par les empiler pour ne laisser que les icones visibles, là où dans Earth on a toute la partie le nez sur cette mosaïque disparate.
J’ai voulu y croire, j’étais à fond, c’est pas pour rien que mon pseudo figure dans la liste des enthousiastes des première 24h du financement participatif dans le couvercle de la boîte. Mais nos chemins se séparent ici et c’est sans regrets qu’il part à la vente.
En jeu nature à moteur, je me relancerais avec plaisir un Biotopes ou un Forêt Mixte, selon que je sois plus d’humeur kubenboi pointu ou cobottage pépère en 1h. Me concernant, Forêt Mixte a un peu été le Earth que j’attendais.
Aimer ou pas un jeu, c’est comme tout, c’est subjectif. Perso, c’est It’s A Wonderful World qui me laisse totalement de marbre, par exemple. Je trouve que c’est une mécanique froide, sans la moindre once de thème. Et je lui fais à peu près le même reproche que toi à Earth : c’est de la gestion de ressources sans âme.
Je suis d’accord que Earth a de gros défauts (interaction quasi nulle, une maintenance permanente (qui est source d’erreurs), un gros foisonnement plus la partie avance, bcp trop de cartes dans la main par moments, quasi impossible de monitorer ce qui se passe chez les autres, etc.). Mais par contre, je lui trouve de nombreux atouts (et il donne tout son potentiel et gagne en fluidité en dématérialisé) : parties relativement courtes (et rusher la pose est une strat qui peut payer), richesse des combos et des axes/contraintes de développement et des choix à faire, mécanismes plutôt thématiques dans l’ensemble (même si ça reste assez abstrait et technique, évidemment), etc. Mais comme tu dis : ça prend ou pas, tu as envie de creuser le jeu ou pas.
Pour ce qui est de la DA, avec AN, IAWW ou Earth, on est quand même sur des jeux techniques où la priorité est l’ergonomie visuelle. Aucun n’est aussi travaillé artistiquement qu’un Paper Tales (qui présente aussi l’avantage d’une plus grande épure mécanique). Je ne connais pas Forêt Mixte (qu’on présente en effet comme un Earth light), mais Biotopes (très réussi esthétiquement) n’est pas pour moi dans la même catégorie que les jeux précédents. Il est extrêmement thématique et interactif pour le coup, et beaucoup plus exigeant en termes de stratégie et de planification. A côté, même Ark Nova reste très opportuniste à mon sens.
En tout cas, pour résumer, c’est marrant à quel point des jeux relativement proches à bien des points de vue peuvent avoir des impacts assez différents sur les joueurs, y compris sur un même individu. Parfois c’est un aspect parmi d’autres (la thématique, la DA, une méca bien spécifique ou une recette plutôt qu’une autre) qui fait basculer vers “j’adore”, “je déteste” ou “ça m’ennuie”.
Un peu le même avis sur Earth : tout ça pour ça …
Par contre j’ai trouvé Forêt Mixte plan-plan !
Je suis en train de découvrir Forêt Mixte sur BGA, et en effet, c’est un Earth plus épuré. Assez foisonnant aussi en termes de cartes piochées et d’infos à considérer, mais c’est assez chouette : choix et sacrifices permanents, belle usine à combos et j’aime beaucoup le principe des demi-cartes à glisser sur un des 4 côtés. Un peu les mêmes reproches qu’à Earth, cela dit : très opportuniste quand les cartes sortent bien et ça part quand même un peu dans tous les sens (un peu paralysant au début quand on ne connaît pas les cartes). Mais bonne impression pour l’instant en cours de première partie…
complètement d’accord. J’ajouterais juste qu’au niveau thème je trouve Ark Nova un peu plus crédible par rapport aux cartes : la constriction des serpents qui bloquent la force des actions, les herbivores qui s’organisent par troupeau ou le kangourou qui met une carte dans sa poche . C’est assez tenu, ça ne raconte pas concrètement la vie de ces animaux dans le zoo, mais ça donne un minimum d’identité à chaque carte et de consistance à l’ensemble. A Earth pas de souvenir de particularité des plantes (il y aurait pourtant tant à faire ! ) .
Forêt mixte ne m’a pas plus convaincu. C’est du pur jeu de scoring, il n’y a aucune notion de développement ( ou quasi) qui est le plaisir que j’attends dans un jeu. On doit juste poser la carte qui comboté avec les autres optimise le score (ou l’espérance de score). Un peu comme Cascadia et d’autres du genre.
Pas rejoué à Earth pour voir si ça me ferait changer d’avis, très très curieux de savoir si l’As d’or va se positionner dessus
Je vois beaucoup de monde comparer Forêt Mixte et Earth, mais en fait, le jeu auquel Forêt Mixte m’a fait penser presque instantanément en terme de sensation, c’est Fantasy Realms.
Alors certes c’est assez différent mécaniquement, mais pour moi on est dans le même type de jeu. Les combos de cartes portent uniquement sur le scoring, on ne construit pas de moteur. On pose des cartes dans son tableau au lieu de les garder en main, mais il y a quand même ce dilemme de quelle carte je joue / quelle carte je jette, sachant que les cartes jetées vont être rendues disponibles aux autres.
Dans Fantasy Realms c’est encore plus tendu et ramassé parce qu’on a juste 7 emplacements de main, et à Forêt Mixte on a 4 emplacements autour de chaque arbre, mais c’est la même sensation de se construire un tableau de cartes qui va bien et qui maximise le score comptabilisé à la fin.
Bref, je trouve ça rigolo Forêt Mixte, mais peut-être un peu longuet pour ce que c’est.
Ah mais oui, maintenant que tu le dis, c’est assez vrai.
Pour un flirt avec Earth
Earth ça a d’abord été une couv’ qui m’a rebutée
Une photo ça nous sort de notre zone habituelle. Et puis ce HDR sur pose longue doublé d’une saturation des couleurs ça pique les yeux. C’est artistique, on se l’accorde, et l’hypnotique Kirkjufell c’est aussi cela…
D’ailleurs, Inside Up Games doit aimer l’Islande car la photo sur la page 1 du livret de règle est le superbe miroir d’eau de Vestrahorn depuis la plage de Stokksness.
Bref, je m’égare.
Et puis je ne sais plus comment, une lecture des règles, une vidéo-présentation du jeu ou une vidéo-partie m’a fait m’y intéresser au point de finir en instant-buy. En grande fan de Wingspan, la zone de confort et le plaisir des mécanismes similaires m’ont charmée : des objectifs communs et personnels, des cartes, des tours simples en activation d’une action parmi peu… vous voyez quoi… avec le petit plus de ne pas devoir attendre entre deux tours car, à chaque action d’un joueur, nous bénéficions aussi d’une action minorée.
Première partie et y’a de l’info partout !
Sur les cartes, sur mon plateau, sur mon île en construction, sur le plateau central, sur les actions… ça bouillonne. Une véritable nébuleuse qui ne me fait pas peur. Au contraire j’ai envie de tout tester, de tout découvrir. Le jeu est si riche ! Pour certains joueurs de mon entourage peut-être trop. La mécanique est taillée pour les amateurs de combos et d’optimisation, j’en suis de la seconde catégorie.
Les parties s’enchaînent, en duo, en multi. J’aime au point de tester le solo et d’y trouver un intérêt ; car, contrairement au multi, le nombre de tours maximum de la partie est guidé par les cartes de l’IA. Avec lesquelles on finit par jouer et planifier nos actions en réfléchissant à ce qui va possiblement tomber.
Le chacun dans son coin ne m’a jamais dérangé, tant que des interactions se font autour de la table entre les joueurs. C’est là que le premier hic est apparu. Tout le monde a le nez fourré dans ses cartes, sur son plateau et son île à trier, à classer, à réfléchir, à programmer. On joue tout le temps alors on se préoccupe de son île sans se soucier de son voisin, ni s’intéresser à ce qu’il fait (d’ailleurs il est très difficile de suivre l’avancée des autres joueurs pour les objectifs communs). Pas de downtime donc pas de moment de rêverie, de découverte, de « tiens ! regarde le drôle de champignon sanguinolant… ».
Pour autant, j’ai continué d’aimer le jeu et de le sortir dès que possible. Des habitudes de jeu se sont installées. J’avais mes petites optimisations préférées : des plantes avec beaucoup de pousses (coucou Wingspan), les chemins continus avec tel symbole-type de plantes, les colonnes de mousses, les lignes de champignons… Côté combos j’étais un peu moins performante et ce n’est pas vraiment mon dada. Pourtant à force de parties mon constat est que les grands-combotteurs s’en sortent haut la main. Le jeu ne me force pas à changer mes habitudes et ça c’est étonnant. Si je prends Wingspan, dont l’auteur dit s’en être notamment inspiré, mes parties ne se ressemblent presque jamais : aucun automatisme si marqués ! Et le jeu – peut-être parce qu’il me propose de moins ventiler de cartes – m’oblige régulièrement à essayer de nouvelles choses. Mais ce confort me va encore à ce moment.
Quand la goutte du trop fait déborder le vase.
Je suis tranquillement arrivée à une vingtaine de parties avant que le jeu sorte un peu moins. Une pause de peut-être deux mois et puis une partie en multi qui a fini par révéler négativement ce qui au départ ne me gênait pas. Trop d’infos. Trop peu de temps morts. Trop chacun dans son coin. Trop de cartes, de cubes, d’arbres. Trop extensif mais aussi et étonnamment trop punitif.
Peut-être que si j’avais été moins gourmande de parties, j’aurais moins mis les doigts dans la crème à m’en écœurer le palais. J’ai donc admis qu’y jouer 1 ou 2 fois l’an était finalement ce qui m’allait le mieux, trop peu pour rester sur mes étagères. Malgré tout Earth reste un joli flirt, une amourette ludique qui laisse un joli souvenir des parties jouées sur la période estivale mais qui à bien y réfléchir, et d’autres l’ont mieux senti que moi, ça n’aurait pas fonctionner dans le temps.
Pour boucler la boucle j’en reviens à la photo de la couverture elle convient bien au jeu, crémée, fardée, chargée. Et est donc loin de la réalité, l’authenticité et l’épure qui me donnent plaisir à jouer (et photographier).
Superbe retour, merci. Ça mériterait d’en faire un article !
Moi, ce que tu dis me Earth …
Bonjour.
Suis encore et toujours mitigé sur ce jeu.
Sais pas quoi en penser.
Je ne vais pas le proposer d emblée.
Mais mes camarades de jeu apprecient et me le réclament.
Alors je joue et à la fin de la partie je me dis que j ai passé un bon moment finalement.
Étonnant cette impression.
Donc je ne le garde que pour rendre service.
Bonnes parties.
Ouais on va s’en occuper. Je suis un peu occupé cette semaine. Mais il y aura plein d’Antoinette en Une la semaine prochaine !
Ah top! Faut bien avouer qu’elle a quand même un certain talent !