Atelier Santorini - Collège de St Chéron

[Santorini]

Atelier Santorini

Collège Le Pont de Bois - St Chéron
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Génèse du projet

Je suis enseignant au collège Le Pont de Bois de St Chéron et, en septembre 2020, j’ai eu envie de créer un petit atelier jeux de société. Dans les placards du collège, j’ai trouvé des jeux tous plus vieux, moches et incomplets les uns que les autres et j’ai vite constaté qu’il serait nécessaire d’avoir un petit budget pour acheter de nouveaux jeux. Avec l’enveloppe à ma disposition, j’étais très limité et je savais que je n’allais pouvoir prendre que 2 à 4 jeux.

Je n’avais pas du tout envie de me tromper et je voulais que la proposition plaise vraiment ! J’ai composé avec les contraintes suivantes :

  • Du fait que je voulais que l’atelier puisse ouvrir pendant les récréations, il me fallait des jeux courts.
  • Du fait que je voulais que l’atelier puisse permettre d’organiser des concours, je voulais que le facteur chance soit le moins présent possible.
  • Du fait que je voulais que l’atelier permette d’obtenir l’adhésion des collégiens, je voulais un jeu avec du beau matériel et qu’il soit fun.
  • Du fait que l’atelier n’avait pas un gros budget pour fonctionner, je voulais que le jeu soit profond et permette d’accumuler plein de parties sans se lasser.

J’ai tout d’abord pensé aux échecs mais je trouvais ça trop calculatoire et froid et je voulais que le jeu puisse avoir une chance de toucher un large public.

Après quelques semaines de recherches infructueuses, j’ai fini par penser à un jeu sorti quelques années auparavant et que j’avais trouvé intéressant : Santorini !

Santorini est un jeu de Gordon Hamilton (édité par Roxley Games) dans lequel 2 à 4 joueurs doivent bâtir des tours sur l’Île de Santorin. Le plateau de jeu est un damier carré de 5x5 cases sur lequel les joueurs font évoluer 2 bâtisseurs. Le premier joueur qui parvient à monter un de ses bâtisseurs sur le troisième étage d’une tour gagne la partie.
Afin de les aider dans leur tâche, les joueurs bénéficient du pouvoir d’un personnage issu de la mythologie grecque : Zeus, Héra, Poséidon, Athéna, Arès, Déméter, Apollon… Généralement les pouvoirs permettent de contourner un point de règle, d’apporter un bonus ou imposent une contrainte pénible à l’adversaire.

Après avoir pris des renseignements supplémentaires sur le jeu et en avoir fait quelques parties avec un ami qui l’avait acheté, je me suis dit que Santorini était le jeu idéal pour l’idée que je me faisais de mon atelier et j’ai décidé de tout miser sur ce jeu. J’en ai donc acheté 3 boites et en novembre 2020, j’ai présenté le jeu à quelques-uns de mes élèves. Très rapidement, le jeu leur a plu et j’ai eu envie de créer une sorte de classement ELO des joueurs.
Pour faire un classement ELO et maintenir facilement à jour le calcul des points, J’ai utilisé un tableur et j’ai créé des feuilles de calcul pleines de formules.

L’atelier commençait à avoir une fréquentation intéressante (une trentaine d’élèves inscrits) quand soudain, ils sont arrivés dans nos vies : Le Covid-19, les confinements, les règles de distanciation sociale, les protocoles sanitaires, les gels hydroalcooliques, les masques… et l’atelier a dû fermer.

Suite à cette pandémie, je n’ai pas eu la disponibilité et l’envie de redémarrer l’atelier jusqu’à ce qu’en juin 2022, lors d’une réunion de fin d’année scolaire, mon nouveau chef d’établissement invite les enseignants à proposer des idées d’atelier à destinations des élèves. J’ai ressorti mes 3 boîtes de Santorini et j’ai demandé l’autorisation d’ouvrir un atelier sur un temps de midi, une ou deux fois par semaine, à destination de 6 à 10 élèves. Tous les élèves qui avaient connus l’atelier avant la pandémie étant partis au lycée, il me restait à faire un peu de teasing auprès d’une nouvelle génération et j’ai profité des toutes dernières journées de l’année scolaire pour faire découvrir le jeu à un petit groupe.

Les choses sérieuses démarrent

L’année scolaire 2022 - 2023 démarre et très rapidement, les élèves qui avaient testé le jeu en fin d’année précédente me demandent quand est-ce que l’atelier va ouvrir. Même s’ils sont peu nombreux, je me rends compte que leur impatience est grande et je ne veux pas les décevoir. Je reprends donc mon tableau Excel, je le dépoussière, j’ajoute des fonctionnalités et je lance l’atelier qui démarre timidement. 3 élèves viennent à la première session. Je leur réexplique la règle du jeu et je leur rappelle que nous allons enregistrer toutes les parties dans un tableau, que nous allons mettre en place un classement ELO…

Dès le départ, je propose un slogan pour l’atelier :

Quand on joue à Santorini, on ne perd jamais ! On gagne ou on apprend !

Les premiers participant jouent, semblent apprécier et, le lendemain, je me retrouve avec 2 élèves en plus. Je me dis que la fréquentation va certainement monter progressivement mais, comme je n’ai que 3 boites, je décide de bloquer le nombre d’inscrits à 15… mais quand arrive le 16ème participant, je ne vais pas le refuser alors maximum ça sera 20… ou 21… mais je me dis que jamais plus de 25 jusqu’à ce qu’arrive le 26ème… bref, le nombre d’inscrits monte de jour en jour et je me retrouve rapidement obligé de faire acheter 5 boites de plus.

La fréquentation explose et je ne peux plus me contenter de quelques minutes d’ouverture hebdomadaire. Si je veux que tout le monde puisse jouer il faut plus de créneaux. J’ouvre donc à chaque fois que je n’ai pas cours : sur tous les temps de midi, sur tous les temps de récréation. Je ne prends plus le temps d’aller aux toilettes, je mange dans ma salle pendant que les élèves jouent, je ne prends plus aucune pause…

Comme les élèves veulent acheter le jeu pour s’entraîner chez eux et performer, je crée un partenariat avec la boutique d’Arpajon - Les jeux d’Ornicar qui propose une réduction substantielle aux joueurs inscrits à l’atelier.

Si le but officiel de l’atelier est simplement de proposer des moments de jeu, très rapidement, l’atelier devient aussi :

  • un outil de raccrochage scolaire : les élèves qui se comportent trop mal en classe sont suspendus de l’atelier et certains se mettent à faire des efforts en classe et vis-à-vis du règlement du collège pour éviter cette “sanction”. Certains qui se fichent des heures de retenues trouvent insupportable l’idée d’ “Être privé de Santorini”.
  • un lieu de socialisation et de rencontre : L’atelier devient un espace où évolue une communauté soudée et bienveillante. Les élèves se côtoient et des amitiés naissent sans considération d’âge, de classe sociale, de niveau scolaire… Des élèves qui ne se seraient jamais parlés sans l’atelier se parlent, passent du temps ensemble, se préoccupent les uns des autres…
  • un laboratoire des émotions : Les joueurs doivent apprendre à gagner avec modestie, à contenir leur frustration quand ils perdent, certains découvrent ce que ça fait de se lancer sérieusement dans une activité. J’ai le souvenir d’un élève qui dispute une partie très tendue et qui ne comprend pas pourquoi sa main tremble. Quand il comprend que ses tremblements sont liés à sa nervosité, il réalise qu’il n’avait jamais ressenti une telle émotion !

Les parties s’enchaînent de plus en plus, j’améliore mes tableaux de statistiques, je commence à faire des graphiques que j’utilise pour illustrer la publication hebdomadaire des résultats que j’envoie à toute la communauté (élèves, parents, personnels…). Ainsi, je peux mettre en valeur les belles performances et certains élèves qui ont l’habitude de l’échec scolaire se retrouvent valorisés par une activité qu’ils font au collège…

Quand j’évoque les performances individuelles d’un élève, je peux les illustrer avec un graphique qui retrace tout son historique.

Je pense que tout le travail de communication autour de l’atelier permet d’accentuer l’adhésion des élèves et au final, à la fin de l’année scolaire, j’ai pu dresser le bilan chiffré suivant :
  • 178 inscrits dans le tournoi,
  • 16 joueurs qui jouent sans vouloir être classés,
  • 3065 parties jouées dans le tournoi,
  • plus de 250h d’ouverture de l’atelier,
  • 2 1/2 journées d’animations organisées dans les écoles primaires du secteur.

En toute fin d’année scolaire, avec les 32 meilleurs joueurs, nous avons organisé des matchs à élimination directe lors des journées portes ouvertes. Bien entendu, il y a eu des remises de récompenses, des médailles, des t-shirts, des diplômes sur lesquels ils retrouvaient l’ensemble de leurs statistiques individuelles… Une année ludique très riche dans mon collège. Beaucoup de satisfaction mais quelques points nécessitent des améliorations.

Ça continue et ça dure

Dans l’été 2023, je me suis dis que si je voulais relancer l’atelier, je devais en améliorer l’organisation pour régler les problèmes suivants :

Problème de parité

Une collègue m’avait fait remarquer que le classement est très masculin. Mon tableau me permet de rapidement extraire quelques données et je constate que parmi les participants j’ai environ 30% de filles mais qu’elles ne jouent que 4% des parties. Visiblement, les garçons ne laissent pas suffisamment les filles jouer.

Solution envisagée : Je décide d’organiser tous les 15 jours une journée exclusivement réservée aux filles. Plus tard, nous baptiserons ces moments : Les journées SantoriFilles.
Aujourd’hui, grâce aux journées SantoriFilles, les filles jouent environ 15% des parties. On est encore très loin de la parité mais c’est nettement mieux que l’année dernière. De plus, à l’heure où j’écris ces lignes, il y a 3 filles dans le top 20 ce qui constitue un record et il y a une fille qui occupe la deuxième place du classement ce qui n’était jamais arrivé.

Problème d’élargissement de la communauté

Alors que mon objectif principal est de créer une communauté aussi large que possible avec des élèves, des enseignants, des surveillants, les agents territoriaux, le personnel administratif… j’ai du mal à mobiliser les adultes.

Solution envisagée : Afin que les élèves puissent inviter les adultes à jouer avec eux, je décide de faire des coupons d’invitation que les élèves peuvent proposer à n’importe qui. Un élève peut se montrer très insistant et peut finir par être persuasif !

Mon problème principal réside surtout dans le fait que je suis le seul adulte à encadrer les élèves et même si je n’ai jamais eu les 178 inscrits en même temps, il a pu m’arriver d’être dans une ruche avec plus de 60 élèves ce qui peut être épuisant. Élargir la communauté et réussir à faire venir des adultes en plus permettrait une répartition de la surveillance et de l’animation.

Aujourd’hui, j’ai un collègue qui vient très souvent avec moi. Sa présence ne me libère pas du tout de temps car je suis toujours autant sur le front mais c’est très agréable de pouvoir avoir un coup de main et je profite de ce message pour remercier chaleureusement Antoine Couvreux du temps qu’il donne à l’atelier.

Les règles du jeu et surtout de l’atelier

S’il n’y a plus de problème de connaissance des règles du jeu, j’apprends que certains élèves de l’atelier ont parfois sauté des repas ou séché des cours pour venir jouer.

Solution envisagée : J’ai créé une charte d’adhésion à l’atelier. Pour s’inscrire, les élèves doivent en prendre connaissance et y adhérer sans réserve.

Évolution de l’outil statistique

Je me pose énormément de questions et j’aimerais pouvoir analyser plus finement ce que nous vivons à l’atelier. Quand j’enregistre une partie, je veux par exemple pouvoir ajouter les cartes jouées dans les données de mes tableaux.

Solution envisagée : L’objectif est atteint et aujourd’hui, je peux générer des tableaux de ce genre. On peut y voir les taux de victoires des différentes cartes dans les duels qui les opposent.

Solution envisagée : Je veux que les dates des parties soient automatiquement ajoutées dans mes tableaux afin de transformer les graphiques qui montrent l’historique des joueurs.

Ancienne version :

Nouvelle version :

Aujourd’hui

A l’heure où j’écris cet article et alors que nous avons à peine fait la moitié de l’année, les chiffres sont impressionnants et tiennent déjà la comparaison avec ceux enregistrés sur la totalité de l’année dernière.

Année 2022/2023 Début d’année 2023/2024
Nombre d’inscrits
178
213
Nombre de parties jouées
3065
2717
Nombre d’heures d’ouverture
250h
170h

Sur le graphique suivant, nous pouvons voir le nombre de parties jouées par semaine. (Les semaines 7, 8, 16 et 17 correspondent aux vacances scolaires.)

La lecture du graphique laisserait entendre que la fréquentation a drastiquement baissé depuis la 13ème semaine mais non, nous avons simplement diversifié les plaisirs. En effet, depuis cette date :

  • Nous avons lancé un tournoi de Onitama.
  • Des élèves et un enseignant pratiquent Yu-Gi-Oh.
  • Nous testons de nouveaux jeux comme Above, Les Tours Ambulantes…

Bientôt, nous espérons nous lancer sur Lorcana et nous étudions la possibilité d’acheter plein de nouveaux jeux.

Pour finir

Depuis peu, nous avons pris la décision d’interviewer des joueurs afin d’avoir leur avis sur le jeu, sur l’atelier, sur notre communauté…

Je tiens donc à laisser le mot de la fin à notre champion de l’année dernière en vous proposant son interview. Il ne participe plus à notre atelier car il a quitté le collège et est parti vers le lycée mais nous avons gardé des liens avec lui.

Question : Quand as-tu joué pour la première fois à Santorini ? Peux-tu nous raconter cette première rencontre avec le jeu ?

RB : C’était en fin d’année de 4ème. Monsieur Dejean qui avait l’idée d’ouvrir l’atelier l’année suivante, nous a proposé de tester le jeu et j’avais beaucoup aimé. J’ai testé une partie avec le professeur de technologie dans un duel Bia face à Ares. Je me suis fait écraser… Cette défaite m’a fait comprendre que ce jeu demandait bien plus d’anticipation et de stratégie que je ne le pensais. Ce jeu de stratégie ressemble fortement aux échecs. Je m’y suis donc sérieusement lancé l’année suivante.

Question : A partir de quand as-tu compris que ce jeu pouvait te plaire ?

RB : Dès ma première partie. Étant un grand fan du jeu d’échecs et de tous les autres jeux de stratégie, Santorini m’a vite plu de part ses très nombreuses possibilités de parties…

Question : As-tu acheté le jeu ?

RB : Oui, je l’ai acheté lors des vacances de Noël pour le tester avec ma famille et m’entraîner mais aussi pour tester de nouvelles règles avec un ami : Charles.

Question : L’année dernière, à quelle fréquence t’entraînais-tu ? (Nombre de parties par semaine?)

RB : Je ne peux vraiment pas vous annoncer un nombre, mais disons que je m’entraînais vraiment beaucoup. En plus de mes parties au collège, je jouais aussi parfois sur un site Internet : boardgamearena. Les parties y sont lentes mais on rencontre des joueurs très forts qui permettent d’envisager de nouvelles stratégies.

Question : Selon toi, quelles qualités doit-on avoir pour devenir un bon joueur de Santorini ?

RB : Je pense que pour être un bon joueur de Santorini, il faut avant toute chose savoir anticiper les coups de l’adversaire, et ne pas s’arrêter au prochain coup : lors d’une partie, le joueur qui sait prévoir de nombreux coups à l’avance augmente fortement sa probabilité de gagner. Il ne faut pas se contenter de réfléchir à ce que l’on fait. Il faut se demander ce que l’adversaire peut faire et l’empêcher de réaliser ses bons coups.

Question : Quels conseils donnerais-tu à un débutant ?

RB : N’affrontez pas toujours les mêmes adversaires. Osez défier le monde entier pour vous habituer à une plus grande variété de styles de jeu.

Question : Quelle était ta motivation principale en venant à l’atelier ? Gagner ? T’amuser ? Rencontrer d’autres personnes ?

RB : Je dois admettre que mes débuts à Santorini étaient surtout orientés vers l’objectif de victoire. Mais au fur et à mesure, je me suis rendu compte que le simple fait de jouer (perdre ou gagner), aboutissait surtout à de belles rencontres que je n’aurais jamais pu faire sans l’atelier. Avec le recul, je me dis que rencontrer des gens et s’amuser constitue l’essentiel.

Question : Raconte-nous ton plus beau souvenir de victoire ?

RB : Il y en a tellement ! Je pense que la victoire qui m’a rendu le plus heureux, c’est celle de la finale du tournoi de fin d’année. C’était contre un élève de cinquième. On s’était affronté dans une autre salle pour pouvoir mieux se concentrer à cause du chahut qui régnait dans la première pièce. Au fur et à mesure de la partie, de plus en plus de gens rentraient : monsieur Dejean, les parents, la principale adjointe, monsieur Gence… ! La pression montait. Si mes souvenirs sont bons, lors de la dernière manche de la finale, j’avais Charon et mon adversaire avait Hypnus. La partie était très serrée, et le stress était à son apogée. Finalement, mon adversaire a commis une petite erreur que j’ai réussi à exploiter ce qui m’offrit la victoire. Je pense que c’est la victoire qui m’a le plus soulagé du fait que j’ai travaillé toute l’année pour espérer vivre ce moment…

Question : Certains joueurs éprouvent parfois des émotions très fortes. Il peut même leur arriver de pleurer après une défaite ou quand ils sont dans une période compliquée. Est-ce que tu as déjà ressenti ce genre d’émotions ?

RB : Non puisque je ne perds jamais :sunglasses: … Bon, honnêtement il m’est déjà arrivé d’être envahi par une forte frustration après une défaite, mais les défaites font partie du jeu et il faut savoir les accepter. Après une défaite, je ne me sentais jamais réellement perdant car je me disais que je m’étais amusé. En plus, si on prend le temps de réfléchir à la défaite et si on analyse la partie, on se rend compte qu’une défaite est toujours une belle occasion d’apprendre.

Question : Quels conseils peux-tu donner à quelqu’un qui serait dans ce cas ?

RB : Comme je l’ai dit, retiens que tu ne perds jamais réellement, tu as forcément appris quelque chose et créé des liens plus importants que quelques points dans un classement.

Question : L’année dernière, tu as gagné le tournoi. As-tu toujours été certain que tu gagnerais ou as-tu parfois douté de tes capacités ?

RB : Honnêtement, en début d’année je me sentais assez confiant du fait du très faible nombre de participants mais, progressivement, de nombreux très bons joueurs sont arrivés et ma confiance en a pris un coup. Je ne croyais plus en la victoire. Même au moment de démarrer la finale, je n’étais pas sûr de moi. Si j’ai gagné, ça ne veut pas dire que mes adversaires étaient mauvais. Je pense qu’ils étaient nombreux à mériter la victoire finale autant que moi. Envahi par le doute, je pensais que mes précédentes victoires n’étaient que de la chance et j’avais du mal à me convaincre que je pouvais aller au bout.

Question : Que penses-tu des personnes qui disent que Santorini est un jeu de chance et que presque tout est joué dès le tirage des cartes ?

RB : Je ne suis pas d’accord avec ça ! La preuve : ma toute première partie contre monsieur Dejean, j’avais Bia et lui Ares, je pensais que j’allais facilement gagner avec un personnage aussi fort que Bia. Pourtant, grâce à son expérience, monsieur Dejean m’a battu sans aucune difficulté. A cette époque, il pouvait y avoir un peu de chance sur le tirage des cartes car on ne tirait que deux cartes qui étaient aléatoirement attribuées aux deux joueurs. C’est justement pour enlever ce facteur chance que monsieur Dejean a mis en place des règles personnalisées sur le tirage et qu’on tire à présent 3 cartes avec le joueur le plus expérimenté qui en retire une avant de laisser son adversaire choisir sa carte parmi les deux restantes.

Question : Y avait-il des joueurs que tu craignais ? Si oui, lesquels ?

RB : Absolument ! Et beaucoup en plus. Je ne peux pas tous les citer. Je savais bien qu’une partie contre eux ne m’assurait pas la victoire et constituait un risque, mais je ne voulais pas les éviter pour autant ! Au contraire, c’est justement parce que je considérais qu’ils étaient plus forts que moi que ça me donnait envie de jouer contre eux pour progresser.

Question : Quelle est ta carte préférée ?

RB : J’en ai deux : Poséidon et Charon. Je ne dis pas qu’ils sont les plus forts. Je pense qu’Hypnus est plus fort que Poséidon. Ils ne sont pas nécessairement les plus forts mais ce sont les cartes que je préfère jouer. Je trouve que ce sont les plus intéressantes à jouer. Avec aussi Héphaïstos que je place juste après.

Question : Selon toi, quelle est la carte la plus sous-estimée et dont on doit se méfier ?

RB : Je pense qu’Atlas est la carte la plus sous-estimée. On ne s’en rend pas compte mais si elle est bien jouée, elle est très compliquée à contrer.
Ce qui fait que beaucoup de joueurs la sous-estiment c’est qu’elle est souvent mal jouée et les joueurs vont se bloquer eux-mêmes.

Question : Est-ce que tu continues de jouer à Santorini même si tu n’es plus au collège ?

RB : Oui je m’entraîne encore de temps en temps sur Board Game Arena, mais aussi rarement avec des amis.

Question : Quel serait ton mot de la fin ?

RB : Je voudrais tout d’abord demander aux joueurs de ne pas refuser les défis. Trop de défis sont refusés par peur ou par mépris. Sachez que moi comme plusieurs autres camarades respections une règle simple : “Aucun refus !” (Ou en tout cas un minimum car il arrive qu’on n’ait pas le temps de dire oui à tout le monde…
Également, pour ceux qui subissent une défaite très frustrante, retenez que vous ne perdez jamais, je sais que ça fait beaucoup de fois qu’on vous le répète mais c’est vrai : En jouant à Santorini, vous ne perdez jamais. Vous gagnez ou vous apprenez.

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Merci @loder pour cet article passionnant. Une telle énergie, les élèves de ton établissement ont de la chance !

J’espère que ça donnera des idées à d’autres.

Bonne continuation et tiens nous au courant des évolutions du projet !

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Super article, et surtout, superbe projet. Bravo.

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Oh trop bien l’interview !

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Bravo pour cet article et pour le travail décrit ici.
Je ne pensais pas que l’on pouvait aller si loin dans la passion du jeu et de son partage.

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Alors : oui, très clairement, il y a une forme de passion un peu masochiste là dedans car ça me prend un temps qu’il est préférable de ne pas compter mais j’adore les jeux de société et je pense qu’à l’heure des réseaux asociaux, ils permettent de recréer des liens essentiels qui ont tendance à s’étioler.
J’aime aussi mon métier et je considère que le métier d’enseignant ne consiste pas seulement à transmettre les connaissances qui figurent dans les programmes scolaires. A mon sens, le plus important c’est d’aider les jeunes à devenir des citoyens. Le jeu est un prétexte qui permet de guider les élèves dans ce sens et il les engage sans même qu’ils s’en rendent compte. Dès qu’il y a du plaisir, c’est tellement plus simple !

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En tout cas @loder cet atelier et tous les graphiques et tableurs qui l’accompagnent ont révolutionné le collège… C’est une réussite à un 1000%

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@rb_santo_n_2 J’ai l’impression qu’il s’agit du RB de l’interview… Je me trompe ? :thinking:

Quand je vois ça,
image

je me dis que j’ai certainement raison

Non, un autre, justement :slight_smile: j’aime bien Perséphone à Santo, Dionysos est bien aussi

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J’ai ! Alors si j’ai bon, ce RB là n’est effectivement pas le champion de l’année dernière mais un potentiel champion de cette année ! Actuel premier du classement ?

:+1: et j’espère que je le resterai (et qu’on m’a pas dépassé pendant que je suis pas là)

:shushing_face:

Et ça fait plaisir de voir des jeunes en ces lieux

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J’ai ajouté une couverture mais elle n’est pas des plus réussies je dois dire (faite au téléphone avec un éclairage pas terrible, et j’ai pas toshop sous la main)

bravo pour ce que vous faites et bel article.

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Super Article !!!

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Merci pour pour @l’auteur de l’article et bienvenue @axel_brown !

Quel article génial !
J’aime vraiment beaucoup ce que tu développes en dehors du simple fait de jouer et de perdre ou gagner : le raccrochage scolaire, le partage des émotions, les liens qui se tissent entre les élèves de différents âges, et entre les élèves et les adultes (j’adore ton idée de papier pour défier un adulte), gérer la frustration. C’est vraiment excellent et je n’imagine pas en effet le nombre d’heures que tu y passes :scream: :scream:

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Pour être totalement transparent, l’année dernière, je ne comptais pas vraiment les heures pour plusieurs raisons :

  • au début de cette aventure, je pensais que ça me prendrait environ simplement 30 minutes par semaine et que ça concernerait peu d’élèves.
  • et de ce fait, je me suis lancé dans cette aventure en étant totalement bénévole et sans aucune rémunération.

Du fait que les choses ont pris une tournure… chronophage, mon chef d’établissement s’est retrouvé ennuyé de ne pas pouvoir me rémunérer mais il avait peu de marge de manœuvre et je ne voulais pas qu’une éventuelle rémunération se fasse au détriment de quelqu’un ou de n’importe quel autre projet. J’étais le seul responsable du fait que l’activité était devenue énorme. J’aurais pu dire non.
J’ai toujours dit que, s’il n’y avait pas d’argent pour cet atelier, je n’allais pas courir après et qu’argent ou pas, je ne m’investirais ni plus, ni mois. Bien entendu, si un mode de rémunération (même partiel) était proposé, il aurait été idiot de le refuser.

Cette année, avec l’apparition du PACTE Enseignant, mon chef m’a proposé une part que j’ai acceptée car, “il aurait été idiot de refuser”. Ce n’est pas le genre de chose qui m’intéresse particulièrement mais si j’ai bien compris, une part de PACTE c’est une rémunération qui équivaut à 24h de travail. Du fait que je suis payé pour ça (environ 24h) et du fait que le PACTE a tendance à crisper les gens, je ne veux pas qu’on pense que je suis injustement payé alors cette année, je compte et je suis encore plus rigoureux sur les compte-rendus. Et comme je note, je peux répondre à la question du nombre d’heures que j’y passe :

  • accueil des élèves et ouverture de l’atelier : 184 heures depuis le début de l’année.
  • rédaction des compte-rendus : 18 heures depuis le début de l’année. (Je compile les CR dans un document qui fait actuellement 94 pages)
  • création de l’outil qui permet de faire les tableaux et les statistiques : (ça je ne compte pas mais environ 20h) Je n’ai pu en publier qu’un tout petit morceau parce que j’ai des noms d’élèves et je ne sais pas si j’ai le droit de publier ça sans des autorisations parentales.
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Merci @axel_brown