Akropolis
Akropolis s’annonçait comme l’étendard du jeu à l’ancienne, au parfum allemand, construit sur les ruines de ses prédécesseurs, avec des hexagones à faire pâlir le bulgomme de mon enfance.
Écraser l’adversaire à coup de tuile pour le faire suffoquer sous le poids des piliers du Parthénon. Tulavu mon pilier ? 3 pages de règles, jouable en famille, tout y était.
Hellas ! Le coup de la prise de tuile insipide, on nous l’avait fait pas Plutarque l’an dernier avec Cascadia.
Avec un chat en couverture, on nous ressortait un spin-off de Calico en 3D : des chats et lits, couture.
Akropolis m’a laissé de marbre, on est encore loin de l’Erechteion ludique. Spartiate en fun, Hellespont pour qui ?
Unstable Unicorns
Un petit weekend en famille tranquille. Le repos de début de printemps à la montagne pour profiter de notre semaine de vacances. Je ne vois rien venir.
Et pourtant, j’aurais dû commencer à être sur mes gardes.
On arrive à la station de ski pour que Mrs aille se divertir en soirée sur les pentes enneigées. Moi j’ai laissé tombé depuis que je suis resté perpendiculaire à la pente pendant 30 minutes. On m’avait vendu une piste bleue :
“What? Non les pistes red n’existent pas ici.”
Tant pis, je me vais me la jouer ski de vitesse, Forza Eric Barone. Traumatisé et tétanisé par ma descente… Plus jamais de ski avec Mrs!
Je me retrouve, à ma grande joie, de corvée de surveillance des chiards. C’est parti pour 2 heures de descente de pentes en bouées.
Sorti de voiture, tu le sens bien le -5, le soleil tombe, la neige aussi, on ne voit plus rien. Vivement le chocolat chaud et la raclette.
“What?! T’as oublié ton manteau à la maison ?”
Putain me voilà en pull pour la soirée parce que ma belle-fille, qui avait prévu de dévaler les pistes avec sa mère, n’a pas été foutue de faire son sac correctement. Déjà qu’on s’était tapé Super Mario le film l’après-midi. Et pourtant je ne vois toujours rien venir.
Allez c’est pas grave, 2 heures plus tard on repart, je peux me carrer ma raclette où je pense, on choisira un restaurant typique Hondurien, planqué dans un hangar ressemblant à un Prisunic reconverti. Je prends mon mal en patience, les orteils frigorifiés. Tout le monde est mort mais mon heure de gloire viendra, j’ai tout prévu.
21 heures.
“What? Vous voulez rentrer? Une petite balade digestive pour faire passer les jalapeños ? C’est ça qui te fait pleurer ? Ah non !? le froid et la fatigue ? Allez c’est juste un tour. On y est presque.”
“Oh ! que vois-je (petit coup d’oeil furtif sur le GPS) ? Mais oui c’est bien ça ! Une boutique de jeux ! Quelle veine !”
Je pousse la porte fébrilement. Nous y sommes : la chaleur de la convivialité, une belle vitrine bigarrée de boîte carrées et une bonne odeur de barbus de conventions. Le pied ! Il n’y a rien qui ne m’interpelle au-delà du charme local. Le froid, les engelures disparaissent instantanément, les vacances commencent !
Et je n’ai toujours rien vu venir.
“Oh, Mom, des licornes !”. (Babyphus, dans un anglais impeccable)
Elle sourit. Elle a l’oeil qui brille. Ça ne peut pas être bon signe. Elle tend la main… Je le savais : Unstable Unicorns.
Vite, je dois réagir ! (voix de Patrick Montel avant le saut de Mike Powell), elle n’a pas encore fait le geste fatidique.
Mrs se penche : “Tiens, ils ont l’extension de…” M’en fous, je dois sauver l’honneur familial.
Trop tard.
Elle serre déjà la boîte plus fort que sa peluche préférée. Vite, vite vite des solutions… Trouver un autre jeu ? Non aucune chance… La pousser dans l’escalier ? Merde merde.
Un client passe : “La barbe au-dessus ou en-dessous des couvertures ?”.
“Papa, le Honduras ça laisse des traces, ils sont où les toilettes”.
“Quoi, t’es malade ?” (Toute ressemblance avec un pays voisin du Honduras dans cette réplique n’est que pure coincidence").
“Les toilettes sont au bas, au sous-sol ! Quoi ? Peur ? Peur de qui ? Peur de quoi ?” Pas de temps à perdre, on y va. “c’est quelle couleur déjà le guacamole?” Soupir.
Allez Jolly Jumper. Je galope à toute allure pour remonter l’escalier: On m’appelle le Chevalier Blanc. Et là ça y est, le tournant du weekend, je suis sauvé : Babyphus regarde des cartes Pokemon.
“Il vous faut un sac Madame”. Ah Mrs a pris l’extension de Dune: Imperium ?
“No, c’est bône, je vais le metwe dans mon sac à main”. (Traduction approximative de son accent américain).
Ah, ça doit être un jeu de plis alors , c’est tendance en plus !
Et là, j’aurais dû comprendre qu’on allait jouer à Unstable Unicorns à l’hôtel le lendemain après-midi.
Un jeu où on se fout sur la gueule, où on passe son temps à comprendre les effets des cartes, 1 bonne heure facile pour enfin arriver à avoir 7 licornes assorties, alors que j’aurais pu jouer à Carpe Diem et à Tea for 2 dans le même lapse de temps. Je n’ai pas reussi à percer le secret des licornes ni de leur succès.
9 mois plus tard, je n’ai rien vu venir non plus.
Le cauchemar est oublié, je reçois un message WhatsApp : “Tu connais ce jeu ?”. Rah, mon interne me fait plaisir, elle a dû dégoter un vieil Acquire dans le grenier de sa famille d’accueil, ou un Heroquest défraîchi.
“Ça a l’air cool, en plus c’est choupi”. Je m’étrangle.
Merde, encore Rami Badie et ses illustrations so cute.
“Tu veux que je l’amène cet après-midi, il est trop beau.”
Merde, on a joué à Livingstone le weekend précédent, je t’avais donné ton bagde Pouic marron.
“Tu veux pas y jouer ?”. “Rah non, désolé, on a déjà fait une liste de 20 jeux, tu te rappelles ?”.
Pfiou, je peux m’endormir paisiblement.
On est à 3 jours des vacances après 4 mois d’école. Tout le monde est sur les rotules mais enivrés par l’esprit de Noël. Je pousse donc la porte de la salle des profs avec vigueur. Ah merde, les américains cuisinent encore aujourd’hui.
Je me retourne et là que vois-je ? A ma grande stupeur : “un dinosaure tout choupi”. C’est un mirage, non mais qu’est-ce que j’ai fait. Ils ont drogué mon verre de Wassail(le vin chaud local, sans vin).
Elle a osé… Happy Little Dinosaurs, une sorte de bataille avec des pouvoirs en mode course qui dure 3 plombes aussi : on reconnaît la patte de l’auteur. Plus jamais.
Era : Médiéval Age
Roll through the ages ressort quelques années plus tard. Comme si tu n’avais pas revu Laurent Baffie pendant quelques années, ça fait un choc. Plutôt alléchant sur le papier, je me suis retrouvé comme face à Dice Realms. Un arc de progression trop faible pour un jeu à moteur, des choix qui semblent se faire par défaut, une faible interaction et une faible dose de fun.
Notre belle enceinte n’accouche que d’une souris et le puzzle nous emmène droit dans le mur. Dommage !