Les sorties de ce dernier trimestre nous ont offert un sacré petit lot de jeux à deux, à même de chambouler les habitudes au sein du couple.
Ces derniers nés nous feront-ils oublier 7W Duel, Schotten Totten, Sky Team, ou encore Dracula vs Van Helsing ? Rien n’est moins sûr.
Pour autant, ils n’ont rien à envier à leurs aînés et ont beaucoup à montrer.
Le Seigneur des Anneaux: Duel pour la Terre du Milieu
7W Duel pour les geeks. Le même, mais en différent.
L’interaction est plus directe, plus territoriale. Les privations, moindres.
Le joueur reconnaîtra le terrain de jeu de 7W Duel, tout en découvrant une approche différente, le temps des trois périodes/chapitres que durera la partie.
La possibilité de ne pas prendre de carte pendant son tour, en construisant un “haut-lieu” en lieu et place, rend le partage des cartes encore plus tactique.
Les fins alternatives ont quelques peu changé d’aspect, mais sont toujours aussi prégnantes.
A noter que le scoring de fin de partie a totalement disparu, au profit d’un jeu de conquête de territoires.
Le bémol serait à trouver du côté du chaînage, très/plus présent que dans la version classique, qui apporte une part d’aléatoire lors des premières parties. Ce petit écueil sera vite gommé avec l’enchaînement des parties.
Le matériel est de qualité, dont une piste pour la Quête de l’Anneau particulièrement bien fichue.
Naishi
De la construction de tableau, punchy, et interactive.
Chacun va se construire un tableau de 5 cartes sur deux rangées avec cette particularité que la rangée du bas, ici appelée main, reste cachée, bien que la carte que nous posons/conservons est choisie dans une rivière de cartes, face visible.
Le timing de fin de partie peut générer quelques désagréments ou au contraire vous offrir le graal que vous cherchiez tant.
La DA est sobre et esthétique, l’iconographie efficace.
Lone Wolves
La plus belle alternative à Schotten Totten.
Derrière ce duel entre meutes de loups se cache un jeu de plis pour deux joueurs.
Le jeu de pli pour deux que je cherchais depuis des années, et que j’imaginais ne pas pouvoir exister.
Dans ces sombres territoires, remporter un pli est une bonne chose. Mais perdre un pli est aussi une bonne chose. Alors, vous le voulez ce pli ou pas ?
La DA est superbe, l’iconographie limpide.
Les parties sont courtes, comptez 20-30mn, et appellent irrémédiablement une revanche.
Agent Avenue
I Split, you Choose, qui se traduit ici, sur le circuit de cette avenue circulaire, par un “j’avance, tu recules”.
Alors comment veux-tu… m’échapper ?!
Car, pour l’emporter, il faudra rattraper votre adversaire.
Ce n’est pas tout à fait un jeu exclusivement pour deux joueurs, puisqu’il est possible d’y jouer à 4, en deux équipes de deux. Après, ce que vous faites dans l’intimité de votre couple ne me regarde pas, mais sachez que vous pouvez vous mélanger.
Le concept est tout con: vous sortez deux cartes de votre main (de trois cartes, je crois me souvenir) et les proposez à votre adversaire: une face visible, une face cachée.
La carte choisie rejoint la collection de l’adversaire, et celle refusée rejoint celle du joueur ayant fait l’offre.
Posséder un personnage en une certaine quantité permet d’avancer plus loin, mais aussi, parfois, de reculer, voire de perdre la partie instantanément, n’est-ce pas messire Daredevil ?
La DA cartoonesque aux couleurs pastel est plaisante.
L’éditeur, qui nous propose déjà Mindbug, a quelques accointances avec Iello. Gageons qu’il sera édité en français un de ces jours, d’autant que dans le mode avancé, les joueurs auront à choisir une carte au marché noir écrite dans la langue de Shakespeare parmi trois exposées visibles.
Kelp: Shark vs Octopus
Une sorte de “loup, y es-tu?” sous les mers.
Ici, le loup est la pieuvre, mais le véritable prédateur, c’est le requin qui tourne autour des coraux, pour la dénicher.
A l’instar de Root, chacun du requin et de la pieuvre a une façon de jouer différente et un but propre.
Pour l’emporter, la pieuvre doit se nourrir. Le problème ? C’est qu’à chaque fois qu’elle se nourrit, elle révèle sa position.
Son mécanisme principal est le deckbuilding, et là encore, ces journées ne sont pas de tout repos, puisque quand elle enrichit son deck, elle révèle un certain nombre de ses cachettes, cachettes qui lui octroient des bonus fort intéressants. A-t-elle vraiment envie que le requin s’y intéresse de plus près ?
Le requin, quant à lui, utilise la mécanique du bag building en tirant des dés qui lui permettent de se déplacer, parfois très vite, et de chercher la pieuvre.
Le point qui en chagrine certains, mais qui, je trouve, est plutôt bien trouvé, est la fin de partie. La première fois que le requin débusque la pieuvre, il n’a qu’une chance sur trois de la dévorer sur le principe de feuille-pierre-ciseaux.
Si la pieuvre parvient à s’en sortir, l’occurrence feuille-pierre-ciseaux précédente est retirée de la partie, rendant la prochaine rencontre plus ardue pour vous savez qui.
Et, quand on y pense, cette fin ne reflète-t-elle pas une réalité atypique ? La pieuvre possède trois cœurs.
Tango
Un jeu de plis pour deux… encore me direz-vous, et vous ajouterez que je n’y croyais pas aux jeux de plis à deux, et là j’en cite deux.
Celui-ci, je présume qu’il est bon, mais n’en suis pas certain, faute d’avoir pu y jouer.
Le principe est prometteur: nous disposons d’une main de cartes, et d’une rangée de cartes face visible, qui masque une rangée de cartes face cachée.
A l’instant T, seules nos cartes en main ou face visible devant nous sont jouables, mais dès lors qu’une carte est retirée d’une rangée, celle du dessous est révélée.
Vous l’aurez compris: notre main de cartes initiale n’est pas définitive, elle évoluera au fil de la partie, au rythme où nous ferons tanguer notre adversaire.
A voir s’il tient ses promesses, mais Matagot ne devrait plus tarder à nous le révéler.