"Le terme jeux de société, une spécificité française ?" Chronique de Pénélope

Je comprends que jeu de société vient du fait que ses règles communes et stables sont issue et se propagent dans et grâce à une société structurée.

Mais société ne veut pas dire groupe ( de joueurs).

Et en effet sans organisation sociale aucune possibilité de structure durable pour un jeu.

Notre approche lexicale est donc très différente des autres pays qui n’ont pas l’équivalent à ce terme très global.

"Jeu de société" s'emploie aussi en Italie & cela regroupe tous les types de jeux (cartes, solo, plateau*, ambiance, rôle, etc ...). *Où on dit "jeu de table", d'où ma question d'il y a quelques jours.

& sinon, de façon toute personnelle, sans avoir écouté l’émission, je préfère utiliser simplement le terme “jeu de société” sans me poser de question. Sans même faire de distinction entre les vieux jeux & les nouveaux. Je serai compris de tout le monde, surtout des non-joueurs (qui ne connaissent que cela), mais aussi de la poignée de joueurs très à la pointe qui voudraient se distinguer en usant de termes plus pointus mais compris d’eux seuls (tout en sachant qu’ils sauront tout de même faire la part des choses avec le terme générique). Le cul entre deux chaises quoi, pour ne pas me fâcher avec quiconque en somme ^^

Non, il n’y a rien là dessus, c’est moi qui le déduit. Désolé si ce n’était pas clair.

Brougère travaille sur les jeux de manière général, pas sur les jeux de société en particulier. Je pense qu’on peut sans soucis prendre ceci au premier degré et inclure les jeux solo. Il parle des jeux à règles de base, pas des jeux à plusieurs. Et il ne fait aucun doute qu’il connait le principe des réussites et autres jeux solo traditionnels. :wink:

Et d’ailleurs, son argumentaire est aussi valable en solo qu’en multi, et ça me semble clairement être l’explication la plus sensée/complète/argumentée qu’on ait eu depuis le début.

Pour une réflexion qui ne se limite pas au terme “jeu de société” j’aime beaucoup le petit texte de Stéphane Chauvier que j’évoque régulièrement : Qu’est ce qu’un jeu ? Dans la collection chemins philosophiques chez Vrin.

J’ai lu quelques trucs sur le sujet, et je me permets de reprendre mes pensées avec ces nouvelles connaissances.
Le jeu est un divertissement, un plaisir régit par des règles. A partir de ce moment, la personne qui y joue entre dans le cercle magique (théorie de Johan Huizinga dans Homo Ludens).
Je l’avais utilisé dans mes précédentes pensées, ce qui a peut être créé la confusion, mais je garde le principe de rentrer dans une société lorsque l’on joue à un jeu de société.
Dans la citation de Gilles Brougère par Xav0, il tente de distinguer le simple jeu du jeu de société par cet aspect. Le “tissu social” est pour moi les interactions avec le monde proposé et non pas obligatoirement les autres joueuses.

J’ai appris par ailleurs le terme de jeu pervasif (ex: Pokémon Go) qui lie le jeu avec la réalité, enlevant à la théorie du cercle magique son universalisme.

Sur la chaîne Youtube de Jean-Michel GrosJeux, il y a 2 vidéos d’opinion sur les jeux immersifs. Elles sont très intéressantes, car elles décrivent un type de jeu de société où la thématique est poussée fortement.
Pour ma part, je vois le jeu de société comme un jeu avec une thématique obligatoire, même plaquée, faisant l’univers du jeu, sa “société”. Le jeu de société immersif aurait simplement ce curseur en haut.
Et avec cela, on arrive à dégager le Molkki, le Basketball, et le Sudoku des jeux de société. Par contre, le jeu vidéo entrerait dans cette définition.
En effet, je n’ai pas parlé de cube en bois ou de plateau.
Jouer à un jeu de société sur BGA reste du jeu de société, je pense.

Le jeu vidéo va simuler/concraire via la console de jeu un univers, tandis que le jeu de société va abstraire un univers.
Dans les 2 cas, cela passe par des mécaniques de jeu.
(Pour ce dernier point, je ne suis pas certain de la bonne utilisation des verbes concraire et abstraire.)

Pour les jeux combinatoires abstraits sans thème apparent, comme les dames, on pourrait dire qu’il y a quand même un thème : l’affrontement.

Voilà pour mes compléments sur ma tentative d’explication de ce qu’est un jeu de société.

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Je ne vois pas bien en quoi ils sont écartés de ta définition, de même que Pokémon go. Pokémon go n’est pas plus ancré dans le réel (ou débordant sur celui ci) que la brosse à dents d’Objets Trouvés ou que n’importe plateau de jeu en carton qu’on manipule à la main.
En quoi le Mölkky crée t il moins société (selon ta définition) que le billard, le flipper, acrobates ou les mikados ?

Ils sont écartés parce que ils n’ont pas de thème donc pas de société.
Personnellement, raccrocher le terme de société au thème me semble inapproprié.

Pourquoi pas aux pions? Ce qui fait société dans jeu de société c’est la société des pions ? Pas de pion pas de société. Et on peut tenir tout une argumentation dialectique sur le sujet tout comme pour le thème.

Si on écarte de jeux de société tous les jeux abstrait et sans thème, cela enleve tous les jeux de pions traditionnels et plus récents. Exit échecs dames backgammon et autre abalone par exemple.

Je ne pense pas que cela soit la bonne approche.

Mais je rappelle que société ne veut pas dire jeux en groupe.

Quand au cercle magique cela ne signifie rien de magique. Juste que le moment de jeu est un moment hors du temps et des règles de fonctionnement normale.

Comme Roger Callois avait défini le ludique comme un moment à part.

Si je de société ne signifie pas jeu en groupe, alors les sudoku, mots croisés et autres solitaires sont des jeux de société.
Pourtant cela ne fait pas du tout parti de l’usage du terme.
Inclure la pratique solitaire du jeu dans le vocable jeu de société semble avoir de l’importance pour certain, mais ce n’est pas conforme à l’usage du mot dans la langue.

Ce n’est pas parce que j’utilise l’objet jeu de société pour jouer seul que ma pratique devient jeu de société.

Cela évoluera peut être, mais aujourd’hui cela me semble un usage abusif.

Définir le ludique comme un moment à part est insuffisant. Il y a plein de moment à part en dehors du réel : la lecture, la rêverie, les mots croisés, etc.

Mais le jeu de société est à part parce qu’il inclus des règles, une compagnie, un univers clôt… Tout comme les jeux solitaires direz vous… mais non, parceque à la différence du jeu solitaire, le jeu de société se pratique à plusieurs. Et c’est pour cela, à mon avis, qu’on a ce terme, jeu de société. Sinon il est inutile et confu.

Tu n’utilises clairement pas la même définition que les autres.
C’est comme si vous discutiez sans vous écouter …

Entre ceux qui disent que la société c’est le thème, ceux qui veulent que tout seul on fasse société, et c3ux qui disent que de société signifie à plusieurs, ils y a beaucoup de gens qui n’utilisent pas la même définition que les autres.
Je crois même que la confrontation de ces définitions est le sujet de la discussion.

Je ne comprend pas… si brugiere travaille sur les jeux en général et que tout d’un coup il parle de jeux de société, ne fait il pas comprendre que ce qu’il dit ne s’applique pas aux jeux en général mais au cas particulier des jeux de société ? Ne risque t on pas de lui faire dire de qu’il ne dit pas en ignorant les mots qu’il utilise ?

Le dernier paragraphe du texte est un commentaire de :
« « Les jeux sont des situations inventées pour permettre la participation simultanée de plusieurs personnes à des modèles importants de leur vie collective. » (McLuhan, 1977, p. 269)«
Dans ce commentaire il dit plein de truc pour compléter et remettre en cause l’idée de McLuhan, mais, à aucun moment il ne relève ni ne commente le «la participation simultanée de plusieurs personnes ». C’est le seul truc qui n’est pas mis en cause ou completé. Ce n’est pas neutre sur un commentaire d’une phrase de 22 mots de tous discuter sauf 6 . Nous pouvons donc sérieusement douter qu’il parle de tout les jeux, y compris des solitaires. Et quand il parle de réunir, il ne s’agit pas d’une espèce de communauté virtuelle d’accord sur les règles, mais bien de les réunir physiquement (à l’époque 1979) pour qu’ils fassent un truc ensemble.

L’accord sur les règles n’a pas besoin d’être partagé bien largement pour faire jeu de société. Si 4 personne autour d’une table decident d’une règle bien spécifique pour jouer au Monopoly, personne ne va dire qu’ils ne jouent pas à un jeu de société, pourtant la variante, le nouveau jeu ainsi créé, n’est connue que d’eux 4 et pourra même être oubliée dès la partie finie. La communauté en accord sur les règles n’a besoin que d’être celle des gens autour de la table pour que cela fasse un jeu de société.

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Je suis désolé mais @karlschnaps met les dames dans le thème affrontement. Je ne vois pas en quoi ça ne marcherait pas pour n’importe quelle activité compétitive.

Pour moi, cela veut juste dire qu’on peut ajouter du jeu spontané à du jeu de société… le fait que “personne ne va dire qu’ils ne jouent pas à un jeu de société” est quand même un argument très limité. la plupart des individus ne savent même pas définir ce qu’est un jeu.

Je pense qu’il faut bien faire la différence entre l’objet et son utilisation.

Un livre qui sert à caler un meuble continu de s’appeler livre même si on l’utilise en detournant sa fonction.

Donc ici jeux de société on parle de l’objet ou de la pratique?

A mon avis les deux concepts sont parfois confondus.
C’est dommage.
J’essaye de parler de la pratique en ayant des le départ séparé l’objet de la pratique.

Mais, à mon avis quand on dit qu’en solo, quand on utilise un jeu de société, on fait un jeu de société, on confond objet et pratique.

Moi, l’argument me semble excellent. La communauté qui doit être d’accord sur les règles à besoin d’être uniquement composée des joueurs autour de la table.
Les autres ne font pas partie du « cercle magique » :wink:. Qu’ils soient d’accord ou pas avec la règle employée ne change rien au fait que les joueurs,eux, sont en train de faire un jeu de société.
Cette définition a en plus l’avantage d’être parcimonieuse.

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Pour répondre à plein de messages :

  1. Le jeu est bien défini, je trouve. C’est un divertissement régit par des règles. Bien sûr, une activité deviendra un divertissement seulement si vous le décidez. Pour le quidam, regarder la TV sera un divertissement, mais pour un journaliste qui doit faire une chronique sur ce qu’il y voit, ça n’en sera pas. Et regarder la TV, n’est pas un jeu en soi, à moins que ne décidiez de règles, comme par exemple : à chaque fois que le mot Schtroumpf est dit dans un épisode des Schtroumpf vous devez boire un coup. Ce n’est qu’un exemple.

  2. Notre questionnement est qu’est ce qui différencie le J2S du simple jeu càd qu’est ce que le mot “société” dans le terme, et non pas “jeu”.
    Je prends le pari un peu simpliste d’expliquer par des maths. Si jeu=X et jeu de société=X+Y, alors la question Z qu’est ce qui différencie X+Y de X donne Z=X+Y-X=X.
    Si voulez répondre à la question, trouvez ce que signifie Y, soit le mot société. On se fiche du mot “mot” dans notre questionnement.

  3. Pour ce fameux mot (j’en ai marre de l’écrire), j’avais proposé 3 pistes, et j’en ai privilégié 1.
    Qu’importe l’une des 3 pistes, en définissant on excluera forcément certains jeux.
    @rodenbach tu as raison, l’affrontement n’est pas un thème, c’était une filouterie de ma part, je retirerais quand même les jeux combinatoires abstraits de ma définition du coup.

Maintenant pour poursuivre :

Acceptez-vous ces 3 voies possibles pour le mot “société” (dans le terme “jeu de société”) ? En voyez-vous d’autres ?
Pour rappel : jeu en groupe, jeu bourgeois et jeu à thème “abstractisé”. (La voie du matériel, ne me semble pas être pertinente, mais cela reste un débat)

Après, il faudrait peut-être définir une liste de critères, avec un résultat minimum attendu, pour avoir le droit à l’appellation, ou même plusieurs appellation : jeu de société, jeu de société Premier Cru et jeu de société Grand Cru. Cela sonnerait bien français :grin:

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J’en suis navré mais ce n’est pas suffisant.
Tu poses deux points essentiels : les règles et l’idée de prendre la décision de jouer, ce que J.Henriot appelle L’attitude Ludique. L’attitude ludique est défini ainsi par Henriot : « le jeu n’est pas dans la chose mais dans l’usage qu’on en fait ». Quel est cette usage ? Il est défini par C.Duflo : l’auteur décrit l’activité de jouer comme une “économie du risque”. La personne fait tout pour se mettre dans une situation où elle peut subir un échec afin de tout faire pour l’éviter. C’est l’utilité de la règle : proposer un défis, un cadre ou la liberté de la joueuse ou du joueur peut s’exprimer tout en restant toujours dans une situation partiellement connue. Pour l’auteur, quand il n’y a plus de risque, il n’y a plus de jeu. Les choix de la joueuse ou du joueur sont, pour l’auteur, le choix d’un niveau de risque. Le plaisir ressenti sera proportionnel au risque surmonté. Enfin, rajoutons que pour C.Duflo, le jeu ne commence que quand les règles sont maitrisées, avant c’est de l’apprentissage. Notons que Duflo a travaillé sur l’observation de joueur de “go”.

Clairement, c’est ça.

Ben il me semble que tu exclus quelques pistes évoqués par d’autres par exemple @judograal ici :

Elle me semble pourtant sérieuse car elle repose sur le système ESAR et la pratique pro des ludothécaires. Odile Périno les assimile au JDS dans “Des espace pour jouer” :

Jeux de règles : locution proposée par J.Piaget désignant la plupart du temps ce que l’on nomme communément les jeux de société. […] Ils se caractérisent par la présence d’une règle du jeu admise par tous les joueurs préalablement au jeu et qui organise le groupe.

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