Dans l’ouvrage - La Trahison des clercs, 1927, Benda observe que des forces comme l’antisémitisme, le capitalisme et l’autoritarisme — qui pouvaient exister séparément — sont en train de se fédérer autour d’un même idéal : “le nationalisme”. 1927, bientôt 100 ans plus tard.
Il dénonce le fait que ces idéologies, qui devraient logiquement être indépendantes ou même antagonistes, “s’unissent et se renforcent mutuellement” dans un même discours : celui de l’État fort, de l’identité nationale exacerbée, de l’exclusion de l’« étranger » ou du « différent », et de la soumission à une autorité centrale. Leurs intérêts convergent, et cela leur donne une puissance politique redoutable.
Ce qui rend cette analyse si troublante aujourd’hui, c’est qu’elle s’applique presque “mot pour mot” à des dynamiques politiques contemporaines :
- La montée des nationalismes en Europe, aux États-Unis, ou ailleurs. (Retailleau deux fois ministre)
2.Le retour d’un autoritarisme populiste, souvent soutenu par des élites économiques. (Trump/Musk/Zuk)
3.L’usage de l’identité nationale ou religieuse pour justifier l’exclusion, la méfiance envers les minorités, voire des formes de racisme. (Politiques migratoires Mélonie/Le Pen)
Et surtout, la diffusion de ces idéologies dans les classes moyennes ou populaires, via les réseaux sociaux, les médias ou des discours politiques.
Pour être plus précise, si tu veux on devrait parler de :
Dérive autoritaire structurelle : les institutions donnent énormément de pouvoir à l’exécutif (héritage gaullien), surtout quand le président et le gouvernement contrôlent l’Assemblée.
Mépris démocratique latent : quand un gouvernement refuse d’écouter les oppositions, les syndicats, la rue, ou même l’avis majoritaire de la population (comme pour la réforme des retraites), il délégitime le processus démocratique, même si formellement il le respecte.
Érosion de la souveraineté populaire : la démocratie ne se limite pas à l’élection présidentielle tous les cinq ans. Elle repose aussi sur la délibération, l’écoute, et la capacité à représenter le peuple au quotidien.
Donc pour moi, on peut parler d’un “autoritarisme soft”, ou autoritarisme constitutionnalisé, propre à la Ve République, qui devient particulièrement visible dans des contextes de forte tension sociale. Il y a, une forme d’autoritarisme à la française, structurellement permise par la Constitution, et politiquement renforcée par des pratiques de gouvernement qui contournent les contre-pouvoirs.
Elle ne s’habille pas des bottes de la censure, mais elle agit en épuisant les espaces démocratiques : Parlement, dialogue social, syndicat, médias, rue…