Très intéressant de lire les remarques de Bruno Cathala sur le fonctionnement de ses jeux sur Board Game Arena! Je suis la plateforme d’assez près depuis ses débuts et je recherche avidement ce genre d’informations, qu’il est difficile de trouver autrement…
10% de royalties en plus pour un auteur dont le jeu est présent en Premium sur BGA, c’est un gros chiffre. On comprend mieux pourquoi les jeux qui fonctionnent bien sur la plateforme passent tous petit à petit en Premium. Il faut vraiment être grand prince pour se satisfaire de l’effet probable que le portage induit sur l’achat d’exemplaires physiques et renoncer à la part du gâteau liée au Premium.
Ses remarques sur le portage qu’il estime insatisfaisant de Moonriver me surprennent. Elles donnent l’impression qu’un auteur n’a qu’une seule option dans ses relations avec BGA: soit il accepte que ses jeux y soient portés (avec ou sans premium), soit il refuse. Une fois qu’il accepte, son message laisse penser qu’il ne peut rien changer à l’adaptation. Pour Moonriver, pourquoi ne pas simplement se rapprocher du développeur du portage BGA et rectifier petit à petit avec lui l’interface qui a été conçue, jusqu’à arriver à un résultat satisfaisant? On ne sais pas si c’est impossible, ou si Bruno Cathala estime que c’est inutile, ou peine perdue…
Quand il dit: Pour qu’un portage numérique trouve son public, il est important, crucial même, qu’il puisse se jouer de façon intéressante à deux joueurs seulement, je pense - à regret - qu’il a parfaitement raison. La très grande majorité des parties lancées sur BGA sont des parties à deux joueurs, pour des raisons qui tiennent, j’imagine, à la fois de la difficulté de lancer des parties à 3 joueurs et + en temps réel (sauf pour les 10 jeux les plus joués, et encore!), pour lesquelles il faut attendre une éternité, et au fait que certains joueurs préfèrent le jeu à deux, souvent plus compétitif et moins soumis à l’aléatoire (soit parce que le jeu devient plus chaotique avec plus de joueurs, soit parce que la présence de joueurs de niveaux différents peut facilement “fausser” le résultat des parties compétitives).
Et c’est très dommage, parce que la configuration à 2 joueurs est celle qu’il est la plus facile de pratiquer IRL, tandis que des parties à 3, 4 ou 5 s’intègrent mal dans le quotidien de beaucoup d’entre nous…
Là où je ne partage pas du tout son avis, c’est quand il dit que Au bout d’un certain temps, si le nombre de joueurs quotidien n’est pas suffisant, je pense qu’il serait plus utile / logique, de retirer le jeu de la plateforme. Dans nos contrats on a un seuil de mévente permettant de récupérer les droits de son jeu. Il me semble important de penser maintenant à inclure un seuil également pour les portages numériques. Bref, faut que je contacte mes éditeurs pour retirer de BGA les jeux allant de Mr Jack à Lumen dans le graphique ci-dessus. Inutile de mobiliser de la bande passante pour… rien.
Alors certes, tenter de lancer une partie en temps réel d’un jeu qui ne figure pas dans le top-100 des plus joués sur BGA est difficile et peut prendre des plombes. C’est même proche de l’impossible pour les jeux de la 2ème moitié du classement de popularité si on veut y jouer à 3 ou plus, a fortiori pour les joueurs non premium, puisqu’on ne peut pas lancer plus de 3 demandes de jeu en même temps.
Mais il oublie le tour par tour. On est d’accord, tous les jeux ne se prêtent pas bien au tour par tour et l’expérience n’est pas la même. Elle est moins proche de l’essence du jeu de société, à mon avis. Et dans un but compétitif, ce mode n’est pas vraiment satisfaisant pour tout un tas de raison. Mais pour lancer à l’occasion un jeu un peu sorti des radars, ou dont on ne maîtrise plus complètement les règles, ça marche encore très bien, à condition d’attendre quelques heures ou quelques jours que la table se constitue. Ce qui ne pose pas de problème, d’autant plus que le nombre d’inscriptions à des tables en tour par tour est généreux, même pour les joueurs non premium. J’ai déjà réussi à faire des parties au tour par tour de Twin Tin Bots à 3 ou 4, alors que le jeu fait partie des 10% les moins joués de la plateforme.
BGA est l’un des rares espaces où on peut pratiquer des jeux complètement tombés dans l’oubli et qu’il est difficile de se procurer. C’est précieux. Ce serait triste si Bruno Cathala décide de retirer les siens…
J’espère qu’il n’amorcera pas une tendance. Pour l’heure (et c’est un petit miracle), malgré le nombre absolument colossal de nouveaux jeux qui s’ajoutent sans cesse sur BGA (si vous n’y avez pas mis les pieds depuis plusieurs années, vous allez tomber à la renverse en découvrant qu’il y a désormais dans les 1000 jeux jouables!!), les jeux retirés de la plateforme sont vraiment très rares et la décision est souvent liée à un changement de droits. A ma connaissance, et si l’on exclut les jeux retirés alors qu’ils n’étaient qu’en beta-testing, il n’y en a même pas 10 qui ont quitté BGA. Et mieux, la majorité des jeux de la première heure (à l’époque où le site avait pris la décision de les adapter en premier et de s’arranger avec les auteurs et éditeurs ensuite ), un temps retirés rageusement sur demande de ces derniers, sont tous revenus sur BGA (à l’exception de Dominion, Blokus et Pingouins, de mémoire…).
Donc par pitié M. Cathala, ne retirez pas ceux des vôtres qui marchent le moins, ce serait une tragédie, pire, un crime contre l’Histoire du jeu de société, leur conservation, leur archivage… Une deuxième mort pour eux, cette fois définitive! Si BGA, de par son panel de jeux proposés, ne faisait plus que refléter les tendances du moment et les jeux que l’on peut trouver dans les rayons, le projet perdrait beaucoup de son attrait.