Sur la couverture, « Middle Ages » en calligraphie gothique.
A l’intérieur, un fief, une église, des vitraux, des remparts, des fleurs de lys, des paysans et des moulins.
On est bien au moyen âge !
Qui dit seigneurie dit malles débordantes d’or, notre objectif à la fin de la partie est d’avoir le royaume le plus prospère.
Serait-il l’or mon Señor ?
Middle Ages c’est avant tout une refonte mécanique plus moderne de Majesty
- On oublie les meeples à la Carcassonne, qui étaient égrainés sur la rivière de cartes, pour laisser place à de jolies montures qui, à la Kingdomino, apportent planification et (forte) interaction.
- Avec les cartes événements on bénéficie d’encore plus de richesse… ou on croule sous le chaos (ajout mécanique dans l’air du temps mais peut-être ici dispensable).
- Désormais chaque domaine offre un effet ET un revenu.
- A la fin le calcul est épuré : la bourse finale moins le malus des domaines vides de parcelles, et on compare les résultats.
Feu Majesty laisse place à Middle Ages et ses tours en 4 étapes :
1/ Je déplace mon chevalier sur une tuile qui, en plus d’indiquer l’ordre de jeu au tour suivant, sera mienne dans mon fief à moi !
2/ Ainsi, et à la Kingdomino, en déplaçant mon cheval vers la prochaine tuile je libère celle sur laquelle il campait que je place dans le domaine correspondant de mon royaume.
3/ À la suite de cela, j’applique l’effet propre au domaine (collecte d’argent, taxer les adversaires, reconstruire une parcelle, réserver une tuile, détruire la tuile d’un adversaire ou de l’amélioration de revenus)
4/ Puis je récupère le revenu associé à ce même domaine, vive l’impôt et la gabelle !
Autant dire qu’on en manipule des pièces : je collecte, je taxe, je fais de la monnaie, j’échange contre des plus grosses pièces, je donne à mon adversaire… Ca réveille le Prince Jean qui sommeille en nous.
Ca s’est sur papier mais en pratique, cette refonte, elle apporte quoi au juste ?
Eh ben une dose de planification, certes, mais surtout une sacrée interaction au moment charnière de déplacer son pion chevalier sur une nouvelle tuile. L’interaction peut même être punitive si on n’anticipe pas assez les prochains coups bas de nos fiels chevaliers adversaires. A nous donc de surveiller à tout instant le jeu des autres. A nous donc de maintenir un équilibre permanent, presque pesant, au moment de ces joutes cruciales.
Oui parce-que si au tour 2 je veux cette tuile palais qui bonifierait un de mes domaines elle m’empêche d’être le premier à choisir au tour 3, là où il n’y a qu’un seul rempart disponible celui-là même qui me protègerait de Sieur Le Rouge qui joue beaucoup la caserne dont une tuile est accessible au tour 4.
OK, mais elle n’apporterait pas un peu de déséquilibre cette refonte ?
Il m’est peu aisé de rentrer dans les cachots mathématiques des équilibrages de mécaniques ludiques. Mais je pense que si ici il y a déséquilibre il vient des joueurs et non du jeu en lui-même.
Clairement je me suis fait avoir comme une bleue sur ma première partie. Dès le départ je n’avais pas assez suivi le jeu de mes vils adversaires qui s’étaient empressés de s’emparer des casernes, faisant parfois des attaques en cascade. J’ai eu beaucoup de mal à revenir dans la partie. Enfin, si je suis honnête, je ne me suis jamais refaite malgré quelques jolies collectes d’impôts. Ca pourrait venir de moi, mais non, d’autres parties ont montré que Middle Ages est exigeant !
Mais que nenni ! On ne m’y a pas repris car l’avantage avec ça c’est que si l’envie d’y rejouer est présente on s’efforce de gagner en stratégie (là où Majesty restait davantage tactique). On plisse un peu plus les yeux et analyse mieux le plateau central pour éviter que le piège ne se referme sur nous. On hésite un peu plus et fait flotter notre cheval au-dessus des tuiles convoitées. On s’amuse un peu plus à titiller, bloquer, empêcher les autres. Et là le jeu devient satisfaisant, gratifiant, amusant… délicieux. Plus on est nombreux autour de la table plus la surveillance est de rigueur, plus les joueurs sont râleurs et la satisfaction d’un coup bas réussi meilleure.
Toute stratégie est payante mais il ne faudra jamais négliger les remparts et/ou les casernes en les surveillant comme le lait sur le feu.
Cette première partie je l’ai kiffée.
Oui sieurs les joueurs j’ai kiffé ma première partie totalement dans les choux, punitive et chaotique parce qu’autour de la table ça râlait, ça cogitait, ça se vantait, ça volait… bref il y avait de la vie dans ces fiefs.
J’ai peut-être aussi kiffé cette première partie chaotique, ou du moins ces défauts n’ont pas bloqué mes sensations de jeu, car le jeu est d’une ergonomie parfaite : les tours sont fluides, les tuiles et jetons d’améliorations s’imbriquent intelligemment, la lecture des effets et des revenus est intuitive.
Un petit bijou de prise en main dans un écrin au touché velouté.
Alors j’y suis retournée et avec joie.
C’est peut-être aussi là que réside le plaisir ludique de Middle Ages, quand Majesty m’avait laissée plus insensible.
Majesty is dead, long live Middle Ages!